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Vu de la place Victor-Hugo - Page 389

  • Quelle leçon devons nous tirer des résultats du premier tour de l’élection présidentielle en Autriche?

    Quelle leçon devons nous tirer des résultats du premier tour de l’élection présidentielle en Autriche?

    Le résultat a semblé prendre de court le monde entier. Toutes les rédactions ont joué les étonnées alors que, depuis des années déjà, l’extrême droite est un parti de gouvernement en Autriche. Je me souviens même d’une anecdote personnelle. L’ambassadeur, alors en poste à Poste, mon ami le Dr Ceska devait me remettre une haute distinction le Grosses Ehrenzeichen pour les sciences et la culture, un peu comme le titre de commandeur des Arts & Lettres chez nous. Et je lui avais demandé de surseoir à cette remise car je ne pouvais pas accepter une décoration d’un gouvernement où l’extrême droite était présente. Quelques mois plus tard, la cérémonie eut lieu.

    Au fond, ce ne fut pas la fin du monde, l’Autriche est toujours membre de l’Union Européenne, son économie va bien, sa population n’augmente, certes, pas mais elle bénéficie d’un bon niveau de vie. Alors, où se situe le problème ? Tout simplement, les Autrichiens, à une forte majorité, veulent se sentir chez eux, chez eux, en Autriche, et se refusent à accueillir des gens d’une autre culture qui, dans quelques années, risquent de leur imposer leurs propres mœurs et traditions qui tournent résolument le dos aux tradition chrétiennes de ce pays.

    La réaction du corps électoral autrichien s’inscrit dans ce contexte des racines culturelles et religieuses (geistig-religiös) de l’Europe qui, après avoir distribué quelques ares visas au compte-goutte (tropfenweis) ouvre toutes grandes les portes de l’UE, provoquant des déséquilibres, susceptibles d’introduire, dans un avenir prévisible, de graves disparités. Le même phénomène est déjà perceptible en France, quoique moins nettement pour le moment, mais le gouvernement fait preuve d’une grande prudence dans la gestion du dossier des migrants..

    Bien que de la même origine germanique, l’Autriche n’a pas les mêmes problèmes que son puissant voisin allemand : certes, la natalité est en berne, mais ce n’est pas aussi grave que chez Madame Merkel qui sait que, sans l’accueil des migrants, l’Allemagne manquera bientôt de millions de bras. Ce serait, à terme, la ruine économique, si l’on ne prenait pas le taureau par les cornes (den Stier bei den Hörnern fassen). Les Autrichiens ne sont pas très nombreux et sont donc très attentifs à ce qu’un penseur français a nommé la théorie du grand remplacement. Franchement, n’étant pas un démographe, je ne puis juger de la pertinence d’une telle thèse mais je sais qu’elle s’impose toujours plus dans l’esprit des gens.

    Quelles leçons doit on tirer de cette situation autrichienne ? Si le candidat du parti d’extrême droite devait l’emporter dimanche prochain, ce qui est probable, ce ne serait pas une catastrophe. Les Autrichiens, depuis la fin de la seconde guerre, luttent pour continuer d’exister. Leur histoire comporte des éléments qui les rendent très sensibles à toute présence étrangère chez eux. Mais il ne faut pas les taxer de xénophobie ni d’islamophobie car l’ancien empire austro-hongrois, dont ils sont les héritiers, était multinational et très ouvert. Aujourd’hui, le pays est réduit à des dimensions très réduites, un réflexe de repli sur soi est à craindre, mais demeure légitime.

    L’Europe a des valeurs, des racines culturelles qui sont presque exclusivement judéo-chrétiennes. On comprend que certains se mobilisent pour les défendre. Ce que les Autrichiens croient devoir faire de leur point de vue.

    Qui serait fondé à le leur reprocher ?

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 26 avril 2016

  • La visite catastrophique de Barack Obama en Arabie Saoudite…

     

    La visite catastrophique de Barack Obama en Arabie Saoudite…

    Inutile de revenir longuement sur cette visite aux alliés traditionnels arabes du Golfe des USA. J’ai scruté les visages des dirigeants arabes face aux déclarations du dirigeant US qui doit enfin partir dans moins six mois. Partout, l’incompréhension, voire la consternation. Le leader afro-américain est allé leur dire que leur ennemi juré, l’Iran chiite, responsable de tant de désordres et de tensions dans la région, avait vraiment un rôle à jouer dans le coin. Alors qu’ils le combattent partout, tant au Yémen, en Syrie, en Irak qu’ à Bahreïn !

    Je n’oublierai jamais le visage dubitatif du roi Salman lors du discours du président Obama, développant sa thèse de l’Iran, facteur de stabilisation de la région. Il fallait une certaine dose d’inconscience pour venir ici même, chez les Arabes du Golfe, tenir un tel discours alors que leur aviation combat à mort les alliés et les affidés de l’Iran des Mollahs.

