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Vu de la place Victor-Hugo - Page 355

  • Hommage à Malek Chebel, l'ami trop tôt disparu

     

    Me trouvant à l’étranger pour une tournée de conférences, j’apprends par une brève, diffusée par BFM TV la disparition de mon ami Malek à l’âge de 63 ans. Je n’aime pas sacrifier à ce genre d’exercice, surtout depuis la survenue d’attentats à Paris, à Saint-Denis et à Nice. Toutes ces commémorations, tous ces hommages à nos compatriotes disparus sont indispensables, mais génèrent une atmosphère de deuil permanent. Et pourtant, sans douter le moins du monde de cette nécessité de rendre hommage, on souhaite la rapide arrivée d’événements heureux, réjouissants, voire vivifiants.

    Pour Malek, aujourd’hui disparu, c’est un hommage amical, respectueux de l’homme et de son œuvre dans de multiples domaines que je souhaite lui rendre.

    En lui, la communauté franco-musulmane perd un de ses meilleurs fils et représentants, attaché à sa culture religieuse autant qu’aux valeurs républicaines, c’est-à-dire en termes clairs, ne plaçant jamais au premier plan de son action d’autres valeurs, notamment religieuses. Ce n’était pas très difficile pour lui qui avait entrepris une œuvre de mise à portée, de rapprochement et d’explication, notamment par ses traductions, ses interviews à la radio et à la télévision au cours desquelles il a toujours donné l’avantage à un islam modéré et respectueux des convictions et engagements d’autrui.

    J’ai souvenance d’au moins deux colloques auxquels nous avions participé, aux côtés d’autres personnalités. Le premier eut lieu dans la salle des fêtes de la mairie de Levallois et le second à Bordeaux. Nous nous croisions aussi lors de salons du livre en différents endroits

    A Levallois, nous venions de nous rencontrer, ce fut la première rencontre et nous eûmes à confronter nos idées sur le dialogue interreligieux. Il y avait aussi un évêque dont le nom m’échappe… La question qui se posa en tout premier lieu portait sur l’ordre d’intervention. Malek eut quelques difficulté à accepter d’intervenir le dernier, l’islam étant le dernier représentant du monothéisme et cette postériorité temporelle n’avait rien d’ontologique ! En fin de compte, il accepta mais cela déclencha une petite opposition entre nous deux. En revanche, sur les questions de fond, notamment le respect absolu des règles de la laïcité, Malek développa un point de vue assez subtil, apparemment modéré mais assez tranché intérieurement. C’est que le musulman de base n’est pas toujours enclin à accepter dans sa vie quotidienne l’approche des intellectuels de sa propre communauté. Et Malek ne concevait pas son action comme une retraite dans une tour d’ivoire. Il fallait  comprendre mais aussi faire comprendre à la majorité silencieuse, faute de quoi on tenait un solipsisme…

    La seconde rencontre fut plus longue, tout un week end à Bordeaux, et se déroula devant des centaines de spectateurs, musulmans à 99% (il y avait trois juifs, moi inclus, et je me souviens que le maire Alain Juppé avait ordonné à ses collaborateurs de ne pas divulguer l’adresse de mon hôtel…)

    Malek fut à la fois l’organisateur de la rencontre et son principal orateur ; il avait inscrit au programme du colloque un thème qui lui a toujours tenu à cœur : l’Islam des Lumières, c’est-à-dire l’islam du Moyen Age, médiéval mais non moyenageux, un islam qui, au moins par ses couches sociales les plus cultivées et les plus ouvertes, est allé au devant de l’esprit, du prochain, n’hésitant pas, à l’instar d’Averroès, de reprendre ce qu’il y avait de mieux dans l’hellénisme tardif, générant ainsi un nouveau legs philosophique gréco-musulman.

    La réinstallation de cette culture si riche et si ouverte dans les consciences, tel fut l’objectif de Malek qui, lors de ce colloque (où nous avons joué à guichets fermés, toutes les places étaient prises), a fait preuve de courage intellectuel mais aussi physique. Dire devant un tel auditoire de près de 400 personnes ce qu’il pensait de la personnalité et de l’œuvre terroriste de Oussama Ben Laden, m’a stupéfié. Moi, en ma qualité de philosophe juif, qui devais évoquer l’héritage de la philosophie d’Averroès , je marchais sur des œufs car certains trouvaient que je n’avais pas à intervenir dans un tel contexte. Avec le soutien de Malek qui me tressa des couronnes (imméritées) en me présentant, je pus parler durant une bonne demi heure des représentants et commentateurs juifs médiévaux d’Averroès, et notamment de son magnifique Traité décisif où le penseur cordouan exposait sa théorie des rapports entre la philosophie et la religion.

