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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1445

  • Mazel Tov, Mister Poullaouec, de Corinne ROCHE

     

        Corinne ROCHE,  Mazel Tov, Mister Poullaouec, Editions Héloïse d'Ormesson, Paris, 2008

        Evoquer des problèmes identitaires graves et compliqués sur un ton badin, voire enjoué, c’est exactement ce que fait Corinne Roche, romancière, qui a vécu quelque temps en Israël et qui a su rendre, en des termes à la fois simples et profonds, les vicissitudes du nouvel Etat juif et de ses citoyens, sans omettre les difficultés existentielles des Israéliens.
    Pour parvenir à ses fins, l’auteur imagine les tribulations d’un jeune breton, son frère, qui vit plus ou moins à ses crochets, mène une vie ou plutôt se laisse entraîner par le courant, lequel finit par le mener, de manière inattendue, en Israël dans un kibboutz où on veut bien de lui… Dans la foulée, il s’invente un grand père juif et prétend vouloir, dans ce lieu, recoller les morceaux de son identité juive éclatée. Cela tombe bien, ce pays sert justement à cela ; et personne ne s’étonne que ce Benjamin Pellaouec, breton bretonnant, n’ait aucune notion de judaïsme, ignore tout des interdits alimentaires et de l’histoire juive en général. Après tout, se dit-on, c’est le cas de millions de juifs russes qui durent renoncer à leur vie juive durant des décennies de communisme déculturant. Et comme l’hébreu est une langue consonantique et que les consonnes se lisent différemment si on le revocalise, notre breton devient presque naturellement Benny Pollak !!
    Que l’on ne s’y trompe pas : derrière les tribulations de ce breton écervelé en Terre sainte se cachent des questions d’un candide qui ne l’est pas vraiment : qu’est-ce que l’identité juive ? Pourquoi est-elle toujours éclatée ? Qu’est-ce qui unit tant de juifs, venus d’horizons si différents ? Et, en filigrane, quelle est l’essence du judaïsme puisque quiconque, pouvant se prévaloir d’origines juives lointaines, même hypothétiques, peut bénéficier de la loi du retour ?
    En parlant de la vie quotidienne des israéliens, en présentant les interdits alimentaires, la solennité et le repos du chabbat, les drames quotidiens du terrorisme et de l’armée qui doit défendre le pays, les petits problèmes quotidiens des habitants de cette terre, pas plus grande que deux départements français, l’auteur administre aux ennemis d’Israël une belle leçon de choses…
    j’ai bien aimé ce livre, si finement écrit. On y découvre une tendresse qui a la pudeur de ne pas se déployer trop ouvertement, ce qui signe l’origine féminine de son auteur. Et je ne puis résister à la tentation de souligner ce délicieux lapsus de la page 125 : le réveillon du séder…Ce pourrait presque être le credo, le slogan ou le mot d’ordre d’un juudéo-christianisme enjambant deux bons millénaires de contestations si sanglantes entre juifs et chrétiens.
      Après tout, la cène s’est bien passée sur cette terre. Et avant de s’appeler ainsi, elle s’appelait séder…

                                Maurice-Ruben Hayoun
                                (mrhayoun.blog.tdg.ch/)
     

  • De la notion de rupture selon Nicolas Sarkozy

     

        A la lecture de la grande presse nationale française, on se demande ce qui peut bien se passer dans notre beau pays. De tutes parts, on se jette à bras raccourcis sur le Président pour lui faire reproche de chaque acte qu'il a le courage (ou l'audace) de commettre. Comment expliquer un air du temps qui a tendance à s'installer et à devenir un véritable climat malsain et peu propice au développement de relations vraiment démocratiques entre la majorité et l'opposition? 

        Si l'on se détourne un instant de l'écume des événements et que l'on tente de repérer, derrière ce fatras d'analyses sommaires et d'exécutions de même nature, un fond commun, on découvre que tant les leaders de l'opposition que leurs alliés dans la presse n'ont pas mesuré l'implication du thème de la rupture.

        Le président Nicolas Sarkozy avait claironné devant qui voulait l'entendre qu'une fois élu, il  romprait avec les us et coutumes de l'ère précédente. En termes plus clairs, qu'il ferait du passé table rase. Le Général de Gaulle aurait dit: vaste programme!

