Une laborieuse fin de quinquennat…
C’est dur, c’est même très dur. La France n’a jamais été facile à gouverner car en plus, en temps de crise, les gens ne consentent plus ni à l’impôt ni à un minimum de cohésion nationale. On connaît l’individualisme forcené des Français qui veulent toujours que l’on réforme chez le voisin et jamais chez eux.
Or, aujourd’hui, de partout, on adjure le gouvernement de procéder à des changements qui sont plus que nécessaires et qui tardent à venir. L’inflexible ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble est allé jusqu’à dire qu’il priait (sic) pour que la France poursuive ses réformes, à quoi des journalistes répondirent ironiquement qu’il fallait d’abord les commencer.
Et c’est là que tout se complique. Toutes les réformes que le président Hollande a tenté d’imposer comme cela, en fin de course, achoppent sur le refus de telle ou telle catégorie socio-professionnelle : pas un seul jour de l’année qui ne connaisse une grève de plus ou moins forte intensité. Prenez le cas de la journée d’hier qui fut occupée par des manifestations alors que le 31 mars ce sera la grève, après le long weekend pascal. Ce qui fait que ceux qui doivent comme moi prendre le train pour se rendre à des conférences ou en prononcer à Marseille ou ailleurs risquent d’avoir quelques surprises.
Le quinquennat de François Hollande aura été riche d’enseignements. Il faut faire les réformes dès le début, ne pas attendre la dernière portion du mandat pour essayer de les imposer. On s’étonne que la loi sur le travail soit présentée maintenant. Quatorze mois avant la fin du quinquennat. Mystère ! Mais qui conseille donc le chef de l’Etat ? Même chose pour la réforme constitutionnelle et la déchéance de la nationalité. Les parlementaires se sont mis à parler d’apatridie, mais c’était avant les drames de Bruxelles ! Résultat : le Sénat a réécrit la loi et l’assemblée nationale n’est pas d’accord. En fait, j’ai un peu l’impression que la droite parlementaire ne veut pas accorder de satisfecit au président afin qu’il ne puisse pas s’en prévaloir lors d’une éventuelle candidature…
Circonstance aggravante, le pouvoir s’apprête à distribuer généreusement de l’argent qu’il n’a pas, à des fins électoralistes : les fonctionnaires, les collectivités locales, etc… ce qui va accroitre les déficits, compliquer la situation pour les successeurs, et qui sait, faciliter une réélection qui paraît bien compromis.
François Hollande va-t-il, doit-il, peut-il se représenter ? Il a commis l’imprudence de lier son sort à l’inversion de la courbe du chômage. Or, on connaît les chiffres du mois de février : mauvais, mauvais, mauvais. Je me demande même quelle pertinence y a t il à publier de tels chiffres mois après mois. Cette pauvre M. El Komry ne va pas tenir le rythme. C’est trop dur. D’ailleurs, est ce vraiment elle qui porte la loi ? J’en doute car c’est trop lourd pour elle.
En règle générale, aucune réforme proposée n’est passée telle quelle, toutes sont passées sous les fourches caudines de l’opposition ou des frondeurs du PS.
Que faudrait il faire pour sauver cette fin de quinquennat ? Dieu seul le sait.