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Vu de la place Victor-Hugo - Page 578

  • Sainteté et diplomatie: le voyage du Pape François au Proche Orieny

    Sainteté et diplomatie ; à propos du voyage du pape François au Proche Orient

    Au moment où je commence à rédiger, le Pape François et son hôte palestinien viennent d’achever leurs brèves allocutions respectives.  En dépit de toutes les précautions oratoires, de toute cette volonté de ne froisser personne, de ne décevoir personne, de répondre aux attentes de chacun, on ne peut pas attendre des miracles de cette visite, si importante en soi et que de notre part, nous saluons avec respect. Sans en attendre grand chose.

    Le pape François a prononcé une belle homélie sur la paix. Mais il a aussi insisté sur la nécessité de protéger les Chrétiens d’Orient, d’accorder la liberté à chacun de pratiquer son culte. Et il a maintes fois répété que les Chrétiens d’Orient doivent être traités de façon égale et équitable en terre d’Islam.

    Voyez le titre sainteté et diplomatie, voilà un couple de termes absolument inconciliables, en latin on dirait contradictio in adjectio, une contradiction dans les termes mêmes. La diplomatie, c’est l’art de ne jamais dire non, de dire peut-être quand on pense non, de dire oui quand on pense peut-être, car si on dit non, on n’est pas diplomatique. Or, la sainteté représente tout le contraire, et comme ici bas nous avons affaire à une impossible sainteté, cela ne marche simplement pas. Comment dire aux Arabes ce qu’ils veulent entendre, sans se mettre à dos les Israéliens, qui, soit dit hélas en passant, viennent de perdre encore deux de leurs concitoyens, victimes d’un attentat dans le musée juif de Bruxelles, capitale de l’Europe ? Comment voulez vous commencer de bâtir de nouveaux rapports dans de telles conditions ?

    Certes, si l’on écarte les bondieuseries et les pieuses naïvetés, on se rend compte que le pape poursuit aussi un objectif plus personnel (et qui pourrait le lui rapprocher ?), celui du sort des Chrétiens d’Orient dont la situation est déplorable tant en Irak, qu’en Syrie, en Palestine et ailleurs dans le monde islamique. Il vous suffit d’écouter discrètement les conversations de Libanais chrétiens dans des cafés de la place Victor Hugo à Paris pour comprendre leurs peines, leurs craintes et leur espérance.. Comme ils hurlent généralement dans leurs portables en parlant avec leurs familles demeurées à Beyrouth, on se rend compte, quand on sait bien l’arabe, que le pays du Cèdre n’est plus vraiment un paradis pour les Chrétiens.. Le pape François devait donc soigner les apparences et presque donner des gages aux Palestiniens qui, c’est de bonne guerre, tentent d’exploiter au mieux cette visite très médiatisée pour attirer l’attention de l’opinion publique internationale.

    Mais si cela pouvait faire avancer l’espoir, nul n’y trouverait à redire. Hélas, ce n’est pas le cas.

    Cette visite comporte donc des arrière-pensées qui montrent que même la diplomatie vaticane ne parvient pas à introduire victorieusement l’ingrédient de la sainteté dans sa démarche qui n’est pas toujours purement apostolique. Certes, nul n’a oublié la phrase provocatrice de Staline : Le pape, combien de divisions ? Il peut se retourner dans sa tombe aujourd’hui en voyant ce qu’est devenu son empire bâti sur le sang, la mort et l’oppression tandis que la parole du Dieu vivant continue de résonner d’une bout à l’autre de l’univers, d’émouvoir et de toucher au plus profond d’eux-mêmes des dizaines de millions de Russes…

    Le Saint Siège a une voix et une voix qui porte. Mais dans ce problème du Proche Orient cela ne suffit pas, hélas. Depuis des décennies que ce conflit existe, on n’a pas vraiment avancé. Les Israéliens savent très bien qu’en cas de difficulté ils se retrouveront toujours seuls face à leurs ennemis qui, en dépit des apparences, ne font que retarder le moment décisif, celui où une marée étrangère tentera de les engloutir. Israël ne veut plus se retrouver seul à enterrer ses morts.

    Que l’on me comprenne bien : je résume ce que pensent les Israéliens au fond d’eux mêmes et je ne crois pas qu’ils se trompent. Bien au contraire. Même les plus progressistes parmi eux ne comprennent pas que Mahmoud Abbas se mêle de la nature de leur Etat, un Etat-nation des juifs, donc un Etat juif. Face à ce micro Etat, certes devenu une super puissance régionale, il y a de nombreux Etat arabo-musulmans qui ne s’embarrassent  guère des règles de la séparation entre la politique et la religion.

