Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 575

  • En lisant les cahiers d'Albert Camus…

                                      En lisant les caernets d’Albert Camus :

    Si vous parcourez comme je l’ai fait avec un plaisir infini ces différents cahiers d’Albert Camus, réédités par Gallimard, ne manquez pas de lire, en même temps ou aussitôt après, un émouvant texte de souvenirs, rédigé par l’un de ses amis d’Alger, Abel Paul Pitous.. Certes, ce texte qui ne couvre pas plus de quatre vingt dix pages, a sûrement été réécrit par les éditeurs mais cela ne lui a pas fait perdre un zeste de son incontestable sincérité. Il s’agit d’un homme, ayant le même âge que Camus, qui habitait la même rue que lui, qui fut scolarisé dans la même école élémentaire que lui et surtout qui jouait au football avec lui et se livra parfois à des contorsions pour le faire admettre comme gardien de but dans l’équipe d’une école dont il n’était pas l’élève. La vie ou l’intelligence des deux amis de classe et de voisinage finit par les séparer, leurs études les éloignèrent l’un de l’autre lorsque Camus, élève supérieurement doué, alla au lycée et réussit son bac haut la main tandis que le jeune Pitous partit en apprentissage… Mais ils continuèrent de se voir jusqu’au début des années trente.

    Le témoignage de ce condisciple de Camus est assez poignant sans être mièvre et nous fait découvrir le milieu exact où vivait le futur Prix Nobel de littérature. Ce document se présente comme une lettre qu’on envoie à un ami passé à l’éternité mais que l’on n’a pas oublié. Pitous y mêle la nostalgie à l’admiration : on sent un peu de gêne mais jamais de jalousie ni d’envie. On a l’impression qu’il se dit : j’ai durant de longues années partagé la vie d’une sommité, d’une célébrité future de la littérature et pourtant ce jeune garçon si frêle, maladif et dont la famille était aussi miséreuse que la mienne, est devenu une étoile au firmament de la culture mondiale. Avec lui, j’ai joué au football, avec lui j’ai partagé le maigre sandwich que nos mères nous remettaient pour déjeuner… C’était un bon camarade, solidaire, conscient de ses talents sans jamais être arrogant, un ami, un bon camarade.

    Et tout cela en s’adressant à Camus lui-même puisque cette lettre lui est destinée comme un courrier d’outre-tombe. La photo qui orne la couverture du livre nous montre un jeune Camus, à peine âgé de douze ou treize ans, habillé comme les enfants de mineurs dans des corons. A cette différence près qu’à Alger il y avait toujours du soleil, contrairement au nord de la France où le ciel bas et le crachin, quand ce n’est le froid mordant de l’hiver, achèvent de rendre triste une vie déjà bien difficile.

    Les anecdotes vraies sont nombreuses dans ce petit livre. Il en est une qui m’a particulièrement ému : le jeune Pitous doit aller en fin d’après midi après le match de foot à une réunion amicale. A cet effet on lui a acheté un costume tout neuf avec , précise t il, un pantalon long, comme les grands, comme adultes, alors que d’habitude tout ce petit monde circulait en culottes courtes. Je ne sais comment, le beau costume de Pitous est volé dans les vestiaires ou ce qui en tient lieu et il rentre avec ses chaussures crottées à la maison, espérant pouvoir trouver au moins un short ou quelque chose d’équivalent. Et voilà que sa maman avait remis ses deus seuls shorts à la teinturerie (en Algérie, les gens disaient : au dégraissage !). Malheur ! Que faire ? Camus et un autre camarade arrivent et trouvent un Pitous désemparé, en plein désarroi. Mais les deux garçons étaient, eux, bien habillés, endimanchés. Camus propose de suite une solution : nous partons mais nous revenons au plus vite afin de ne pas te laisser seul et pour passer la soirée avec toi. Et voici qu’en un temps record, les deux copains réapparaissent en short, d’un aussi mauvais état que celui de Pitous. Tant de solidarité, tant de dignité même dans un milieu si miséreux.

