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Vu de la place Victor-Hugo - Page 294

  • Le «Kafka» de Saül Friedländer (C.H. Beck Verlag de Munich)

    Le «Kafka» de Saül Friedländer (C.H. Beck Verlag de Munich)

    Sur Kafka, on croyait avoir tout dit, tout entendu et tout interprété. Pourtant ce dernier livre de Friedländer que j’ai reçu en version allemande a déjà été traduit en français aux éditions du Seuil (lesquelles ont omis de me l’envoyer), car son auteur l’a rédigé en langue anglaise. D’aucuns pourraient se demander ce que vient faire l’historien de la Shoah, du pape Pie XII et le IIIe Reich dans la littérature allemande du début du XXe siècle… Eh bien, ce n’est pas du tout une incursion indue dans un domaine qui n’est pas le sien. C’est que l’un comme l’autre, Kafka et Friedländer ont un lien constant avec la ville de Prague, l’un y a grandi, l’autre y est né, avant de fuir sa ville natale et de se réfugier à Paris après d’incessantes tribulations.

    Ce livre réussit à nous apprendre bien des choses nouvelles, ce qui est un tour de force car la bibliographie de l’auteur du Procès et de la Métamorphose se chiffre par  milliers de titres. En moins de deux cent cinquante pages l’auteur se concentre sur l’essentiel : les exécrables relations avec le père, relevant de la psychanalyse, comme chacun sait, surtout après la fameuse Lettre, écrite avec passion et une liberté rarement atteinte, mais jamais délivrée à son destinataire lequel ne l’a donc jamais lue, la relation aux femmes, notamment aux prostituées (un peu comme Stefan Zweig) où apparaît à la fois un sentiment de culpabilité et de honte, lui faisant préférer les prostituées et les femmes se trouvant dans des bordels (qu’il fréquente un peu partout en Europe, chez lui à Prague, mais aussi à Paris, à Milan et ailleurs, parfois en compagnie de son ami et légataire testamentaire universel Max Brod) ; après ces chapitres importants, nourris de larges renvois aux œuvres mais aussi aux journaux intimes de Kafka ainsi qu’à sa correspondance, Friedländer se livre à une très fine analyse de l’auteur dans a relation avec le judaïsme, sa religion de naissance. Au fond, sans vouloir donner une exégèse globale de l’œuvre, laquelle aurait pu ne jamais exister sans l’intervention de l’ami Max Brod, la relation au judaïsme, la façon dont il fut vécu et la personnalité du père dans cette affaire, occupe une position centrale dans l’existence et l’œuvre de Kafka.

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  • L’Europe et Israël

    L’Europe et Israël

    En écoutant tôt ce matin sur les chaînes d’informations continues les deux discours, respectivement celui de la ministre italienne chargée de la politique étrangère de l’Union et celui du Premier Ministre de l’Etat d’Israël, on avait l’impression de vivre un décalage de grande ampleur : alors que la représentante européenne récitait sur un ton saccadé ses récriminations envers l’Etat juif, à peine laborieusement adoucies, en apparence, par un tardif et crispé bonne fête de Hanoukka (oubliant que c’est là un hommage à la sanctification du temple de Jérusalem !!), le Premier Ministre israélien lui a asséné sans ciller tous les accomplissements, les progrès, les innovations, le régime démocratique et la joie de vivre de son pays. On avait l’impression que ces deux là ne vivaient pas dans le même monde, ni sur la même planète : mais comment donc, ce continent que certains historiographes décrivent parfois comme un vaste cimetière juif, à l’échelle de tout le continent, tant les persécutions sanglantes y furent nombreuses, ne parvient on pas à traiter l’état juif autrement qu’en lui adressant des reproches permanents, à l’accuser de tous les péchés d’Israël (c’est bien le cas de la dire !) ?

