La fin de la campagne présidentielle en France
L’apogée de cette campagne présidentielle fut atteint incontestablement le mercredi soir 3 mai entre 21 heures et 23h 40 au cours de l’affrontement d’une rare intensité entre Madame Ségolène ROYAL et Monsieur Nicolas SARKOZY. Tous les observateurs relèvent unanimement l’âpreté des débats. Il est très malaisé de départager les deux controversistes car les partisans des deux bords crient victoire et affichent une confiance certaine dans les résultats du dimanche 6 mai.
Nos observations porteront donc sur l’utilité, la forme et les symboles d’un tel débat :
a) la France continue de se reconnaître dans cette sorte de grandes messes où deux candidats s’affrontent dans l’espoir de faire basculer le vote en leur faveur ou de rallier les indécis. On sait aujourd’hui que tel n’est pas le cas. Les prévisions exprimées auprès des organismes de sondages ont peu bougé.
b) Cet type d’affrontement n’éclaire pas vraiment les électeurs qui savant que la masse de sujets à aborder ne permettra pas d’éclairer le choix des électeurs car les candidats sont soumis à une très rude épreuve. Il suffit de relever les quelques erreurs ou imprécisions des deux controversistes pour s’en rendre compte.
c) Quant au symbole, la forme à laquelle les Français sont le plus attachés, qu’ils en soient ou non conscients, c’est cet affrontement guache/droite, justement dénoncé par le candidat centriste, qu’il conviendrait de dépasser. C’est un clivage stérile : on ne peut gouverner une moitié de la France contre l’autre moitié.
En réalité, c’est toute notre culture politique qu’il faudrait revoir. La France n’est peut-être pas encore entrée dans l’ère de la post-modernité ; elle continue de favoriser une sorte d’information-spectacle (et ce débat en était un), au lieu de donner un peu plus la parole aux gens simples… Ce changement est peut-être imminent : la mentalité propre, la culture politique de Nicolas Sarkozy, et aussi celle de Ségolène Royal, nous assurent au moins d’une chose : après le 6 mai on ne fera plus de la politique comme avant. La page sera tournée et la France réalisera que l’avenir appartient plus aux gestionnaires qu’aux visionnaires.
Vu de la place Victor-Hugo - Page 1519
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Débat télévisé de la campagne présidentielle
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Le second tour des élections présidentielles en France
Un bref survol de la situation sur l’échiquier politique français, à la suite du premier tour de élections présidentielles, s’impose. Trois personnalités, arrivées en tête, s’imposent par leurs résultats et de leur affrontement ou de leur entente dépendra l’orientation du futur locataire de l’Elysée.
Nicolas Sarkozy apparaît, en toute objectivité et sans le moindre esprit partisan, comme le grand vainqueur, celui qui a, selon toute vraisemblance, le plus de chances de l’emporter. Il bénéficie d’une triple adhésion : avec le parti qui l’a désigné et qui le suit sans murmure, avec son programme avec lequel il est en parfaite osmose et qu’il retouche, à sa guise, de manière conséquente et logique et enfin, avec son comité de campagne, dirigé par un excellent préfet, M. Claude Guéant.
Ségolène Royal a fait preuve de beaucoup de courage et de détermination, elle est parvenue, contre toute attente, à s’imposer aux militants du PS mais sans pouvoir compter sur l’adhésion profonde et sincère de l’appareil de son parti. Les tiraillements qui ont émaillé sa campagne le prouvent. Elle est tout de même parvenue à un score honorable malgré de lourds handicapas et aussi en dépit d’un monde politique peu charitable avec les femmes. Les flottements, voire les contradictions que relève la presse nationale ou internationale, contribuent à créer un flou et une incertitude qui pourraient se révéler très préjudiciables…
François Bayrou qui, tout en ayant remporté un grand succès personnel, peine à imposer ses vues lesquelles consistent à faire ce que Jean-Pierre Chevénement avait tenté en 2002, tournebouler le système politique hexagonal. C’est-à-dire rompre définitivement avec le bi-partisme droite / gauche et introduire un système qui dépendrait du centre. La campagne, à la fois forte et intelligente qu’il a menée durant de longs mois a fini par porter ses fruits, même s’il n’a pas été retenu au second tour. Ce qui semble poser problème à ses électeurs, tiendrait plutôt au système d’alliance qu’il est tenté de suivre… Sera-t-il suivi par ses électeurs ? Serait-il écouté par ses députés qui ont l’œil fixé sur les prochaines législatives et rejoignent en masse le panache du président de l’UMP ? Autant de questions auxquelles il lui faudra trouver la bonne réponse, faute de quoi tout serait compromis…
Reste Nicolas Sarkozy qui a déjà capitalisé plus de 30% des voix et qui a vu, plus vite que les autres, que le danger était de revoir le FN «cannibaliser» les élections et refaire le large score de 2002. Le président de l’UMP a donc, sans se renier, attiré vers lui ce million de Français qui avaient été sensibles au discours sécuritaire … Sa constance et son sincérité ont, selon les sondages, convaincu les français.
Aux électeurs de décider le 6 mai.
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Le Pape Benoît XVI, Nicolas Sarkozy et l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne
On aura sûrement remarqué la publication récente d'un livre sur Jésus par le pape Benoît XVI. On aura aussi noté la dernière inetrview de Jean-Marie Le Pen à un grand journal israélien où il s'appesantit sur les «origines juives» de Nicolas Sarkozy (et ceci, après avoir bien mis en avant, il y a quelques jours, ses origines hongroises…). A cela s'ajoute le triple assassinat en Turquie de trois employés chrétiens d'une mission protestante…
Il n'existe pas, de prime abord, de relation profonde entre ces trois faits, mais à u regarder de plus près, on ne peut s'empêcher de constater que la religion s'invite une nouvelle fois dans la campagne électorale, mais aussi qu'elle s'inscrit dans le fameux débat sur les racines judéo-chrétiennes de l'Europe…
Il y a quelque semaines, le nouveau Président (allemand) du Parlement européen de Strasbourg avait lancé une invitation au Pape Benoït XVI: ce fut, selon moi, une bonne initiative. Ce pape, demeuré un universitaire dans l'âme, est à même d'inflléchir le rôle du facteur religieux dans la vie publique. Par son savoir, son érudition, mais aussi ses convictions, il est en mesure de transformer la vision que le grand public a de l'influence de la religion: de négative, destructrice, fanatique, les religions doivent devenir pacifiques, humanistes, fondatrices d'identité et formatrices d'opinion… L'Europe, elle-même, ne saurait oublier ses racines judéo-chrétiennes, faute de quoi elle errerait d'un pôle à l'autre, sans savoir où elle va ni d'où elle vient.
Johann Gottfried Herder, grand érudit du XVIIIe siècle mais aussi ministre luthérien ouvert sur les croyances et la culture des autres, avait prédit qu'un jour on ne demanderait plus à personne s'il est juif ou européen… Apparemment, Herder n'est pas encore le livre de chevet de tous ceux qui veulent diriger la France…
M-R.H
Quant à la Turquie, le chemin de l'intégration au sein de l'Europe semble encore très long et ce n'est pas le sang des martyrs qui va rendre sa candidature plus belle et plus attaryante. Bien au contraire…