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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1310

  • L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE DOIT SURVIVRE…

     

     

    L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE DOIT SURVIVRE…
        La réunion prévue ces jours ci des ministres des affaires étrangères de l’UPM risque de ne pas avoir lieu en raison de ce sempiternel conflit israélo-arabe qui empoisonne  depuis des lustres les relations internationales et est responsable de bien des complications.
        Le président français, à l’origine de ce grand projet, avait déjà dû apaiser les appréhensions allemandes qui redoutaient d’être tenus à l’écart d’un tel tel programme tout en devant le financer avec de l’argent de l’Europe. Et Nicolas Sarkozy avait obtempéré et changé l’intitulé de la conférence. Ensuite, il avait fallu convaincre les Etats arabes –toujours les mêmes- de siéger autour de la même table que leur soi-disant ennemi juré, Israël.  Le président français avait déployé des trésors d’ingéniosité diplomatique pour soigner la susceptibilité quasi maladive des Orientaux pour qu’ils viennent, à l’exception du Libyen dont l’absence remarquée ne déplaisait pas vraiment à certains de ses coreligionnaires…
        Aujourd’hui, c’est Israël qui conteste à la Ligue Arabe le droit de prendre part aux réunions diplomatiques. Ce point de vue peut paraître discutable sur la forme mais pas sur le fond. Juridiquement parlant, la Ligue Arabe n’est pas une nation, ni un pays mais une simple entité politique, une union de pays de même langue ou de même religion. Je ne sache pas qu’elle siège, par exemple à l’ONU où ne sont représentés que les Etats, dont, assurément ceux qui composent la dite Ligue.
        Mais ce qui est en cause ici, ce n’est pas la règle juridique, c’est la haine passionnelle des uns contre les autres. Si la Ligue en question ne s’était pas constamment signalé par ses diatribes anti-israélienne, Jérusalem n’aurait pas fait d’histoires… En fait, c’est un peu la réponse du berger à la bergère .
        Mais alors jusqu’au irons nous dans ce petit jeu et qui sera gagnant en définitive ? On se le demande.
     

  • LE LIVRE ET SON AVENIR…

     

    LE LIVRE ET SON AVENIR…
        Voilà bien longtemps que je voulais parler du livre et de son avenir, de son rôle et des menaces qui pèsent sur lui, au point de laisser présager sa disparition. Il est normal d’évoquer cette question dans une excroissance d’internet, sur un blog, puisque seule la vente en ligne, sur Amazon par exemple, progresse alors que les canaux traditionnels stagnent ou carrément refluent.
        J’aurais dû parler de ce sujet entre le 15 et le 19 octobre, dates de la tenue de la Foire du livre de Francfort sur le Main cette grand’ messe où tant de choses, cruciales pour l’édition mondiale, se décident.
        En introduction, rapidement, quelques réflexions sur le rôle du livre, et donc de l’écriture, comme support de la culture, de l’enseignement et de l’éducation. L’acquisition de l’art d’écrire, l’installation d’ateliers d’écriture depuis l’Antiquité, à la cour du roi, ou dans les temples des religions, toutes ces choses ont radicalement modifié la mentalité de l’humanité. Les latins nous ont appris que les paroles s’envolent et que les écrits restent. Renan allait jusqu’à affirmer (par hyperbole) que le succès de la Bible, moitié de l’effort intellectuel de l’humanité, s’explique en grande partie par le vecteur choisi pour se diffuser et perdurer, l’écriture. Comment savons nous, par exemple, des petites choses sur l’origine de l’Egypte ancienne, de la vieille Mésopotamie, l’Assyrie et les Hébreux ? Grâce à des signes gravés sur des briques et des pierres (glyptique). Grâce à de telles briques, nous apprenons en visitant le Musée du Louvre que la parabole de Job, livre mettant en scène les théories de la justice et de la providence divine, intriguait déjà au IIIe millénaire avent l’ère chrétienne l’élite de l’humanité pensante et croyante : à cet effet, les différences entre la figure égyptienne de Job et celle, sumérienne, du même personnage, sont frappante : les premiers, croyant en une vie dans l’au-delà déconseillent le suicide lorsque la douleur est trop forte, les seconds ne l’excluant pas pour des raisons inverses…
        L’écriture a donc préservé le patrimoine à la fois intellectuel et spirituel de l’humanité. Qui n’a admiré les superbes manuscrits enluminés que les scribes des trois grandes religions monothéistes ont passé leur existence terrestre à préparer pour les générations futures, attendant secrètement que l’imprimerie prenne le relais et change du tout au tout les perspectives d’avenir de l’humanité.
        Aujourd’hui, nous sommes allés si loin que l’écriture et la lecture (qui se porte mal) sont devenus le bien commun de l’humanité civilisée et libre. Nous en sommes même à l’ère de l’E-book : quelle ne fut ma surprise de voir que ma propre thèse de doctorat d’Etat, soutenue en Sorbonne il y a plus de 22 ans sur un commentateur médiéval d’Averroès, était lisible sur l’internet, sans bouger de chez soi, sans aller dans une bibliothèque… Et là, il faut bien le dire, la révolution numérique a changé la donne.
        Mais alors, pourquoi les gens lisent-ils si peu ? Pourquoi le secteur de l’édition est-il en crise depuis si longtemps, au point que certains grands patrons me disent qu’il est même sinistré ? La question est vaste et ne saurait comporter un seul élément de réponse. Mais selon moi, on publie tout et n’importe quoi et ces publications masquent mal un vide culturel. Quand on lit de la mauvaise littérature, je veux dire de mauvaise qualité, on ne peut pas dire qu’on lit. Et puis combien de gens prennent en main un livre de qualité au lieu de regarder un match de foot-ball  ou une série américaine à la télévision ? Ce n’est pas un reproche.
        Mais il faut savoir que plus et mieux on lit, et mieux on se sent. Le célèbre Edmond Rostand écrivait jadis au poète Henry Pichette, après avoir savouré les Apoèmes de ce dernier : quand je vous lis, je respire mieux.
        Lisez donc le discours de Madame Jacqueline Worms de Romilly (paru dans Le Figaro d’hier), prononcé à l’occasion à l’occasion de la rentrée solennelle des 5 académies ; il porte justement sur ces questions si passionnantes de l’ éducation et de l’enseignement. La célèbre helléniste, membre de l’Académie Française, y souligne l’intérêt majeur à connaître l’effort intellectuel du passé : en d’autres termes, il n’existe pas de langues mortes, car ces langues continuent de nourrir les langues parlées aujourd’hui, un peu comme des nappes souterraines irrigent, à notre insu, la culture de l’humanité de demain.
     