    C’est bien connu et cette banalité traîne dans tous les manuels : Averroès n’eut pas d’héritiers dans sa propre communauté religieuse, ce furent d’abord ses commentateurs juifs, et ensuite chrétiens qui le firent connaître et préservèrent son héritage philosophique. On se souvient du théologien soufi Abuhamid Alghazali, l’auteur des Intentions des philosophes, suivies de la Destruction des philosophes. Même si Averroès a rejeté par une cinglante réfutation les déclarations du théologien, sous le titre ironique de Destruction de la destruction (Tahafut al Tahafut), le coup fut presque mortel.

    C’est cette déchirure que Malek a tenté de raccommoder et de rapiécer. Ce ne fut pas facile, surtout dans un monde médiatique occupé à tout simplifier, à tout abréger, de crainte d’une baisse de l’audimat !

    Mais ne soyons pas pessimistes, Malek nous a quittés mais son œuvre lui survivra. Le monde arabo-musulman a besoin d’hommes comme lui pour bien comprendre que la paix, le respect d’autrui, l’accueil des sans patrie, des rejetés, l’assistance apportée aux nécessiteux et aux malades, oui telles sont les bonnes actions que l’on attend de toute religion qui se respecte.
    Et Malek l’avait très bien compris.

     

  • L’élection de Donald Trump, c’est la défaite et le désaveu des Obama

     

    L’élection de Donald Trump, c’est la défaite et le désaveu des Obama

     

    Cette élection surprise d’un homme que la presse US a entièrement voué aux gémonies, disant de lui pis que pendre, diffusant un enregistrement où il parlait très mal des femmes et débiter des grivoiseries, oui toutes les tentatives pour l’écarter du pouvoir et le noircir aux yeux de l’opinion publique ont été vouées à l’échec. La solidité de ce septuagénaire  équivaut à un cinglant désaveu du pouvoir en place, je veux dire de Barack Obama qui risque d’être sérieusement handicapé pour la suite de son mandat. Certes, il ne pouvait que coller à la candidate démocrate car il savait fort bien que D. Trump se promettait de défaire toutes ces réformes, notamment le très controversé Obama care…

     

    Mais ce n’est ni le plus grave, ni le plus important. Ce qui est gravissime, ce sont les erreurs de la presse et aussi les fausses prévisions des sondeurs. Jusqu’à la dernière minute, les instituts de sondages donnaient la candidate démocrate vainqueur. Et comme les media avaient donné de Trump une image des plus affreuses, les gens n’ont pas suivi et même dans les états réputés hostiles au parti républicain, ils ont massivement voté pour Trump.

     

    C’est très grave. Ce n’est pas l’élection qui l’est, car après tout il y a le précédent de Ronald Reagan où cette même presse et les intellectuels de la côte ouest voyaient un acteur raté, eh bien il est l’homme qui a détruit l’URSS sans tirer un seul missile. En 1989, elle ‘na pas pu suivre la guerre des étoiles que Reagan avait enclenchée : la posture idéologique n’a pas pu sauver un régime menacé par la faillite économique.

     

    Les faits aujourd’hui ne sont pas comparables mais le constat est tout aussi aberrant : comment les meilleurs média du monde, les meilleurs instituts de sondage ont ils pu se tromper à ce point ? Tourner le dos à une opinion publique qui les considère entièrement corrompus, dévoyés et centrés sur eux-mêmes ? Derrière ces résultats se profile une profonde crise spirituelle, le rejet des élites, accusées d’avoir tourné le dos à la vraie vie, celle des gens simples qui n’ont fréquenté ni Yale ni Harvard  mais qui voudraient être gouvernés par des gens comme eux… Cette accession à la Maison Blanche d’un grand chef d’entreprise va changer tant de choses. Mais le plus grave, au risque de me répéter, c’est la perte de confiance dans les média, copieusement sifflés dans tous les meetings de Trump… Sauf erreur de ma part, les media à plus de 90% étaient pour la candidate démocrate.  Et pourtant, elle a été battue.

