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  • Existe-t-il une solution pacifique au nucléaire iranien ?

    Existe-t-il une solution pacifique au nucléaire iranien ?

     

    La question se pose désormais avec une certaine acuité, en raison de la tenue imminente d’une réunion à Istanbul en présence de l’Iran et des grandes puissances, la Chine, la Russie et l’Union Européenne et les USA.

    Il n’est pas certain que cela réussisse car les Iraniens sont passés maîtres dans l’art des manœuvres dilatoires et la façon de gagner du temps : cela dure depuis 2005 ! Depuis cette année, les sanctions de nature économique étranglent toujours un peu plus l’économie iranienne, rendant de plus en plus difficile l’existence quotidienne de millions d’Iraniens : certes, les puissances occidentales se méfient du régime des Mollahs dont les dernières élections présidentielles ont montré la vraie nature, mais est-il juste que de pauvres citoyens souffrent en raison de la politique menée par leur gouvernement ?

    Les Russes ne veulent pas d’un renforcement unilatéral des sanctions mais ils le disent mollement, comme s’ils voulaient donner le change et faire diversion aux yeux des Iraniens avec lesquels ils entretiennent de ,ombreux rapports commerciaux et techniques. Mais ils savent que les USA et le Européens sont partisans d’exercer une pression accrue sur un Iran récalcitrant.

    Ce qui saute aux yeux des observateurs impartiaux n’en reste pas moins le fait suivant : si l’Iran n’a rien à cacher, alors qu’il laisse libre accès aux observateurs et aux inspecteurs de l’ONU. Ce n’est pas plus compliqué que cela.

    Par ailleurs, ceux qui pensent que le régime sera prochainement victime d’une révolution anti-Mollahs se trompent lourdement car la situation ne ressemble nullement à celle de la Tunisie où la troupe a refusé de tirer sur la foule. Si elle avait accepté de le faire, Ben Ali serait encore dans son palais de Carthage. Le pouvoir à Téhéran dispose des Gardiens de la Révolution qui ont déjà fait feu sur leurs frères.

  • La kabbale de Safed et le renouveau d’Isaac Louria au XVIe siècle

    (Conférence d'hier soir à la Mairie du XVIe arrondissement)

     

    La kabbale de Safed et le renouveau d’Isaac Louria au XVIe siècle

    Généralités : l’expulsion des juifs de la péninsule ibérique

    Mesure-t-on réellement ce qu’a pu signifier pour la mémoire collective des juifs de l’Europe méridionale, si ancrés dans la socio-culture de leur terre d’adoption, un tel décret d’expulsion signé en 1492 par Isabelle la catholique et son époux Ferdinand ? D’un trait de plume, les juifs étaient chassés d’un territoire devenu leur patrie d’adoption tandis que tous leurs repères séculaires disparaissaient. Ils s’étaient sentis intégrés dans ces possessions de la couronne espagnole, arrachés, au terme de luttes longues et âpres, à l’expansionnisme musulman qui avait réussi à se maintenir dans la péninsule pratiquement jusqu’à la fin du XVe siècle.… La symbiose avec le milieu ambiant fut si totale que les juifs avaient même donné naissance à une langue judéo-espagnole comme le ladino, dans laquelle ils rédigèrent certaines de leurs prières, intégrées à la liturgie hébraïque ancestrale.

    Leurs aïeux s’étaient illustrés dans tous les secteurs de la vie publique  et avaient conquis une place enviée dans la direction politique du pays, à la cour des monarques, dans les arts et les lettres, la médecine, les sciences etc… L’un des leurs, le célèbre Moïse Maimonide (1138-1204), contraint de quitter sa ville natale, Cordoue, n’avait jamais oublié la cité qui l’avait vu naître, même dans son lointain exil égyptien[1]… Au soir de sa vie, il continuait d’être en relation épistolaire avec ses frères demeurés sur place. Il ne fut pas le seul puisque la plupart de ceux qui allaient, des siècles plus tard, subir le terrible décret d’expulsion, se feront appelés les mégorashim (expulsés d’Espagne) même après avoir fait souche dans les pays du pourtour méditerranéen.