    L’histoire politique de l’Europe, un continent qui doit toute sa culture à la Bible hébraïque et au christianisme, plutôt au judéo-christianisme, puisque le Décalogue en inspire toutes les valeurs sur lesquelles il se fonde, a dévié de sa trajectoire première. Et les ministres de l’UE devraient s’en souvenir de temps en temps. Toutes ces persécutions, toutes ces conversions forcées, toutes ces expulsions, toutes ces spoliations (dont la toute dernière remonte à moins de 70 ans), tous ces malheurs n’ont pas réussi à combattre victorieusement ce penchant soit proc arabe soit anti israélien.

    Rashi, le grand exégète-vigneron champenois du XIIe siècle, avait repris une métaphore talmudique qui parle des pierres du mur , pierres, qui, si elles pouvaient parler, porteraient témoignage de tout le mal fait aux juifs sur ce continent. Et pourquoi donc ? Parce qu’ils ont préféré la mort à la conversion. Cette force de caractère, cette indomptable conviction, cette fidélité à la fois des ancêtres et des patriarches, toutes ces mâles vertus se sont réincarnées dans ce peuple d’Israël qui livre au quotidien un combat pour sa survie. En Israël, depuis près d’un siècle, exister ou continuer d’exister, relève d’un héroïsme quotidien. Jamais peuple sur cette terre n’a dû être sur ses gardes dans son propre pays, sur sa terre ancestrale.

    Mais ce qui est largement intolérable, c’est de voir les représentants d’Etat civilisés, à la tête d’une très longue histoire et d’une brillante culture, nier les évidences historiques et reprocher à un Etat souverain, d’avoir la capitale qu’il a, il n’en a pas d’autre, d’ailleurs. C’est presque une obscénité.

    Il est rare que je prenne ainsi la plume pour m’exprimer aussi vertement. Mais je le répète : il y a quelque chose de choquant dans cette attitude qui n’est pas celle de gens policés, bien élevés et instruits. J’ai déjà dit ici même ce qu’il fallait en penser ; plusieurs fois par jour, dans ses prières (matin, midi et soir, sans oublier les prières annexes), l’orant juif évoque le souvenir inoubliable de Jérusalem… Le Psalmiste lui-même, l’homme le plus religieux que la terre ait jamais porté, ne dit-il pas : si je t’oublie Ô Jérusalem……… Quel autre peuple a maintenu une telle fidélité au lieu où il est né, durant près de deux millénaires qui furent tout sauf une période de bonheur, ou une promenade de santé à travers le monde…

    Dans sa réponse au discours de la ministre italienne, Benjamin Netanyahou a vanté, à juste titre, toutes les prouesses technologiques de son pays dans d’innombrables domaines. Il n’a nullement exagéré les conquêtes d’Israël dans tant de domaines. Alors que face à lui, des gens mal intentionnés dépensent des fortunes pour forger des armes de destruction. Avez vous jamais vu que l’on sélectionne un contingent de bons étudiants afin de les envoyer étudier dans des pays européens ou aux USA ? Je parle des ennemis d’Israël. Savez vous tout ce que les ennemis d’Israël pourraient faire, de bien, avec toutes leurs réserves en énergie et milliards de dollars ? Et pourtant, c’est toujours le même discours de haine et de refus.

    Si ce petit Etat juif n’était pas entouré de toutes parts par des ennemis qui se sont juré sa perte, il serait dans le top five des Etats les plus avancés du monde.

    Pour conclure : alors que la plupart des Etats arabes ont mollement réagi à la saine déclaration du président Trump, l’Europe, pourtant victime du terrorisme (en France, en Allemagne en Grand Bretagne, en Espagne, en Italie, en Suède, au Danemark, en Belgique et ailleurs) s’en prend… à Israël !

    Une dernière note d’optimisme : les pays d’Europe centrale et orientale portent sur les progrès de l’Etat juif un autre regard. Enfin, toute l’Europe n’est pas frappée de cécité. C’est comme cette presse mondiale qui encourageait presque un large soulèvement et qui en fut pour ses frais. A peine, ça et là, quelques escarmouches… Et elle attend toujours, appelant de ses vœux une vraie déflagration. Ce n’est pas bien

    La presse mondiale pourrait être aussi une force de paix.

    Maurice-Ruben HAYOUN