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  • DSK, la dernière cartouche de la plaignante

    DSK, la dernière cartouche de la plaignante

     

    Nous assistons au déploiement de l’énergie du désespoir de la part des avocats de la plaignante et de cette dernière, en personne : voyant que le procureur ne pourra vraiment pas, sauf improbable coup de théâtre, demander un procès ni présenter la plaignante devant le grand jury alors que tout montre qu’elle n’a pas dit toute la vérité, les avocats de cette dame de chambre de NY jouent leur va tout : la bataille médiatique, prendre l’opinion à témoin en lui présentant un spectacle pathétique et pitoyable à la fois : on ne peut pas rester de marbre devant un tel étalage de faits ou de détails qui sentent la préparation intensive destinée à un public américain très émotif.

    Mais voilà, la justice, ce n’est pas cela, ce sont des preuves et des faits bien établis, incontestables. Or, nous en sommes très loin. Et revoyant les scènes de la dame, se cachant le visage, multipliant les dénégations, on est conduit, sans méchanceté aucune ni parti pris, à ne pas en croire un mot…

    Ce n’est pas la télévision ni la presse écrite qui jugent ou rendent un verdict, c’est un tribunal avec un grand jury dont l’unanimité est absolument requise pour prononcer une condamnation : DSK ne sera ni jugé ni condamné. Mais je le répète dans tous mes blogs, il n’en sera pas quitte, pour autant, avec l’éthique. Un homme de cette envergure, de cette stature, ne devrait pas avoir ce genre de problèmes. Une addiction au sexe est un dévoiement de l’amour. Je regrette d’avoir à le dire, mais cela relève de la médecine et une maladie, quelle qu’elle soit, est un phénomène biologique : ce que nous enseigne Hippocrate. Il ne s’agit donc pas de marabouter l’intéressé mais de le soigner.

    Mais commencera alors, après le tintamarre médiatique, le problème de la plaignante, pour reprendre la juste expression de l’un de nos plus éminents juristes, Robert Badinter, qui avait trouvé les mots justes pour qualifier l’attitude de cet avocat new yorkais qui a délibérément voulu se tromper de combat et d’époque : l’esprit colonial et la cause des femmes. Badinter a dit qu’on plaide à l’intérieur du tribunal et non point sur les marches du palais de justice. On se demande parfois si tout le monde comprend bien de quoi il s’agit, si certains ne parviendront peut-être jamais à se hisser au niveau requis.

    Comment des avocats diplômés ont pu penser une seconde que la pression médiatique pourrait influencer le grand jury et peser sur sa décision ou simplement intimider un procureur comme M. Cyrus Vance ?

    En tant que philosophe, donc non-juriste, même si j’ai beaucoup étudié chez Kant les racines métaphysiques du droit et chez Hegel sa pénétrante philosophie du droit, je me demande souvent s’il existe une justice et si cette dernière n’est pas tout bonnement opposée à une chose bien différente que l’on nomme communément le… droit !

  • Existe-t-il une déontologie journalistique ? Pour une éthique du métier.

    Existe-t-il une déontologie journalistique ? Pour une éthique du métier.

     

    Je propose de lancer un débat pour l’été à la fois dans notre TDG mais aussi ailleurs : s’interroger sur la nécessité de règles qui doivent guider les journalistes dans leur travail, à savoir comment couvrir l’information ?

     

    J’en ai eu l’idée en regardant ce matin tôt la télévision et j’ai vu que l’on avait parlé tout d’abord de l’étalage de la jeune Guinéenne dans les médias avant d’évoquer le drame, la tragédie des victimes de l’attentat d’Oslo.