    On a déjà présenté les motivations de la thèse du président US actuel : l’Iran a une population bien plus diplômé que les Arabes, sa jeunesse est majoritaire, elle ne s’accommodera pas éternellement du régime rétrograde et passéiste des Mollahs, elle finira par retrouver le chemin des démocraties normales et renouera avec le monde libre. Ce qui implique qu’elle cessera ses ingérences et son soutien au terrorisme international, notamment au Hezbollah et au Hamas.

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gagné. Et notamment aux yeux des Arabes du Golfe qui voit se profiler avec une anxiété extrême la naissance d’un Iran possédant la bombe atomique. Dès lors, personne ne pourra s’opposer à ses diktats idéologiques, militaires et pétroliers. Toutes ces raisons poussent les Arabes à prier pour le départ rapide d’Obama du bureau ovale et l’élection d’un président plus réaliste et moins incompétent

    Israël pense exactement la même chose, ce qui explique le rapprochement entre l’Etat juif et les alliés traditionnels arabes des USA. Si Madame Clinton devait être élue présidente, ce serait le renouveau du beau temps fixe des relations israélo-américaines et un infléchissement de la politique US à l’égard d’un Iran qui doit évoluer vers plus de démocratie.

  • Prince et Mickael Jackson, un même destin ?

    Prince et Mickael Jackson, un même destin ?

    Je n’ai jamais été attiré par ce type de musique mais je suis très touché par ce décès brutal d’un génie musical moderne. En entendant les journalistes disserter des heures durant sur cette mort si inattendue, j’ai pensé à la disparition d’une autre star de la musique en Amérique et dans le monde, Jackson. Ces deux hommes étaient noirs, de petite taille, et sont morts jeunes. Et jouissaient d’une célébrité mondiale. Est-ce une fatalité ? Non point. Mais une chose est incontestable, ils avaient tous deux un certain recours aux stupéfiants et cela a fini par leur coûter la vie. J’ajoute que tous deux se sont élevés à la force du poignet, issus d’un milieu modeste qu’ils ont réussi à transcender au prix d’efforts et d’un travail éprouvants. Cela laisse indéniablement des traces, quand on voit toutes les zones d’ombre de leur personnalité : l’un s’est vu reprocher des comportements inappropriés avec des enfants (sans que cela ne soit jamais démontré), l’autre avait un ego démesuré qui l’isolait des autres et en faisait une sorte d’électron libre. Or, comme le disait le philosophe, on est homme parmi les hommes, ce qui signifie que si l’on veut conserver les caractéristiques de l’humain, on doit se mêler à ses contemporains, leur parler, mais aussi les écouter et se confronter à eux. Même si, souvent, ce n’est ni facile ni gratifiant. Je n’ai jamais compris ce recours à la drogue, qui a certainement coûté la vie à Prince, comme d’autres substances sont probablement responsables de la disparation de Jackson. Est ce la profonde solitude de ces génies qui, malgré des foules d’admirateurs en délire sont maladivement seuls, voire esseulés. Existe t il mort plus attristante, plus consternante que d’être l’idole de millions de gens de par le monde et de mourir pourtant, seul, dans une pièce de son appartement ou dans un ascenseur de ses bureaux d’enregistrement ? Cela me fait penser à la notion grecque de hybris que l’on traduit communément par tant d’autres termes ; démesure, violence, dissentiment, déséquilibre, disharmonie, etc… On pourrait ajouter l’absence d’une âme apaisée. L’homme qui pousse trop sa mécanique finit généralement mal. J’ai toujours été intrigué par une verset tiré du traité talmudique Pirké Abot (Chapitres des Pères) qui stipule : neguide shema avad shemo. Cette phrase à la fois en araméen et en hébreu signifie : celui qui étire (distend) son nom (pour prendre le plus de place possible), son nom sombre dans la perdition… Sombre prédiction ! Qui malheureusement guette ceux et celles qui sont en adoration devant soi-même, devant eux-mêmes. Le penseur danois Sören Kierkegaard concevait, dans un tout autre contexte, l’existence de deux humanités bien distinctes : l’une, générale, regroupant l’écrasante majorité des êtres humains, est soumise à la loi générale, et une infime minorité, dite les chevaliers de la vertu, appeles comme le patriarche Abraham, à transcender les lois applicables à leurs congénères moins illustres et moins doués. Certes, on ne va pas comparer des chanteurs afro-américains à des étoiles de première grandeur au firmament de la philosophie. Pourtant, si ces deux chanteurs avaient eu une vie plus traditionnelle, plus équilibrée, ils n’auraient pas connu cette triste fin. Mais auraient ils été aussi célèbres, aussi talentueux ? Les vertus morales sont incompatibles avec un destin médiatique hors du commun. Et d’ailleurs, triste coïncidence, le penseur danois, lui-même, n’a t il pas rompu ses fiançailles avec la belle Régina Olsen, au motif qu’il avait mieux à faire que de se marier et de jouir d’un bonheur petit-bourgeois ? Et n’a t il pas été victime d’une crise sur la voie publique à Copenhague ? Crise dont il ne s’est plus jamais remis ?

    A méditer…

    MRH in La Tribune de Genève du 22 avril 2016