     

    Les sans voix, les petites gens, les sans diplômes, bref les gens simples ont été conquis par un tribun un peu populiste mais qui n’a jamais fréquenté les meilleures pépinières de l’establishment. Je pense toujours que le couple Obama a signé ici son indifférence et la preuve qu’il ne sentait plus le pays : cela va être très dur de rester jusqu’en janvier. Obama dont l’acquis en matière de politique étrangère est bien mince peut se faire du souci surtout concernant l’accord avec l’Iran…

     

    En plus de la crise politique, il va devoir affronter une grave crise morale. On dit qu’il a déjà convié Trump à venir parler avec lui dès demain, de l’avenir du pays. Trump s’y rendra par politesse mais il n’aura pas oublié de sitôt ce que Obama et son épouse disaient de lui il y a moins de quarante-huit heures…

     

    Je pense que cette élection aura aussi des conséquences sur l’élection présidentielle en France. Certains électeurs risquent d’établir un parallélisme entre Donal Trump et… Marie Le Pen. Cela va renforcer aussi la méfiance à l’égard des médias et des élites, que l’on dit coupées des réalités… C’est un peu vrai, mais un pays comme la France ne tiendrait pas une seule journée si tous les énarques, tous les polytechniciens, tous les professeurs et tous les avocats cessaient le travail.

     

    Comment ressouder ensemble ces deux blocs de la socio culture française ? Trump l’a  compris puisqu’il a déjà lancé un appel vibrant à l’unité de la population US. Mais il est évident que dès janvier il va administrer à son pays un véritable électrochoc : une vingtaine de décrets présidentiels qui mettront tout à plat, tout ce que son prédécesseur aura fait. Je le répète, il faut de l’éthique, de vraies idées et non pas des slogans, une vraie stratégie et non pas de la tactique. Je me suis toujours dit que l’élection d’un président afro-américain ne représentait pas grand chose, si ce n’est par sa valeur symbolique..

     

    Mais cela n’a pas suffi puisque même la Pennsylvanie, bastion démocrate s’il en est, suit Trump. Je le répète, que Trump ait été élu n’est pas grave en soi, ce qui l’est véritablement c’est la crise morale : le désaveu des élites, la méfiance vis-à-vis de la classe politique.

     

    Et ce genre de crise est plutôt contagieuse : mais en quelques mois d’ici mai 2017, un président et un gouvernement courageux peuvent peut-être redresser la barre.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 9 novembre 2016

     

  • L’actuelle campagne électorale présidentielle aux USA : Du jamais vu…

     

    L’actuelle campagne électorale présidentielle aux USA : Du jamais vu…

     

    Je n’ai jamais vu ça, jamais, jamais. Cette campagne électorale marquera un dévoiement sans précédent des élections dans le nouveau monde… jamais une campagne ne s’était autant abaissée au point de donner d’innombrables coups en dessous de la ceinture. Et même cette remarque, c’est peu dire. Voir une ancienne première dame insister lourdement sur des déclarations grivoises au sujet des femmes et des relations sexuelles, c’est reconnaître la bassesse d’une telle campagne. Et c’est surtout reconnaître l’absence d’arguments proprement politiques. D’ailleurs quel que soit le vainqueur, car il y en aura un, les Américains reconnaissent n’aimer vraiment aucun des deux candidats, ce sera donc une élection par défaut.

    A-t-on déjà vu un candidats traiter sa concurrente de femme dévoyée (nasty woman) de femme corrompue (crooked woman) ? Et la dame, ainsi traitée, répondre en disant qu’on an peur pour nos filles si cet homme passait au bureau ovale… Pire, qu’il ne faut pas lui confier le bouton nucléaire, comme si y appuyer ne dépendait que d’un seul homme !!

     

    Pourtant ces deux là ont supplanté tous les concurrents de leur propre camp et sont censés être le résultats d’un écrémage sévère. Seigneur Dieu, alors que devaient être les autres ?

     

    Vivement que cette farce électorale prenne fin et sue l’élu puisse enfin se mesurer à la réalité. Et quand on voit le président afro américain voler de ctet façon au secours de Hilary Clinton, on s’interroge sur ses secrètes motivations alors qu’il y a quelques années Hilary faisait contre son protecteur en disat : Shame on you Barack Obama…

     

    Franchement vivement la fin de la politique.
    De cette politique