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Vu de la place Victor-Hugo - Page 234

  • Le deal du siècle: peut on régler un conflit par des mesures économiques?

    Le deal du siècle ou le traitement économique du problème palestinien…

     

    J’ignore vraiment si ce type de solution convient absolument au plus vieux conflit de notre monde mais je veux reconnaître au Président Donald Trump l’art de faire monter les enchères et de se faire désirer. On a presque fini par croire qu’il s’agissait de l’arlésienne tant la publication de ce deal du siècle (expression qui met hors de lui l’actuel président palestinien Mahmoud Abbas) se fait attendre et fut maintes fois repoussée au vu de motifs parfois inattendus : les élections législatives en Israël, le jeûne du mois de ramadan chez les musulmans. Mais désormais, dès la fin du jeûne, on devrait découvrir ce que le président Trump et son administration ont concocté…

     

    Mais ce président US et son gendre-conseiller ne perdent pas leur temps puisqu’ils ont organisé des fuites savamment distillées qui entretiennent le suspense.

     

    Les grandes lignes sont connues et si tel est bien le cas, il faut noter un changement total de perspectives : au lieu de se laisser embourber par d’improbables échanges de territoires, de négociations sur le statut des villes les plus contestées (Trump considère que Jérusalem a quitté la table des négociations et reste la capitale de l’Etat d’Israël) et autres, le plan US prend le conflit par un tout autre aspect : l’économie. Cette approche n’a jamais été tentée de manière massive.

     

    Le plan US ne parle pas des enjeux réellement politiques (Etat palestinien, statut des réfugiés, démantèlement des implantations, etc…) il entend modifier en profondeur la vision des choses. Et notamment en mettant au tout premier plan ceci : l’amélioration des conditions matérielles des Palestiniens, tant à Ramallah qu’à Gaza…

     

    Comment donc ? En injectant massivement des milliards de dollars dans les villes palestiniennes et la bande côtière. La deuxième nouveauté du plan US consiste à noyer le conflit entre les Palestiniens et Israël dans une solution régionale, puisqu’aujourd’hui le monde n’est plus ce qu’il était il y a cinq, dix ou quinze ans. C’est l’Iran des Mollahs qui a révolutionné la donne.

     

    Le président Trum, redoutable homme d’affaires qui a fait fortune dans l’immobilier, veut régler à tout prix le problème d’un Iran nucléarisé et que tous ses voisins, proches ou lointains, considèrent comme un danger de premier ordre. Paradoxalement, c’est l’Iran, ennemi juré de l’Etat juif, qui a œuvré à l’amélioration des relations entre l’Etat hébreu et les sunnites modérés. Trump a décidé de quérir l’aide et les moyens des riches Etats du Golfe arabo-persique pour financer généreusement ce plan. Parallèlement, il a décidé de serrer encore plus le carcan des sanctions qui mettent à mal l’économie iranienne, déjà chancelante et gangrénée par les Gardiens de la révolution qui brillent par leur incompétence et leur prévarication… C’est le Guide suprême en personne qui l’a laissé entendre : l’économie du pays va mal, les sanctions lui font mal et on n’a pas trouvé les bons spécialistes pour assainir la situation.

    La question qui se pose désormais est la viabilité et la possibilité d’existence d’un tel plan. Déjà le chef de Ramallah a signifié son rejet de ce plan car il exige un Etat palestinien, digne de ce nom, avec des prérogat ives reconnues par tous, y compris par Israël. Pour l’Etat juif, c’est très difficile d’accéder à une telle demande, et ce pour de multiples raisons qu’il serait fastidieux d’énumérer dans cet éditorial...

