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Vu de la place Victor-Hugo - Page 296

  • De Jean d’Ormesson à Johnny Halliday: comment vaincre la mort?

    De Jean d’Ormesson à Johnny Halliday: comment vaincre la mort?

    Depuis toujours, depuis des temps immémoriaux, l’homme a essayé, sans succès, de surmonter la mort, de l’enjamber, d’en faire un simple passage, une transition vers une vie autre, vers l’éternité. Parfois, on dit, pour parler de la mort d’un homme ou d’une femme, qu’il, qu’elle est passé(e) à l’éternité. En gros, qu’il a changé de catégorie, qu’il est passé à autre chose.

    C’est bien ce qu’on entend ce matin ou qu’on entendra encore plusieurs jours durant. Mais voilà, il y a la vie, la vie qui nous désarme, tout déconstruit, comme dit la chanson. Et pourtant, il faut bien continuer. Mais ce qui nous écrase, c’est l’accumulation des pertes. Chacun de nous connaît l’expression : passera pas l’hiver… Nous le savions pour ces deux gloires nationales, à des degrés divers, mais qui ont eu une influence incontestable sur notre vie quotidienne, sur nos lectures, nos auditions de chansons, de musique etc…

    Parfois, et on doit le reconnaître sans arrogance, la vie des petites gens est tristement vide, sans le moindre relief, ils vivent sans rien, ou avec très peu de choses. Alors, ils se projettent dans l’existence si riche des grands, des célébrités. C’est une vie de substitution. Mais il faut les respecter comme on respecte les étoiles montantes, les étoiles de première grandeur au firmament de la philosophie, de la science ou de la technique.

    Je n’aime pas beaucoup parler de mort mais je dois bien dire les raisons de ce titre.

    Depuis l’Egypte ancienne avec ses pharaons qui se prenaient pour des divinités immortelles, le pharaon qui dit dans le livre d’Ezéchiel : mon fleuve (le Nil) est à moi, et c’est moi qui l’ai fait- pour des hommes d’exception aptes à monter au firmament et à voisiner avec les dieux, le problème de la mort s’est posé. Ou plutôt on s’est demandé comment la transcender pour se donner l’illusion de l’immortalité. Je pense même, sans rire, à nos Immortels de l’Académie. Mais immortel ne signifie pas éternel. Quand vous traversez les couloirs de l’institution du Quai Conti, vous avez sur votre droite et sur votre gauche une quantité impressionnante de bustes d’hommes (les femmes viennent tout juste d’arriver), censés être des immortels même si on a oublié jusqu’à leur nom, comble de l’ironie pour des immortels.

    Mais il n y a pas que l’Egypte pharaonique ni la Babylonie ancienne, il y a aussi la Bible et ses prophètes. Et souvent on peut lire que Dieu finira par tuer la mort, la supprimer (billa’ mawét)… Mais ce n’est pas tout, il effacera toute larme de nos joues (maha kol dim’a). Car le corollaire de la mort, ce sont les larmes..
    Mais derrière cette pastorale de la mort se profile aussi cette doctrine de l’éternité de l’âme et même de la résurrection.

    Les Historiens des religions ont fini par comprendre la réticence des religions monothéistes vis-à-vis de l’immortalité de l’âme. On craignait que cette idée ne compromette le statut exclusif du Dieu unique auquel l’immortalité et donc l’éternité ne sauraient être contestées.

    Mais les grands hommes ou les grandes femmes ne sont jamais oubliés. Là, c’est de la résurrection qu’il est question. On sait que c’est le fondement du christianisme. Une phrase d’Ernest Renan qui m’a toujours impressionné, même si elle a mis hors d’elle notre «sainte mère» l’Eglise : ressusciter c’est continuer de vivre dans le cœur de ceux qui vous ont aimé.

    C’est déjà le cas de Jean et de Johnny…

    Tribune de Genève de ce matin)

     

  • La disparition de Jean d’Ormesson, hommage à un grand écrivain

    La disparition de Jean d’Ormesson, hommage à un grand écrivain

    La nouvelle est tombée tôt ce matin ; l’âme de ce grand Monsieur, de ce grand écrivain français du XXe siècle et du début du XXIe , que fut Jean d’Ormesson (que ces intimes appelaient Jean d’O..) s’est envolée durant la nuit vers le ciel. Tous, amis ou pas, reconnaîtront l’extrême affabilité, les mœurs raffinées d’un grand aristocrate, tant au plan social que philosophique et littéraire. Cet académicien avait bénéficié de l’enseignement direct de sa propre mère, ce qui ne fut pas un handicap puisqu’il fut reçu à l’agrégation de philosophie.

    Il faut dire qu’il avait de qui tenir : il marcha dans les brisées de son père, comme des montagnards placent leurs pas dans ceux laissés dans la neige par leurs devanciers. Homme résolument de droite, mais d’une droite humaniste, croyant mais sans bigoterie, chrétien sans être antisémite, il dégageait cette bonté et cet amour de l’humain qui était l’apanage quasi exclusif des gens bien nés. Il était de droite et le proclamait, même lorsqu’il fut décoré par François Hollande de la plus haute distinction de notre premier ordre national ; grand croix de la légion d’honneur.

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  • Jerusalem dans la conscience juive…

    Jerusalem dans la conscience juive…

    Je commence par prévenir tout préjugé qui verrait dans cette chronique historique le résultat de je ne sais quelle propagande ou panégyrique en faveur de telle ou telle conception. Il s’agit ici, simplement, de faire une rétrospective sur le statut de Jérusalem dans la tradition juive et donc dans la conscience de ses adeptes. C’est l’imminente prise de position du président Donald Trump sur ce sujet épineux qui justifie le traitement de cette question qui est d’une sensibilité extrême.

    D’un point de vue purement historique, c’est-à-dire à l’écart de toute émotion, de toute référence à des écrits religieux, chargés d’affect, on ne s’explique pas les raisons objectives qui ont mené le peuple juif à mourir et à vivre pour Jérusalem, comme d’autres, il y a tout juste quelques décennies, avaient décidé de mourir pour… Danzig !

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