Le tournant de la rigueur…
Désormais , on ne peut plus le nier : la rigueur est bien là. De tous les côtés, on serre la vis. Plus aucune niche, plus aucune classe ou catégorie sociale ne sera épargnée. Le Président de la République a frappé les esprits en supprimant la garden party de l’Elysée du 14 juillet. Heureusement, il n’a pas supprimé le défilé militaire auquel les Français tiennent tant.
Il a fallu beaucoup de temps pour l’admettre : il n’est pas loin le temps où tout ministre osant parler de rigueur était convoqué à l’Elysée pour se voir recommander de mieux choisir sa terminologie en parlant de la crise.
La faute n’incombe pas aux dirigeants actuels mais à tous les gouvernements depuis au moins trente ans.
Regardez, par exemple, le déficit abyssal de la sécurité sociale. Les experts savent, au centime près, comment agir pour le résorber, mais le courage politique fait défaut. Aucun gouvernement n’a osé porter le fer dans la plaie. Il n’est pas question de faire des économies sur le dos de la santé des Français mais il suffit de voir comment les hôpitaux sont gérés. Et surtout tous ceux qui y viennent sans payer quoi que ce soit. Un ancien ministre communiste de la santé avait eu cette phrase célèbre qu’on a oublié depuis : la santé n’a pas de prix mais elle a un coût…
Il y a aussi, hélas, la nature essentiellement rétive des Français à toute idée de réforme : regardez le cas des retraites. Cela fait bien longtemps que le système de répartition (ceux qui ont plus paient pour ceux qui ont moins) aurait dû être non pas remplacé mais complété par le système de capitalisation. Après tout, c’est le système des mutuelles. Pourtant, l’opinion publique est vent debout contre cette idée.
A force d’avoir laisser traîner, on en vient aujourd’hui à des mesures extrêmes. Et qui vont faire mal. Les syndicats se donnent rendez vous à la fin d’une grève pour en organiser une autre. Mais savent ils au moins ce qu’ils font ? L’Etat ne cesse de vendre ses biens, ses bijoux de famille ; on ne cesse d’emprunter chaque jour sur les marchés mondiaux de la finance.
Une nouvelle fois, ce sont nos voisins et amis allemands qui donnent l’exemple que la France n’a pas osé suivre : ils ont rformé la sécurité sociale, l’assurance chômage, mis de l’ordre dans les finances publiques… Et ils ne s’arrêtent pas là. Ils continuent leur opération de salubrité publique alors qu’ici pour supprimer un ou deux postes, on doit faire face à une tempête…