     

    Peut on traiter un grave conflit politique par des mesures strictement économiques ? Le Moyen Orient n’est pas l’Europe d’après-guerre, accédant à la paix et à la prospérité grâce au plan Marshall. Mais l’idée de fond est bonne : si les Palestiniens renouent avec un semblant d’économie de paix, avec une bonne agriculture, une bonne pêche, un nouveau système de santé et d’éducation, cela devrait changer leur vision des choses. Personnellement, je crois que cela est possible, mais seulement avec le temps, avec un nouveau leader et une nouvelle approche des choses…

     

    Est ce une utopie ? Je le crains fort. La ligue araben réunie à la demande du leader palestinien Abbas a déjà rejeté le plan, alors qu’il n’est pas encore publié. Je doute que l’Autorité Palestinienne en sache substantiellement plus que nous. Même au plan international, un ambassadeur français qui vient de quitter (bruyamment) ses fonction et craignant de tomber dans un oubli très mérité, a estimé à 1% les chances de vie ou de survie de ce plan. Ce n’est pas très généreux. Ni même simplement diplomatique…

     

    J’ai presque envie de dire ; mais donnez donc une chance à la paix ! Il y a quelques années, le Premier Ministre B. Netanyahou avait proposé un large éventail de discussions portant sur les conditions de vie des Palestiniens ; la proposition ne fut pas acceptée par les pays arabes.

     

    Que faire ? Que va t il se passer ? Un constat s’impose : la cause palestinienne n’est plus du tout au centre des préoccupations de la nation arabo-musulmane, et ce, pour deux raisons :

     

    La première, déjà citée, est l’Iran des Mollahs dont les rêves d’expansion et de domination de l’islam inquiètent grandement ses voisins, l’Arabie Saoudite, en tout premier lieu. La seconde raison est la révolte des populations arabo-musulmanes qui semblent vouloir rééditer le soi disant printemps arabe, en chassant du pouvoir l’Algérien et le Soudanais dans leurs pays respectifs. Et n’oublions pad dans quel état se trouvent la Libye, la Syrie, le Liban, l’Irak et le Yemen. Ajoutez y le danger du nucléaire iranien et vous aurez tout compris.

     

    J’avoue que la philosophie politique des grands penseurs allemands, tels Hegel, initiateurs de la philosophie de l’Histoire, ne suffit plus à penser les crises et les changements qui se succèdent sous nos yeux. Je pense alors aux prédictions des vieux prophètes hébreux qui accordent au facteur divin un rôle de tout premier plan. Souvenez vous des prédictions contre Babylone et ses potentats dont on prédisait la chute : Comment es tu tombé des cieux,toi bel astre du matin (Ekh nafalta hellél ben kokhav)

     

    Inimaginable, il y a seulement un an : Bouteflika renvoyé chez lui et El Béchir derrière les barreaux après un règne sans partage de plus de trois décennies…

     

    Le deal du siècle ou le traitement économique du problème palestinien…

     

    J’ignore vraiment si ce type de solution convient absolument au plus vieux conflit de notre monde mais je veux reconnaître au Président Donald Trump l’art de faire monter les enchères et de se faire désirer. On a presque fini par croire qu’il s’agissait de l’arlésienne tant la publication de ce deal du siècle (expression qui met hors de lui l’actuel président palestinien Mahmoud Abbas) se fait attendre et fut maintes fois repoussée au vu de motifs parfois inattendus : les élections législatives en Israël, le jeûne du mois de ramadan chez les musulmans. Mais désormais, dès la fin du jeûne, on devrait découvrir ce que le président Trump et son administration ont concocté…

     

    Mais ce président US et son gendre-conseiller ne perdent pas leur temps puisqu’ils ont organisé des fuites savamment distillées qui entretiennent le suspense.

     

    Les grandes lignes sont connues et si tel est bien le cas, il faut noter un changement total de perspectives : au lieu de se laisser embourber par d’improbables échanges de territoires, de négociations sur le statut des villes les plus contestées (Trump considère que Jérusalem a quitté la table des négociations et reste la capitale de l’Etat d’Israël) et autres, le plan US prend le conflit par un tout autre aspect : l’économie. Cette approche n’a jamais été tentée de manière massive.

     

    Le plan US ne parle pas des enjeux réellement politiques (Etat palestinien, statut des réfugiés, démantèlement des implantations, etc…) il entend modifier en profondeur la vision des choses. Et notamment en mettant au tout premier plan ceci : l’amélioration des conditions matérielles des Palestiniens, tant à Ramallah qu’à Gaza…

     

    Comment donc ? En injectant massivement des milliards de dollars dans les villes palestiniennes et la bande côtière. La deuxième nouveauté du plan US consiste à noyer le conflit entre les Palestiniens et Israël dans une solution régionale, puisqu’aujourd’hui le monde n’est plus ce qu’il était il y a cinq, dix ou quinze ans. C’est l’Iran des Mollahs qui a révolutionné la donne.