    Aucun secteur n’était soustrait à l’influence des juifs de la péninsule, excepté le culte établi, la religion majoritaire, qui finit par avoir raison d’eux. Le seul secteur qu’ils n’avaient pas pu investir en raison de leur fidélité à la religion de leurs ancêtres. Une fidélité qui ne pesa pas lourd face aux exigences du clergé catholique, soucieux de renforcer son pouvoir en parachevant l’unité religieuse du royaume : tous les territoires de la couronne, en Castille, en Andalousie, en Aragon, dans le territoire de Léon, partout, la puissante église catholique entendait affirmer son hégémonie qu’elle croyait menacée par la montée en puissance des juifs dont tant de hautes personnalités l’avaient pourtant déjà rejointe. Nous reviendrons dans les chapitres suivants sur le cas de convertis célèbres comme Abner de Burgos devenu Alfonso de Valladolid ; mais il y eut aussi des milliers d’anonymes, notamment lors de la vague de conversions de 1349 dont Fritz Isaac Baer parle dans son célèbre ouvrage.[2] S’étant fortement impliqués dans tous les secteurs de la vie politique et culturelle, les juifs s’étaient progressivement assimilés. Leur fusion ethnique et religieuse au sein du corps social traditionnel devenait une nécessité absolue aux yeux de l’église catholique qui craignait qu’une puissance, originellement juive, ne portât atteinte à l’identité même du royaume.

    Il fallut choisir entre le départ, donc l’exil, et la conversion. C’est ainsi que naquit le phénomène marrane qui ne manqua pas de réserver quelques surprises à l’église catholique. L’écrasante majorité des juifs refusa d’abjurer sa foi et préféra l’exil à l’apostasie. Les pays du Maghreb, mais aussi la Turquie et l’Europe bénéficièrent de cet important afflux de populations. Les cités-Etats d’Italie accueillirent les expulsés, notamment la ville de Venise dont le ghetto abrita des personnalités aussi prestigieuses que Isaac Cardoso[3] et Isaac Abrabanel, le grand philosophe et exégète biblique, familier des rois et des reines.

    Cette rupture et ce traumatisme ne peuvent pas ne pas avoir laissé de traces profondes dans le vécu et le penser de ces hommes qui durent tout abandonner pour conserver leur foi. Empreints d’une religiosité profonde, ils ne manquèrent pas de s’interroger sur ce coup du sort. Pourquoi Dieu les avait-il abandonnés, une fois encore ? Eminemment convaincus de l’existence d’une impeccable théodicée, ils ne pouvaient s’en prendre à Dieu ni lui adresser le moindre reproche : leur seule ressource consistait à découvrir en eux-mêmes les raisons d’un tel malheur qui frappait une nation dans son ensemble. Il ne s’agissait plus des manquements d’une seule personne ou d’un groupe limité, mais de tout un peuple : qu’avait-il bien pu commette comme délit pour en être arrivé là ? Il fallut chercher en son for intérieur ce qui avait déclenché une telle punition divine. Même un esprit aussi rassis que Abrabanel, homme de conviction mais aussi de savoir scientifique, a cru que si les juifs avaient essuyé l’ire divine, c’est parce qu’ils avaient trop cultivé les lettres grecques, délaissant les textes sacrés de la Révélation, c’est-à-dire la Tora… L’expulsion d’Espagne a largement pesé sur le mode de pensée d’Abrabanel qui, sans ce grave accident politique, aurait peut-être pris une tout autre direction. On perçoit nettement dans ses écrits le procès qu’il intente aux averroïstes, coupables, à ses yeux, d’avoir singulièrement tiré vers eux les thèses du Guide des égarés de Maimonide.[4] En d’autres termes, d’avoir déformé la pensée de Maimonide et d’avoir substitué leurs propres idées aux siennes.

