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Vu de la place Victor-Hugo - Page 407

  • La faillite de Barack Obama en matière de politique étrangère.

     

    La faillite de Barack Obama en matière de politique étrangère.

    On ne le répétera jamais assez et les candidats républicains à la Maison Blanche l’ont tous dit hier lors d’un long débat télévisé : l’actuel président US dont on se demande toujours comment il a pu se faire élire, a affaibli son pays, ruiné sa crédibilité et dénoncé des alliances avec ses alliés traditionnels, bouleversant la donne dans des régions dangereuses et très instables.

    On a déjà eu l’occasion de traiter de cette question ici même en posant la question suivante : le statut de grande puissance est il compatible avec une stratégie de repli généralisé ? En sa qualité d’hyper puissance, unique et incontestée, l’Amérique ne peut pas échapper à son destin qui est d’être le gendarme du monde. Certes, les Américains ne veulent plus s’engager dans tous les foyers de conflits de par le monde, mais ils sont bien obligés de réagir lorsque leurs intérêts sont menacés. Il y a donc, à l’origine, une contradiction entre ce président afro-américain et les données fondamentales du pays.

    Ce qui est plus grave, c’est l’inaction d’Obama qui a laissé l’EI se développer, étendre ses tentacules sur la totalité du globe, ce qui fait que même battu et chassé de son territoire, il aura des terroristes à sa solde dans le monde entier. Il peut perdre ses possessions en Syrie et en Irak, il commence à se replier en Libye, ensuite il s’étendra à la petite Tunisie et atteindra sûrement le Maroc et pourquoi pas l’Algérie ? Ce qui veut dire qu’il se rapprochera dangereusement de l’Europe dont Obama se soucie bien peu. Erreur : car le continent européen est aux avant-postes !

    Même aux USA l’EI a des émules. Et pas seulement aux USA. Voyez ce qui s’est passé à Jakarta, le plus grand pays musulman du monde avec près de deux cents millions d’âmes. Partout, la menace existe. Et chaque jour qui passe accroit la capacité de l’ennemi qui inonde les réseaux sociaux de vidéos d’exécutions, d’égorgements et d’autres horreurs à peine imaginables.

    Si Obama avait bien voulu suivre les conseils de ses généraux, il aurait dépêché sur place une ou deux divisions mécanisées qui auraient réglé la question en deux semaines. Mais il ne l’a pas fait considérant que l’Irak était devenu un protectorat iranien suite aux affinités chiites des deux pays et que débarrasser le pays de l’EI reviendrait à mettre une bague au doigt du pays des Mollahs.

    Mais Obama devra supporter le verdict de l’Histoire : ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui meurent chaque jour, de faim, de maladie, et qui doivent affronter les rigueurs de l’hiver dans des tentes et autres habitations de fortune…

    L’Histoire jugera. Il ne reste plus que dix mois à cet homme pour quitter enfin la scène. Ce que les historiens diront de l’action de cet homme sera terrifiant : il a ruiné la crédibilité de son pays et de son armée face à des puissance maléfiques qui ne comprennent que l’usage de la force.

    Même si les dimensions de cet homme sont lilliputiennes, on peut répéter le verdict de Henry Kissinger concernant un autre président, Jimmy Carter : tous les présidents US ont voulu changer le monde, mais ce président se conduit comme s’il l’avait créé…

  • Le Juif et sa solitude

    Le Juif et sa solitude

    En prenant connaissance avec une certaine désolation de cette mini-controverse autour de la kippa, controverse où les responsables communautaires ont fait preuve d’une indigence intellectuelle inouïe et d’un manque totale de savoir-faire, un verset du Deutéronome, le cinquième livre du Pentateuque attribué à Moïse. Me revient à l’esprit. Parlant du peuple d’Israël, ce texte énonce ceci : c’est un peuple qui habitera en solitaire et il ne sera pas dénombré parmi les nations…

    Depuis l’époque où cette phrase à été couchée sur le parchemin, c’est-à-dire vers 622 avant notre ère, à l’occasion du règne du roi Josias (640-609), le sort du peuple d’Israël n’a pas varié, il est resté le même : il est condamné à la solitude, à l’élection, non pas pour vivre à l’aise et jouir du bienêtre mais pour subir une sorte d’élection-sanction, une élection-punition, puisque depuis cette époque les Juifs n’ont pas cessé d’être persécutés.