     

    Le président Trum, redoutable homme d’affaires qui a fait fortune dans l’immobilier, veut régler à tout prix le problème d’un Iran nucléarisé et que tous ses voisins, proches ou lointains, considèrent comme un danger de premier ordre. Paradoxalement, c’est l’Iran, ennemi juré de l’Etat juif, qui a œuvré à l’amélioration des relations entre l’Etat hébreu et les sunnites modérés. Trump a décidé de quérir l’aide et les moyens des riches Etats du Golfe arabo-persique pour financer généreusement ce plan. Parallèlement, il a décidé de serrer encore plus le carcan des sanctions qui mettent à mal l’économie iranienne, déjà chancelante et gangrénée par les Gardiens de la révolution qui brillent par leur incompétence et leur prévarication… C’est le Guide suprême en personne qui l’a laissé entendre : l’économie du pays va mal, les sanctions lui font mal et on n’a pas trouvé les bons spécialistes pour assainir la situation.

    La question qui se pose désormais est la viabilité et la possibilité d’existence d’un tel plan. Déjà le chef de Ramallah a signifié son rejet de ce plan car il exige un Etat palestinien, digne de ce nom, avec des prérogat ives reconnues par tous, y compris par Israël. Pour l’Etat juif, c’est très difficile d’accéder à une telle demande, et ce pour de multiples raisons qu’il serait fastidieux d’énumérer dans cet éditorial...

     

    Peut on traiter un grave conflit politique par des mesures strictement économiques ? Le Moyen Orient n’est pas l’Europe d’après-guerre, accédant à la paix et à la prospérité grâce au plan Marshall. Mais l’idée de fond est bonne : si les Palestiniens renouent avec un semblant d’économie de paix, avec une bonne agriculture, une bonne pêche, un nouveau système de santé et d’éducation, cela devrait changer leur vision des choses. Personnellement, je crois que cela est possible, mais seulement avec le temps, avec un nouveau leader et une nouvelle approche des choses…

     

    Est ce une utopie ? Je le crains fort. La ligue araben réunie à la demande du leader palestinien Abbas a déjà rejeté le plan, alors qu’il n’est pas encore publié. Je doute que l’Autorité Palestinienne en sache substantiellement plus que nous. Même au plan international, un ambassadeur français qui vient de quitter (bruyamment) ses fonction et craignant de tomber dans un oubli très mérité, a estimé à 1% les chances de vie ou de survie de ce plan. Ce n’est pas très généreux. Ni même simplement diplomatique…

     

    J’ai presque envie de dire ; mais donnez donc une chance à la paix ! Il y a quelques années, le Premier Ministre B. Netanyahou avait proposé un large éventail de discussions portant sur les conditions de vie des Palestiniens ; la proposition ne fut pas acceptée par les pays arabes.

     

    Que faire ? Que va t il se passer ? Un constat s’impose : la cause palestinienne n’est plus du tout au centre des préoccupations de la nation arabo-musulmane, et ce, pour deux raisons :

     

    La première, déjà citée, est l’Iran des Mollahs dont les rêves d’expansion et de domination de l’islam inquiètent grandement ses voisins, l’Arabie Saoudite, en tout premier lieu. La seconde raison est la révolte des populations arabo-musulmanes qui semblent vouloir rééditer le soi disant printemps arabe, en chassant du pouvoir l’Algérien et le Soudanais dans leurs pays respectifs. Et n’oublions pad dans quel état se trouvent la Libye, la Syrie, le Liban, l’Irak et le Yemen. Ajoutez y le danger du nucléaire iranien et vous aurez tout compris.

     

    J’avoue que la philosophie politique des grands penseurs allemands, tels Hegel, initiateurs de la philosophie de l’Histoire, ne suffit plus à penser les crises et les changements qui se succèdent sous nos yeux. Je pense alors aux prédictions des vieux prophètes hébreux qui accordent au facteur divin un rôle de tout premier plan. Souvenez vous des prédictions contre Babylone et ses potentats dont on prédisait la chute : Comment es tu tombé des cieux,toi bel astre du matin (Ekh nafalta hellél ben kokhav)

     

    Inimaginable, il y a seulement un an : Bouteflika renvoyé chez lui et El Béchir derrière les barreaux après un règne sans partage de plus de trois décennies…

     

    Partant, le plan US peut réserver des surprises. Un de mes amis aime dire qu’on n’est pas à l’abri de bonnes surprises. Parfois seulement, hélas.

