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Vu de la place Victor-Hugo - Page 104

  • Pierre Haudebert, Jean-Baptiste. Le Cerf, 2021.

    Pierre Haudebert, Jean-Baptiste. Le Cerf, 2021.

     

    Voici un petit ouvrage, bien documenté sur l’une des personnalités les plus complexes et les plus énigmatiques de la tradition évangélique. Mais qui n’en a pas moins joué un rôle essentiel dans la constitution de la foi  chrétienne, au point que l’on a pu parler de rivalité entre lui et Jésus en personne. En effet, les passages des Évangiles (Marc, Luc, etc…) qui le mentionnent aux côtés ou en face de Jésus, optent pour un parallélisme dont cette littérature religieuse est coutumière. Des fois, on le place avant Jésus lui-même et d’autres fois immédiatement après lui. C’est progressivement qu’une hiérarchie claire s’est dessinée pour octroyer la toute première place à Jésus et la seconde à Jean-Baptiste

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  • Édith Bruck, Le pain perdu. Éditions du sous-sol, 2021

    Édith Bruck, Le pain perdu. Éditions du sous-sol, 2021

     

    Le titre de cet ouvrage parait bien inoffensif, anodin , il entretient même l’idée que nous allons lire un récit paisible, serein ; car quoi de plus rassurant que du pain, même perdu puisque cela évoque une pratique culinaire très prisée ? Eh bien, vous n’y êtes vraiment pas.

     

    Il s’agit du récit d’une fille juive vivant en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale, dans un village apparemment à l’abri du drame mondial qui se déroule loin, très loin de chez elle. Il s’agit d’une famille juive un peu pratiquante et qui se reconnait comme citoyenne du pays magyar, entretenant de bonnes relations avec la plupart de ses voisins. Et, curieux hasard en raison de ses connotations avec la Pâque juive, Pessah et matsa, la fête de l’azyme, on prépare ce type de pain prescrit par la Bible durant cette période. La mère de famille, aidée de ses filles, dont la future narratrice de cette saga familiale, met au four cinq miches de pain dans le but de les consommer durant une fête qui proscrit tout levain ou pain levé… Tout semble être calme quand soudain des coups se font entendre contre la porte. La famille n’attend personne et n’a  même pas  le temps d’aller ouvrir, que  deux gendarmes hongrois hilares défoncent la porte, ordonnent aux présents de se lever et de prendre du linge de rechange pour une seule journée. Le tout en cinq minutes ! La mère réclame l’autorisation de récupérer son pain pour le cas où, refus des forces de l’ordre, d’où le titre, le pain qu’on a perdu. Mais je pense que la narratrice a voulu faire son profit de l’arrière-plan biblique, du livre de l’Exode où on lit que les Hébreux, chassés d’Égypte, ne purent pas attendre que le pain, prévu comme viatique, lève. Ils durent se contenter de pain azyme…

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  • Pierre-Henry Salfati, La fabuleuse histoire du Juif errant (Albin Michel / Arte.)

     

    Pierre-Henry Salfati, La fabuleuse histoire du Juif errant (Albin Michel / Arte.)

     

    C’est une bonne idée d’avoir revisité ce mythe du Juif errant en langue française, alors qu’il est largement étudié et connu, notamment en Allemand où sa présence presque envahissante dans la littérature défie l’entendement. C’est un mythe qui constitue l’épine dorsale de l’antisémitisme et de la dénonciation du Juif en général, tant celui de l’Antiquité que son lointain descendant de la modernité. Curieusement, ce renvoi à la notion des châtiments éternels, si chère à une certaine théologie chrétienne qui va de saint Augustin à Luther, mais qui poursuit sereinement sa route jusqu’à nos jours, n’a pas attiré l’attention de ses promoteurs et diffuseurs sur la contradiction avec ce qui est réputé avoir été l’essence véritable du Christ : l’amour intégral, l’aspiration à l’harmonie, ne pas se venger, ne pas garder rancune à qui que ce soit, tendre l’autre joue, etc…

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