     

    Croyez moi, je vous prie, il y avait comme une sensation d’atroce distorsion entre ce qui s’est passé (réellement ou pas, le saurons nous un jour ?) dans cet hôtel de NY et l’effusion de sang, bien réelle celle-là, dans la capitale norvégienne. Comment peut-on agir de la sorte ? Je l’avais déjà fait remarquer en envoyant un blog depuis le festival d’Avignon lorsqu’une chaîne de télévision passait sans transition de l’émouvante cérémonie en mémoire des soldats français tombés en Afghanistan à un sujet bien futile dont je ne veux même pas évoquer le nom…

     

    Comment cela est-l possible ? J’ai moi-même remarqué que le nombre de visites uniques sur le présent blog augmente considérablement dès que je parle de cette sinistre affaire DSK ou plutôt de l’affaire Nafisatou D. car, si je comprends bien, il ne faut pas confondre emballement médiatique (des deux côtés) et application du droit, c’est-à-dire rendre la justice… C’est probablement le bureau du procureur qui voit avec angoisse approcher à grands pas la date du 1er août et qui n’a toujours rien dans le dossier, qui sait que la dame accusatrice a menti, et même devant le grand jury, sans parler du résultat des écoutes téléphoniques qui, dit-on, suscitèrent la grande colère du procureur… Alors, on essaie de frapper un grand coup pour que DSK plaide coupable au moins sur un ou deux chefs (bénins) d’accusation… A suivre !

     

    Mais par delà cette affaire, pouvons nous tolérer que la presse mondiale n’ait aucune déontologie ? Aucune retenue ? Aucune classification dans l’ordre des priorités ? Après tout, près de cent victimes à Oslo, cela doit passer avant cette sordide histoire où les protagonistes présentent des aspects pour le moins ambigus ?

     

    J’entends déjà les cris d’Orfraie de certains qui vont hurler à l’auto-censure. Mais non, dans la vie de tous les jours, du lever au coucher du soleil, nous faisons des choix : dois-je faire ceci ou cela ? Dois-je m’abstenir de ceci ou de cela ? Passons nous alors notre vie à nous autocensurer ? Il ne faudrait pas que pour vendre du papier ou captiver l’oreille du plus grand nombre, la presse mondiale se vautre dans de tels bourbiers moraux.

     

    Ah, si les vacances d’été disparaissaient dans notre civilisation judéo-chrétienne pour être remplacées par le mois de mars ou d’octobre, les manchettes de nos journaux auraient un autre aspect.

     

    Mais, comme d’habitude, vous n’êtes pas obligés de me croire.

  • HOMMAGE A LA MEMOIRE DE MON DEFUNT AMI PIERRE-ANTOINE BERNHEIM

    HOMMAGE A LA MEMOIRE DE MON DEFUNT AMI PIERRE-ANTOINE BERNHEIM

    Pierre-Antoine nous a quittés et ses obsèques auront lieu demain au cimetière de Passy. Ce fut un choc pour moi de voir qu’un homme si jeune, si talentueux et que j’aimais bien venait de disparaître. C’est en feuilletant un numéro du journal Le Monde que j’ai appris cette terrible nouvelle. Au début je n’en croyais pas mes yeux. Durant quelques secondes, j’ai cru que c’était son père Monsieur Antoine BERNHEIM, le célèbre associé-gérant de la banque Lazare, le PDG de la prestigieuse compagnie d’assurances de Trieste, Generali qui était décédé. Mais lorsque je lus le nom de sa fille Cynthia, je compris qu’il s’agissait bien de mon ami Pierre-Antoine…

    Pierre-Antoine (que sa chère mère appelait affectueusement Pierrot) était un être étonnant mais très attachant. Je revois le dimanche après midi où il rendit visite pour la première fois à Boulogne. Il était alors basé à Londres et exerçait les fonctions (ennuyeuses pour lui) de vice-président de la banque Lazare à Londres. Il venait me voir pour me dire qu’il avait décidé de ce lancer dans des recherches néo-testamentaires car il avait lu certains de mes livres dont des amis communs lui avaient recommandé la lecture. Notre amitié durable naquit dès cet instant. Il ne se passait pas de semaine sans qu’il ne m’appelât longuement depuis Londres pour m’entretenir de ses recherches sur les contestations judéo-chrétiennes qui le passionnaient. Et lorsqu’il décida de renoncer à ses fonctions à la banque pour se consacrer entièrement à ses recherches il m’en réserva la primeur. Pierre-Antoine mit aussi en pratique l’une de mes idées, la fondation d’une maison d’édition qui vit le jour. J’en fus même l’un des premiers auteurs avec Francis Kaplan, Noesis, où parut la première de mon livre sur Le Zohar avant de paraître en livre de poche. Cette maison s’appelle désormais éditions Agnès Viénot…