    Partant, le plan US peut réserver des surprises. Un de mes amis aime dire qu’on n’est pas à l’abri de bonnes surprises. Parfois seulement, hélas.

  • Les belles laitues qui poussent au coeur du désert du Néguev

    Les belles laitues du désert au cœur du Néguev (‘Alé ha-Bsor)

     

    Dimanche dans la matinée. La veillée de la Pâque juive (Pessah) a eu lieu il y a un peu plus de vingt-quatre heures. Nous nous trouvons toujours dans le Négeuv dans un Moshav nommé Talmé Eliyahou. Il est situé à neuf kilomètres à vol d’oiseau de Gaza. Ses habitants, une soixantaine de familles (soit environ deux cents personnes) ont eu régulièrement à souffrir des tirs de missiles ou d’obus de mortier, tirés depuis la bande côtière ; pourtant aucun habitant n’a vraiment songé à se retirer de ce territoire israélien largement exposé… Et une large majorité des votants a apporté ses suffrages au candidat du Likoud, Benjamin Netanyahou dont on vante les grandes qualités de dirigeant et d’homme d’Etat, contrairement à ses rivaux… Je n’ai entendu personne remettre en question sa stratégie face aux provocations du Hamas.

     

    Nous nous trouvons auprès de Madame Rosine Aboutboul , venue avec ses parents du Maroc à un très jeune âge. Après plusieurs tentatives de s’installer dans les grandes villes du pays, Rosine et son époux vivent dans ce village agricole. Après la disparition de son époux qui a jeté les bases d’une si exploitation, Rosine dirige avec ses fils une véritable usine agricole où sont traitées toutes sortes de laitues, de salades vertes, de sucrines, d’épinards, de céleris et des céleris raves, de choux etc… Et un nombre impressionnant d’herbes aromatiques.

     

    Après le traditionnel café accompagné de gâteaux casher la-Pessah, Rosine nous propose de visiter cette usine où

    s’affairent plus de cinquante ouvriers agricoles thaïlandais . En effet, depuis les troubles récurrents avec les ouvriers palestiniens et afin d’obvier aux risques d’attentat, les autorités israéliennes préfèrent recourir à un personnel thaïlandais pour travailler dans les champs et dans les fermes de la frontière… Cela est déjà un indice sur la situation non seulement de la région du Néguev, mais du pays tout entier : au lieu de compter sur des sentiments d’amitié et de coopération, qui auraient permis à des ouvriers agricoles de la bande côtière voisine de venir travailler dans le pays voisin (moins d’une heure en voiture pour rallier l’usine depuis l’enclave palestinienne) l’Etat hébreu est contraint d’aller chercher de la main d’œuvre à des milliers de km de là… Mais que faire ? Nous sommes au Proche Orient, une région du monde qui défie l’entendement et ne se résout toujours pas à voir où est son intérêt bien compris…

     

    Lorsque nous arrivons sur le site de l’usine, nous découvrons une série de bureaux et de postes de travail occupés par des Thaïlandais. Ici, tout est automatisé et informatisé. Il faut montrer patte blanche avant d’entrer dans l’usine : les mesures de sécurité et de propreté sont très strictes. Je décris le parcours d’une belle salade : une jeune Thaïlandaise, armée d’un grand couteau, découpe ce qui dépasse et laisse tomber sa salade dans une machine d’où elle ressort, quelques mètres plus loin, lavée, pesée, séchée et empaquetée : pour un novice, c’est impressionnant. Des cartons aux normes sont au pied de ces machines magiques où les salades, les épinards et tant d’autres végétaux tombent naturellement. Un engin élévateur charge des dizaines de cartons fermés , les mènent à quelques mètres de là pour les charger sur de grands camions. De là, le cap est mis sur les centrales d’achat des grandes villes pour être vendues dans tous les supermarchés d’Israël. L’appellation contrôlée et le logo sont : Ammit David (Aboutboul), ‘Alé ha-Bsor…

