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  • L’élection de M. Mohammed Morsi à la présidence de l’Egypte

    L’élection de M. Mohammed Morsi à la présidence de l’Egypte

     

    Hier soir, en direct sur Al-Jazeera, j’ai suivi le discours du nouveau président. L’homme est dépourvu de tout charisme mis son texte dont il s’est éloigné maintes fois, se voulait très consensuel. Il a dit et redit qu’il se voulait le président de tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, qu’il était là par la volonté du peuple et de Dieu et qu’il tenait la main à tous, sous entendu, y compris à ceux qui ont voté pour le général Chafiq.

     

    Il a tenu à citer toutes les principautés, toutes les circonscriptions, une à une, sans oublier aucune, et surtout il a dressé un message de paix à l’ensemble de la planète. Fait significatif, il adressé in petto un message d’allégeance à l’armée et aux USA en soulignant que l’Egypte resterait fidèle à ses accords internationaux.

     

    Il a aussi dit un mot de l’économie et de la situation générale de son pays sur ce plan là. Le nouveau président a peut-être compris qu’il ne convient pas de se lancer dans d’aventureuses équipées auprès d’alliés improbables comme le Hamas ou le Hezbollah. Il a médité le cas syrien et sait que les jours de ces mouvements sont comptés.

     

    La question que je me suis sans cesse posé durant ce long discours assez monotone et monocorde est la suivante : est ce vraiment le programme des Frères musulmans, ou est ce simplement de la poudre aux yeux ? Il est vrai que l’armée est là, qu’elle a vidé la fonction présidentielle de toute substance, fait dissoudre le parlement et détient le seul pouvoir qui compte en Égypte : la force armée (al kuwwa al-musallaha).

    J’ai la faiblesse de penser que les USA ont eu tort de forcer la main aux généraux leur intimant l’ordre de laisser les Ikhwane, pensant les assagir ou les démystifier aux yeux de leur propre électorat. Je me demande si les USA ne sont pas en train d’ajouter une nouvelle ligne à la longue liste d’échecs qui ont jalonné leur diplomatie ces trente dernières années.

  • Les Français et le foot ball

    Les Français et le foot ball

     

    Voici un phénomène de société de portée planétaire : l’engouement irraisonné, voire déraisonnable pour le foot-ball. Personne n’y résiste parmi les grands moyens d’information. Les rues sont désertes, les restaurants se vident, les cafés ne font plus recette dès qu’ils se trouvent confrontés à une insupportable concurrence : un important match de foot ball à la télévision.

     

    Des Français mais aussi tous les autres pays européens envoient des bataillons de supporteurs à l’autre bout du monde dès que leur équipe s’y trouve pour défendre les couleurs du pays en question. Mais pour y défendre quoi, au juste ? On se le demande encore. Et par quels représentants !

     

    Ceux qui peuplent les stades, vibrent au moindre but marqué contre l’adversaire, cassent tout sur leur passage si leur équipe perd, qui sont-ils exactement ? Quel est leur niveau mental, je n’ose pas dire intellectuel ? Quel vide sidéral s’est donc installé dans leur existence pour que le foot ball en soit la seule lumière ?

     

    Je n’ai encore jamais entendu parler d’un opéra, d’une pièce de théâtre, d’un film ou d’une conférence au profit desquels le public plaquerait tout afin de ne pas les manquer ? Pour rien au monde. Autrement le foot.

     

    Et pourtant ce matin, les Français qui supportent leur équipe se sont levés avec une étrange gueule de bois. La presse est unanime. On parle de nullité, de suffisance, de profiteurs, et autres gentillesses.

     

    Est ce étonnant ? Scrutez l’origine sociale, le niveau scolaire et l’éducation (quand ils en ont) de ces gens qui se promènent sur les stades et dont les transferts d’équipes en équipes feraient pâlir d’envie les PDG les plus puissants de la planète. Comment voulez vous que nos enfants croient encore aux vertus de travail et d’effort lorsqu’ils contemplent matin, midi et soir un si désolant exemple à la télévision ?

     

    Le vide culturel que nos sociétés cultivent, tout comme nos hommes politiques qui en profitent afin de glaner les retombées électorales (en se montrant dans les tribunes présidentielles et ailleurs) finira par nous coûter très cher. Comment peut-on imiter, admirer ou estimer des gens dont le seul mérite est de savoir pousser un ballon, qui se conduisent mal dans la société, parlent mal, commettent des actions que la morale réprouve ? Et auxquels on passe tout ou presque, parce qu’ils jouent bien au foot…

  • Que va-t-il se passer en Egypte ?

    Que va-t-il se passer en Egypte ?

     

    Comme on pouvait le prévoir, l’armée égyptienne a mis au point un fin stratagème afin d’évincer les Frères musulmans qui lui paraissent dangereux. Elle a tissé sa toile dans l’ombre, a laissé les nouveaux députés étaler leur grande et criante incompétence à la face du monde et attendu que la haute cour constitutionnelle les invalide en arguant d’un grave vice de procédure. Il n y a donc plus d’organe législatif sur les bords du Nil. Qu’à cela na tienne, l’armée se l’est immédiatement attribué : c’est désormais d’elle qu’émane le pouvoir de promulguer des lois et les décisions budgétaires. Le peuple aura beau crier au scandale, voire à l’injustice, en Egypte, on peut s’asseoir sur des baïonnettes, contrairement à ce que disait Nikita Kroutchev.

     

    J’ai entendu hier soir sur Al-Jazzera un général égyptien expliciter les décisions de l’armée. Il a voulu montrer que l’armée ne marchait pas sur les plates bandes du futur président dont le nom ne sera connu que jeudi dans la journée. L’armée pèse les avantages et les inconvénients de laisser le candidat Morsi, l’intégriste, accéder au pouvoir suprême. Convient-il de le laisser accéder au pouvoir tout en lui rognant les ailes afin de prouver son incompétence et son échec ? Et organiser, dans la foulée, de nouvelles élections présidentielles qui verraient le triomphe de la droite libérale, c’est-à-dire du parti du président Hosni Moubarak.

     

    Je note, en passant, que dans les attributions du futur président, quel qu’il soit, figure le droit de veto et aussi le droit de grâce… Si c’est M. Chafiq qui gagne l’élection, il n’est pas exclu que l’ancien président Moubarak, condamné à la prison à vie et gravement malade (il a plus de 83 ans !), bénéficie ultérieurement d’une grâce pour raisons médicales, ce qui lui permettrait d’aller finir ses jours dans sa villa de Charm El-Cheikh.

     

    Comme toutes les armées du monde, l’armée égyptienne prend des libertés avec les règles démocratiques lorsqu’elle s’empare des rênes du pouvoir. Mais reconnaissons qu’à l’heure qu’il est, elle l’a toujours fait avec douceur et subtilité. C’est pourquoi, je pense, elle laissera peut-être le candidats Morsi accéder au pouvoir. Mais cela ne durera pas car je ne vois pas comment l’armée pourrait s’entendre avec les Frères musulmans qu’elle combat depuis des décennies.