Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • De la notion de rupture selon Nicolas Sarkozy

     

        A la lecture de la grande presse nationale française, on se demande ce qui peut bien se passer dans notre beau pays. De tutes parts, on se jette à bras raccourcis sur le Président pour lui faire reproche de chaque acte qu'il a le courage (ou l'audace) de commettre. Comment expliquer un air du temps qui a tendance à s'installer et à devenir un véritable climat malsain et peu propice au développement de relations vraiment démocratiques entre la majorité et l'opposition? 

        Si l'on se détourne un instant de l'écume des événements et que l'on tente de repérer, derrière ce fatras d'analyses sommaires et d'exécutions de même nature, un fond commun, on découvre que tant les leaders de l'opposition que leurs alliés dans la presse n'ont pas mesuré l'implication du thème de la rupture.

        Le président Nicolas Sarkozy avait claironné devant qui voulait l'entendre qu'une fois élu, il  romprait avec les us et coutumes de l'ère précédente. En termes plus clairs, qu'il ferait du passé table rase. Le Général de Gaulle aurait dit: vaste programme!

        En traduisant dans les faits sa volonté de rupture, le Président en a gêné plus d'un. La connivence existant entre une certaine presse et le pouvoir, de droite comme de gauche, a volé en éclats. L'hypocrisie ( sans vouloir blesser personne) qui prévalait jadis dans le domaine de la vie privé, n'a plus cours… C'est une révolution! Et les gens ont du mal à s'y habituer. Voila pour l'ambiance qui prévaut.

        Encore un mot, si l'on veut bien, sur le projet de la rétention de sûreté. Cette loi a été, sur un point précis, recadrée par le Conseil Constitutionnel qui est l'arbitre suprême de notre droit. Nul ne le conteste et surtout pas le Président qui est lui-même chargé de faire respecter la Constitution. Mais quand on voit comment on a déformé la volonté présidentielle de trouver un moyen légal et donc constitutionnel de protéger les victimes (après tout, c'est d'eux qu'il s'agit!), et non de contpurner l'arbitre suprême de la loi, on croit rêver.

        Et qu'on ne vienne pas nous dire que le Président s'adresse au plus haut magistrat pour contourner une décision des Sages du Palais Royal. A qui donc aurait-il dû s'adresser? A l'avocat du coin, peut-être…

        Tout le monde a en mémoire le cas de ce petit garçon de 5 ans, gravement malmené par un déséquilibré qui a commis un nouveau crime après sa sortie de prison, où il aurait dû être soigné. Ce ne fut pas le cas. Et l'on connaît la suite…

        Est-ce si difficile de présenter les choses comme elles devraient l'être? Ou bien existe-t-il des pans entiers de la vie politique de ce pays qui n'ont pas encore admis l'élection du président de la République? 

        Michel Debré avait dit jadis que le rôle de l'opposition est de talonner le pouvoir. Et non pas de chercher à le déstabiliser puisqu'il est en charge de la France

     

    Maurice-Ruben HAYOUN, Tribune de Genève

    (mrhayoun.blog.tdg.ch/)
     

  • La Turquie, l'Allemagne et l'Europe

     

        Ces dernières semaines la Turquie, par la voix de son Premier Ministre, a fait quelques déclarations qui doivent retenir notre attention, s'agissant d'autroités politiques d'un pays prétendant ddhérer à l'UE. Tout d'abord, il nous faut présenter nos condoléances à la suite de l'incendie qui a coûté la vie à neuf citoyens turcs résidant en Allemagne.  A l'heure où j'écris, j'avoue ignorer si'l s'agit ou non d'un incendie criminel, mais si cela devait se vérifier alors ce serait très grave. Et les autorités judiciares allemandes devraient tout mettre en œuvre pour retrouver et châtier les coupables.

        C'est porbablement dans ce climat émotionnel qu'il faut situer les déclarations intempestives de M. Erdogan dont le parti, au pouvoir à Ankara, est généralement désigné comme un parti islamiste modéré…

        M. Erdogan a dit, en substance que l'assimilation exigée des Turcs en Allemagne était assimilable à un génocide culturel…  Ou bien l'homme était très ému et ces propos sont des propos en l'air ou bien il a pensé ce qu'il a dit et, dans ce cas aussi, c'est grave: que vont dire les Kurdes, les Arméniens, les Tcherkesses et les chrétiens en général qui ne disposent pas, en tant que minorités, de développement culturel spécifique et qui s'ottomanisent de toute manière?

        Il ne suffit pas d'habiter en Europe, encore faut-il y vivre, c'est-à-dire s'intégrer en assimilant la langue, les mœurs et les coutumes, ce qui ne signifie pas que les Turcs doivent abdiquer les croyances religieuses ni adopter les coutumes culinaires des pays d'accueil. Mais le minimu, c'est de bannir l'exclusivisme religieux, la ségrégation des femmes, les droits de l'homme etc… C'est d'ailleurs , ce qui est exigé d'eux pour que soit examinée sérieusement leur candidature.