    Même cette belle allégorie de l’échelle de Jacob (Genèse 28 ; 11-19), ce rêve visionnaire devenu le patrimoine de l’humanité civilisée, fut interprété par les sources juives anciennes (Midrash, Talmud, etc…) comme étant une succession métaphorique d’exils et de défaites, depuis les Chaldéens de Nabuchodonosor jusqu’à l’’époque de la Rome antique… Et aujourd’hui, ce long cortège de souffrances et de brimades sanglantes s’enrichit des attentats islamistes qui visent des Juifs.

    Celles et ceux qui me font l’honneur de me lire presque chaque jour dans cette TDG savent que je verse jamais dans la victimisation. Mais aujourd’hui, il convient d’appeler les choses par leur nom. Les autorités françaises, soucieuses de ménager une part croissante de l’électorat, tentaient jusqu’ici de préserver les équilibres sans prendre trop de risque. Cette allusion est transparente.

    Certes, il y eut ce beau discours, très sincère, très éthique de Manuel Valls ce samedi soir dernier, et auquel j’ai d’ailleurs rendu hommage doublement : dans la TDG et dans JForum. Mais cette joie fut de courte durée puisque, dès le lendemain, on vit le chef de l’Etat se rendre à une invitation à boire un verre (et non une tasse) de thé… Un certain nombre de gens, se sentant concernés, ont marqué leur désappointement, reprenant l’antienne de la versatilité des hommes politiques, obnubilés par leur intérêt personnel avant toute chose.

    Ce que je retiens ici, en ce qui me concerne personnellement et malgré ma distance philosophique vis-à-vis d’une actualité brûlante, c’est un sentiment de grande solitude. En quelques jours, le destin sembla basculer. Valls a raison de dire que la France ne serait plus la France sans ses Juifs ; et je pense que ses lointaines origines espagnoles n’expliquent pas tout. C’est un homme qui a compris la détresse de plus en plus profonde de ces hommes, de ces femmes et même de ces enfants, qui vont bientôt devoir vivre comme des marranes du temps de l’Inquisition, rasant les murs pour se rendre chez eux, dans leurs lieux de prière ou les écoles de leurs enfants. Et tout cela en 2016 dans notre beau pays, la France !

    Des rumeurs persistantes font état d’un mécontentement croissant des grandes organisations juives américaines, inquiètes de ce climat délétère et surtout choquées par une certaine impéritie : et un appel téléphonique du président US à ce sujet, adressé au chef de l’Etat, n’est plus à exclure. Les Américains ont été choqués, eux qui n’avaient pas prévu l’attaque du 11 septembre, que les Français n’aient pu neutraliser Abahoud que grâce à une indication fournie par les Marocains !!

    Les islamistes ne parviendront pas à tout enflammer, ni à tout dértruire ; certes, ils organisent et réussissent à perpétrer des attentats un peu partout dans le monde, mais les coups qui leurs sont portés chaque jour dans leurs fiefs en Syrie et en Irak, accomplissent leur effet.

    Toutefois, ils vont remporter une victoire importante, quoique posthume : les Juifs d’Europe, et surtout de notre pays qui abrite la plus forte concentration du continent (un peu plus qu’un demi-million), se sentent seuls, les vieux réflexes réapparaissent, la longue, l’interminable complainte vibre de nouveau à leurs oreilles, ils se demandent si la France ne va pas devenir une étape supplémentaire sur la route d’un exil vieux de deux millénaires et qui n’est pas près de toucher à sa fin.

    Si l’on veut que cela change, il faut agir vite et ne pas se montrer conciliant envers ceux qui abusent des traditions d’hospitalité et de tolérance de cette grande nation qu’est la France.

  • Faiblesses et ambiguïtés de la Turquie

    Faiblesses et ambiguïtés de la Turquie

    Avant toute chose, il convient de présenter des condoléances à la Turquie pour ce terrible attentat et assurer l’Allemagne de notre compassion puisque les victimes sont pratiquement toutes de nationalité allemande. Mais cela posé, un certain nombre de questions demeurent : pourquoi donc la Turquie a t elle mis tant de temps à combattre Daesh ? Pourquoi ne rend elle pas hermétiques ses frontières avec la Syrie et l’Irak ? Enfin, pourquoi est elle obsédée par la question kurde au point de se voir dicter un large pan de sa politique étrangère ?

