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Vu de la place Victor-Hugo - Page 388

  • Salah Abdeslam, quel paradoxe!

    Salah Abdeslam, quel paradoxe!

    Comment un petit délinquant, un petit trafiquant, tenancier d’une café dans un quartier peu reluisant de la capitale belge et qui a viré au terroriste à la solde de l’Etat Islamique, est il devenu le centre de toutes les attentions de toutes les polices d’Europe ? Quand je pense qu’on l’a cherché partout, durant quatre mois, sauf précisément là il se cachait, c’est-à-dire au sein même de Bruxelles, avec ses affidés, je me demande à quoi servent les services de sécurité et de renseignement.

    Ce n’est certainement pas un Prix Nobel mais il faut reconnaître qu’il joue assez bien des failles du système : sur place, en Belgique, il refuse d’abord son extradition en France puis se ravise, veut parler mais commence par se murer dans un grand silence, nous fait croire qu’il a voulu épargner des vies alors qu’il n’hésite pas à tirer sur quatre policiers venus l’arrêter avec des complices en cavale…

    Et voilà qu’aujourd’hui, ou plutôt hier, il remet à plus tard ses déclarations au juge, décidant lui, tout seul, de l’opportunité de son audition qui aura lieu vers la fin du mois de mai.

    Pire, s’il avait spontanément parlé aux enquêteurs belges, il aurait peut-être permis, directement ou indirectement, d’empêcher l’attentat contre l’aéroport belge, économisant près de vingt vies humaines. Il est impossible qu’il n’en ait rien su. On a donc affaire à un client, certes peu cultivé, peu fin, mais retors et doté d’un esprit très sinueux et tortueux.

    Mais ce qui frappe le plus, ce sont les interventions de son avocat qui ont froissé bien des familles de victimes. Hier, une mère, privée de sa fille par l’attentat du Bataclan, s’est dite scandalisée par les déclarations du défenseur du terroriste. D’ailleurs, on se demande à quoi sert ce respect chagriné des droits de la défense lorsqu’il s’agit d’un crime d’une telle ampleur. On va se lancer dans des procédures qui vont durer des années, dans le seul but de respecter des valeurs, foulées aux pieds par les terroristes.

    La mère en question s’est insurgée contre l’emploi d’une phrase du style «ce garçon est effondré» plus quelques remarques sur le mode de déplacement sous la houlette des membres du GIGN ! Certains auraient souhaité qu’on le jette depuis l’hélicoptère dans le vide… Mais n’allons pas aussi loin car dans nos sociétés civilisées et policées, tout accusé a des droits, notamment celui d’être défendu.

    On ne revient pas là-dessus mais on demande instamment à ceux qui se chargeront de la défense de ce terroriste de surveiller leurs déclarations ; ce sinistre personnage est tout de même arrêté pour s’expliquer sur la mort violente de plus de 130 personnes !

    A l’évidence, les démocraties occidentales qui acceptent un peu tout le monde en leur sein sans trop de discernement, réchauffent l’œuf du serpent ! Quoi d’étonnant si ces derniers leur infusent leur venin.

    Voyez  l’exemple autrichien : la police de ce pays avait démasqué deux terroristes qui voulaient rejoindre la France pour y commettre des tueries de masse (le mot n’est pas de nous) !

    Un dernier détail : quand je réalise que la traduction du nom de famille de ce terroriste (pardon, présumé !!) signifie dans sa langue maternelle : le serviteur de la paix…

  • Les méfaits des intermittents du spectacle…

     

     

    Les méfaits des intermittents du spectacle…

    Je connais quelques membres de cette corporation qui ne m’en voudront pas, je l’espère, d’écrire ce papier. Ce qui me déplaît chez eux, même si je reconnais un peu de légitimité à leur lutte, c’est d’empêcher les autres de vivre et de travailler, de perturber les spectacles, d’occuper des théâtres dont celui de l’Odéon ou la Comédie française, bref c’est d’exaspérer la mentalité française des conflits du travail.

    Leur situation professionnelle accentue, c’est vrai, la précarité de leur existence. Mais ce statut ne peut pas durer éternellement au motif qu’il coûte trop cher à la collectivité nationale. Je comprends bien qu’ils doivent faire face à des dépenses quotidiennes mais en quoi cela les aide t il d’empêcher des gens d’aller au théâtre ou de fréquenter les manifestations du festival d’Avignon ?

    C’est cette mentalité typiquement française qui me déplaît souverainement. En quoi cela leur fait il du bien d’empêcher des gens d’aller voir Phèdre à l’Odéon ? Mais le phénomène est général en France ; dès qu’une catégorie socio-professionnelle veut obtenir quelque chose et n’y arrive pas, elle bloque les routes, bloque les métros et les trains, érige des barrages sur les routes et quand on leur demande pourquoi elles agissent ainsi, provoquant des problèmes pour des gens qui n’y sont pour rien, ces gens répondent que c’est l’unique façon d’obtenir satisfaction. Un PDG US dont les cadres en France avaient été pris en otage par des grévistes menacés de perdre leur emploi avait rétorqué qu’en Amérique ces preneurs d’otages seraient condamnés à de lourdes peines de prison.