        Ces idées sont à peu de choses près, illustrées par un Allemand, parlementaire européen d'origine turc , qui a donné une interview au Monde du 24-25 février (p 13). Mais cet interviex ne va pas assez loin et ne répond pas aux questions que se posent légitimement les citoyens de l'Europe, inquiets de voir frapper à leur porte un pays si différernt…

        Les échanges entre l'Europe et les pays du sud sont déséquilibrés: on compte en Europe des millions d'hommes et de femmes désireux de s'y établir alors que l'inverse n'est guère vrai. La moindre des choses serait de fournir un effort d'adaptation et les déclarations de M. Erdogan ne vont pas dans ce sens. 

  • A. MEDDEB, Sortir de la malédiction. L'islam entre civilisation et barbarie

     

     

    Sortir de la malédiction, expression empruntée au philosophe Empédocle d'Agrigente qui parlait du pré de la malédiction: il s'agit d'un vibrant plaidoyer de Meddeb en faveur d'un Islam des Lumières, un islam qui n'est pas vraiment à l'ordre du jour dans les pays concernés et qui commence à poser un sérieux problème à l'ensemble des nations.  Après une introduction de quelques dizaines de pages, solides et nouries aux meilleures sources, l'auteur critique ce qu'il juge répréhensible dans les pratiques islmaiques actuelles (et notamment les dérives terroristes) au long d'une bonne quarantaine d'articles qui pourraient ressembler à de simples tribunes dans nos grands quotidiens…

        Mais cette forme était peut-être voulue et délibérément recherchée afin de trouver un accès plus aisé aux lecteurs non avertis. De quoi s'agit-il? L'auteur dénonce avec force ce hiatus qui sépare la norme du fait, en d'autres termes l'immobilisme d'une certaine exégèse coranique qui se présente et présente sa source comme des réalités transcendantes, exclusives de toutes les autres et immuables. Pour donner de la consistance à ses sagaces propos, l'auteur recourt à une bonne érudition et à un accès direct aux sources originales. Il se tient aussi au courant des dernières recherches universitaires, notamment au très bon Dictionnaire du Coran, paru dans la collection Bouquins.
        L'auteur propose aussi une meilleure intelligence de certains versets qui avaient jusqu'ici intrigué les exégètes, mais chaque fois, il insiste sur la nécessité de tenir compte des normes du commentaire historique et appelle au dépassement de traditions visiblement dépassées.
        Comme la trame de l'ouvrage suit presque pas à pas l'actualité, l'auteur s'arrête un peu sur le fameux discours du pape à Ratisbonne, sur les timides réformes du statut personnel en terre d'islam et, assurément, sur les relations avec l'Occident.  Un petit point nous paraît intéressant et l'auteur gaganerait sûrement à l'intégrer dans l'un de ses futurs recueils.
        Il s'agit du orman philosophique d'Ibn Tufayl le Hayy ibn Yaqzan (XIIe siècle) qui fit le bonheur des penseurs juifs et chrétiens contemporains: les meilleurs esprits dont Moïse de Narbonne (1300-1362) le commentèrent et allèrent jusqu'à en hébraïser le titre (Yéhiel ben Ouriel)… Or, Ibn Tufayl fut le tout premier critique des traditions religieuses en islam. Grâce à la mise en en scène de son solitaire, Hayy, isolé sur une île déserte, il put montrer que livré à lui-même, cet homme sut décou!vrir les mystères de l'univers, de Dieu et de l'homme. Mais tout ceci, sans l'aide d'une quelconque révélation ou d'une tradition religieuse. Certes, le roman finit mal puisque le solitaire et son compagnon s'en retournent dans leur île déserte adorer Dieu suivant le culte pur et dépouillé alors que les habitants de la cité qu'ils avaient voulu convertir à leur culte épuré restaient opiniâtrement attachés à leurs mœurs.
        A une époque où l'Europe chrétienne n'avait pas la moindre idée de ce que signifiait la critique philosophieue de la religion et sa caractérisation comme un ensemble de myhes, de symboles et de métaphores, un sage musulman du XIIe siècle nous donnait avec sagesse et gravité une impérisssable leçon de dignité et de savoir-vivre… 
     
    PS: UN excellent article en allemand de l'orientaliste Timan NAGEL a été publié dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) du 5 février sous le titre Die unzeitgemäße Macht des Scharia-Islams. Nous en vons donné un long résumé en français dans notre blog (mrhayoun.blog.tdg.ch/
     
    Meddeb, Sortir de la malédiction… Seuil, 2007.

     

    Lien permanent Catégories : Philo