  • LES OBJECTIFS D’UNE ARMEE MODERNE : LE CAS DE L’AFGHANISTAN

    LES OBJECTIFS D’UNE ARMEE MODERNE : LE CAS DE L’AFGHANISTAN
        Depuis un certain temps déjà, les Américains discutent avec les talibans, non impliqués dans les attentats d’Al-Quaida, en vue de ramener  la paix en Afghanistan. A l’évidence, le général David Petraeus est passé par là, puisque cet soldat-diplomate est parvenu à réduire considérablement la violence en Irak en pratiquant ce que l’on nomme la contre-insurrection. En quoi faisant, en convainquant les tribus sunnites de se retourner contre les adeptes d’Al-Quaida, moyennant évidemment des armes et des finances. Le général qui est sauf tout un militaire borné et qui a donc fait soutenu une thèse dans une grande université de son pays, a bien lu et médité le livre sur la contre insurrection, écrit par un officier supérieur français, David Galula, qui eut à affronter, en qualité de soldats et de théoricien, l’insurrection algérienne. David Petraeus fait de l’officier français son maître à penser.
        Les tâches d’une armée varient selon les époques, les situations et les lieux : faire la guerre à l’extérieur, ramener l’ordre au sein du pays, combattre psychologiquement un ennemi insaisissable en raison de son osmose avec la population. L’officier français avait compris que, pour gagner, il fallait plus que de remporter de simples victoires militaires. Il faut, certes, détruire l’ennemi considéré comme irrécupérable (et en Afghanistan, c’est Al-Quaida, tout comme en Irak), mais aussi nouer un dialogue avec ceux des insurgés qui considèrent que la défense de la mère patrie justifie tous les sacrifices. Avec ces derniers, l’armée en campagne doit chercher à s’entendre puisqu’ils ne cherchent que le bien-être du pays…
        Dans le cas afghan, cela recouvre les talibans qui ne veulent pas sacrifier leur pays aux plans d’une nébuleuse terroriste internationale. C’est le sens qu’il convient de donner aux pourparlers entre Américains et talibans.
        Les armes de la contre insurrection sont militaires mais pas seulement ; il faut empêcher que l’ennemi n soit en osmose avec la population comme un poisson dans l’eau. Aux Américains cela rappelle des souvenirs, notamment de Mao Tsé Toung. Si les insurgés trouvent auprès de la population aide et assistance, et surtout une communauté de lutte, de combat et le même esprit de résistance, la guerre est perdue. Ou alors, il faudra même un soldat ou un policier derrière chaque Afghan ou Irakien. Rappelons que lors de l’insurrection irakienne, il y avait en Algérie plusieurs centaines de milliers d’hommes pour environ 8 millions de musulmans… Et pourtant ; il a fallu se rendre à l’évidence : les négociations ont fini par remplacer les opérations militaires.
        En Irak, les commentateurs sont unanimes, après avoir promis à l’US Army une défaite cuisante, les voilà qui reconnaissent que la violence a été réduite de 80% et ne connaît plus qu’un état résiduel.
        Le généralissime américain soutient que ce qui a réussi en Irak pourrait ne pas réussir en Afghanistan, pays qui a toujours résisté aux envahisseurs. Mais tout indique que la fermeté militaire, alliée à une contre intelligente contre insurrection,  peut porter ses fruits.
        La guerre n’est plus, paradoxalement, menée à bien avec de simples outils militaires. Il faut une pensée directrice qui anime les armes. Dans l’attente que l’humanité pensante trouve enfin un moyen de bannir la guerre de notre existence.