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Vu de la place Victor-Hugo - Page 689

  • Mandat politique et enrichissement personnel

    Mandat politique et enrichissement personnel

    Depuis l’affaire Cahuzac, c’est le thème du jour et cela risque bien de le rester. On ne parle plus que de déclaration de patrimoine, de ressources, de conflits d’intérêts etc… Or, depuis Athènes, les hommes qui ont exercé le pouvoir politique ont constamment profité de leur position pour s’enrichir ou, à tout le moins, améliorer leur situation économique et sociale. Depuis les temps les plus reculés, les dirigeants des sociétés humaines, des Etats ou d’autres configurations ont été soupçonnés de profiter de leur situation pour asservir ou exploiter les autres.

    Prenez le cas de la Bible où nous lisons à propos du prophète législateur Moïse que les enfants d’Israël le suivaient du regard, semblant lui reprocher de s’être enrichi à leurs dépens, ce qui était faux puisqu’il semble avoir toujours été désintéressé. Le second exemple est celui du prophète Samuel qui, prenant sa retraite, prie les membres de son peuple, de venir reprendre ce qu’ils lui ont offert, un âne ou une autre monture, etc… Et le peuple, unanime, répond : non tu ne nous as rien pris, tu ne nous pas  exploités.

    Depuis ces temps là, la vie a changé, les hommes politiques ont fait de leurs différents une occupation à plein temps et sont devenus les salariés du système. Il faut comprendre que toute fonction représentative est génératrice de frais et que l’argent doit bien provenir de quelque part. C’est de là que vient tout le mal : si vous élisez quelqu’un, il faut bien le payer afin qu’il ne succombe pas aux tentations de l’industrie et du grand capital mais si vous le payez bien, il y prend goût et ne veut plus partir : il se fonctionnarise, c’est pourquoi le non cumul des mandats est une bonne mesure.

    Quant à la déclaration du patrimoine et du reste, c’est très bien mais assez irréaliste.  Ce n’est pas cela qui empêchera de nouvelles affaires. Ce qu’il faut absolument : c’est un état comparatif entre ce qu’on possède au départ et ce que l’on a à l’arrivée, c’est-à-dire quand on quitte les positions. Et cela n’est pas pour demain.

    Mais il faut bien dire que une bonne majorité d’hommes politiques est honnête et ne fraude pas. Mais ils n’en restent pas moins des hommes…

  • Vive la morale laïque de Vincent Peillon

    Vive la morale laïque de Vincent Peillon ! C’est un véritable événement historique que cette introduction d’une instruction civique (i.e. morale laïque) dans le cursus des études en France, de l’école primaire (voire de la maternelle) à la terminale ! Et le plus intéressant dans cette affaire, c’est qu’il échoit à un ministre socialiste de l’éducation nationale de procéder à cette mesure. Vincent Peillon n’a pas hésité à utiliser le terme «morale», un terme souffrant d’un profond discrédit depuis mai 68. Quarante-cinq ans ! Il a fallu attendre près d’un demi siècle pour comprendre enfin que l’éducation morale ou éthique des enfants est aussi indispensable aux êtres humains que nous sommes que les autres matières académiques. Pourquoi donc ce qui touche à l’éthique et à la spiritualité a souffert dans ce pays d’une grande désaffection, pour ne pas dire d’une insurmontable méfiance ? Pourtant, la France est le pays qui a produit Henri Bergson et son fameux ouvrage (avidement lu et étudié par tous en terminale), Les deux sources de la morale et de la religion… Et en classe de philosophie, nous avions tous entendu parler de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote qui enseigne que l’homme est un animal politique (vivant en société). A quoi Kant fera écho en écrivant que l’homme est homme parmi d’autres hommes. C’est aussi le sens du beau livre de Martin Buber Je et Tu (1923). Car quand je dis je, je présuppose nécessairement un congénère, un Tu. Pendant toutes ces années, l’idée même d’édifier les enfants au plan moral ou éthique, a été bannie de notre cursus et ceux qui prônaient un tel enseignement étaient regardés avec méfiance. Faisons un petit retour en arrière : Depuis la Saint-Barthélemy (24.8.1572) jusqu’à la loi de séparation en passant par la révocation de l’édit de Nantes, le spectre de la guerre des religions a hanté la France. Tant de siècles au cours desquels on a adopté vis-à-vis de la religion une certaine réserve, et parfois, il faut bien le reconnaître, à juste titre… Pourtant, les pays germaniques ont adopté une autre démarche alors qu’ils ont été plus durement touchés que le royaume de France. Les guerres de religions, la guerre des paysans (Bauernkrieg) ont mis notre grand voisin à feu et à sang ; cette sanglante confrontation dura trente années et ne s’acheva qu’avec les traités de Westphalie qui laissèrent ces territoires dans un état exsangue et contribuèrent à renforcer l’émiettement et le morcellement de ces pays (Kleinstaaterei) en petites entités politiques souvent en guerre les unes avec les autres. C’est peut-être pour cette raison qu’en Allemagne la religion est enseignée dans les écoles et jouit du mêmes prestige que les autres matières académiques. Chose impensable en France où l’on dut lutter contre le cléricalisme au point d’adopter une loi dite de séparation qui fit couler tant d’encre… Tel est l’arrière-plan historique de cette affaire. C’est donc une ère nouvelle qui s’ouvre avec cette décision du ministre de l’éducation nationale auquel il faut rendre hommage. Il n’a pas hésité à reprendre le mot morale dont on pensait parfois qu’il avait été frappé d’obsolescence . La juxtaposition de l’adjectif laïque était nécessaire pour rassurer ceux qui n’ont jamais voulu entendre parler de morale, la soupçonnant de servir de paravent à de la religion qui ne voulait pas dire son nom. La morale devenait une sorte de cheval de Troie . L’école de la République est ouverte à tous et s’adresse à tous. Sa vocation est de servir les grands idéaux républicains et de former à la fois des hommes parachevés et de bons citoyens. La société française en a grand besoin pour retrouver une certaine homogénéité et une unité dans sa socio-culture. Au fond, nous renouons avec l’héritage d’Ernest Renan, le véritable père spirituel de la loi de 1911 qui, tout en étant l’un des grands maîtres de la critique des traditions religieuses, nous a appris à vénérer l’éthique. C’est-à-dire l’universalité de la loi morale. Maurice-Ruben HAYOUN

