ROME ET JÉRUSALEM, LE CHOC DE DEUX CIVILISATIONS
de Martin Goodman (Perrin, 2009)
Préliminaires
Nous obtenons enfin une étude digne de ce nom sur les antagonismes réels ou supposés, les haines recuites qu’on imagine, entre deux capitales aussi célèbres quoique différentes l’une de l’autre, Jérusalem et Rome. La première, sanctuaire de la spiritualité et des théophanies, siège du Temple du Dieu unique, et la seconde, centre nerveux d’un empire qui domina le monde de sa puissance tant civile que militaire. Mais l’opposition la plus irréductible était celle du monothéisme hébraïque et d du paganisme romain… Cependant, cet antagonisme ne s’arrête pas là puisque Rome tombera sous les coups d’un christianisme particulièrement combatif qui en ruinera les fondements et dirigera cette puissance nouvellement acquise contre la religion mère qui sera pourchassée et persécutée.
Le but de l’auteur est de voir si cette opposition a été réelle au cours de l’histoire ou si elle a été fabriquée artificiellement par des témoignages biaisés ou des chroniqueurs partiaux qui n’ont fait qu’interpréter les faits à leur façon.…
Flavius Josèphe, un témoin fiable de la Guerre des Juifs ?
Bien plus que Tacite, chroniqueur tardif et quelque peu prévenu à l’encontre des Judéens, Josèphe, devenu un flavien lorsqu’il fut le protégé de cette grande famille patricienne, nous offre un témoignage de très grande proximité, à la fois spatiale et temporelle.
Un bref rappel des faits : Josèphe faisait partie des grandes familles qui composaient la classe dirigeante à Jérusalem au cours du premier siècle de notre ère. Lorqu’éclatèrent les troubles anti-romains en Judée, entre les années 66-70, il accepta d’organiser la défense de toute la Galilée. Mais quand l’issue de confrontation commença à lui être défavorable ainsi qu’à ses frères, il argua d’une voix surnaturelle lui déconseillant de se suicider pour éviter de tomber entre les mains de l’ennemi… Les historiens qui n’acceptent pas ce type d’argument (et on les comprend !) y voient un artifice en vue d’obvier à l’accusation de lâcheté et de