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Vu de la place Victor-Hugo - Page 254

  • L’Iran pris à son propre piège…

    L’Iran pris à son propre piège…

    Cela était prévisible mais comme dans tous les régimes totalitaires ou dictatoriaux, les dirigeants sont incapables de revenir en arrière, alors que c’est la seule manière de se tirer d’affaire, voire de sortir de la nasse dans laquelle ils se sont engouffrés sans discernement. C’est toute cette dialectique qui ressort des différentes déclarations des membres les plus éminents du régime iranien actuel.

    Plus que les sanctions américaines, plus que les menaces de plus en plus claires d’Israël, ce sont les conséquences des déclarations iraniennes qui compromettent le plus l’avenir de ce pays dirigé depuis près de 40 ans par les Mollahs. Il n’est pas question de prétendre donner des conseils à un gouvernement dont l’ADN lui interdit toute remise en question idéologique, même si l’on va dans le mur en klaxonnant, mais certaines évidence s’imposent à tous, et pourtant elles ont été ignorée effrontément par les principaux intéressés.

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  • Le livre posthume du professeur Gérard NAHON Epigraphie et soétériologie : l’épitaphier des «Portugais» de Bordeaux (1728-1768) (Brepos, 2018)

     

    Le livre posthume du professeur Gérard NAHON       Epigraphie et soétériologie : l’épitaphier des «Portugais» de Bordeaux (1728-1768) (Brepos, 2018)

     

    Certes, reconnaissons le d’emblée : ce titre n’invite guère à se plonger dans la lecture attentive de ce savant ouvrage. Mais il a l’avantage de fournir une image fidèle de l’acribie et de la science profonde de ce grand érudit qu’est notre défunt maître, le professeur Gérard Nahon. La collection dans laquelle cet ouvrage a paru, peu après que le professeur nous avait quittés, est réputée pour sa haute tenue. Alors de quoi s’agit-il ? C’est tout d’abord le travail de toute une vie (l’auteur le dit lui-même), commencée en 1961, alors qu’il était jeune archiviste et enseignant d’histoire juive à l’Ecole Maimonide où nous bénéficiâmes de son généreuse science.

     

    Le professeur Nahon est probablement le plus célèbre spécialiste de l’histoire de ces Juifs étranges dits les «Portugais» de Bordeaux. On ne les connaît pas très bien car ils menaient une sorte de double vie : d’une part, ils passaient, jusqu’à une certaine époque, pour de bons chrétiens, présentant leurs nouveaux-nés au curé de la paroisse, assistant aux messes dominicales, et d’autre part, ils christianisaient en secret, conservant au plus intime d’eux-mêmes un parfum de tradition juive. Certes, le emps venant à bout de tout ce qui existe sur cette terre, leur tradition, leur héritage fondait avec les années. Mais qu’lque chose demeurait. Cela fait d’ailleurs penser à un ttitre d’ouvrage d’un autre grand historien, Yossef Hayyim Yérushalmi, Judaïsme terminable et judaïsme interminable. Certaines choses s’tiolent ou blêmissent avec le temps, d’autres réussissent à triompher de ce même temps, sans qu’on sache pourquoi ni comment…

     

    Et dans ce livre, le dernier d’une œuvre considérable, le professeur Nahon tente d’en savoir le plus possible sur ces êtres étrangement familiers en déchiffrant leurs pierres tombales, celles, du moins, qui nous ont été conservées en dépit des persécutions et des expulsions. . Certaines épitaphes sont rédigées en langue espagnole, d’autres en hébreu. En fait, l’auteur fait parler les morts et leur redonne une deuxième vie. C’est ce que le professeur Nahon fait dans une première partie introductive où il pose le problème, reprend en les discutant les données élaborées par ses prédécesseurs et apporte assurément sa propre contribution. Ce qui frappe chez ce grand savant, ce sont aussi ses qualités humaines : il s’entendait avec tout le monde, dans un milieu, le milieur universitaire où les rivalités et les haines sont quasi inexpibales…

     

    Est-ce que ces juifs qui avaient tout des chrétiens, vus de l’extérieur, avaient tout perdu de leur tradition ? Le professeur Nahon nous dit dès la page 10 ce qu’il entend faire : Nous nous proposons d’examiner à la lumière des épitaphes du cimetière tombé en main morte en 1728, rempli, et en conséquence, fermé en 1768. La pérennité que lui conférait le droit féodal ne le protégea qu’en partie de l’expropriation survenue le 19 décembre 1910. La ville de Bordeaux acquit alors une parcelle du terrain adjugée par jugement du tribunal de première instance…