    On se souvient du cas de Kobané, maintes fois évoqué ici même/ Les Turcs se refusaient à intervenir, ils ne laissaient pas passer les Kurdes de Turquie porter secours à leurs frères menacés d’extermination par Daesh. La Turquie avait déployé des chars d’assaut à la frontière mais restait l’arme au pied. Et lorsque Ankara a rejoint en apparence la coalition occidentale, ses chasseurs bombardiers visaient surtout le PKK ou d’autres mouvements de résistance kurde. Pendant un temps assez prolongé, la Turquie a laissé entrer et sortir de son territoire des convois militaires de Daesh, elle a laissé les nouvelles recrues franchir sa frontière, elle a permis que les blessés de Daesh soient soignés dans ses hôpitaux ; et selon la presse et les services russes, la Turquie verrait d’un assez bon œil le trafic du pétrole de Daesh, permettant aux terroristes de bénéficier du nerf de la guerre, l’argent des hydrocarbures.

    La Turquie a ensuite habilement manœuvré pour faire pression sur l’Europe, exigeant 3 milliards d’Euros afin de fixer chez elle les deux millions de réfugiés (vrais ou faux), lesquels pourraient submerger l’Europe si Ankara ouvrait les vannes… Et ce n’est pas tout : Ankara a obtenu que soient réactivées les négociations avec l’Europe pour une adhésion… Tout en sachant des deux côtés, que la Turquie ne sera jamais admise en Europe, d’autant que les événements actuels prouvent chaque jour, l’inanité d’une telle démarche ou d’un tel projet.

    Mais voilà, malgré tout cela, l’effondrement de cette Turquie menacerait gravement les intérêts européens. L’armée turque, même pléthorique et mal équipée, incapable de faire taire le soulèvement kurde, reste une pièce essentielle dans le dispositif de l’OTAN. Si l’Etat turc entrait en déliquescence, car cet état n’est fort qu’en apparence, ce serait la fin. Le problème est qu’un autre danger plane avec plus d’insistance sur ce pays, c’est la question kurde. Ankara n’a jamais voulu prendre au sérieux les revendications kurdes d’autonomie interne, les considérant comme une menace contre son intégrité territoraile. On peut comprendre cette attitude, mais il y a d’autres points de vies qui se laissent défendre tout aussi bien.

    L’identité turque pourrait s’enrichir d’un élément kurde, ce serait un apport et non une perte. Les Kurdes constituent une part non négligeable de la population et certaines villes ou régions turques sont majoritairement habitées par des Kurdes… Or, ces lieux sont pratiquement assiégés par l’armée d’Ankara.

    Enfin, il y a la méfiance turque face au rapprochement entre les mouvements kurdes et l’US Army. Ankara, comme je le rappelais plus haut, est très inquiète à ce sujet. Et cette continuité territoriale à sa frontière (contrôlée à 80% par ces mêmes Kurdes) constitue pour elle une préoccupation majeure…

    Pourquoi avoir fait tout ce rappel, tout ce tour d’horizon ? Parce qu’ils expliquent, sans jamais justifier ni surtout excuser cet attentat horrible et absolument condamnable.

    La Turquie se trouve dans une situation hautement délicate. La guerre est à ses portes. A l’intérieur, elle combat le terrorisme et aussi les mouvements autonomistes kurdes. Et voilà, à l’extérieur, que pour alléger la pression russe sur ses alliés en Syrie, elle a abattu (légalement ou illégalement) un chasseur bombardier russe… Cela commence à faire beaucoup.

    Ankara doit choisir son camp et éloigner d’elle toute ambiguïté. Et les fondements de cet état turc doivent être revus dans ce sens. Ce n’est pas M. Erdogan qui a commis trop d’erreurs, notamment vis-à-vis d’Israël qui était jadis un allié fidèle de son pays, qui pourra mener à bien cette vigoureuse réforme.

    La sagesse reviendra peut-être un jour dans ce Proche Orient qui défie toutes les lois de la logique.