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  • La justice, le ressentiment et la vengeance

     

      J'avoue avoir hésité avant de choisir le classement de cette note: politique ou philosophie? Ce sont les derniers développements de l'affaire de l'Arche de Zoè qui expliquent cette hésitation. Résumons nous: au terme d'un procès marathon, la justice criminelle tchadienne vient de condamner les six Français, membre de cette association, à huit ans de travaux forcés.

     Ce verdict soulève une indignation générale: on entend parler de mascarade, de parodie de justice etc… Pouvons nous, sans passion, dire quelques paroles sur cette question?

     Il y a tout d'abord l'impréparation ou l'inconscience de gens qui sont allés chercher des enfants dans un pays où on leur a menti: menti sur la nationalité de ces enfants, menti sur leur situation familiale. Une fois ce fait établi, il fallait aussi tenir compte (pour une justice digne de ce nom) de la bonne foi et du souci humanitaire des Français… Or, que voyons nous?  Un procès baclé, une défense qui s'est démenée en pure perte, et un verdict qui ne fait pas dans le détail, comme si tous les membres de l'association avaient le même degré de responsabilité.

     Cela, en ce qui concerne les choses dites clairement. Le plus grave, c'est le non-dit: on a entendu le resentiment, voire le désir de vengeance, s'exprmier par la bouche des avocats des parties civiles. On sentait en pointillé la volonté de se venger de l'ancienne puissance coloniale. Je préfère ne pas reprendre des expressions que leurs auteurs auraient dû penser un peu plus avant de les prononcer.

    Et comme un divorce entre des parents, les vrais oubliés sont les enfants pour lesquels toute affaire a commencé.  

     Les plus gros dégâts ne sont pas ceux que l'on croit: les plus gros dégâts ont été infligés à l'image que s'est la France, que se fait l'Europe des Africains et de leurs mœurs.

     Et cela est bien dommage car, comme partout ailleurs, et notamment sur le continent africain, il y a des gens sincères, humanistes, attachés aux idéux de justice et d'équité. Les vraies victimes sont celles là. Et nul autre.
     

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  • Joachim de Flore et l'interprétation mystique de la Tora

    En cette journée de Noël, nous avons voulu rendre hommage à la mémoire d'un moine calabrais, Joachim de Flore, mort en 1202, et dont les doctrines furent condamnées par l'Eglise en 1255…

    Son nom fut en quelque sorte relevé par Saint François d'Assise qui tenta d'apparaitre comme le prophète de moine méconnu.  

     

                 Joachim de Flore et l’approche kabbalistique de la Tora


    Cette diversification de la Tora dont la valeur et donc la validité varieraient en fonction des âges du monde, c’est-à-dire, au fond, de son état moral, ne laisse pas de rappeler la tentative avortée du célèbre moine calabrais Joachim de Flore de réformer l’église et de prôner l’avènement d’un «Evangile éternel» qui se substituerait à l’autre, en vigueur depuis 1200 ans ! C’est-à-dire jusqu’aux jours de Joachim lui-même…


     Dans un recueil intitulé Etudes d’histoire religieuse, Ernest Renan a repris son étude sur Joachim de Flore et l’Evangile éternel. Joachim mourut  le 30 mars 1202. Il situe bien la problématique dans le contexte idéologique de l’époque.
     Dans une lettre en guise de testament datée de l’an 1200, Joachim exposait de manière détaillée l’état où se trouvaient alors ses écrits mentionnés comme terminés ; il s’agit de trois ouvrages : la concorde de l’Ancien et du Nouveau Testament, le commentaire sur l’Apocalypse et le Psaltérion décacorde… Nulle trace, donc, de l’expression «Evangile éternel». L’abbé de Flore  qui n’avait en Calabre que des disciples inconnus, trouvait ainsi dans un autre ordre, celui de Saint François d’Assise, une famille dévouée et d’ardents continuateurs :  au fond de la tentative franciscaine, il y avait l’espérance d’une réforme générale du monde, d’une restauration de l’Evangile. On admettait que pendant douze cents ans, l’Evangile n’avait pas été bien pratiqué, que le précept essentiel de Jésus, le renoncement aux biens terrestres, n’avait pas été compris. Qu’après des siècles de veuvage, la pauvreté avait enfin retrouvé son époux. N’était-ce pas avouer que la naissance de Saint François d’Assise avait été l’ouverture d’une ère nouvelle  pour le christianisme et pour l’humanité ? 


    Joachim considère trois étapes dans l’histoire du monde. «L’Evangile éternel» était constitué de trois parties et formé de trois ouvrages, déjà cités. Renan  ne croyait  pas qu’il y ait jamais eu dans une bibliothèque un manuscrit ainsi intitulé : Evangile éternel. Tout porte à croire que l’idée que nous sommes amenés à nous former de l’Introduction à l’Evangile éternel est celle d’un livre destiné à résumer la doctrine de Joachim et à la faire revivre au profit  des idées franciscaines. Renan énonce un certain nombre de points qui ont objectivement concouru à donner corps au renouveau fransiscain qui s’est voulu le continuateur des idées de Joachim : l’antipathie envers la papauté temporelle, la haine contre le clergé riche, la croyance que l’abomination finale viendra d’un pape mondain et simoniaque, la fixation de cette date fatale à l’an 1260, la croyance que l’apparition de l’Antéchrist est proche et que ce monstre s’élèvera de Rome, Saint François désigné comme le rénovateur du siècle et  Joachim présenté comme son précurseur, ce sont là autant de traits qui appartiennent à l’école, qui, vers le milieu du XIIIe siècle, releva le nom de Joachim pour appuyer ses projets de réforme sociale et religieuse.