        En traduisant dans les faits sa volonté de rupture, le Président en a gêné plus d'un. La connivence existant entre une certaine presse et le pouvoir, de droite comme de gauche, a volé en éclats. L'hypocrisie ( sans vouloir blesser personne) qui prévalait jadis dans le domaine de la vie privé, n'a plus cours… C'est une révolution! Et les gens ont du mal à s'y habituer. Voila pour l'ambiance qui prévaut.

        Encore un mot, si l'on veut bien, sur le projet de la rétention de sûreté. Cette loi a été, sur un point précis, recadrée par le Conseil Constitutionnel qui est l'arbitre suprême de notre droit. Nul ne le conteste et surtout pas le Président qui est lui-même chargé de faire respecter la Constitution. Mais quand on voit comment on a déformé la volonté présidentielle de trouver un moyen légal et donc constitutionnel de protéger les victimes (après tout, c'est d'eux qu'il s'agit!), et non de contpurner l'arbitre suprême de la loi, on croit rêver.

        Et qu'on ne vienne pas nous dire que le Président s'adresse au plus haut magistrat pour contourner une décision des Sages du Palais Royal. A qui donc aurait-il dû s'adresser? A l'avocat du coin, peut-être…

        Tout le monde a en mémoire le cas de ce petit garçon de 5 ans, gravement malmené par un déséquilibré qui a commis un nouveau crime après sa sortie de prison, où il aurait dû être soigné. Ce ne fut pas le cas. Et l'on connaît la suite…

        Est-ce si difficile de présenter les choses comme elles devraient l'être? Ou bien existe-t-il des pans entiers de la vie politique de ce pays qui n'ont pas encore admis l'élection du président de la République? 

        Michel Debré avait dit jadis que le rôle de l'opposition est de talonner le pouvoir. Et non pas de chercher à le déstabiliser puisqu'il est en charge de la France

     

    Maurice-Ruben HAYOUN, Tribune de Genève

    (mrhayoun.blog.tdg.ch/)
     

  • La Turquie, l'Allemagne et l'Europe

     

        Ces dernières semaines la Turquie, par la voix de son Premier Ministre, a fait quelques déclarations qui doivent retenir notre attention, s'agissant d'autroités politiques d'un pays prétendant ddhérer à l'UE. Tout d'abord, il nous faut présenter nos condoléances à la suite de l'incendie qui a coûté la vie à neuf citoyens turcs résidant en Allemagne.  A l'heure où j'écris, j'avoue ignorer si'l s'agit ou non d'un incendie criminel, mais si cela devait se vérifier alors ce serait très grave. Et les autorités judiciares allemandes devraient tout mettre en œuvre pour retrouver et châtier les coupables.

        C'est porbablement dans ce climat émotionnel qu'il faut situer les déclarations intempestives de M. Erdogan dont le parti, au pouvoir à Ankara, est généralement désigné comme un parti islamiste modéré…

        M. Erdogan a dit, en substance que l'assimilation exigée des Turcs en Allemagne était assimilable à un génocide culturel…  Ou bien l'homme était très ému et ces propos sont des propos en l'air ou bien il a pensé ce qu'il a dit et, dans ce cas aussi, c'est grave: que vont dire les Kurdes, les Arméniens, les Tcherkesses et les chrétiens en général qui ne disposent pas, en tant que minorités, de développement culturel spécifique et qui s'ottomanisent de toute manière?

        Il ne suffit pas d'habiter en Europe, encore faut-il y vivre, c'est-à-dire s'intégrer en assimilant la langue, les mœurs et les coutumes, ce qui ne signifie pas que les Turcs doivent abdiquer les croyances religieuses ni adopter les coutumes culinaires des pays d'accueil. Mais le minimu, c'est de bannir l'exclusivisme religieux, la ségrégation des femmes, les droits de l'homme etc… C'est d'ailleurs , ce qui est exigé d'eux pour que soit examinée sérieusement leur candidature.

        Ces idées sont à peu de choses près, illustrées par un Allemand, parlementaire européen d'origine turc , qui a donné une interview au Monde du 24-25 février (p 13). Mais cet interviex ne va pas assez loin et ne répond pas aux questions que se posent légitimement les citoyens de l'Europe, inquiets de voir frapper à leur porte un pays si différernt…

        Les échanges entre l'Europe et les pays du sud sont déséquilibrés: on compte en Europe des millions d'hommes et de femmes désireux de s'y établir alors que l'inverse n'est guère vrai. La moindre des choses serait de fournir un effort d'adaptation et les déclarations de M. Erdogan ne vont pas dans ce sens.