    Que peut faire le pape dans cet imbroglio ? Tout d’abord, s’intéresser aux Chrétiens d’Orient, principale motivation de son voyage, les encourager à rester sur place, ne pas quitter cette région qui vit naître Jésus (un Juif, l’Eglise l’a maintes fois oublié, hélas)) et où le christianisme fit ses premiers pas. Or, au train où vont les choses, ce territoire sera bientôt christenrein en raison du fanatisme de certains.. Seul l’Etat d’Israël constitue une heureuse exception.

    Il y a aussi un autre élément qui sert d’arrière-plan à la visite du Saint Père : c’est le statut des Chrétiens en Israël. Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui considèrent qu’ils n’ont rien à voir avec l’arabité, qu’Israël les traite bien, que c’est leur pays et que, par conséquent, ils doivent le défendre les armes à la main, comme les Druzes et le Bédouins (deux types de citoyens qui forment l’ossature du corps des garde-frontières de Tsahal). Et il s’agit d’un corps d’élite de l’armée israélienne… De jeunes chrétiens veulent donc servir dans l’armée, ce qui ne fait pas l’affaire des Arabes israéliens lesquels y voient une tentative de division de leur camp, celui du refus et de la négation du caractère sioniste d’Israël…

    Lorsqu’il sera à Jérusalem, donc dans la capitale de l’Etat d’Israël, le pape François que je trouve personnellement fort sympathique et qui a invité au sein de sa délégation son collègue et ami le grand rabbin d’Argentine, va tenir un autre discours, d’une autre teneur, tout en exhortant à la paix.

    Le pape François a eu la sagesse de reprendre la belle allégorie du vieux prophète hébreu Isaïe (VIIIe siècle avant notre ère) qui recommandait aux nations de transformer leurs glaives en socs de charrues et leurs javelots en serpes. La guerre sera déclarée hors la loi, voilà le véritable ancêtre du pacte Briand-Kellog…… Cela prouve une nouvelle fois que le peuple d’Israël a toujours chéri et recherché la paix. Aujourd’hui, on ne saurait lui demander de s’autodétruire par amour de cette même paix…

    Je ne pense pas que ce déplacement sera stérile, mais je n’en attends pas grand chose car on ne dit pas suffisamment aux Arabes ce que sont les droits inaliénables du peuple juif sur cette terre qui a vu naître Jésus qui y a vécu, prêché et trouvé hélas la mort, à la suite d’un verdict prononcé et appliqué par les Romains.

    Une fois de plus, les juifs ont perdu l’un des leurs et pas n’importe lequel. Il ne serait pas inutile qu’on en portât aujourd’hui aussi témoignage.

    Ou bien devons nous en conclure que la sainteté n’est vraiment pas de ce monde ?

  • L'élection présidentielle en Egypte

    L’élection présidentielle en Egypte

    Vendredi matin, j’écoutais attentivement un long reportage sur l’Egypte, diffusé par France-Info. On a même eu droit à une interview en français de la fille aînée de Nasser qui s’exprimait dans un excellent français, 44 ans après la disparition de son père. Elle a apporté son soutien au candidat , le maréchal al-Sissi. Il y eut d’autres commentaires sur la sécurité intérieure du pays et sur la nécessité d’introduire les ingrédients d’un redressement économique. L’en jeu est simple et clair : le pays est en crise, au bord de la faillite, le citoyen moyen, sans travail, vit avec un Euro et demi par jour, les jeunes ne peuvent ni quitter leurs parents ni fonder une famille et sans tourisme, le pays ne décollera pas. Or, sans sécurité sur le territoire, pas de touristes. Jusqu’ici, rien de nouveau, tout le monde est d’accord.

    Mais ce qui a accru mon étonnement, c’est l’insistance que mettent les Occidentaux à exiger de la part de dirigeants de ces pays le respect de règles démocratiques fondamentales, alors que cela est largement impossible : il n’existe pas un seul pays de ces régions du monde a vivre dans un régime démocratique. Excepté Israël qui appartient par son histoire à la civilisation occidentales et aux valeurs judéo-chrétiennes.

    Le maréchal égyptien qui se considère déjà élu l’a expliqué clairement : on ne peut pas avoir de telle exigences dans de tels pays, dont le sien, l’Egypte. Le maréchal a au moins le mérite de la franchise. Lui-même n’est apparu dans aucun meeting, aucune campagne et pourtant il est omniprésent. La raison officielle alléguée est étonnante : c’est la sécurité du candidat, menacé de mort par les islamistes ! C’est là tout le problème.