    Après des essais littéraires un peu éclectiques (Cannibales ! Paradis, Paradis), Pierre-Antoine nous offrit un magnifique livre sur Jacques le frère de Jésus, un ouvrage que même notre maître, le regretté André Caquot du Collège de France (que j’avais présenté à PAB) avait jugé remarquable…

    Je me souviens d’un échange amusant entre PAB et sa chère mère, une dame issue d’une grande famille juive d’Alsace. PAB demande à sa mère si son père le célèbre banquier a lu son dernier ouvrage, et elle répondit ceci verbatim : mon pauvre Pierrot, depuis la fin de la guerre, ton père ne lit plus que des bilans financiers… Eclats de rire autour de la table du restaurant où nous nous trouvions.  Je me souviens aussi de ses jeunes neveux, les fils de l’actuelle Princesse Orsini avec lesquels nous avions dîné il y a si longtemps un dimanche soir dans un restaurant italien.

    Enfin, ce qui nous unissait était nos attitudes respectives face à notre judaïsme ancestral commun. En dépit de son nom à consonance judéo-alsacienne et du mien plus que séfarade, je parle et écris l’allemand couramment, ce que ne faisait pas PAB qui rencontrait pourtant dans les bibliographies tant d’ouvrages rédigés dans la langue de Goethe…

    Il m’interrogeait souvent sur ma pratique juive car lorsque nous dînions ensemble, je prenais toujours des poissons avec écailles et nageoires pour être en conformité avec les prescriptions du livre du Lévitique… Il écoutait et observait avec attention. Son adhésion à la religion de ses ancêtres était tout autre. Nous ne pensions pas la même chose quant à l’héritage d’Israël et c’est pour cela que les premiers siècles du christianisme le passionnaient. Je me souviens à présent du soir où il m’invita à dîner au Hilton de Strasbourg en présence du regretté Etienne Trocmé (le neveu du célèbre pasteur) que je lui avais présenté et qui écrivit un bel ouvrage, L’enfance du christianisme, pour Noêsis… Je me souviens aussi lui avoir présenté le professeur Francis Kaplan qui rédigea aussi un remarquable ouvrage sur Marx… Et si j’ai écrit un Abraham, un patriarche dans l’Histoire (Ellipses, 2009) c’est après subi son influence bénéfique. Je pense même dédier à sa mémoire un nouveau que je publierai D- voulant, au printemps sur un autre héros biblique : sans l’influence vivifiante de mon ami Pierre-Antoine, je n’aurais jamais fait cette œuvre sur la Bible hébraïque…

    Il souffrait de ne pas savoir l’hébreu et me demanda un jour de lire pour lui l’Epître de Jacques en français et de lui dire si, selon moi, ce texte avait été originellement écrit dans la langue sacrée. Ma réponse fut positive.

    Je pourrais écrire pendant des heures, égrener tous mes souvenirs et évoquer avec émotion la mémoire d’un ami si prématurément disparu avant d’avoir pu donner toute sa mesure. Un garçon aux manières raffinées, une intelligence rare, une soit d’apprendre et de travailler alors qu’il était si bien né, une cuiller d’argent dans la bouche. On peut le dire, les fées s’étaient penchées sur son berceau… Et aussi comme le note l’Institut français de Londres, un mécène généreux et discret.

    Demain auront lieu ses obsèques mais l’heure n’est pas indiquée dans l’annonce du Monde et j’ai perdu le numéro de téléphone de ses parents. De plus, j’ai un déjeuner avec un important diplomate européen à Paris… Mais ce cimetière est proche du Trocadéro, j’irai (D- voulant) me recueillir sur la tombe de mon ami.

    A son épouse, à sa chère fille Cynthia, à ses parents M. et Me Bernheim, à sa sœur le Princesse Orsini, ainsi qu’à ses deux neveux les jeunes Meyer je dis toute ma sympathie.

    Va en paix cher Pierre-Antoine ! Ytgadal we-ytqadash Sjeméh Rabba… Yehi shimkha barouch.
    Que l’Eternel préserve ton Âme parmi les vivants au Ciel (tiyhé nishmatekha tseroura bi-tseror ha-hayyim). Amen