D’UNE COMMEMORATION A L’AUTRE : LA NUIT DE CRISTAL, L’ARRMISTICE DE 1918
Un emploi du temps particulièrement chargé m’a empêché de parler de la nuit de cristal en temps et en heure : je le fais donc en ce 11 novembre, 90 ans après la signature de l’armistice mettent fin à la grande guerre ; mais le 8 de ce même mois, il y eut, il y a soixante-dix ans, une terrible nuit d’agresserions, de meurtres et de persécutions sur tout le territoire du IIIe Reich, lorsque Hitler et ses sbires décidèrent de donner aux juifs allemands un sinistre avant-goût de ce qui les attendait. Ce fut horrible : sur tout le territoire, synagogues et biens juifs, désignés comme tels, furent saccagés, des citoyens molestés et parfois même assassinés. A la suite de la tempête de protestations internationales, les Nazis usèrent de simulations et de dissimulations tentant de calmer la levée de boucliers et faisait mine de promettre que cette poussée de fièvre, suscitée par l’inconduite des juifs face à la population allemande, ne se reproduirait plus…
Malheureusement, les juifs allemands ne comprirent pas la réelle signification de terrible coup de semonce qui sonnait, en fait, comme un grave avertissement, le dernier avant que le piège ne se referme sur eux et ne scelle leur destin.
Je signale que Le Figaro d’hier publiait en page intérieure les croquis des chambres à gaz et des camps d’exterminations dont certains, estampillés par Heinrich Himmler furent même dessinés par lui. On sait que la sinistre conférence de Wannsee , peu de temps après, allait mettre en application la tentative d’extermination des 11 millions de juifs résidant alors sur le continent européen.
Plus loin de nous et autrement plus ravageuse, 90 ans déjà, il y a le fin de la grande guerre, celle de 14-19 qui fit des millions de morts, parfois même des dizaines, centaines de milliers le même jour. Rompant avec la tradition dans le souci d’innover et de décentraliser, le président français se rendra à l’ossuaire de Douaumont pour une émouvante cérémonie du souvenir. Le dernier poilu français est mort en mars dernier et le seule survivant est un fantassin anglais, aujourd’hui âgé de 114 ans
Un historien français, spécialiste de l’Amérique, s’est vu commander un rapport sur les commémorations dans l’Hexagone. Le rapport de sa commission trouve qu’il y en a trop en France et que l’on devrait se garder d’une telle inflation… C’est possible mais il faut aussi savoir que la verve mémorielle a connu un puissant stimulant ces dernières années, comme si les souvenirs refoulés revenaient soudain en force à la surface. Un passé qui ne passé pas.
Le philosophe française Michel Serres, membre de l’Académie Française, disait récemment qu’il avait du mal à retenir ses larmes lorsqu’il franchissait la frontière séparant la France de l’Allemagne : c’est que, rappelait-il, il avait fait la guerre de 1939/45 et avait pu constater de visu, ans sa chair et son sang, ce que cela signifiait , la guerre avec ses interminables cortèges de morts, de blessés, de destructions, de larmes etc…
La paix est vraiment le plus cher de tous les biens. Un vieux prophète hébreu du VIIIe siècle avant l’ère chrétienne, inquiet de immaturité politique des gouvernants de l’époque et de leur criminelle inexpérience, mettait dans la bouche de Dieu l’oracle suivant : je n’ai trouvé de mieux pour Israël que la paix.