    Dans quelques jours, al-Sissi sera officiellement le nouveau président égyptien, mais pourra t il assurer la sécurité ? Saura t il s’affranchir de l’armée ? Pourra t il compter sur autre chose que le financement des émirats du Golfe et des USA, à un moment où ces derniers commencent à être sérieusement critiqués par le peuple ? Ce n’est pas certain. Il y aura des problèmes de sécurisation et je ne pense pas qu’on pourra les résoudre par la répression. Or, le programme d’al-Sissi, c’est, selon ses propres termes : en finir avec les Frères musulmans. Ces derniers ont, certes, sur la défensive, mais restent assez fortement implantés dans des secteurs différents comme les chômeurs et la petite bourgeoisie. Alors que faire ? Il faut absolument éviter à l’Egypte de sombrer dans le chaos et le terrorisme, ce grand pays musulman doit assurer une partie d’un équilibre régional devenu très précaire. Il faudra donc trouver les moyens de réaliser une réconciliation nationale. Pour y arriver, il faut un dialogue. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies. Les Frères musulmans sont arrêtés ou pourchassés.

    Les USA et l’UE devraient comprendre qu’on ne peut pas imposer à de tels régimes le respect des règles démocratiques ayant cours en Occident. Evidemment, nous aurions tous à y gagner mais comment demander l’impossible ? Regardez simplement les centaines de condamnations à mort prononcées par un tribunal d’Alexandrie ? Comment accepter pareille chose ? Et pourtant, c’est ce qui s’est passé. Il faut espérer que les condamnés sauront exploiter toutes les voies de recours et que de telles peines seront commuées en emprisonnements ou en travaux forcés..

    En une phrase, l’élection présidentielle ne règle rien, les vrais problèmes commencent. Toutefois, les Occidentaux ne devraient pas pousser le maréchal-président dans les bras de forces obscurantistes qui placeraient le pays dans une orbite anti-occidentale. Il faut un minimum d’empathie. Et accorder du temps au temps.

  • Le terrorisme islmaique dans les provinces musulmanes de la Chine

    Le terrorisme islamique dans les provinces musulmanes de la Chine

    Ce qui s’est passé aujourd’hui en Chine ne laisse pas d’être hautement préoccupant. Depuis quelque temps déjà, la Chine est victime d’un terrorisme de masse qui a coûté la vie à bien des civils innocents. Ces actes de terreur aveugle sont le fait d’islamistes chinois, les ouïgours, qui n’acceptent pas que les autorités chinoises colonisent leur territoire en instant chez eux des populations allogènes.

    Il est indéniable que les autorités communistes chinoises ont toujours pratiqué cette politique pour venir à bout de toute velléité nationaliste, religieuse ou identitaire. Voir l’exemple du Tibet. Mais au plan international, c’est grave car cela signifie que la Chine est elle aussi, à la suite d’autres secteurs d’instabilité et de révolte (la Russie, la Syrie, la Libye, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie, la Turquie, l’Irak, etc), touchée par ce type d’actions terroristes. On pensait que les forces de sécurité quadrillaient bien de tels territoires, prévenant toute contagion. Or, les attentats qui se succèdent bien vite ces derniers mois, prouvent qu’il n’en est rien.

    Au plan intérieur, on peut faire confiance aux autorités pour étouffer dans l’œuf de telles tentatives  séparatistes, mais au plan international, il est grave que la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, soit affectée par des troubles intérieurs.

    On comprend mieux les raisons de l’opposition de ce pays à toute intervention de l’ONU en Syrie : même combat, même ennemi. Les Tchéchènes d’une côté,, les Ouigours de l’autre…

    Il y a une autre conséquence de cette affaire, le rapprochement entre la Russie de Vladimir Poutine et la Chine. On parle d’un marché gigantesque de plus de 400 milliards de dollars en matière de gaz.. Alors que la Chine et la Russie se sont toujours méfiées l’une de l’autre, voilà qu’elles se rapprochent l’une de l’autre, faisant un pied de nez aux sanctions de l’UE et des USA…

    On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve : la Bible nous dit de façon lapidaire que nous ignorons de quoi demain sera fait et, de son côté, Hegel avait raison de dire que l’Histoire est un gigantesque réel en devenir..

    Mais un devenir en quoi ? C’est là toute la question.