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Vu de la place Victor-Hugo - Page 409

  • Alexandre SAFRAN, ancien grand rabbin de Genève et sa relation à la kabbale

          En prévision du colloque consacré à l'œuvre et à la personnalité du Grand Rabbin Alexandre SAFRAN, aux universités de Milan et de Lugano,  à la fin de ce mois janvier 2016, je publie cette version abrégée de ma future intervention     à l'intention de nos amis genevois qui l'ont bien connu et tant respecté.                

     

    ALEXANDRE SAFRAN ET SON RAPPORT À LA KABBALE

     

                La réédition en version hébraïque, revue et augmentée, de deux ouvrages majeurs du Grand Rabbin Alexandre SAFRAN, ancien guide spirituel du judaïsme de Roumanie et actuellement, la plus haute autorité religieuse de Genève, constitue un événement extraordinaire, auquel il faut donner le lustre qui convient. Nos lecteurs ont déjà eu la possibilité de lire dans ces colonnes une présentation de la vie et de l’œuvre de ce penseur religieux éclairé, solidement ancré dans la foi biblico-talmudique et ouvert aux apports de la culture en général. Les deux ouvrages présentés ici sont une sorte d’essence du judaïsme, en hébreu Israël we-shorashaw (Israël et ses racines) et une présentation de la kabbale, Huqqat Olam we-razé olam : ha-niglé we-ha-nistar be-hishtalwutam ba-qabbala (La règle et les mystères de l’univers : histoire du sens obvie et du sens ésotérique dans la kabbale).

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  • Que l’ombre de Thanatos quitte enfin notre chère France…

     

     

    Que l’ombre de Thanatos quitte enfin notre chère France…

    Cela devient insupportable, le climat de peine, de désolation et de recueillement plombe toutes nos activités : pas un jour sans l’annonce d’une mort, d’une inculpation de terroristes en Belgique, de découverte d’un appartement conspiratif (sic) ou de traces d’ADN d’un fugitif, d’une commémoration, du dévoilement d’une plaque à la mémoire de victimes du terrorisme. Je me demande comment le président de la République peut supporter tout cela. Et en plus, il y a la commémoration du vingtième anniversaire de la mort de François Mitterrand.

    En quelques mois, ce pays est devenu l’arrière-cour ou plutôt la caisse de résonance des horreurs qui se passent en Syrie et en Irak. Hier, dans les embouteillages du vendredi soir, j’écoutais les confessions d’une femme française convertie à l’islam et qui avait rejoint Daesh… Elle parlait avec dégoût de l’endoctrinement et de l’embrigadement des enfants, passant leur temps à visionner des vidéos de décapitation ou à jouer au foot balle avec… des têtes de soldats syriens ! Comment voulez vous vivre normalement, savourer un délicieux repas, penser à un séjour reposant en Normandie, lorsque les radios diffusent de telles nouvelles…

    En somme, des lieux situés à presque cinq mille km d’ici exercent leur effet nocif et destructeur sur toute la population française.

    On a l’impression que l’ombre de la mort, Thanatos, plane sur le pays. Alors que la période des fêtes ne remonte pas même à deux semaines, il semble que cette atmosphère de deuil se soit emparée du pays, menaçant de ne plus le quitter.

    Dans la mythologie grecque le poète Hésiode nous parle de Thanatos comme de la personnification de la mort. C’est pire que l’épée de Damoclès brandie au-dessus de la tête de chacun d’entre nous puisque nous partageons la condition de tous les mortels. Thanatos a un cœur de fer, des entrailles d’airain et une âme de bronze : tous métaux qui tournent le dos à la tendresse et à l’amour de l’humanité. Aux antipodes de cette pensée grecque, nous trouvons dans la littérature prophétique des paroles de consolation et d’encouragement qui incitent l’homme à favoriser les forces de la vie et à se détourner de la culture de la mort. Les textes parlent de remplacer notre cœur de pierre (lev évén) par un cœur de chair (lev basar) (Ezéchiel 36 ;26). C’est donc l’appel aux forces vives du bien, de la vertu et de la vie.

