JACQUES CHIRAC, RENVOYE EN CORRECTIONEL ?
C’est absolument sans précédent, unique dans les annales de la République : un ancien président de l’Etat français, deux fois Premier ministre, de très nombreuses fois à la tête de département ministériels importants, et j’oubliais (c’est l’essentiel) ancien Maire de Paris, se voit reproche une affaire qui remonte à de nombreuses années : des emplois supposés fictifs dans cette même mairie.
Soyons clairs, la justice est indépendante, elle fait ce qu’elle doit faire, mais voilà elle n’est pas seule au monde. Au sein de la république, on parle de l’institution judiciaire, avec des fonctionnaires nommés et promus, une hiérarchie et un parquet qui ouvre les poursuites ou classe les dossiers.
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polémiques et politique
polémiques et politique
En se levant le matin et en prenant connaissance des nouvelles du jour, on se demande parfois ce que la presse aurait à nous dire, n’était l’indégonflable chronique judiciaire, toujours extrêmement fournie. On ne peut guère passer entre les gouttes : c’est rigoureusement impossible.
Que se passerait-il dans un monde sans affaires, au sens judiciaire du terme ? Je pense qu’on vivrait mieux. C’est, dans l’ordre, les faits divers crapuleux, ensuite les malversations ou les trafics d’influence, réels ou supposés, puis les soupçons de dénonciation calomnieuse, et derniers en date, les ventes d’armes prohibées à des pays en guerre. Et, ce n’est pas fini : on nous annonce pour aujourd’hui, le possible renvoi devant le tribunal correctionnel d’un ancien président de la République…
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Aristote, Averroès et Maimonide : le legs philosophique grec dans les religions révélées
Aristote, Averroès et Maimonide :
le legs philosophique grec dans les religions révélées
Conférence du 29 octobre 2009 à la Mairie du XVIe
Arrondissement à 20h 30
La conférence de ce soir se veut une appréciation juste et objective de ce que les penseurs religieux de l’islam, du judaïsme et du christianisme ont voulu faire du legs aristotélicien : l’ont-ils trahi ou l’ont fidèlement servi ? Par delà l’aspect érudit et académique de cette question, il y a une considération plus polémique qui ne sera pas traitée ici : il s’agit des sources culturelles et spirituelles de l’Europe : sont-ce les penseurs musulmans (qu’ils fussent arabes ou persans) qui transmirent le savoir grec aux lettrés d’Europe ? Pour nous, cette question est loin d’être tranchée dans un sens comme dans un autre mais nous insistons sur l’apport spécifique des traducteurs et commentateurs de langue arabe, qu’ils fussent chrétiens ou musulmans comme al-Kindi, al-Farabi, Avicenne, Ibn Badja, Ibn Tufayl et Averroès.
Mais le thème précis de cette conférence ce soir est le legs aristotélicien dans les religions chrétienne, juive et musulmane, même ceux qui ont cultivé la pensée d’Aristote avaient de leurs croyances proprs et de leur confession spécifique une approche bien particulière… Les résultats de notre recherche font apparaître que les textes d’Aristote parvenus entre les mains de ces théologiens ou de ces philosophes-théologiens (Religionsphilosophen, dirait-on en allemand) ont été interprétés dans un sens bien défini : on les a interprétés dans un esprit accomodatice et harmonisateur car le maître (Platon, dit le divin) et le disciple (Aristote, dit le sage) ne pouvaient diverger au plan doctrinal. Ensuite, on a attribué à Aristote des écrits qui ne provenaient pas de sa plume mais qui naquirent dans le giron de disciples tardifs de son maître Platon. Ainsi naquit le néoplatonisme. Si l’on excepte Alexandre d’Aphrodise, le plus ancien commentateur d’Aristote, tous ceux qui l’interprétèrent par la suite orientèrent sa philosophie dans un esprit nettement néoplatonicien. : Plotin (205-270), son disciple Porphyre, Jamblique et Proclus (412-486) forment la trame du néoplatonisme.
Le Moyen age islamo-christiano-juif a donc hérité d’un Aristote largement théologisé comme le montre l’attribution d’écrits largement néo-platoniciens au philosophe natif de Stagire (Aristote)= Le Liber des Causis (Livre des causes ou Livre du bien pur) et la Théologie d’Aristote qui reprend en fait les trois dernières Ennéades de Plotin où souffle un esprit tout sauf aristotélicien. Ce livre fut con !u au Moyen Age comme un complément à la Métaphysique d’Aristote
Un exemple, la présentation donnée par al-Farabi grand admirateur d’Aristote de son maître grec dans son traité De l’harmonie entre les opinions des deux Sages, le divin Platon et le sage Aristote : le second est toujours platonisé . Et l’on met l’accent sur tout ce qui pourrait être compris dans un sens théologique. En fait le philosophe musulman reprend la même procession et la même hiérarchisation trouvées chez Plotin mais qu’il attribue généreusement (mais sans discernement) à Aristote : l’Un, l’intellect, l’âme et la nature, ce qui fait penser à Plotin et à ses Ennéades dont les trois dernières ont formé la pseudo Théologie d’Aristote. La même remarque vaut du Liber de Causis qui est de la même veine. On y interprète la causalité comme la création, c’est ce qui a le plus contribué à la popularité du Liber de causis.