    Et ce thème de la misère nous servira de transition pour la suite, c’est-à-dire les cahiers dont il faut dire un mot. Tout n’est pas d’un niveau exceptionnel mais on peut relever quelques perles. Il faut aussi souligner la misère noire de la mère de Camus, veuve de guerre, obligée de faire des ménages pour joindre les deux bouts. Mais encore une fois, que de dignité ! Pitous reproduit les échanges avec les oncles de Camus qui étaient des illettrés (l’un des deux était même un ivrogne) et leur discours était incompréhensible, mais que de droiture, que de solidarité, que de soin de leur sœur, la mère de Camus…

    Pitous expliquait dans sa lettre posthume qu’on avait tout pris à ces pauvres gens, tout sauf leur dignité qui était chevillée à leur corps.  Lorsque la mère de Camus relève que leur réduit est si sombre, il lui répond : en hiver, ce sera très triste… Pas de plainte, pas la moindre révolte, pas de remise en cause d’un ordre social si inique, surtout dans une société coloniales.

    Le 21 octobre 1937 (il a déjà 24 ans) Camus se plaint de devoir voyager pauvrement, de se contenter d’un repas par jour, de compter et recompter le peu d’argent qu’il a, etc… Que d’énergie dépensée quand on n’a pas les moyens.

    Voici ce que Camus disait de la politique et des politiques en1937… La crise du politique doit, à mon humble avis, remonter au moins à Platon, le père de la cité parfaite qui n’a jamais existé autrement que dans son cerveau. Les érudits lisent tout ; c’est ainsi qu’en me plongeant dans le premier Carnet d’Albert Camus, j’ai relevé un certain nombre de déclarations intéressantes sur Luther, Kierkegaard, le protestantisme, etc… mais la plus prophétique me semble être celle-ci qui achève de discréditer entièrement la politique et les politiques :

    Chaque fois que j’entends un discours politique, ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que les hommes n’accordent aucune importance à leur gouvernement et qu’ils jouent vraiment, oui, qu’ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-)disant vitaux… (Albert Camus, Carnets I Mai 1935-Février 1942, pp 55-56 Gallimard, folio, 2013)

    Cela se passe de commentaire ; on se croirait en mai 2014 !!

    Et voici une autre citation tout aussi éloquente :

    La politique et le sort des hommes sont formés par des hommes sans idéal et sans grandeur Ceux qui ont une grandeur en eux ne font pas de politique. Ainsi de tout. Mais il s’agit maintenant de créer en soi un nouvel homme. Il s’agit que des hommes d’action soient aussi des hommes d’idéal et les poètes industriels. Il s’agit de vivre ses rêves  -- de les agir. Avant, on y renonçait ou s’y perdait. Il faut ne pas s’y perdre et n’y pas renoncer. (Ibid. p 87.

    Quand je pense qu’il écrivait cela en 1937……

    Lorsque la guerre éclate, Camus ne peut pas être mobilisé car il est malade et le conseil de révision le réforme définitivement. Il note un échange avec un lieutenant qui dit textuellement ceci : mais ce petit est très malade, nous ne pouvons pas le prendre. Camus commente ; ce petit a 27 ans et a une vie… Et je sais ce que je veux (p 156)

    Voici ce qu’il écrira le 7 septembre 1939 : Ce monde est écœurant et cette montée universelle de lâcheté, cette dérision du courage, cette contrefaçon de la grandeur, ce dépérissement de l’honneur

    Je ne peux pas ne pas évoquer la visite de Pitous dans le cimetière du petit village de Lourmarin. Il a beau chercher la tombe de son ami, il ne la trouve pas. Jusqu’au moment où il croise un couple qui lui indique une tombe des plus modestes, non surmontée d’une croix. Un Prix Nobel modestement enterré au point qu’on ne trouve pas même son lieu de sépulture. Quelle humilité.

    Camus a souhaité une sépulture correspondante à sa manière de vivre : avec humilité.

    Gloire à sa mémoire, lui dont tous les lycéens de France et de Navarre ont étudié et expliqué les textes.