     

    Un philosophe qui visite un tel site agricole, en plein désert dans un pays qui ne lui inspire pas la moindre indifférence, n’a pas les mêmes réactions qu’un ingénieur agronome… Face à cette ruche où chacun se déplace en sachant précisément ce qu’il a à faire, des souvenirs me reviennent à l’esprit : nous sommes dans un Moshav, une sorte de Kibbouts où la propriété privée est prise largement en compte… David Ben Gourion, le fondateur efficient de l’Etat d’Israël y vivait lui aussi et avait donné naissance à un rêve : faire refleurir le désert… Un rêve que des habitants du pays comme la famille Aboutboul contribuent à réaliser.

     

    Quand vous regardez ces végétaux, récoltés le matin même dans les champs voisins avant que le soleil ne darde ses puissants rayons sur les légumes et les hommes, et que parallèlement vous scrutez tout ce qui vous entoure, vous ne voyez rien d’autre que du sable à perte de vue et des serres en activité ou désaffectées.

     

    Je demande à notre généreuse accompagnatrice Rosine comment on fait pour que de tels légumes poussenten plein désert… Au milieu de nulle part. Réponse : il faut beaucoup d’efforts et aussi beaucoup… d’eau.

     

    Avant de rentrer à la maison chez Dinah Cohen pour y déjeuner, je remarque un petit nombre de cartons à part, remplis de salades… Je demande les raisons de cette différentiation et on me répond qu’il s’agit là de livrer des marchandises à des magasins ultra religieux, de harédim qui ne veulent pas acheter et encore moins consommer des salades avec des vers de terre : la consommation d’insectes va l’encontre des interdits alimentaires (cacherout)… Ces établissements envoient sur place des inspecteurs armés de loupes afin de débusquer le moindre insecte. On ne plaisante pas avec ces choses là en Israël. Mais aussi d’un point de vue purement commercial, le départ de la clientèle religieuse serait une perte sèche pour l’exploitation.

     

    Rosine m’explique avant notre séparation qu’elle a bien connu le temps où l’on pouvait faire son marché dans les échoppes de Gaza dont l’économie pourrait être complémentaire de celle d’Israël. Elle-même continue d’avoir des conversations téléphoniques avec d’anciens ouvriers agricoles qui lui demandent parfois des médicaments ou autres…

     

    Ce peuple qui fait refleurir le désert réussira peut être aussi un jour à instaurer une paix juste et durable.

  • Uni face à l'épreuve, le peuple de France pleure sa cathédrale

    Uni dans la douleur, le peuple de France pleure sa cathédrale…

     

    L’idée de cet éditorial m’est venue presque par hasard. Comme tous nos concitoyens, je ne voulais pas y croire, la cathédrale Notre-Dame de Paris, en feu, ce n’était pas vraisemblable, tant ce majestueux monument fait partie de notre ville, de notre quotidien, de notre paysage. Un peu comme s’il s’agissait d’un édifice, outre sa vocations religieuse première, dont la présence, l’existence ne se remarquait même plus. En dépit des millions de visiteurs qui s’y pressent chaque année afin d’admirer un magnifique édifice médiéval.

     

    Un ami très cher, catholique pratiquant, auquel j’exprimais ma solidarité avec nos frères chrétiens frappés par un tel drame, me répondit aussitôt en ces termes :… en apprenant cette triste nouvelle j’ai pensé à la destruction du temple de Jérusalem… Ce rapprochement, quasi instinctif m’a frappé, d’où le présent papier qui lui doit sa publication.

     

    La cathédrale de Paris occupe une place à part dans la sacralité hiérarchisée des édifices religieux chrétiens. La comparaison n’est pas forcée, elle me semble adaptée à la situation. Inutile de revenir ici sur ce que représente la destruction du Temple de Jérusalem pour le peuple juif, le peuple d’Israël dans son ensemble. L’incendie du Temple et le sac de Jérusalem ont modifié la face du monde et le cours de l’Histoire mondiale. Certes, Notre-Dame sera rebâtie alors que le Temple ne l’est toujours pas, deux millénaires après les faits. Mais cela indique ou donne une idée de la place qu’occupait cette cathédrale dans l’esprit et le cœur des gens, sans même s’en rendre compte.