  • Les manifestations contre le mariage pour tous: émergence d'une nouvelle génération politique?

    L’une des conséquences du mariage pour tous : l’émergence d’une nouvelle classe de jeunes politiques Un fait, apparemment anodin, mais signalé par les analystes politiques les plus fins, est l’émergence d’une nouvelle classe politique, constituée d’éléments très jeunes, lycéens, collégiens et étudiants, jeunes travailleurs, etc… qui se mobilisent contre le mariage pour tous et font de cette opposition leur baptême du feu, leur entrée en politique. On se souvient que le même phénomène s’était produit avec les manifestations de mai 68 et que les autres lois, contestées par la rue, comme par exemple le CPE de Dominique de Villepin avait favorisé l’émergence de nouvelles personnalités politiques dans les deux camps, à droite comme à gauche. Mais il y a plus car on voit se dessiner sous nos yeux une nouvelle configuration allant de la droite traditionnelle au FN en passant par des mouvements d’inspiration chrétienne attachés à l’idée traditionnelle du couple et de la famille. Si l’on se projette bien plus loin, on peut s’interroger sur ce réveil du christianisme ou du judéo-christianisme qui structure depuis toujours les fondements de notre continent européen. Après tout, le Décalogue suivi de la Bible hébraïque et des Evangiles sont la constitution spirituelle de l’Europe. Et s’en prendre de manière frontale à une institution aussi cruciale que le mariage peut déclencher des réactions très vives et susciter, comme on l’a dit, des vocations juvéniles en politique. J’ai été frappé par le côté très BCBG des jeunes gens défilant contre ce mariage gay (je reprends la terminologie usuelle, sans formuler le moindre jugement de valeur). Je rappelle que l’homophobie est répréhensible et que la société peut évoluer. Ma seule réserve est la filiation et l’avenir des enfants. Mais le débat est si passionné car la moindre réserve est mal interprétée et aussitôt on vous prête de noires arrière-pensées que vous n’avez pas. Mais encore un mot sur l’effet structurant de l’affaire : l’Eglise catholique dont l’histoire se confond avec celle du pays tout entier, en dépit de quelques soubresauts ou crises, commence par la voix de ses plus hauts dignitaires, à se considérer comme une minorité dans son propre pays et marque une défiance palpable à l’égard de lois pouvant être votées par un parlement qui a rejeté les valeurs traditionnelles. Il faut prendre garde à cette évolution pour deux raisons : si la spiritualité est toujours la bienvenue, elle est parfois accompagnée de remugles de conservatisme religieux qui peut devenir dangereux.. La seconde raison qui incite à la prudence est la naissance d’un nouvel arc englobant des forces politiques, certes différentes, mais capables de s’unir pour défendre non plus une simple politique socio-économique mais une vision du monde, une Weltanschauung… C’est-à-dire des valeurs communes. N’oublions jamais ce que les sociologues nomment la genèse religieuse du politique. Le moule, la matrice de la politique et de la gouvernance sont souvent d’une autre nature… Il faut veiller au maintien de la paix civile.