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  • L’éclatante victoire des socialistes aux élections législatives : désarkoïsation.

    L’éclatante victoire des socialistes aux élections législatives : désarkoïsation.

     

    Net et sans bavures… telle est la phrase qui revenait régulièrement hier soir et ce matin dans tous les reportages et commentaires. Il faut dire que les socialistes se sont révélés d’habiles tacticiens puisque, presque sans faire campagne, ils ont raflé 314 sièges pour eux, et près de 340 avec le reste de la gauche. Mais surtout ils ne seront pas forcés de passer sous les fourches caudines du Front de gauche ni des écologistes avec lesquels ils ont commis l’erreur de conclure un accord. Tout est passé à gauche : l’Assemblée, le Sénat, les conseils généraux et régionaux…

     

    Et qui a donné lieu à ce raz de marée ? Nicolas Sarkozy, un homme qui va très probablement connaître une longue éclipse méritée dans la vie politique française. Et au fond, cette double défaire électorale est d’abord la sienne. Il ne s’agit pas de faire preuve d’une grande sévérité à l’égard d’homme qui a été désavoué et dont les plus fidèles lieutenants ont mordu la poussière, mais de faire un constat évident.

     

    C’est fou de voir comment tout un système que l’on croyait inoxydable, indéracinable, s’effondre comme un château de cartes. Mais il faut voir ce plus près pourquoi un homme comme NS qui avait suscité un tel enthousiasme va probablement quitter la vie politique française à un âge encore relativement jeune.

     

    Un hebdomadaire, pourtant classé à droite, n’hésitait pas à parler de désarkoïsation. Et c’est vrai. Ses plus fidèles lieutenants ont perdu, même dans des lieux réputés de droite. Prenez l’exemple des Hauts de Seine, oui même à Neuilly, les gens ne veulent plus entendre parler de NS. Or, cette région avait été une sorte de laboratoire-test pour l’ensemble de la famille de l’ancien président.

     

    Comment en est il arrivé là ? Selon Aristote, les êtres humains ont deux types de vertus : éthiques (psychologiques) et dianoétiques (intellectuelles). C’est le caractère, la nature de cet homme qui lui ont joué un très mauvais tour… Certes, François Hollande a d’indéniables qualités d’homme d’Etat. Mais ce qui a le plus joué, c’est ce phénomène de rejet dont son concurrent a été victime. J’ai moi-même entendu dans des lieux publics des gens bien intégrés, des bourgeois et des grands bourgeois, manifester leur volonté de quitter NS et de voter pour son concurrent plus heureux.

     

    Depuis le début, NS n’en faisait qu’à sa tête. Les décisions, les nominations, les interventions incessantes à la télévision, etc… ont fini par excéder les Français lesquels ont la mémoire longue.

     

    Et même l’UMP ne regrette pas de pouvoir prendre son autonomie et se doter d’un vrai président.

  • les larmes de Ségolène Royal couleront-elles une nouvelle fois ?

    les larmes de Ségolène Royal couleront-elles une nouvelle fois ?

     

    Dire que la politique est un jeu cruel qui se termine toujours par au moins une dépouillé gisant sans vie (élective) à terre, serait d’une affligeante banalité. Mais cette c figure théorique prend des couleurs et même un nom lorsqu’on le vit de près ou de loin.

     

    Vous avez tous compris que je fais allusion à la cuisante défaite de M. Royal à La Rochelle où un candidat PS dissident, sournoisement aidé depuis les pièces les plus intimes du pouvoir, a ravi à la candidate officielle de son parti le poste de député. Madame Royal avait agi avec un bon sentiment puisqu’elle avait laissé sa circonscription sans risque à sa suppléante qui fut élue haut la main, et est partie à La Rochelle où l’attendait un militant local solidement implanté. Vous connaissez la suite : l’autre candidat est élu et Me Royal qui ne fait rien comme les autres, a commencé à parler de sa défait six bonnes minutes avant vingt heures, ce qui interdit sous peine de fortes amendes…

     