    Et ceci me conduit à traiter succinctement de la place de l’héritage judéo-chrétien dans notre culture et notre mémoire collective. La presse qui a presque abusé des éditions spéciales, répétant à satiété ce que l’on savait déjà, a au moins joué un rôle bénéfique : elle a donné la parole aussi à des gens, autochtones ou étrangers, qui, sans être croyants, ni catholiques n’ont pas caché leur vive émotion. Ce qui est arrivé à cette cathédrale les touchait de très près et ils participent à ce qu’il faut bien appeler un drame national. La ville semble mutilée, atteinte en son cœur même par une telle catastrophe.

     

    Ce drame permet aussi d’y voir plus clair, notamment dans les relations conflictuelles entre ce pays et le sentiment religieux en général. Qu’on me permette de citer une boutade d’un éminent collègue (protestant de naissance), le regretté professeur Bruno Etienne : la France est un pays… catho-laïque !

     

    Par cette formule à l’emporte-pièce, le célèbre universitaire a tout dit sur les ambigüités de la République, issue de la Révolution, à l’égard de la religion en tant que telle, et principalement le catholicisme ! Or, toute l’histoire de France est née dans le berceau de la religion et non dans celui de la laïcité… Pensons aux couronnements des rois de France qui se firent dans des basiliques, à l’instar des rois bibliques dont l’onction divine a fait naître la notion même de monarchie de droit divin. Souvenons nous du prophète Samuel qui oint le jeune David, fils de Jessé, roi d’Israël, après que le roi Saül était tombé en disgrâce… Les rois germaniques de l’an mil avaient fait graver sur leurs couronnes des scènes bibliques du roi David et de son fils le roi Salomon.

     

    Pourquoi ce large détour par la Bible et ses épisodes royaux ? C’est tout simplement pour rappeler que le sentiment, l’héritage religieux qui ont tant fleuri outre-Rhin, malgré la tragique guerre de trente ans, sont presque inexpugnables, sans toutefois leur permettre de peser dun poids indu dans la vie nationale… Il suffit de se souvenir des grands romantiques allemands du XIXe siècle comme Tieck ou Brentano, surtout le dernier qui mêlait très étroitement la religion à la littérature. Ce n’est pas exactement ce que j’envisage. Je plaide seulement en faveur des droits minimum pour un peu plus d’esprit.

     

    Je veux dire que ce qui vient de se passer dans cette belle cathédrale a réveillé dans l’esprit mais aussi dans le cœur de nos compatriotes, et par delà, dans le monde entier, un élan de solidarité à nul autre pareil… Et je ne fais pas seulement allusion aux don massifs et aux fund raising aux USA ou ailleurs. Je parle de gens simples, comme nous, qui intériorisent ce drame comme quelque chose de personnel… Comment et par quoi s’explique cette réaction ?

     

    Le christianisme ou plus précisément le judéo-christianisme, disons les deux, car ils sont historiquement inséparables, font partie de la culture de la France et de toute l’Europe. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire ici même que si l’Union Européenne a une constitution politique depuis peu, elle avait une constitution spirituelle et religieuse (geistig-religiös), depuis des temps immémoriaux et c’est le Décalogue biblique. Même les droits de l’homme se fondent sur cette même généalogie spirituelle puisque la vie humaine et l’Etat de droit s’en inspirent étroitement.

     

    En conclusion, il faut savoir faire d’une épreuve une force. Et dans cette affaire de Notre-Dame le monde entier a les yeux fixés sur nous. Du coup, cela rend secondaires certaines revendications qui agitent nos fins de semaines depuis des mois… L’actuel président de la République a fait preuve d’une grande clairvoyance politique en remettant à plus tard les annonces qu’il devait faire pour calmer certaines revendications matérielles… Un peu plus de spiritualité ne peut pas faire de mal. Les célèbres sociologues américains du milieu du XXe siècle avaient dénoncé l’asservissement de l’homme au fétichisme consumériste. Certes, ils n’ont pas jugé bon de méditer sur les passages bibliques, notamment dans la littérature prophétique, qui remettent les idoles à leur place.

     

    Au fond, l’incendie de la cathédrale de Paris vient rendre à la spiritualité, religieuse ou non-religieuse, un peu de place dans nos vies.