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Vu de la place Victor-Hugo - Page 169

  • John Steinbeck, Des souris et des hommes (2Dition bilingue, Gallimard)

     

    John Steinbeck, Des souris et des hommes (2Dition bilingue, Gallimard)

    Cette collection bilingue que diffuse Gallimard a la main très heureuse. Ce n’est pas la première fois qu’elle tire d’un oubli immérité des œuvres classiques de la littérature mondiale. Et cette histoire Des souris et des hommes en fait absolument partie. Contrairement à la plupart des commentateurs et des critiques littéraires, je pense que par-delà le fameux rêve américain qui est ici soumis à rude épreuve, il s’agit plutôt d’un conte presque philosophique. En tout cas d’une réflexion allant bien au-delà d’une histoire de souris et d’hommes.

    Le titre reflète bien le contenu du livre mais occulte quelque peu le profond enseignement qu’il nous offre : il y a derrière la rudesse de la vie, derrière la volonté de survivre dans un univers implacable, aux lois d’airain, des ilots de beauté, de désintéressement et de bonté , même dans les lieux les plus sordides, les situations les plus inextricables de notre bas monde.

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  • Robert-Noël Castellani, Vers l’apocalypse. L e syndrome de Tubalcaïn (Les impliqués éditeu

     

     

    Robert-Noël Castellani, Vers l’apocalypse. L e syndrome de Tubalcaïn (Les impliqués éditeur)

    Ce livre m’a bien plu dès les premières pages, en raison de sa liberté de ton et de sa franchise.. Il se propose de déconstruire le mécanisme par lequel le Pouvoir , quel qu’il soit, tente, généralement, de dominer les populations du globe. Mais l’originalité de ce livre se situe aussi, selon moi, ailleurs : il réintroduit largement et avec discernement l’anthropologie biblique dans les débats politiques ou sociétaux les plus modernes. Ce qui est un tour de force puisque toute pensée qui s’inspire, en toute indépendance vis-à-vis des dogmes, de sources bibliques, est d’emblée considérée comme suspecte dans notre pays. Laïcité oblige.

    Ici, l’auteur avance étendard déployé car, dès le titre, on peut lire le nom et les qualités (sic) d’un personnage biblique, premier fabricant d’armes létales au monde, puisqu’il manie à longueur de journée, le fer et le feu, et aussi, hélas, par voie de conséquence, pourvoyeur de chair à canon, avant la lettre. Le dernier terme de la table des matières n’est autre que l’épithète : biblique. Et on reparle du premier meurtre de l’Histoire, Abel tué par son frère Caïn, dont l’auteur, de ce livre, préfet honoraire de la République, souligne la signification de la racine hébraïque (QNH, posséder, acquérir).

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  • Stefan Zweig, Lettre d’une inconnue. (Edition bilingue, Gallimard)

     

     

    Stefan Zweig, Lettre d’une inconnue. (Edition bilingue, Gallimard)

    Cette fois ci j’ai lu le texte de Zweig en langue originale, en allemand, mais pour ceux qui veulent le lire en traduction française, celle-ci figure en vis—à-vis. J’ai agi ainsi car je voulais voir de très près cette extraordinaire capacité de Zweig à lire dans le cœur des femmes. Comment fait cet écrivain pour se mettre dans la peau des femmes, et ce n’est pas la première fois. Il inspecte tous les recoins, tous les replis de l’âme féminine. Même si l’histoire est excessivement triste, la femme qui a été la maîtresse de l’auteur et qu’il a totalement oubliée, lui annonce sans détours et par lettre, elle qu’il ne l’a jamais vraiment prise en considération (erkennen) que l’enfant né de leurs amours éphémères vient de mourir dans ses bras. Et ce drame, évoqué en des termes très émouvants, reflète l’authentique douleur d’une femme qui a aimé cet homme de toutes les fibres de son être. Mais pour cet amant passager, coutumier du fait, elle n’existe guère et n’a jamais existé. L’éditeur français souligne avec raison les différents sens de ce verbe allemand que la femme utilise, kennen et erkennen. D’ailleurs, la mise en scène du début est très éloquente à ce sujet.

    Rentré d’une excursion qui a duré quelques jours, son valet lui présente le courrier arrivé durant sa brève absence ; et Zweig sait ménager son effet. Visiblement, il ne se doute de rien. L’homme regarde quelques enveloppes d’un air distrait, mais son attention est retenue par un pli bien plus volumineux que tous les autres tandis que l’écriture sur l’enveloppe, typiquement féminine, n’évoque à ses yeux rien de familier. Intrigué, il décachète cette lourde enveloppe et se trouve nez-à-nez avec plusieurs dizaines de feuillets… Intrigué, l’homme s’assoit et se met à lire le récit qui commence par cette annonce tragique : un enfant mort et l’homme ne peut pas deviner qu’il est le sien, un enfant non connu, non reconnu car cette pauvre femme, séduite et abandonnée, n’a eu qu’un seul amour dans sa pauvre vie, le père de son enfant , auquel elle adresse cette longue confession. Mais pour cet amant occasionnel, cette femme ressemble à une pièce rapportée et oubliée depuis belle lurette… Il ne se souvient même plus de son existence.

     

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