    La candidate malheureuse n’a pas pleuré cette fois-ci, bien qu’elle soit contrainte de faire son deuil du perchoir, la présidence de l’Assemblée Nationale

     

    Sur la route me ramenant de Normandie à Paris, j’ai entendu des poids lourds du PS critiquer avec virulence l’attitude de S/R qui se croirait tout permis, allant jusqu’à dire que sa déconvenue électorale n’a pas de portée nationale et que sa manière de truster la présidence de l’assemblée était inélégante et maladroite… Ah ces chers camarades…

     

    Il faut tout de même avoir une pensée pour cette femme qui a perdu bien des choses en un laps de temps assez bref : la présidentielle, la tête du PS, son siège de député et dans son sillage la présidence de l’Assemblée. Mais le plus dur c’est le départ de son compagnon, l’actuel président de la République, parti avec une autre femme qui a récemment fait à S/R une très mauvaise manière.

     

    Je rappelle que S/R a donné à son compagnon quatre enfants !

     

    Mais il existe peut-être une solution de repêchage : si l’ancienne suppléante de S/R démissionnait demain, on organiserait une élection législative partielle dans sa circonscription d’origine où elle serait élue haut la main et l’assemblée retarderait opportunément sa première réunion, au cours de laquelle l’on élit un candidat à la présidence.

     

    Franchement, c’est très dur , la politique.

  • LE POUVOIR, SES ILLUSIONS ET SES TOURMENTS

    LE POUVOIR, SES ILLUSIONS ET SES TOURMENTS
    En ces temps de grands changements, de profonds remaniements et de constantes remises en question, il est légitime de s’interroger sur le pouvoir, sa nature et l’essence de ceux qui aspirent à l’exercer. Je ne ferai allusion à aucun événement politique marquant qui serait en train de se dérouler sous yeux, que ce soit en Europe ou dans une autre partie du monde. Il s’agit tout simplement d’exhumer une métaphore filée, ou plutôt une belle allégorie biblique qui se trouve dans le livre des Juges, un livre plus bâti sur une idéologie religieuse (largement deutéronomique) que sur une relation fondée à l’Histoire. Mais c’est souvent ainsi dans la littérature religieuse ou sapientielle de l’Orient ancien.

    Qu’est ce le livre des Juges ? Après le Pentateuque, les cinq livres de Moïse dont la mosaïcité est loin d’être avérée, on lit le livre de Josué, son successeur. Ce livre retrace la conquête, réelle ou supposée, de la terre de Canaan par les Hébreux délivrés de la captivité d’Egypte. Immédiatement après Josué on trouve justement ces juges qui étaient des guerriers ou des hommes ordinaires, issus des différentes tribus qui n’avaient pas encore réalisé leur unité pour donner, au moins deux siècles plus tard, cette fameuse monarchie davidique unifiée que les historiens suspectent de n’avoir jamais existé. Mais ce n’est notre sujet présentement.

    Dans ce livre des Juges, plusieurs personnalités se détachent dont le cycle est proprement extraordinaire. Il y a Ehoud, Yaïr, Samson et Gédéon, aussi connu sous le nom de Yeroubaal, ce qui signifie= que le Baal s’en prenne à lui (car ce héros avait renversé son autel). Ce qui m’intéresse ici, c’est bien ce Gédéon dont le nom en hébreu veut tailler, casser.

    Un dernier mot sur l’idéologie de ce livre : il s’agit de montrer le bien-fondé d’un principe deutéronomiste. C’est de Dieu que proviennent le salut et la quiétude de son peuple Israël. La structure profonde du livre se nomme le pragmatisme à quatre termes qui sont les suivants :

    a)    Israël fait preuve d’infidélité à l’égard de Dieu
    b)    Dieu envoie un oppresseur qui persécute et asservit Israël
    c)     Israël se repent et opère un retour vers Dieu
    d)     Dieu suscite un sauveur / juge  qui le sauve de la main de son persécuteur.

    Telle est la loi fondamentale, pourrait-on dire, de ce livre des Juges.

