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Vu de la place Victor-Hugo - Page 693

  • Peut-on moraliser la vie politique? Le paradoxe du pouvoir

    Peut-on moraliser la vie politique ? Le paradoxe de l’exercice du pouvoir…

    Est ce le signe du vieillissement ? Ou les prodromes de l’assagissement ? Ou simplement le constat désabusé d’une réalité peu réjouissante, pour ne dire carrément attristante ? Ce sont les sentiments qui agitent l’observateur lucide de la réalité politique qui se déroule sous nos yeux.

    Quand je réalise que nous en sommes arrivés là, plus de deux millénaires après les premiers pas de la démocratie athénienne ! La nature humaine est restée la même ; j’ai déjà écrit dans ce même lieu que réformer la vie politique c’est aussi réformer l’homme, l’amender, lui imposer une éthique qui lui fasse obligation de se conduire bien. C’est une mission impossible. Et le pire c’est qu’on aimerait bien être démenti par les faits, avoir des raisons d’espérer, se dire qu’on s’est trompé, que l’écrasante majorité de la classe politique est de bonne moralité, dévouée au bien public et désintéressée. On aimerait se tromper et donner raison à de tels arguments en faveur de la défense.

    Pourquoi la nature humaine est elle si rétive au changement et à la morale ? Pourquoi la loi est elle nécessaire pour imposer silence à notre nature charnelles ? Savez vous à quoi je pense, même si mes croyances ne vont pas dans ce sens et que mon credo s’oppose nettement au sien ?

    Je pense à Saint Paul dont je relisais il y a quelques jours, pour mes recherches, des chapitres de l’épître aux Romains où il constate dans un profond désespoir que sa nature ne le pousse qu’au mal et se refuse à commettre le bien. Ces déclarations sont déchirantes, je ne les accepte pas au fond de moi-même car elles thématisent l’idée du péché originel (Psaume LI : Ma mère m’a conçu dans la faute…) et donnent de la Grâce une conception par trop arbitraire et  assez effrayante. C’est le vieux débat (qui ressurgira entre Luther et Erasme) sur la foi et les œuvres. Pour moi, eu égard à la culture dans laquelle j’ai grandi, l’homme peut faire des choses…

    Alors pourrons nous changer la politique et l’exercice du pouvoir ? C’est difficile. Même Carl Schmitt, partisan de la révolution conservatrice, développait des conceptions très pessimistes sur l’âme et la nature de l’homme.

    Vous souvenez vous des dernières pages de la pièce de Friedrich Schiller, Les brigands (Die Räuber) où il fait dire à l’un des personnages : «Les indignes gouverneront par la ruse» (Die Nichtswürdigen werden mit List regieren)

    Quand nous étions lycéens, on nous enseignait la morale kantienne et son fameux impératif catégorique, repris par Hermann Cohen, Franz Rosenzweig et Martin Buber… Mais plus tard, on a découvert la phrase désabusée de Charles Péguy selon laquelle le kantisme a les mains blanches, mais, en fait, il n’a pas de main…

    C’est seulement au paradis que les réalités s’inverseront au point que certaines défaites honoreront ceux qui les subissent car ils ont cru en leurs idées et que certaines victoires couvriront de honte ceux qui les remportent dans des conditions douteuses. 

    Un monde littéralement angélique…

    Ce n’est pas pour demain.

  • Peut-on moraliser la vie politique? Le paradoxe du pouvoir

    Peut-on moraliser la vie politique ? Le paradoxe de l’exercice du pouvoir…

    Est ce le signe du vieillissement ? Ou les prodromes de l’assagissement ? Ou simplement le constat désabusé d’une réalité peu réjouissante, pour ne dire carrément attristante ? Ce sont les sentiments qui agitent l’observateur lucide de la réalité politique qui se déroule sous nos yeux.

    Quand je réalise que nous en sommes arrivés là, plus de deux millénaires après les premiers pas de la démocratie athénienne ! La nature humaine est restée la même ; j’ai déjà écrit dans ce même lieu que réformer la vie politique c’est aussi réformer l’homme, l’amender, lui imposer une éthique qui lui fasse obligation de se conduire bien. C’est une mission impossible. Et le pire c’est qu’on aimerait bien être démenti par les faits, avoir des raisons d’espérer, se dire qu’on s’est trompé, que l’écrasante majorité de la classe politique est de bonne moralité, dévouée au bien public et désintéressée. On aimerait se tromper et donner raison à de tels arguments en faveur de la défense.

    Pourquoi la nature humaine est elle si rétive au changement et à la morale ? Pourquoi la loi est elle nécessaire pour imposer silence à notre nature charnelles ? Savez vous à quoi je pense, même si mes croyances ne vont pas dans ce sens et que mon credo s’oppose nettement au sien ?

    Je pense à Saint Paul dont je relisais il y a quelques jours, pour mes recherches, des chapitres de l’épître aux Romains où il constate dans un profond désespoir que sa nature ne le pousse qu’au mal et se refuse à commettre le bien. Ces déclarations sont déchirantes, je ne les accepte pas au fond de moi-même car elles thématisent l’idée du péché originel (Psaume LI : Ma mère m’a conçu dans la faute…) et donnent de la Grâce une conception par trop arbitraire et  assez effrayante. C’est le vieux débat (qui ressurgira entre Luther et Erasme) sur la foi et les œuvres. Pour moi, eu égard à la culture dans laquelle j’ai grandi, l’homme peut faire des choses…

    Alors pourrons nous changer la politique et l’exercice du pouvoir ? C’est difficile. Même Carl Schmitt, partisan de la révolution conservatrice, développait des conceptions très pessimistes sur l’âme et la nature de l’homme.

    Vous souvenez vous des dernières pages de la pièce de Friedrich Schiller, Les brigands (Die Räuber) où il fait dire à l’un des personnages : «Les indignes gouverneront par la ruse» (Die Nichtswürdigen werden mit List regieren)

    Quand nous étions lycéens, on nous enseignait la morale kantienne et son fameux impératif catégorique, repris par Hermann Cohen, Franz Rosenzweig et Martin Buber… Mais plus tard, on a découvert la phrase désabusée de Charles Péguy selon laquelle le kantisme a les mains blanches, mais, en fait, il n’a pas de main…

    C’est seulement au paradis que les réalités s’inverseront au point que certaines défaites honoreront ceux qui les subissent car ils ont cru en leurs idées et que certaines victoires couvriront de honte ceux qui les remportent dans des conditions douteuses. 

    Un monde littéralement angélique…

    Ce n’est pas pour demain.

  • Du mensonge en général et du mensonge en politique

    platonicien cité (414b-414e) parle d’un mensonge inculqué aux gens, tant aux dirigeants qu’aux habitants  de la cité, qu’en vérité, ils étaient alors sous la terre, en son sein, en train d’être modelés et élevés eux-mêmes… qu’une fois que leur fabrication avait été terminée, la terre, qui est leur mère, les avait mis au monde ; et qu’à présent ils doivent délibérer au sujet du pays où ils sont et le défendre contre quiconque l’attaque, comme si c’était leur mère et leur nourrice…