Un mot d'un livre à l’influence si grande au Moyen Age…
La grande fortune de livre est due à sa version latin qui résulte certainement d’une traduction de l’arabe laquelle a aussi service support à de nombreuses traductions hébraïques Fort de plus de 80 chapitres ou sections, il se nomme aussi le livre du bien pur, comme la traduction allemande de son éditeur (en arabe avec en vis à vis la version allemande, Das Buch über das reine Gute… (Otto Bardenhewer)
L’inspiration néoplatonicienne de ce texte se retrouve dans la correspondance qu’il établir entre deux ordres, celui de la réalité et celui de l’idéal. Bien qu’attribué à Aristote comme complément «théologique» à sa Métaphysique, le livre fait plus penser à Proclus et à Plotin. Au sommet de l’être se trouve l’Être primordial, le bien absolu qui gît au fondement de tous les êtres, l’unité fondamentale qui se retrouve dans toutes les diversités. De cet être absolument in cognoscible, indéfinissable émane un intellect. De celui-ci émane à son tour l’âme qui occupe un échelon intermédiaire entre l’intelligible et le sensible.
On se rend vite compte qu’un tel raisonnement et une telle configuration (par cette procession purement plotinienne ou même proclienne) sont résolument étrangers à la pensée aristotélicienne mais le prestige du philosophe de Stagire était telle que chacun souhaitait retrouver en lui ses propres idées et lui en attribuer la paternité.
Dans son sagace commentaire de ce Liber de causis, Saint Thomas avait repéré la source de cet écrit, Proclus ou le cercle de ses disciples. Même s’il donne dans certains passages l’impression de ne pas tout compris dans ses sources documentaires, le Liber de causis trahit une inspiration monothéiste évidente lorsqu’il reprendre la doxologie musulmane (Dieu que son Nom soit béni et exalté). Des qualificatifs qu’il ne peut avoir trouvé ni chez Plotin ni même chez Proclus. Et le livre évite soigneusement toutes formules polythéistes. Son but primordial est d’établir une hiérarchie qui soit compatible avec une genèse religieuse (créationniste) de l’univers : La Cause première fait émaner l’intellect premier qui donne lui-même naissance à l’âme laquelle précède le dernier échelon, celui de la Nature.
La Cause première transcende toute prédication car son être véritable se dérobe à l’appréhension. Il est à l’origine de tout être dont il est pourtant radicalement coupé… Cette cause première primordiale a un pouvoir causal supérieure à toute autre cause. Ce qui facilita son assimilation au Dieu créateur des religions monothéistes.
La pseudo-théologie d’Aristote : reprise des trois dernières Ennéades de Plotin (205-270)
Comme on le notait plus haut, les néoplatoniciens, mais surtout les théologiens des religions monothéistes avaient besoin d’un substrat religieux qu’ils espéraient trouver en Aristote, le philosophe par excellence. On trouva chez Plotin le texte tant souhaité : les Ennéades. Plotin passe à juste titre pour le fondateur du néoplatonisme dont on peut énoncer quelques principes fondamentaux : a) la transcendance d’ l’Un en tant que principe antérieur à l’être. b) le multiple dérive de l’être. c) l’auto-intellection de l’intellect suprême dont les pensées produisent les idées des êtres existants
Cet Un comment le caractériser ? Aucune prédication ne peut s’appliquer à lui : aucun attribut ne saurait le caractériser, pas même la pensée, l’intellection, car cette activité introduirait en lui une scission ou une désunion. Même si le monde a pour source l’Un, il ne découle d’un acte créateur. Car l’Un est immuable, immobile, reclus dans une sorte de narcissisme éternel, recroquevillé sur lui-même, désintéressé du sort des hommes et du monde. Le contraire du Dieu omniscient et provident. L’être réel suit l’ordre suivant de haut en bas : l’Un, l’intellect, l’âme et la matière (monde naturel).
Ces deux textes, le Liber de causis et la pseudo-théologie d’Aristote sont responsables de la tournure théologique conférée à la pensée d’Aristote pendant le Moyen Age.
En fait, ce qui se présente sous le vocable d’aristotélisme n’est en réalité que du néoplatonisme.
Nous allons voir à présent comment les doctrines d’Averroès ont réussi à louvoyer entre ces deux pôles tout en tentant de coller instinctivement le plus possible à l’Aristote authentique.