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  • Les Français, saturés de politique…

    Les Français, saturés de politique…

     

    C’est un fait absolument indiscutable : il y a en France une cascade d’élections, au point que l’on envisage de réunir en une seule journée plusieurs types de vote (législatives, municipales et présidentielles). Il faut dire aussi que les institutions de la Ve république ont fait de l’élection présidentielle la clef de voûte des institutions, rendant secondaires toutes les autres consultations électorales.

     

    C’est la seule façon d’expliquer le caractère atone des élections législatives qui débutent ce dimanche. Résumons la situation : il y eut les primaires socialistes qui sont loin d’avoir été un échec. Ensuite, il y eut l’élection présidentielle proprement dite avec une campagne fracassante au point que les Français n’attendaient plus qu’une chose : c’est que tout cela s’arrête… Et voici que moins de trois semaines après cette élection majeure, on redemande aux Français de se mobiliser et d’aller voter…

     

    Or, une telle proximité temporelle ne peut que favoriser le parti qui a emporté la présidentielle : en d’autres termes, ce qui va se passer ne peut qu’être une confirmation du premier vote. Comment les Français pourraient-ils se déjuger en moins de trois semaines ? Viendraient ils à désavouer un président qu’ils viennent d’élire, en envoyant à l’assemblée une majorité qui le gênerait dans ses choix ? C’est peu probable…

     

    On s’étonnera après cela de voir s’accentuer la dépréciation du parlement dont le rôle devient vraiment secondaire puisque seule compte l’élection présidentielle. En fait, il faudrait instiller une certaine dose de proportionnelle afin de donner des couleurs au parlement. Si l’assemblée reflète réellement les forces en présence au sein de la société, le parlement est mieux à même de contrôler le gouvernement alors que la bipolarisation escamoté cette mission.

     

    Si le général de Gaulle a donné à la France un tel régime par la constitution de 1958, c’était pour mettre fin à l’instabilité gouvernementale. Après tant d’années, plus d’un demi siècle, il n’est pas exclu de revoir certains articles de la Constitution dans un esprit plus parlementariste. Mais retomber dans les excès de jadis : les Français doivent faire preuve de maturité politique.

  • Hommage à Antoine Bernheim : un génié de la finance

    Hommage à Antoine Bernheim : un génié de la finance

     

    Je tiens à rendre un hommage largement mérité à un homme qui a marqué son temps et dont j’ai été, de longues années durant, l’mai de son fils, le regretté Pierre-Antoine, mort l’année dernière à l’âge de 59 ans ! Depuis quelques jours, c’est son père Antoine, qui nous a quittés, laissant madame François Bernard et sa fille, Martine, princesse Orsini, dans une cellule familiale assez réduite, si l’on omet les petits enfants et les nièces et neveux.

     

    J’ai plus connu Pierre-Antoine, François et Martine que Antoine Bernheim en personne. Mais je voyais régulièrement son fils, mon ami, et aussi sa mère, avec laquelle nous dînions parfois, en compagnie de ses petits enfants, les Meyer, dont la mère est justement l’actuelle princesse Orsini.

     

    On savait peu de choses sur la vie privée, l’histoire personne d’Antoine Bernheim jusqu’à la publication d’une biographie en 2010. Né en 1925 à Paris, Antoine fuira la capitale pour Grenoble où ses parents seront raflés suite à une dénonciation. Ils seront envoyés à Auschwitz d’où ils ne reviendront jamais. Le jeune Antoine a lors 20 à la fin de la guerre. Cette prodigieuse carrière dans les grandes entreprises et la finance internationale est connue : en peu d’années, il gravit tous les échelons devenant associé-gérant de la puissante banque d’affaires Lazard à la président d’une compagnie d’assurances, Generali. Le fait que son mandat de président n’ait pas été prolongé, pas même pour un an, l’avait beaucoup miné. C’est pourtant qui a fait la fortune des deux plus grandes fortunes françaises actuelles : Bolloré et Arnaud.

     

    Le personnage était parfois bougon et parfois aussi enjoué, décochant des jugements à l’emporte-pièce qui lui donnaient raison bien avant tout le monde. Comme tout un chacun dans ce bas monde, il a vécu son lot d’épreuves dont la plus terrible fut la disparition prématurée de son fils, Pierre-Antoine. Lorsque ce dernier, auquel j’étais très lié, me fit connaître son intention dans se lancer dans l’édition et d’abandonner le poste de vice-président de la banque à Londres, il ajouta dans un grand éclat de rire qui caractérisait les hommes jeunes que nous étions alors : Tu sais ce que m’a dit mon père quand je lui ai fait part de ma décision ? Mon fils : jusqu’à présent, je t’ai grassement payé sans tu aies trop à trop, désormais tu va beaucoup travailler sans rien gagner…

    Un trait de bon sens que Pierre-Antoine et moi-même avons largement vérifié
  • Que va-t-il se passer en Egypte ?

    Que va-t-il se passer en Egypte ?

    C’est là une question cruciale et de sa réponse dépendra en grande partie l’avenir de cette région du monde, déjà bien accidentée et perturbée par de sempiternels conflits. L’Egypte est le plus fort pays du monde arabo-musulman et le jour où la paix fut signée avec Israël, les autres Arabes ont compris que plus jamais ils ne pourraient défier l’Etat juif, sans le concours du Caire. Imaginez donc : près de 90 millions d’habitants, certes, vivant, pour une large part, dans des conditions de vie déplorables, mais une grande nation, dotée d’une armée pléthorique (certes mal équipée) mais soutenue par Washington dont les prébendes et les subsides lui permettent de vivre. En gros, un pays qui, s’il était bien gouverné et mieux géré, pourrait être un ilot de paix et de prospérité.

     

    C’est dire combien le reste du monde attend avec angoisse les résultats du second tour de l’élection présidentielle qui verra s’opposer les deux forces politiques majeures dans le pays, les Frères musulmans (al-Ikhwane) représentés par M. Morsi et l’aile libérale (parti néoconservateur pro Moubarak) incarné son dernier premier ministre, M. Chafik. Pour de multiples raisons, ce sera ce dernier qui l’emportera. Comment préjuger d’un vote réputé libre, transparent et démocratique ?

     

    L’armée, rempart intérieur et extérieur, ne permettra pas la victoire d’un Frère musulman dont elle se méfie et qui cherche ouvertement à démanteler ce qu’elle a mis plus de 60 ans à constituer : une classe de privilégiés, un vivier de dirigeants et une idéologie, toutes choses dont le fanatisme des Frères ne s’accommodera jamais.

     

    Mais il y a aussi une grande quantité d’Egyptiens des classes moyennes qui ne veulent pas d’un gouvernement religieux ni d’une théologisation du régime politique. C’est une vieille tradition égyptienne que d’aimer l’ironie, la libre parole et la libre pensée, l’impertinence et le bonheur. Certes, si l’on donne un coup de pouce ce ne sera pas dans des proportions scandaleuses car, je le répète, une part non négligeable de l’électorat égyptien votera pour M Chafik. Avec, assurément, tous les risques inhérents à un tel choix : manifestations monstrueuses, contestations, désordres etc… Mais le régime résistera et ne s’effondrera pas sous le choc.

     

    Le calme pourra redevenir durablement si le pays connaît une sorte de new deal, une vaste réforme économique qui donne du travail à une jeunesse nombreuse mais désœuvrée.