    Et je trouve qu’il a raison.

    Les méthodes des intermittents du spectacle ne sont pas recommandables. Tout le monde a des problèmes. Mais ce n’est pas une raison de tout chambouler afin de sauvegarder ses propres objectifs.

    Le régime des intermittents doit changer, chacun sait qu’il ne peut pas perdurer. Et ce ne sont pas quelques occupations de théâtres qui y changeront quelques chose.. La culture est comme la santé, elle n’a pas de prix, mais elle a un coût.

    Enfin, il faut changer de logiciel. Il faut bannir les grèves, les occupations et les prises d’otages. Ce n’est plus possible. Il faut négocier, encore et toujours, même si la mentalité française ne s’y prête guère…

    Encore un effort Mesdames et Messieurs les intermittents

  • L’offense faite à François… …

     

    L’offense faite à François… …

    J’ai longuement réfléchi avant d’écrire ce papier. J’ai regardé comme tous les Français cette visite présidentielle à Chartres (dont le préfet Nicolas Quillet est un ami très cher) dans une grande usine qui produit de l’insuline ; il s’agissait, je pense, de montrer à la face du monde que le président et son ministre de l’économie s’entendaient bien et qu’il n’existait entre eux aucune divergence. C’est alors que le ministre s’est ingénié (volontairement?) à établir une certaine distance (au propre comme au figuré) avec le chef de l’Etat, lequel s’est même demandé à haute voix : mais où est Emmanuel ?

    J’avoue avoir été parcouru par un sentiment d’indignation et de révolte : comment peut-on agir de la sorte lorsqu’il y va du chef de l’Etat, quel qu’il soit, l’actuel ou l’un de ses prédécesseurs ? Et puisqu’on parle de prédécesseur, j’en connais un qui aurait, dans l’heure, mis fin aux fonctions d’un ministre qui se serait rendu coupable d’une attitude si déplacée…

    On dit beaucoup de choses sur François Hollande, on ne parle pas que de son impopularité, on lui attribue un esprit tortueux et machiavélique. Sur le coup, il a fait preuve d’une trop grande indulgence à l’égard de son jeune ministre qui a visiblement commis un faux pas. Si ce président était aussi rusé et aussi rancunier qu’on le dit, il n’aurait pas fait preuve d’une si grande patience… Il n’a pas pris la mine des mauvais jours, il a poursuivi la visite et la suite nous l’ignorons, mis à part quelques rares initiés dans son entourage.

    Mais quel message a voulu faire passer le ministre à l’adresse des téléspectateurs ? Même animé des intentions les plus charitables, je serais bien le seul à penser que c’est une désinvolture juvénile, une erreur sans conséquence… Le ministre a bien montré ce jour-là qu’il entendait faire cavalier seul. Mais quand ? Dès à présent ? Franchement, cela devient très compliqué : il y a quelque temps, les commentateurs politiques voyaient en E. Macron l’antidote à Manuel Valls, soupçonné lui aussi de nourrir quelques pensées de projet personnel… En somme, le président aurait adopté une sorte d’entreprise de neutralisation. On a peine à y croire, mais le monde politique a des attitudes qui ne sont pas sans rappeler la loi de la jungle.

    Que faire ? Il y a quelques années on a parlé des nouveaux philosophes, Rosenzweig avait parlé du Nouveau Penser, quand parlerons nous des nouveaux politiques ? Et en quoi consisterait cette nouveauté ? En une petite dose ou pincée d’éthique. Un peu de valeurs comme la gratitude, la fidélité…

    Aucune action, aucune entreprise ne peut subsister durablement sur cette terre sans un fondement éthique. Plus que l’ontologie (science de l’être, fondement de toute la philosophie occidentale), l’éthique doit devenir la philosophie première.

    On se souvient d’une réponse de François Mitterrand à une question sur la moralité des hommes politiques. Il fit cette réponse qui est el summum d’un inacceptable cynisme : ils sont comme vous, les hommes politiques !

    Non, ils ne sont pas comme nous, ils ne doivent pas l’être, ils doivent être exemplaires, faute de quoi nous ne les aurions pas choisis.

    S’il lui arrive de souffrir parfois d’insomnie, l’actuel ministre de l’économie devrait relire à la fois l’Ethique à Nicomaque d’Aristote et quelques chapitres du livre de l’Ecclésiaste…

    Et au bout du compte, Fr. Hollande n’est pas si mal que cela.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 26 avril 2016