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Vu de la place Victor-Hugo - Page 260

  • François-Joseph et Sissi. Le devoir et la rébellion par Jean des Cars (Perrin)

    François-Joseph et Sissi. Le devoir et la rébellion par Jean des Cars (Perrin)

    J’aime lire les livres écrits par un écrivain aussi soigneux et fin. J’aime découvrir ses grandes fresques historiques toujours si bien documentées et ayant puisé aux meilleures sources… Avec Jean des Cars, nous avons affaire à un magicien du verbe : et ses livres sont accompagnés d’une iconographie qui nous transporte à travers les siècles sur les ailes de l’imagination.

    Le couple quasi-légendaire François-Joseph / Sissi exerce une certaine fascination sur le public depuis fort longtemps, et bien au-delà des frontières de l’ancienne double monarchie. L’empereur François-Joseph avait beaucoup de partisans et aussi quelques critiques ou détracteurs. Mais il fut le monarque qui régna le plus longtemps, près de soixante-dix ans. Il passait pour le père de ses sujets et sa femme Sissi n’a pas manqué d’enflammer les passions et les imaginations. Dès son avant-propos, l’auteur pose les questions auxquelles il va répondre : ce couple mythique qui fit couler tant d’encore, fut-il vraiment heureux ? Le couple impérial avait-il vraiment une vie privée ? Pourquoi donc Sissi fut elle une si grande voyageuse ? Et l’empereur se consolait-il secrètement à Vienne dans les bras de femmes accueillantes et plus présente dans son palais royal ? On le disait doté d’une certain tempérament si bien que sa généreuse mère le pourvoyait en femmes aptes à satisfaire sans risque ses besoins ; ces dames passaient pour des comtesses hygiéniques.

    Cette biographie est centrée autour d’une trame d’événements politiques et de tragédies familiales dont le couple impérial ne fut pas épargné. Un couple fort imprévu, comme on le verra infra, puisque les nobles entremetteuses avaient mis au point un tout autre plan. La jeune Sissi, tout juste âgée de quinze ans, reléguée en bas de table avec sa gouvernante pendant qu’on prenait le thé en présence du jeune empereur sanglé dans son bel uniforme de général, sentait le regard de ce dernier s’attarder sur elle… La divine Providence avait-elle confié à d’humaines mains le soin de rapprocher deux êtres, si dissemblables et qui allaient cumuler tant de malheurs et de tragédies ?

    L’auteur, le très délicat Jean des Cars, introduit ses lecteurs dans l’intimité même de la famille impériale. On a l’impression d’y être, de suivre les menées un peu étranges de cette mère presque abusive, ulcérée de voir que son rejeton qui lui doit tout, y compris sa couronne, ose lui résister et déjouer tous ses plans. Ces passages là sont absolument délicieux. Sous nos yeux ou presque, on revoit les convives attablés, la sœur aînée de Sissi placée tout près de l’empereur, redoublant de gestes séduisants et d’esprit pour retenir enfin l’attention de son royal voisin et cousin, mais celui-ci reste de marbre car son regard ne quitte pas l’autre bout de la table où siège la sœur cadette, la fameuse Sissi… Après le dîner, plus aucun doute n’est possible, le choix de François-Joseph est fait : ce sera la cadette et non l’aînée. Cela rappellerait presque l’épisode du livre de la Genèse où Laban, l’oncle maternel de Jacob, le rusé Laban, impose l’aînée de ses deux filles Léa, lors de la nuit de noces alors que le jeune patriarche était amoureux fou de la cadette… Les relations sororales en seront affectées : pour Elisabeth, celle qu’on voyait bien en impératrice et qui avait déjà le maintien et le corps d’une femme, c’est une grave déception. Dont sa sœur cadette n’est nullement responsable même si elle en fut la bénéficiaire, en fin de compte.

    Jean des Cars raconte par le menu comment l’empereur se présenta, rayonnant dans ls appartements de sa mère pour lui faire part de sa décision. L’archiduchesse fera tout son possible pour reprendre en main son poulain lequel s’était émancipé de la tutelle d’une mère à laquelle il devait tant. Assurément, cette présentation des débuts n’est qu’un entrée en matière car tant d’autres événements, bien plus graves, vont jalonner la vie de ce couple.

    Je ne peux pas reprendre tout le reste du livre, d’autant que le style de l’auteur est agréable et fluide. Sans aucune pesanteur ni lourdeur. Il fait de l’histoire avec charme et légèreté. C’est pourquoi il faut le lire. Car c’est un plaisir sans mélange.

  • Comment s’explique la naissance des religions?

    Comment s’explique la naissance des religions?

    C’est le second sous titre (puisqu’il en a déjà un) que l’on pourrait donner à l’ouvrage de Jean Chaline, Archéologie des religions et qui complète celui qui est inscrit sur la couverture, La saga des religions dans leur contexte historique.

    Mais les premières pages sont étonnantes car l’auteur fait œuvre d’abord de paléontologue et de biologiste. Ce n’est pas si étonnant que cela puisqu’il montre, et c’est sa spécialité première, que les chimpanzés sont nos plus proches cousins, non seulement au plan biologique mais aussi dans ce qui touche certains aspects de notre organisation sociale. Au début, on ne cache pas son étonnement puisqu’il n’est question que de l’aube de l’humanité sur cette planète mais plus on avance dans la lecture de l’ouvrage et mieux on comprend le but poursuivi par son auteur.

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  • Andrej Umansky, La Shoah à l’Est: regards d’Allemands (Fayard)

    Andrej Umansky, La Shoah à l’Est: regards d’Allemands (Fayard)

    On croit généralement que, plus d’un demi siècle après la victoire des alliés sur la barbarie nazie, on a tout vu, tout compris, tout entendu sur le génocide le plus incroyable de tous les temps qu’est la Shoah : eh bien, la lecture de ce livre d’Andrej Umansky vous administre la preuve du contraire. Il reste encore tant de choses à découvrir. C’est l’horreur sans fond, sans nom. L’innommable, l’inénarrable, l’horreur à l’état brut. J’admire ceux qui pourront lire intégralement cet ouvrage si solidement documenté du début à la fin : tous ces interrogatoires d’acteurs de l’Holocauste, tous ces compte rendus de procès remontant aux début des années soixante, ces souvenirs qui ont hanté la mémoire de tous ces criminels, tout ceci est insoutenable. Pourtant, il faut en parler et en rendre compte. J’ai du mal, à présent, à imaginer que certains collégiens ou lycéens issus de certaines banlieues tiennent des discours négationnistes ou révisionnistes, allant jusqu’à affirmer que toutes ces horreurs sont une pure invention des Juifs…

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