Dieu, quelle place dans la cité?
Tel est l’intitulé du colloque, organisé le 24 mai au soir, lors de la nuit de la philosophie, par Madame Paule Henriette Levy, la talentueuse directrice de le RCJ et responsable de l’action culturelle du FSJU. Il s’agit de la seizième édition de cette sympathique rencontre qui se tient à Aix en Provence, dans les locaux de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix en Provence, sous les auspices du centre culturel Darius Milhaud. L’amphithéâtre universitaire où tous les orateurs ont parlé, est une ancienne chapelle aménagée pour ce nouvel usage mais tout en conservant de splendides peintures murales et une très bonne acoustique.
On conviendra aisément que le sujet -la place de Dieu dans la cité- était très vaste et que nous n’étions pas de trop pour tenter de la cerner : étaient présentes Mesdames P-H. Levy et Perrine Simon-Nahum, qui animaient les deux tables rondes qui se sont succédées, séparées par un buffet très bienvenu , offert dans la cour de l’Institut. Les participants étaient Messieurs Dan Arbib, Nicolas Baverez et Hakim Al-Karaoui. L’auteur de ces lignes a eu l’honneur de prendre part à la première table ronde, en fait un agréable échange de vues avec Me Paule Henriette Lévy qui fut, aux côtés de la responsable du centre culturel juif d’Aix en Provence, la puissance invitante…
Comment parler de la place de Dieu dans la cité, près d’un siècle après le cri lancé par Fr. Nietzsche dans son livre, Ainsi parlait Zarathoustra qui parodie, comme chacun sait, le style biblique : Dieu est mort…Qu’est ce qui se cache derrière cette formule à l’emporte-pièce et volontairement si provocante ? Que faut il en déduire ? C’est le terme d‘un processus de désenchantement du monde (Entzauberung der Welt), d’une expulsion de Dieu comme l’autorité suprême de l’intelligibilité de l’univers, c’est une manière de rejeter la férule tyrannique de l’Eglise chrétienne, surtout catholique, car dans le cas de l’Allemagne, l’advenue de la religion évangélique a libéré les esprits et s’est caractérisée par une grande liberté dans la critique textuelle des textes bibliques et évangéliques révélés ou prétendus tels. Dieu, considéré durant tout le Moyen Age de l’Europe chrétienne comme le créateur des cieux et de la terre, par sa simple volonté et son Verbe créateur à nul autre pareil, tandis que la science qui le constitue en objet, la théologie, se voyait promue au rang de reine des sciences : la critique de ce système est nettement perceptible dans la première partie du Faust de Gœthe, notamment dans le Prologue au ciel, où le héros, revenu de tout et ne croyant plus en rien, dit avoir tout étudié, toutes les sciences, y compris le droit et, pour couronner le tout, la théologie, censée donner un sens ultime, voire insurpassable au monde et aux hommes qui l’habitent.