    Je me rapproche de mon sujet en notant que ce livre brille par quelques couplets anti-monarchiques puisqu’il souligne bien «qu’en ce temps là, aucun roi ne régnait encore sur Israël, chacun faisait ce qu’il voulait…» Cette indication, apparemment anodine, comporte peut-être un intéressant indice sur la datation de ce texte.

    Après bien des péripéties, ce Gédéon, d’abord rejeté par les siens en raison de sa médiocre extraction,, se voit par la suite courtisé et adulé par les dirigeants de sa ville qui lui demandent de prendre la tête d’un soulèvement contre les occupants oppresseurs. Gédéon remplit sa mission avec succès et règne un certain nombre d’années, laissant derrière une très nombreuse progéniture car, dit la Bible, il avait un grand nombre de femmes et de concubines. A sa disparition se posa le problème de la succession car il avait 70 descendants.

    L’un d’entre eux, Abimélech, fils d’une simple servante, s’arrange pour tuer tous ses frères et va conspirer auprès des maîtres de la ville de Sichem dont sa mère était originaire. Il réussit à les circonvenir et se fait élire roi. L’unique survivant du massacre, son demi-frère Yotam, apprend la nouvelle et tient, juché sur une colline aux environs de Sichem (un peu comme Jésus sur la montagne, ou même Moïse), un discours parabolique parmi les plus beaux et les plus sensés de la Bible hébraïque.

    Yotam adresse ce discours aux maîtres de Sichem pour leur montrer  leur légèreté et l’inanité de leur choix.

    Les arbres de la forêt se cherchent un roi destiné à régner sur eux. Ils s’adressent à l’olivier qui refuse sèchement tout en motivant sa décision : pourquoi renoncerait-il à son huile qui réjouit Dieu et les hommes afin de se balancer au-dessus des arbres (verbatim) ? Les arbres vont voir le figuier, autre plantation si importante en Orient et reçoivent la même réponse négative : pas question de renoncer à son fruit si doux et si délicieux pour se balancer au-dessus des arbres. Ne se décourageant guère, les arbres se présentent devant la vigne qui refuse d’abandonner son fruit dont on fabrique le vin pour aller faire le zouave au-dessus des arbres… De guerre lasse, les arbres s’adressent au buisson d’épines (allusion à Abiméléech, le meurtrier de ses frères) qui est le seul à accepter. Et qui se fait même menaçant puisqu’il pourrait émettre un feu qui brumerait tout…

    La morale de l’histoire est limpide : seul le bois, tout juste bon à brûler, accepte la fonction royale. La fécondité et la productivité des oliviers, figueirs et de la vigne, s’opposent à la stérilité du buisson. Lequel est prêt à tout pour accéder au pouvoir. J’ai déjà signalé supra que ce couplet était violemment anti-monarchique, mais il pointe aussi, je pense, l’inanité et les tourments de tout leadership politique, qu’il fût tribal, royal ou même républicain.

    Mais il existe tout de même une justice immanente puisque le meurtrier usurpateur finit très mal… Cet homme aura une fin tragique, cependant : ayant assiégé une tour, il reçoit sur le crâne une meule jetée par une femme. Agonisant, il prie son écuyer de l’achever car il ne veut laisser le souvenir d’un roi tué par une.. femme

    Les leçons à tirer sont multiples : pour parvenir au pouvoir, on est parfois conduit à utiliser des moyens pas très cachers. Ceux qui opèrent le choix de cette élection se trompent souvent et ne sont pas assez regardants sur la moralité de leur protégé. Enfin l’exercice du pouvoir n’est jamais vraiment innocent ou éthique. La nature humaine est ainsi faite et ne changera jamais.

    Ce discours parabolique a dû être couché sur le parchemin il y a au moins deux millénaires, même si des réviseurs l’ont revu et corrigé selon l’idéologie deutéronomique. Est-ce que les choses ont changé depuis ? Est-ce que l’humanité dans son ensemble est  mieux dirigée, mieux gérée ?

    Aux experts de décider. Mais avouez que la lecture attentive des Ecritures est toujours très instructive.