    Cette attitude dénote au moins une chose : face au drame du déracinement et de l’exil, les intellectuels juifs de la fin du XVe et du début du XVIe siècles ont cherché à apporter une réponse, à défaut d’une explication : les enfants d’Israël ont été chassés par la main de Dieu d’un lieu où ils s’étaient crus à l’abri d’un coup du sort pour la seule raison qu’ils avaient abandonné leur héritage religieux traditionnel. Ils n’auraient pas dû conceptualiser leur judaïsme au point de le transformer en philosophie pure. Il convenait donc d’en tirer les conséquences et de revenir sur le terrain de la tradition ancestrale

    Dans ce contexte, la kabbale lourianique constitue une sorte de réponse mystique à cette mesure d’expulsion, de nature religieuse elle aussi, mais avec d’indéniables conséquences politiques. L’âme juive, acculée de toutes parts, livrée, pieds et poings liés, à l’arbitraire de ses ennemis, ne pouvait plus placer son espoir en un rationalisme maimonidien qui l’avait menée là où elle se trouvait

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  • Les réseaux sociaux (Face Book, Twitter, etc) et les dictatures

    Les réseaux sociaux (Face Book, Twitter, etc) et les dictatures

     

    Entendu, vu ce matin sur BFM TV : les réseaux sociaux ont grandement participé à la chute et à la fuite du dictateur tunisien en dépit d’un contrôle très serré des organes de presse, écrite et parlée. On a l’impression qu’à travers les ondes, mais de manière absolument irrépressible, les nouvelles, les communications entre internautes ont défié le pouvoir en place, provoquant sa chute quasi-immédiate et sa fuite éperdue à l’étranger.

    Mais cette télévision française ne s’en est pas tenue à cela. Elle a présenté un tableau de contagiosité des autres régimes arabes dictatoriaux et a fait état de ceux qui seraient susceptibles de s’effondrer comme des châteaux de cartes. Et, à ma grande surprise, celui que les internautes arabes visent, celui qu’ils placent immédiatement sur la liste est le régime syrien de Bachar el Assad. J’avoue ma surprise, non point que ce régime brille par son respect scrupuleux de la démocratie mais parce que les internautes arabes ont établi un parallélisme entre la nature des deux dictatures : un volet politique qui fruste les habitants de toutes les libertés, mais aussi un volet économique qui révèle des similitudes frappantes avec le désossement de l’économie syrienne…

    La télévision exposait aussi le contenu des messages échangés entre les internautes de tous ces pays qui voient s’ouvrir devant eux des perspectives inespérées, voilà tout juste quelques semaines…

    Il est indéniable que si un régime enfin démocratique voyait le jour à Damas, plusieurs gouvernements et plusieurs pays, dont le pauvre Liban, pourraient pousser un soupir de soulagement. Cela changerait tant de choses.

    Le malheur est que la comparaison entre la Tunisie et la Syrie n’est pas parfaite. Il y a même une différence de taille qui change entièrement la donne : l’armée tunisienne, réduite et constituée d’hommes du peuple, non fanatisés par des doctrines politiques extrémistes, n’a pas voulu tirer sur le peuple alors que l’armée syrienne, sur le pied de guerre avec Israël depuis des décennies risque de réserver des surprises, non point aux gouvernants mais au peuple manifestant.

    Souvenons nous de ce qui s’était passé à Hamma il y a plusieurs décennies : une révolte avait occis des dizaines de jeunes cadets militaires. Le pouvoir en place a pratiquement rasé les poches de résistance, même lorsque les insurgés se sont retranchés dans des lieux du culte. Ils furent pulvérisés par l’artillerie lourde.

    Enfin, ce Proche Orient ! Un seul pays n’a pas souci à se faire de ce point de vue, car c’est une démocratie parlementaire absolue : Israël.