    Selon les cardinaux de la commission d’Anagni, l’auteur prétend que, de même qu’au commencement du premier état sont apparus trois grands hommes Abraham, Isaac et Jacob dont le troisième a eu douze hommes à sa suite, de même qu’au commencement du second état, il y eut trois grands hommes : Zacahrias, Jean-Baptiste et le Christ, homme-Dieu qui  a de la même manière eu douze personnes à sa suite (les Apôtres) ; de même, au commencement du troisième état, il y aura trois grands hommes semblables aux premiers, savoir l’homme vêtu de lin, l’ange tenant la faux aiguë et un autre ange ayant dans sa main le signe du Dieu vivant. Celui-ci aura pareillement à sa suite douze anges comme Jacob en a douze dans le premier état et le Christ douze dans le second.  Et les cardinaux de poursuivre : que par l’homme vêtu de lin l’auteur de cet écrit entende Joachim, c’est ce qui est prouvé par le chapitre XXI, vers le milieu. Quant à l’ange qui tient le signe du Dieu vivant, c’est l’incarnation de François d’Assise.
         Il est frappant de constater que de telles spéculations ont occupé l’esprit d’un moine calabrais et qu’au même moment, des mystiques juifs tentaient, à la façon, la réjuvénation de leur judaïsme.


    La prédiction de l’Evangile éternel fut le fait des joachimites du XIIIe siècle, lesquels trouvant dans les idées de l’abbé de Flore sur le parallèle des deux Testaments une base commode pour leur théologie, adoptèrent ces idées et y joignirent l’annonce d’une troisième révélation dont Joachim aurait été le précurseur, Saint-François le Messie et dont eux-mêmes auraient été les messagers. C’est ainsi, selon Renan, que Joachim devint tantôt le précurseur de François d’Assise, tantôt le fondateur d’une foi nouvelle, supérieure à celle de l’église catholique, destinée à la remplacer et à durer éternellement.Tel fut, en quelque sorte, le pari des kabbalistes qui déplorent que les règles herméneutiques rabbiniques soient si laborieuses et qu’elles empêchent de découvrir la Tora véritable, la Tora de la grâce…


     Et Renan d’énoncer une doctrine fondamentale qui ne laisse pas de rappeler le même état d’esprit dans le monde juif de la même époque : l’intelligence du sens spirituel des Ecritures n’a pas été confiée au pape ; ce qui lui a été confié, c’est seulement l’intelligence du sens littéral. Scholem avait déjà fait ce rapprochement entre les kabbalistes du XIIIe siècle et la doctrine de Joachim qui émanait en réalité des adeptes de Saint François d’Assise.  Le sens obvie, pratiqué jusque là correspondrait à une intelligence déterminée de la Tora, reflet d’un certain éon ou âge du monde matériel. L’Evangile éternel, œuvre du temps où opérera le Saint Esprit, peut être comparé à la clarté du soleil. On retrouve ici à l’œuvre les mêmes métaphores lumineuses qui donnèrent leurs titres aux écrits fondamentaux de la mystique judéo-médiévale,  le séfer ha- Bahir (le Livre de l’éclat)  et le séfer ha-Zohar ( le Livre de la splendeur). Mais pour les adeptes de Saint François, l’Ancien Testament représente le vestibule, le Nouveau Testament le Saint  et l’Evangile éternel le Saint des Saints. Le premier était l’écorce, le second la coque, le troisième le noyau. Il semble qu’une telle volonté d’aller au-delà des traditions religieuses reçues, de la tradition prise dans son sens littéral, ait transcendé les frontières des deux communautés religieuses, chrétienne et juive, mues par une irrépressible volonté commune d’accéder à un niveau supérieur à celui prôné par leurs écrits dogmatiques respectifs…


    Tout de même ! Quelle façon inattendue de relativiser la valeur de la Tora en laissant entendre qu’elle n’est pas immuable et qu’à une époque dominée par la matière répond une Tora tout aussi concrète et matérielle ! Est-ce que l’auteur ne mesurait pas les conséquences de ses spéculations hardies ? C’est peu probable, surtout lorsqu’il nous invite à trouver refuge dans l’«arche de Noé» de la kabbale afin de ne pas être submergé par la déferlante littéraliste…

     

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  • Rendez nous Ingrid B.

     

      Un curieux ballet se déroule en ce moment même à la frontière entre la Colombie et le Vénézuela: le président Uribe, sachant que ses ennemis jurés les FARC se préparent à faire un geste unilatéral en libérant trois prisonniers, dont la collaboratrice d'Ingrid B. Madame Rochas, fait bombarder cette zone, rendant très difficile l'exfiltration des libérés vers le Vénézula.

     L'attitude du président Uribe est compréhensible et légitime; il ne peut admettre que des terroristes occupent une partie de son pays; il ne saurait, face à son armée, démilitariser cette zone, ce qui équivaudrait à reconnaître de facto, un retrait de sa souveraineté.

     D'un autre côté, ce président doit comprendre que derrière la raison d'Etat il y a des drames humains qui durent depuis trop longtemps. Il faut aussi reconnaître à Hugo Chavez, quelles que soient les réserves qu'il soulève par son mode de gouvernement, un certain succès: c'est grâce à lui que les FARC ont envoyé des isgnes de vie d'Ingrid…  Enfin, cette libération annoncée va peut-être ouvrir la voie à des négociations plus générales, permettant une fois pour toutes de rétablir la paix et le calme en Colombie.

     Il faut laisser les FARC nous rendre Ignrid B.