    Depuis ce terrible mois de novembre 2015, c’est-à-dire il y a moins de deux mois, le pays passe d’un deuil à l’autre, d’une commémoration à l’autre, d’une aggravation des règles pénales à l’autre… Et cette succession, pour ne pas dire cette avalanche, de morts d’hommes célèbres ne contribue pas à assainir l’ambiance ni à favoriser une changement tant souhaité, tant attendu, de situation. On dit bien : un malheur n’arrive jamais seul…

    Je pense en qualité de philosophe que l’avenir n’est écrit nulle part, que l’homme, en proportion de ses moyens, est apte à façonner son avenir. C’est l’affirmation du principe du libre arbitre humain. Ceux qui pensent que Dieu est capable de donner une loi à l’homme tout en lui liant les mains, se trompent et comment une contradiction.. Sans liberté pas de responsabilité.

    Un passage talmudique célèbre stipule : Tout est entre les mains du Ciel, hormis la crainte du Ciel

    Est-il en notre pouvoir d’éloigner de notre pays cette ombre persistante de Thanatos ? Oui, en tout cas nous devons essayer autant de fois qu’il le faudra jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif.

    C’est vital.

    MRH in Tribune de Genève du 9 janvier 2016.

  • Jamais nous n’oulblierons ce 7 janvier

    Jamais nous n’oulblierons ce 7 janvier

    Ce jour là, il y a un an tout juste, les forces de la barbarie, du fanatisme, de la bestialité et de la haine religieuse ont lâchement attaqué la France en s’en prenant avec une cruauté absolue à des journalistes qui exerçaient leur métier et diffusaient librement leurs idées, comme il se doit dans une authentique démocratie. Ils furent, il y a un an, tués sur leur lieu de travail par deux petits malfrats, des repris de justice, des délinquants qui furent, deux jours plus tard, criblés de balles par les forces de l’ordre.

    Ce 7 janvier marque hélas la fin de nos années de joie et d’insouciance, désormais la France doit se prémunir contre des gens nés sur son sol et dont elle avait généreusement, et si imprudemment, accueilli les parents.

    Désormais, ce pays doit se barricader de l’extérieur et de l’intérieur. Depuis des semaines on vit sous le régime de l’état d’urgence, ce qui est très bien puisque la sécurité des citoyens passe avant tout le reste. Mais ces attaques terroristes nous imposent des problématiques nouvelles, et notamment ce sempiternel débat sur la déchéance de nationalité. C’est une mesure qui ne réjouit personne, mais qui est nécessaire. Plus tard, j’en suis presque certain, il faudra supprimer le droit du sol. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont des hommes politiques expérimentés. Lesquels citent le cas de Mayotte où des femmes, venues de l’autre rive du fleuve, accouchent du bon côté, celui de la France. Et acquièrent ainsi la précieuse carte d’identité française qui leur donne droit aux minima sociaux, à la sécurité sociale, etc…

    Sous la pression des événements, toutes ces facilités là, toute cette bienveillance, vont disparaître. Et c’est triste car la grandeur d’un pays , sa valeur morale se mesurent à l’aune de sa générosité. La France ne peut plus l’être, et je le répète, on doit le regretter profondément. Il en va de même des naturalisations, symboles d’une grande nation ouverte et sensible aux droits de l’homme : songez que la plupart des tueurs islamistes étaient de nationalité française !!

    Ainsi que je le notais plus haut, cette date anniversaire marque un tournant. Plus rien ne sera comme avant. Rendez vous compte : les plus hautes autorités de la République incitent désormais leurs compatriotes à être prudents, à se montrer vigilants et à collaborer avec les forces de l’ordre. On a l’impression qu’on est en Israël, mais après tout ce sont les mêmes ennemis.

