COMMENT JUGER DE LA SITUATION A GAZA ?
Lorsqu’un conflit éclate dans une région du monde, les reportages sur ou les commentaires des batailles en cours viennent se superposer aux événements eux-mêmes. Je veux dire que la presse dont le devoir est évidemment d’informer dépend de tant de moyens secondaires, qu’on ne sait plus très bien à quel canal se fier. J’ai pris soin, ce matin, avant de faire mon billet, de feuilleter la presse écrite disponible ici, d’écouter les chaînes francophones, américaines, anglaises et autres (y compris Guysen TV d’Israël), le résultat est contrasté : certains journalistes parlent de catastrophe humanitaire, d’autres du déroulement normal des combats. Certains évoquent l’attaque des écoles où se seraient réfugiés des civils, d’autres donnent la parole aux Israéliens qui dénoncent l’attitude du Hamas qui consiste à attaquer des civils et à s’abriter lâchement derrière d’autres civils, les leurs, qu’ils exposent ainsi aux ripostes de Tsahal… Et la liste est longue.
Si l’on tente de garder la tête froide et l’œil lucide, on relève ce que Nicolas Sarkozy a dénoncé avec force ; l’attitude folle du Hamas qui a osé dénoncer une trêve bénéfique pour lui et dont la charte continue de prôner la destruction d’Israël… C’est ce qui était annoncé un peu partout : l’absence de toute agenda politique pensé et sérieux. Comment osez vous menacer de destruction un pays reconnu par l’ONU et dont l’armée est réellement la plus forte du Proche Orient ?
Nous savons tous que ces factions vivent en dehors du réel, qu’elles jouent avec le romantisme révolutionnaire des années 60, mais nous constatons qu’elles exposent de façon criminelle leurs populations.
Cependant, ce matin semble marquer un tournant dans la confrontation : le Hamas a compris et admet désormais implicitement sa défaite. La question reste cependant celle-ci ; Israël dont la ville de Sdérot a essuyé des tirs de roquettes pendant près de huit ans, va-t-il relâcher son emprise sans autre forme de procès ? N’oublions pas que l’agenda secret de l’Etat-Major est de détruire complètement le Hamas en tant que mouvement politico-militaire et de rendre la bande de Gaza à Mahmoud Abbas.
Les Egyptiens qui s’activent aujourd’hui, avaient pourtant fait la sourde oreille lorsque les Israéliens leur demandèrent de faire sauter les tunnels servant à l’approvisionnement en armes du Hamas Aujourd’hui, ce sont les Israéliens qui s’en chargent.
La fin de cette guerre que nous souhaitons immédiat montrera que des alliances inattendues se sont nouées sur le dos du Hamas qui n’a rien voulu savoir : pendant des mois, il s’est cru tout puissant, gardant au secret le jeune Gilad. Pendant des semaines, il a cru bon de se livrer impunément à cette rhétorique guerrière si chère aux Orientaux… Aujourd’hui, ces mêmes chefs se terrent, craignant de se montrer.
Qu’espérer aujourd’hui ? Que ce soit la dernière fois. Qu’il n’y ait plus de morts, plus de bombes, que les Palestiniens aient leur Etat dirigé par des hommes responsables et intelligents. Qu’une paix, même glaciale, au début, s’instaure entre eux et leur voisin hébreu.
Au fond, cette violente déflagration à Gaza a été un avertissement adressé à la Syrie et à l’Iran. Ces deux pays ont dû se rendre compte des limites réelles de leur action. Avec le silence assourdissant des Etats arabes modérés. N’oublions pas une chose ; l’Orient ne connaît pas Descartes. Ce qui est pour nous impensable est parfaitement imaginable là-bas.