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Vu de la place Victor-Hugo - Page 391

  • Erdogan et les libertés...

    Erdogan et   les libertés...

    Ce fut peut être le coup de colère de trop : l’actuel président turc, pris à partie assez violemment par un humoriste allemand a porté plainte contre l’artiste et la chancelière a dû donner son accord afin que la plainte soit recevable. Je n’ai pas pris connaissance du corpus delicti même si les journalistes reconnaissent que la charge fut plutôt rude. Mais tout de même cela nous ramène à des temps immémoriaux où l’on pouvait encore être poursuivi ou condamné pour injure au chef de l’Etat. Cela donne une idée assez précise des conceptions de cet homme qui ne tolère ni satire ni critique. Mais ce qui frappe bien plus l’opinion et même les alliés de Madame Merkel, c’est que cette dernière ait obtempéré alors qu’elle est à la tête de la nation la plus puissante d’Europe. Elle a cédé devant un pays qui est en retard de tant de décennies par rapport à la patrie de Goethe, de Fichte et de Hegel… D’ailleurs, les hommes de la SPD ont tenu à se désolidariser de cette mesure, estimant que le président turc n’a pas à se mêler de ce qui se passe en Allemagne. La chancelière n’est pas naïve ; redoutant les réactions totalement imprévisibles (Unberechenbarkait) de son collègue d’Ankara, elle lui a donné apparemment raison tout en procédant à un changement institutionnel qui rendra la plainte du grand Turc inopérante. Mais cela en soi est déjà révélateur : tout le monde sait que la Turquie a joué double ou triple jeu dans cette crise syrienne qui a jetéé sur les rivages méditerranéens des millions de migrants que Erdogan laissait passer afin d’être en position de force par rapport à l’Europe. On se souvient du cynisme de son Premier Ministre qui a exigé non seulement de l’argent mais aussi la réouverture des négociations d’adhésion à l’UE tandis que chacun sait que nous n’admettrons jamais la Turquie en Europe.. Toutefois, ce n’est pas un très bon signe, lorsque les démocraties cèdent devant des dirigeants qui ne tolèrent pas la moindre critique. Et si demain Erdogan exigeait qu’on lui livre un adversaire politique ou un Kurde, accusé de menées subversives ou de terrorisme ?

    Personnellement, je condamne les attentats anti turcs qui ont été perpétrés récemment, même contre des militaires, l’Etat turc a le droit de se défendre, mais il serait bien mieux inspiré en ouvrant des négociations avec les Kurdes qui pourraient alors mieux se sentir chez eux en Turquie et adopter une solution politique au conflit. La question qui se poserait alors est la suivante : Erdogan est il personnalité la plus qualifiée pour engager de telles négociations ? On se souvient de ses remarques acerbes contre Israël et aussi contre la Syrie de Bachar. On se souvient aussi de son aide aux islamistes alors qu’il préférait frapper le PKK, faisant croire aux Occidentaux qu’il était de leur côté…

    On peut comprendre que la Turquie ait des intérêts nationaux à défendre. On peut comprendre sa méfiance à l’égard du nationalisme kurde qui aboutirait, à terme, à des démantèlements du territoire. Mais par delà de telles remarques, c’est la nature même du régime qui est ici en cause. Et j’oubliais : la Russie ! Erdogan a commis une grave erreur en abattant un avion militaire russe, ce que V. Poutime ne lui pardonnera jamais.   Il serait donc conseillé à Erdogan de se calmer car même s’il se croit à l’abri, aujourd’hui, grâce à l’Otan, les choses pourraient changer.

    Erdogan ne devrait pas déposer plainte contre l’humoriste allemand qui l’a si sévèrement pris à partie. L’humoriste est peut être allé trop loin mais c’est la règle dans les pays démocratiques. Le grand Turc devrait faire un effort pour comprendre, pour se réconcilier avec ceux qu’il vitupère régulièrement et en bref changer son image.

    Cela lui ferait beaucoup de bien, à lui-même et à son pays. Qui en a bien besoin. Voyez la brouille avec Israël. La Turquie a besoin d’Israël dans de nombreux domaines et Erdogan a tout gâché pour rien. Oui, pour rien, puisque les Arabes n’accepteraient jamais d’être dominés ou représentés par un Ottoman. Revoyez l’Histoire.

