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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1441

  • Nathan Weinstock, Une si longue présence: comment le monde arabe a perdu ses juifs (1947-1967)

     

     

       Nathan Weinstock, Une si longue présence. Comment le monde arabe a perdu ses juifs (1947-1967). Paris, Plon, 2007

        Après  cette lecture, on se demande comment cela a pu être possible, oui, comment le monde arabo-musulman a bien pu se vider de ses juifs qui, parfois, vivaient dans ces territoires avant l’arrivée de l’islam… En sept chapitres bien documentés, précédés d’une énergique introduction et  suivis d’annexes très fournies, l’auteur nous fait voyager d’un pays à un autre du Maghreb au Machrek, où le scénario est toujours le même, depuis que ces pays, plus de vingt, ont été islamisés ou arabisés : persécutions, pogroms, conversions forcées, massacres plus ou moins spontanés et enfin, expulsions presque parfaites. Ceci aboutit à ce que de vastes territoires où la présence juive, remontant à des siècles précédant l’ère chrétienne, finissent par être  judenrein.
        L’ouvrage est bien documenté et son auteur fait montre d’une érudition sans failles, même s’il n’est pas un spécialiste de première main de ces questions. A l’instar d’historiens comme Bernard Lewis ou Michel Abitbol. Le monde musulman non originellement arabe n’est pas oublié puisque figurent en tête de l’enquête des pays comme l’Iran, la Turque et l’Afghanistan. La tentation est grande –et hélas passablement justifiée- de donner à tous ces pays, si différents les uns des autres, un dénominateur commun : la haine du juif et une volonté jamais démentie de le bouter hors des limites géographiques de l’oumma al-arabiya…
        L’attitude négative des arabo-musulmans à l’égard des juifs et du judaïsme remonte à ce que l’on nomme le pacte d’Omar (al-ha’d al-omari), un document dont on possède plusieurs versions sensiblement proches et qui placent le juif dans la position peu enviable de dhimmi, c’est-à-dire de citoyen non point de seconde mais de trente-sixième zone : ne pas se montrer meilleur que les musulmans, ne pas se vêtir comme eux, ne pas regarder de trop près une femme musulmane, ne pas employer des serviteurs de cette religion, ne pas monter une monture à l’aide d’une selle, ne jamais porter d’arme, ne pas en voir chez soi, ne pas prier à haute voix ni manifester  bruyamment sa confession religieuse, accepter de recevoir tout voyageur musulman de passage pendant trois jours, etc…
        A intervalles réguliers, les rigueurs de l’intolérance religieuse s’abattent alors sur les habitants juifs  qui ne doivent leur survie qu’à cette sauvegarde, cet aman, que ce fameux pacte inique consent à leur accorder, et encore…  Il serait impossible de faire l’inventaire des vexations, des  mesures discriminatoires et des massacres survenus dans tous ces pays arabo-musulmans. Les racines d’une si tenace haine ne peuvent être que de nature religieuse. On évoque généralement des sources sacrées pour donner un semblant d’existence à de la tolérance, là où il ne s’agit que de l’acceptation de l’autre du bout des lèvres.
        Qu’un soulèvement se profile à l’horizon, qu’un chef de guerre subisse une défaite, que des recrues marocaines se révoltent contre leurs officiers instructeurs français et c’est tout naturellement qu’on va laver l’affront en se jetant sur le Mellah, le ghetto des juifs. Lesquels n’étaient pour rien dans l’affaire… Mais voilà, ce sont des juifs et  personne ne viendra demander des comptes si on les maltraite.
        Avant le renaissance de l’Etat d’Israël, ces Etats arabes avaient près d’un million d’habitants juifs. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques centaines, sauf, peut-être, au Maroc et en Tunisie, où ils sont respectivement 2500 ou un peu moins de 1500. Dans des pays comme la Libye ou l’Algérie, on n’en compte plus un seul , à part, peût-etre, quelques vieillards esseulés et manquant de tout… Evidemment, le principe d’explication qui vient à l’esprit est le conflit israélo-arabe et la question palestinienne. C’est juste mais cela na suffit pas à tout expliquer.
        M. Weinstock n’omet pas de parler des heurts en Palestine mandataire entre le yishuv et les habitants arabes. Il ne passe pas sous silence les exactions des groupes sionistes extrémistes mais rappelle aussi les massacres commis par les Arabes : e.g. les 70 médecins et infirmières assassinés de sang froid alors qu’ils se rendaient en convois d’ambulance vers l’hôpital Hadassa sur le Mont Scopus… le meurtre de 39 ouvriers juifs de la raffinerie de Haïfa par leurs collègues arabes. Et la liste n’est pas finie…
        Emettons, pour finir, un vœu : que cette paix que nous appelons tous de nos vœx arrive enfin et que toutes ces horreurs ne soient plus que de mauvais souvenirs.

