Emmanuel Droit, Les suicidés de Demmin. 1945 : un cas de violence de guerre (Gallimard)
Voici un livre qui éveille des cas de conscience où les mémoires sont concurrentes et les principes ne sont pas partout les mêmes.
Voici de quoi il s’agit : entre le 30 avril 1945 et le 4 mai de la même année, alors que Hitler, dans un décor quasi wagnérien de feu et de sang, se suicide en ce même jour dans son bunker de la chancellerie à Berlin, une bourgade de Poméranie Demmin, vit un déluge de flammes qui rasent le centre ville. Alors que des unités SS ont fait sauter les ponts en bois qui permettent de passer d’une rive à l’autre, car le site est entouré de trois fleuves, des unités de l’Armée rouge se préparent à donner l’assaut, plongent les rares habitants encore sur place dans un désespoir suicidaire. Dieu sait que la Seconde Guerre mondiale a connu des horreurs et des abominations sans nom, une véritable école supérieure de la haine et de la déshumanisation, ce bourg totalise, selon les sources, entre plusieurs centaines et un bon millier d’hommes, de femmes et d’enfants qui préfèrent se suicider plutôt que d’assister à l’arrivée des vainqueurs qui vont leur faire subir les pires traitements, qui ont pour noms crimes de guerre, crimes contre l’humanité… L’Armée rouge n’a pas été très tendre avec toutes ces femmes violées et ces hommes exécutés sommairement ; mais la peur de l’Armée rouge n’explique pas tout. Il ne faut pas oublier les discours jusqu’autistes et paranoïaques d’Hitler et de Goebbels qui ont précipité dans le désespoir des êtres affaiblis et tremblants devant l’arrivée des bêtes immondes bolcheviks (sic).