A la lecture de la grande presse nationale française, on se demande ce qui peut bien se passer dans notre beau pays. De tutes parts, on se jette à bras raccourcis sur le Président pour lui faire reproche de chaque acte qu'il a le courage (ou l'audace) de commettre. Comment expliquer un air du temps qui a tendance à s'installer et à devenir un véritable climat malsain et peu propice au développement de relations vraiment démocratiques entre la majorité et l'opposition?
Si l'on se détourne un instant de l'écume des événements et que l'on tente de repérer, derrière ce fatras d'analyses sommaires et d'exécutions de même nature, un fond commun, on découvre que tant les leaders de l'opposition que leurs alliés dans la presse n'ont pas mesuré l'implication du thème de la rupture.
Le président Nicolas Sarkozy avait claironné devant qui voulait l'entendre qu'une fois élu, il romprait avec les us et coutumes de l'ère précédente. En termes plus clairs, qu'il ferait du passé table rase. Le Général de Gaulle aurait dit: vaste programme!
En traduisant dans les faits sa volonté de rupture, le Président en a gêné plus d'un. La connivence existant entre une certaine presse et le pouvoir, de droite comme de gauche, a volé en éclats. L'hypocrisie ( sans vouloir blesser personne) qui prévalait jadis dans le domaine de la vie privé, n'a plus cours… C'est une révolution! Et les gens ont du mal à s'y habituer. Voila pour l'ambiance qui prévaut.
Encore un mot, si l'on veut bien, sur le projet de la rétention de sûreté. Cette loi a été, sur un point précis, recadrée par le Conseil Constitutionnel qui est l'arbitre suprême de notre droit. Nul ne le conteste et surtout pas le Président qui est lui-même chargé de faire respecter la Constitution. Mais quand on voit comment on a déformé la volonté présidentielle de trouver un moyen légal et donc constitutionnel de protéger les victimes (après tout, c'est d'eux qu'il s'agit!), et non de contpurner l'arbitre suprême de la loi, on croit rêver.
Et qu'on ne vienne pas nous dire que le Président s'adresse au plus haut magistrat pour contourner une décision des Sages du Palais Royal. A qui donc aurait-il dû s'adresser? A l'avocat du coin, peut-être…
Tout le monde a en mémoire le cas de ce petit garçon de 5 ans, gravement malmené par un déséquilibré qui a commis un nouveau crime après sa sortie de prison, où il aurait dû être soigné. Ce ne fut pas le cas. Et l'on connaît la suite…
Est-ce si difficile de présenter les choses comme elles devraient l'être? Ou bien existe-t-il des pans entiers de la vie politique de ce pays qui n'ont pas encore admis l'élection du président de la République?
Michel Debré avait dit jadis que le rôle de l'opposition est de talonner le pouvoir. Et non pas de chercher à le déstabiliser puisqu'il est en charge de la France
Maurice-Ruben HAYOUN, Tribune de Genève
(mrhayoun.blog.tdg.ch/)