     

  • Les écrivains israéliens au Salon du livre à Paris

     

        Fallait-il vraiment s'émouvoir de l'invitation de plusieurs dizaines d'écrivains isréaliens au Salon du livre, comme le font depuis quelques semaines déjà nombre d'écrivains arabes? On reproche aux organisateurs de mettre à l'honneur un pays qui aurait, dit-on, à se reprocher le non-respect des droits de l'homme et une politique violente au Proche Orient…

        Cette attitude unilatéraliste suscite quelques interrogations dont la première est celle-ci; quel rapport existe-t-il entre des écrivains libres (dont certains sont de gauche et adressent des critiques virulentes à leur gouvernement) et la politique d'un Etat souverain, tenu d'asurer la sécurité de ses citoyens?

         Par ailleurs, si on ne dialogue pas avec des gens de culture qui œuvrent pour élargir les perspectives et l'esprit de leurs concitoyens, comment règler les conflits par des moyens pacifiques? 

       Il existe malheureusement une discrépance, un profond fossé entre les parties bélligérantes au Proche Orient. Depuis les accords d'Oslo, accords, certes, imparfaits, mais inimaginables il y a seulement quelques années, on assiste à un changement radical: alors que les ennemis d'hier ne se rencontraient que pour s'entretuer, ils parlent enfin. Au lieu d'approfondir cette voie et de chercher des solutions pacifiques, les radicaux islamistes perpètrent des attentats et veulent aussi interdire le dialogue. Cette erreur est funeste.

       Qu'ils viennent donc exposer leurs vues; celles-ci seront écoutées mais il leur faudra aussi prendre en considération les critiques de leurs contradicteurs. Y sont-ils prêts? Ce n'est pas sûr…
     

  • L'interview du Président Nicolas Sarkozy au Figaro

     

        La récente interview du président Sarkozy au journal Le Figaro a le mérite de la clarté. Elle ne marque aucun virage ni aucun revirement. Il n'y aura pas de grand chambardement après les élections municipales, ni de changement de cap. Le Premier Minsitre restera à son poste tandis que les réformes et l'ouverture à gauche se poursuivront. 

        L'impression qui prévaut est que le Président a pris la mesure véritable du pays, qu'il comprend mieux sa nature profonde et tire les leçons de son action à la tête de l'Etat.

           La notion de rupture, si présente au tout début de son mandat, est mieux intégrée dans l'ensemble de l'action du Président: le train des réformes, les changements dans la politique étrangère, la réconciliation avec les Etats Unis,  une bonne maîtrise des flux migratoires, une sécurité des personnes et des biens mieux assurée, bref, tout le programme électoral connaît un très bon début de réalisation.

          Dès cette semain, le Président va recevoir en visite d'Etat le président israélien Shim'on Pérés, ce qui va probablement mécontenter les Etats arabo-musulmans, devenus méfiants par ce qu'ils tiennent pour un penchant inquiétant de Nicolas Sarkozy du côté d'Israël.

           Enfin, au plan intérieur, l'échéance la plus immédiate est assurément le vote de dimanche que le Président s'engage à considérer dans toutes ses implications. Mais demeurant fidèle à l'esprit de la Ve République, il souligne que son mandate dure cinq ans et que le scrutin des deux dimanches qui viennent sera, certes, important, mais ne remettra pas en cause la politique qu'il mène au plan national…

             On notera aussi que le Président conserve à Monsieur Claude Guéant, Secrétaire Général de l'Elysée, tout sa confiance et l'assure de son amitié.