  • L'auteur de l'attentat du Musée juif de Bruxelles, un Français arrêté avant hier?

     

    Si  le Français, natif de Roubaix et âgé de 29 ans , est vraiment l’auteur de la tuerie de Bruxelles, c’est très grave..…

     

     

     

    La nouvelle est tombée de manière tout à fait inattendue : sans rien dire, les service du contre terrorisme ont arrêté un Français de Roubaix, probablement issu de l’immigration ou converti à l’islam et qui a séjourné en Syrie les années précédentes. Il était, lors de son interpellation, en possession d’une kalachnikov et d’un revolver semblables aux armes ayant fait quatre morts au Musée juif de Bruxelles.

     

     

     

    Si cela s’avérait, ce serait très grave et accréditerait la thèse de la dangerosité des cellules dormantes constituées de jeunes djihadistes revenus de Syrie en Europe afin d’y commettre des attentats, comme on l’a vu dans la capitale belge.

     

     

     

    Plus aucun membre de la communauté juive française ou d’ailleurs, plus aucun citoyen européen, quelle que soit sa dénomination religieuse, ne restera insensible à cette découverte : ces gens, résidant sur le sol européen, ne vivent pas dans les pays occidentaux où ils ont vu le our, ils ne font qu’y habiter. A quelles fins ? Afin d’y semer la destruction et la mort. Evidemment, nous ne parlons que d’une infime minorité mais comme chacun sait, il suffit d’un fanatique pour créer des drames, semer la mort et la destruction.

     

     

     

    Les autorités ont mis trop de temps à réaliser ce qui se pasait. Même Manuel Valls a réagi avec retard et son successeur a certes pris la mesure du danger mais peine à réagir. En Europe, les régimes sont tous de nature démocratique, mais il faut savoir réagir pour protéger les populations. La police le sait bien, les armes à feu circulent dans les banlieues et dans certaines cités de grandes villes parfaitement identifiées. Et pourtant, on tarde à agir. Que se serait il passé si le drame s’était produit en France ou en Suisse ?

     

     

     

    Vous vous souvenez sûrement de la une du Figaro il y a quelques semaines qui parlait de l’émigration massive et continue des Juifs de France en direction d’Israël : eh bien, cela va reprendre avec cet argument puissant qui serait le suivant : l’assassin était un Français, si cela, je le répète, devait s’avérer.

     

     

     

    Il ne fait pas jeter l’opprobre sur toute une communauté ou sur une appartenance religieuse. Les fanatiques ou les fous furieux peuvent surgir partout. Mais, hélas, les victimes ou les cibles, dans ce contexte précis, sont toujours les juifs.

     

    Les plus anciens parmi vous se souviennent peut-être de l’article que j’avais publié dans Le Figaro lors de l’attaque d’un lycée juif de la banlieue parisienne. Le titre de cet article était le suivant : Ne confondons vigilance avec alarmisme. Aujourd’hui, je pense qu’il faut s’alarmer. La situation a changé.

     

     

     

    Est ce que les autorités de ce continent ont fait preuve de laxisme ? Je l’ignore mais je peux dire que les mesures prises ne sont pas suffisantes. Ce que l’on redoutait s’est produit depuis longtemps : les djihadistes de Syrie sont de retour dans leur pays de naissance et commettent des attentats sanglants. Rien qu’en France, selon des indications parues dans la presse, ils seraient près de 800 à s’être rendus en Syrie. Certains sont morts au combat, d’autres sont sûrement revenus. Déjà, il y a quelques semaines, la sœur de Merah a semé la consternation lorsqu’on s’est rendu compte, tardivement, qu’elle avait déjoué la surveillance pour rejoindre son compagnon en Syrie avec ses enfants. Et au nez et à la barbe de la police.

     

     

     

    Je suis inquiet pour la suite. Je vois déjà les craintes légitimes de gens qui se sentiront menacés, même si les autorités ont renforcé la surveillance autour des bâtiments et des lieux de culte de la communauté juive.