  • la prestation télévisée du président François Hollande

    la prestation télévisée du président François Hollande

    Par delà les jugements, et ils sont tous plutôt sévères, la question que cette interview suscite est la suivante : est ce que l’époque avec toute son évolution, est encore en adéquation avec l’état d’avancement du pays ? Est ce qu’on peut encore organiser de tels rencontres ? Plus personne n’y croit. Même les journalistes ont reconnu après coup que l’exercice était daté et ne s’imposait plus. Il faut autre chose. Ce sont les critiques des jeunes qui m’ont convaincu : il faut autre chose. Mais quoi ? D’autres types de rencontres avec le peuple sont nécessaires. Une autre question se pose : est ce que c’était du niveau du président de la Ve république de se confronter à des problèmes d’intendance, surtout lorsqu’on n’a rien à annoncer de fondamentalement nouveau. Il fallait y penser avant. Ce que François Hollande voulait, c’était avant tout mettre un terme à cette chute vertigineuse dans les sondages. Mais aucun conseiller présidentiel na osé dire qu’il fallait changer de logiciel : on ne traite plus ainsi avec ses électeurs. Il faut une action plus participative, plus vivante, et aussi moins de réglementations, moins d’état. C’est là le talon d’Achille de la France : l’omniprésence de l’Etat. Il est partout au lieu de se cantonner à des tâches essentielles, plus régaliennes, comme la défense, la sécurité, la politique étrangère. Or, l’Etat s’occupe des hôpitaux, de la télévision, des radios, de l’économie, des écoles et de l’éducation en général, de l’enseignement supérieur, etc… Et fait aggravant : ce sont ses propres élites, toutes fabriquées selon le même moule qui sont à la tête partout. Et toute cette administration qui se mêle de tout, au lieu de laisser aller, laisser faire. C’est donc aussi un problème de culture, la culture française adore une vache sacrée, intouchable : l’Etat. Il contrôle tout et en cas de conflit du travail, de fermeture d’usine, de chômage, c’est toujours vers l’Etat que l’on se tourne. Comment faire un lavage de cerveau pour que les mentalités changent ? CQFD. Un jeune étudiant qui avait voté pour François Hollande m’a ému : le président a dit ce qu’il voulait faire en 2017 au lieu de nous dire ce qu’il peut faire pour nous hic et nunc…

    La France doit cesser de penser qu’elle est le nombril de l’univers. Il faut se comparer aux autres, faire preuve d’humilité. Regardez l’Allemagne, l’Angleterre, même l’Espagne et l’Italie. Il faut cesser de faire de l’autisme. A lui seul, François Hollande n’y arrivera pas. Il cumule tous les handicaps de la France, mais il est injuste de tout lui imputer. J’ai entendu Nicolas Doze dire qu’on glissait lentement mais surement vers le déclin. Cela ne se sent pas, un peu comme une maladie qui avance insidieusement et dont on ne relève la présence que lorsqu’il est trop tard.

  • Le cas Benzeéa, la morale l’emporte

    Le cas Benzeéa, la morale l’emporte

    La décision de la Fédération Française de Foot fera date : pour la première fois, c’est l’éthique qui l’a emporté sur toutes autres considérations. Enfin, la morale reprend pied dans un univers où elle comptait pour quantité négligeable.

    Mais avant d’aller plus loin, il faut rappeler avec force que tant qu’on n’est pas condamné, on est présumé innocent. Tout le monde doit bénéficier de la présomption d’innocence. Pour le moment contre ce joueur de Foot Ball il n ‘ y a que des charges, pas d’accusations et il a été mis en examen. Mais une mise en examen se solde dans 80% des cas par un non lieu ou un abandon des poursuites.

    Il semble cependant que des indices inquiétants aient été découverts et que la bonne foi du joueur soit mise en cause. Mais attendons pour voir. Ce qui intéresse ici le philosophe moraliste ou éthicien, c’est qu’une puissante fédération n’a pas seulement écouté ses propres intérêts mais tenu compte de l’impression produite sur l’opinion publique, accordant une sorte d’immunité imméritée à une vedette ou à une personnalité connue pour ses talents ou ses mérites réels ou supposés.

    Il faut saluer comme il convient ce début de moralisation qui fera jurisprudence. Il y a aussi l’aspect exemplaire : sélectionner ce joueur sur lequel tant de charges (je dis bien charges et non accusations), c’était tenir la justice pour quantité négligeable C’était aussi dire que le public étant de son côté, eh bien, le reste ne comptait pas. C’eût été un pari risqué. Noël le Grät aurait pu le prendre mais son amour de la justice l’en a empêché. Il y a aussi les autres membres du conseil qui ont vite de ramener le curseur là où il fallait. On ne peut pas représenter notre pays, la France, dans une telle compétition quand on est déjà mis en examen et que des soupçons, même de simples soupçons, pèsent sur vous.

    Le monde du foot ball est trop sorti des clous ces derniers temps, les personnalités les plus éminentes ont été mises en cause et chassées de leurs postes de direction. La fédération française a donc bien agi. Et puis, qu’on se le dise, nul n’est irremplaçable. L’équipe de France a jouté et même gagné des matchs sans ce joueur

    Cela commençait à faire beaucoup : il y eut des joueurs qui ont eu recours à des filles de petite vertu, d’autres qui ont ridiculisé la France à la face du monde entier lors d’un certain mondial, etc… On se souvient de la phrase sagace de la ministre de l’poque : des caïds immatures…

    Vive l’éthique même sur un terrain de foot que des millions de jeunes de toutes classes sociales regardent avec envie. Il faut de l’exemplarité. On l’a enfin.

    Alors bravo !