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Vu de la place Victor-Hugo - Page 165

  • Michel Serres (2)

    Michel Serres. Détachement. Apologue (Flammarion)  II.

    C’est à une défense presque désespérée de ce monde, celui des paysans et de la nature qu’appelle l’auteur qui rejette tous ceux qui se portent prétendument au secours d’un monde presque déjà entièrement englouti par les entrepreneurs, les industriels, les banquiers, et même les historiens qui veulent assurer à notre monde agricole un enterrement décent, puisqu’ils ont vraiment contribué à sa condamnation et à sa disparition. On érige des stèles à la gloire d’un monde qui a fait naufrage, on inscrit les noms des disparus dans des livres, mais la mémoire prend le pas sur la vie… Ce n’est plus qu’un souvenir muséal. Ce n’est pas la bonne voie, nous dit l’auteur. Apparemment, le monde des cultivateurs, des laboureurs et des agriculteurs n’a pas su ni voulu s’adapter à cette agriculture intensive qui commande de planter et de semer serré pour ne rien laisser échapper, c’est une totalité criminelle. On tourne le dos au bel exemple du personnage biblique du livre de Ruth, Booz, qui, dans un élan de générosité désintéressée, commandait à ses métayers de laisser tomber des épis  au sol volontairement. Ainsi, les glaneurs pourront survivre et nul ne sera présent lorsqu’ils seront là, tout à leur affaire. Leur dignité s’en trouvera préservée.

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  • Nous sommes des agriculteurs juifs…

    Michel Serres. Détachement. Apologue (Flammarion) :  Nous sommes des agriculteurs juifs… (p 19)

    C’est à une très belle et très émouvante réflexion sur la terre, la vie de l’homme et de la nature, les équilibres entre l’exploitation raisonnable des richesses, et la préservation nécessaire des potentiels de la terre, que nous invité le philosophe Michel Serres qui vient de nous quitter. La première grande section de cet ouvrage s’intitule ainsi ; Paysan. L’auteur y clame avec une certaine retenue son admiration pour toute la lignée d’hommes, si proches de la terre et de la vie, dont il est lui-même issu. Il parle des laboureurs, des agriculteurs, des cultivateurs, des éclusiers, et remonte ainsi à tous ceux qui l’ont précédé sur cette terre nourricière, et auxquels il doit tant.

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  • Léon BLum,  Souvenirs sur l’Affaire (Gallimard, 1935) II

    Une déflagration comme l’Affaire n’a pas pu se produire sans un environnement particulier composé de révolution avortée (le boulangisme), de scandales financiers et de bruits de bottes. Ces événements extérieurs et en apparence distincts du sujet lui-même, ont joué un rôle de catalyseur selon Léon Blum. Ce fut l’alignement de tous ces éléments qui a nourri cet humus antisémite particulièrement fécond. Blum me semble avoir raison : si Dreyfus n’avait pas été juif, l’Affaire n’eût jamais existé ni pris de telles proportions. Et sur cette judéité imaginaire, charriée par deux millénaires de haine chrétienne à l’égard des juifs, se sont greffés tous les poncifs antisémites que Blum a évoqués avec beaucoup de lucidité. Il montre aussi comment l’affaire a tourné à la crise politique, une crise sans précédent.

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