     

     

     

    Allons nous assister au déut d’un exode massif vers Israël ? Est ce les terroristes vont réussir à vider la France de ses juifs et contraindre ces derniers à s’éloigner d’un pays et d’une culture auxquels ils sont attachés ?

     

     

     

    J’espère que non mais je reste inquiet. Cela signifie qu’une nébuleuse terroriste existe, s’organise et peut commettre des attentats sanglants.

     

     

     

    Il faut aussi féliciter les services qui ont mis la main sur ce Français qui demeure pour l’instant un suspect sur lequel pèsent de très graves charges.

     

  • Les djihadistes américains qui se battent en Syrie, un danger grave pour les USA

     

     

     

     

     

    Les djihadistes américains qui se battent en Syrie

     

    Apparemment, les défaillances de Barack Obama ne sont plus exclusivement perceptibles dans le domaine de la politique étrangère mais touchent aussi, par ricochet, la politique intérieure. Tous les observateurs impartiaux reconnaissent que l’actuel président US qui n’a plus que deux ans à passer à la Maison Blanche, peine gravement à trouver un rythme de croisière, tant les grandes lignes de sa politique sont difficiles à définir. On a déjà maintes fois évoqué ici même la perte d’influence, voire de confiance dont souffre l’Amérique aux yeux de ses alliés traditionnels, Israël et les régimes arabes modérés.

     

     

     

    Ce qui a porté un coup fatal à la crédibilité des USA, c’est le défaut face à la Syrie, alors que M. Obama avait solennellement mis Bachar el Assad en garde. Et puis, il y a les résultats de cette politique mollassonne : Bachar va être tranquillement réélu lors de la prochaine consultation électorale en Syrie. Alors qu’on approche les 200 000 morts dans ce pays. Bien pire : Bachar a reconquis de larges portions de territoire occupées il y a encore peu par les insurgés, ces insurgés qui sont, il est vrai, débordés par les islamistes. Ce qui constitue le seul motif acceptable pour justifier l’attentisme d’Obama.

     

     

     

    Les islamistes, parlons en. Depuis hier soir, les nouvelles parlent d’un jeune Américain qui a commis un attentat suicide en Syrie en se faisant exploser avec un camion dans un restaurant fréquenté par les soldats de Bachar. Outre les USA qui subissent ainsi une grave défaite morale, on peut même parler d’une victoire posthume de Ben Laden. Car les islamistes ont réussi à recruter partout en Europe et maintenant aussi aux USA ; ils se sont donc introduits sans peine au sein même des entités humaines de leurs ennemis : en retournant des citoyens occidentaux et chrétiens contre leur propre pays, ils ont donné à leur combat une dimension nouvelle. C’est dans le cœur d’une partie (marginale) de la jeunesse qu’ils livrent leur combat.

     

     

     

    Mais tout ceci aurait pu être évité, ou considérablement réduit, si M. Obama avait su appliquer la bonne politique au lieu de pratiquer une politique de renoncement et de repli sur soi. Voyez l’exemple de l’Afghanistan= en 2016 il ne devrait plus y avoir de soldats US sur place, mais cela signifie eo ipso le retour des Talibans qui referont de ce pays une base du terrorisme international. Avec une direction républicaine, une telle attitude eût été inconcevable.

     

     

     

    L’Amérique est menacée, on l’a vu, avec ce major US qui a tué plus d’une dizaine de ses camarades quand il a reçu sa lettre d’affectation en Afghanistan… On l’a vu avec les deux Tchétchène qui ont terrorisé le marathon de Boston.. Et il y a tant d’autres exemples…

     

     

     

    Mais aujourd’hui, le danger menace, notamment lors du retour de ces jeunes Américains aux USA. Ils seront indétectables et pourront frapper leur pays, devenu leur ennemi, quand ils le voudront. Certes, on rétorquera qu’il y a le même problème en Europe, en France et en Belgique. Mais ces pays n’ont pas les mêmes moyens que les USA.

     

     

     

    Mais tant que Barack Obama est là, les USA sont paralysés.