    Nous payons des décennies d’immobilisme, de politique inepte face à l’immigration de toutes sortes, de laxisme judiciaire : voyez la réforme Taubira qui dit que ceux qui sont condamnés à cinq ans de prison ne seront pas nécessairement incarcérés, dans certains cas. Inouï ! C’est généreux, c’est bien, mais est ce réaliste ? Est ce bien là ce qu’attendent nos concitoyens confrontés à l’insécurité et à la précarité ?

    J’ai écouté Manuel Valls hier sur BFM TV, je suis pas resté jusqu’au bout car ce n’était ce que j’attendais, cela manquait de souffle et de vision. L’homme est énergique, vif, très réactif, mais il n’est pas porteur d’un grand projet ni animé d’une vision. Cela dit, avec tout le respect dû à la personne et aux fonctions qu’elle exerce. On a l’impression que le pouvoir est à bout de souffle, qu’il est submergé par les difficultés qui sont de taille, il est vrai. Et il n’est pas du tout certain que l’opposition eût fait mieux.

    Nous vivons, je pense, un début du déclin de l’Europe et de la civilisation judéo-chrétienne qui la sous-tend et irrigue ses valeurs. Si on ne réagit pas au plan spirituel, cette dimension qui fait si cruellement défaut aux politiques qui nous gouvernent, ce sera un désastre. Aucune civilisation ne perdure si ces valeurs morales ont disparu. Et la morale, l’éthique, n’est jamais très loin des valeurs religieuses…

    IL est un mal qui nous ronge, nous gangrène, c’est ce terrible poison de l’âme, poison qui porte le nom de haine de soi. Les ennemis de la démocratie et de la république s’en sont rendu compte ; et j’ai du mal à réprimer un sourire lorsque ces mêmes gens nous rappellent au respect des règles de la laïcité ! Et il ne se trouve personne pour les remettre à leur place. Bientôt ils vont nous dire que la belle tradition de la galette des rois, directement inspirée des Evangiles, contredit à la laïcité… Inouï ! Du jamais vu. Et quand je pense que dans un pays comme la France, fille aînée de l’Eglise (et c’est un philosophe d’origine juive qui parle), Radio-Notre Dame m’a invité à participer à un débat sur la compatibilité ou l’incompatibilité entre la laïcité et les crèches de Noël !!!

    Carl Schmitt , l’auteur de Théologie politique, a expliqué la genèse religieuse du politique. La quasi totalité des idées politiques qui forment l’armature de notre démocratie sont d’anciens théologoumènes sécularisés.

    Je disais plus haut que nous aurions besoin du souffle prophétique d’un Ernest Renan, présent dans ses deux magnifiques discours sur la nation (1882), et après la défaite de 1870, dans la réforme intellectuelle et morale. Renan avait tourné le dos à l’Eglise mais il continuait d’incarner les valeurs éthiques et spirituelles qu’elle lui avait inculquées durant sa jeunesse monacale à Saint-Sulpice et à Issy les Moulineaux.

    Autres temps, autres mœurs ! Je lisais hier la déclaration d’un homme politique, élu à la tête de sa région, et qui disait avec lucidité que les citoyens octroient une dernière chance aux partis politiques traditionnels. Il a raison, mais voilà ces hommes politiques, de droite comme de gauche, ne se réformeront pas. On se souvient du raisonnement Ô combien cynique de François Mitterrand qui réfutait toutes critiques adressées à la classe politique en disant devant la France entière verbatim : Messieurs les Français, les hommes sont comme vous…

    Hélas, tout le mal  vient de là! Si on les a élus, c’est parce qu’on pensait qu’ils étaient meilleurs que nous et qu’ils avaient la capacité de nous gouverner conformément à l’éthique. Je n’ignore pas que d’aucune ricaneront en achevant cette lecture, mais à la longue nous ne ferons pas l’économie d’une réforme éthique.

    Maurice-Ruben HAYOUN in TDG du 7 janvier 2016