     

    Ces espaces funéraires, ces champs de repos livrent des détails fort intéressants permettant de reconstituer la vie de ces immigrés qui continuaient de se nommer portugais alors que la plupart du temps, c’est leur hispanisme qui nous fait face. Sur les deux cent cinquante-six notices, les épitaphes sont en espagnol. Mais on relève aussi que pour le personnel religieux de la communauté (rabbin, scribe, chantre), les épitaphes sont en caractères et en langue hébraïques. La langue portugaise n’est représentée que deux fois… On voit aussi le rôle déterminant joué par des associations de bienfaisance, véritables confréries qui géraient, en quelque sorte, les enterrements de ces communautés qu’on trouvait aussi dans de grandes cités portuaires, comme Amsterdam ou comme Hambourg dès 1614. Cette Nation portugaise, ils se nommaient ainsi, était aussi présente à Londres.

     

    On ne peut pas manquer d’être ébahi devant l’expansion de ces Portugais, même à Curaçao ou au Surinam britannique. Gérard Nahon écrit en page 48 : Le premier cimetière juif du Nouveau Monde s’ouvrit au Brésil lors de la brève période «flamande» (1530-1654).

     

    Georges Lévitte, grand ami du professeur Nahon, me parlait souvent de lui et de ses recherches dans les cimetières, alors que j’entamais mes études. Il m’expliquait qu’il passait même, parfois, ses vacances dans la région de Bardeaux afin de pouvoir inspecter à satiété les cimetières de la région. Je demandais alors à mon interlocuteur d’où pouvait bien venir cette passion pour les … morts ! Georges m’expliqua alors que les morts, leurs pierres tombales fourmillaient de détails sur leur vie terrestre. On pouvait alors reconstituer la structure des communautés, le degré de culture de leurs membres, si les enfants mouraient en bas âge et les femmes en couches, bref une quantité de détails qui survivaient à leurs détentaires. En regrdant de mon mieux cette solide étude, je me rends compte, quelques décennies plus tars, que c’était bien vrai.

     

    Les prénoms des défunts aident à mesurer leur degré d’intégration ou d’assimilation à la société ambiante. Si vous trouvez bien des prénoms bibliques, c’est la preuve que leurs possesseurs étaient plus sourcilleux quant à la pratique religieuse et la fidélité à la tradition. Parfois, le défunt disposait de deux prénoms, l’un hébraïque et l’autre en usage dans la vie civile, en quelque sorte.

     

    Il existe un autre élément qui renseigne fort bien sur le caractère ou les qualités spécifiques au défunt : ce sont les versets bibliques gravés sur les pierres tombales. Quand il s’agit de rabbins ou de grands érudits, on choisit de graver sur l’épitaphe des références scripturaires rendant hommage à leur érudition et à leur piété. Quand il s’agit de défuntes qui s’étaient acquis d’incontestables mérites dans leurs œuvres de bienfaisance, on citait des versets du chapitre 31 du livre des Proverbes (elle tendait une main bienveillante aux pauvres).

     

    Certaines pierres tombales comportent les dates de naissance et de mort de notre ère chrétienne alors que d’autres adoptent le comput hébraïque (depuis la création du monde), d’autres enfin reprennent les deux computs…

     

    Vers la fin de ces chapitres introductifs, le professeur Nahon aborde la question de la résurrection ou de la vie dans l’au-delà, en somme l’immortalité de l’âme. Dans la littérature traditionnelle on évoque les deux académies, terrestre (yeshiva shél mata) et céleste (yeshiva shel ma’la). On connaît aussi les expressions araméennes équivalentes : metivta di-reki’a et metivta de ar’a.

     

    Pour finir : le talmud évoque les plus vertueux dirigeants des communautés, ceux qui sont acquis à la cause publique et non ceux qui poursuivent des calculs personnels ; leurs qualités les ont sélectionnés pour diriger leurs coreligionnaires. Dans l’académie d’en haut ils seront aussi appelés aux mêmes fonctions dans le royaume de Dieu…

  • Est-il sage de marginaliser à ce point Mahmoud Abbas ?

    Est-il sage de marginaliser à ce point Mahmoud Abbas ?

     

    C’est la question qu’on se pose depuis qu’on sait que le président de l’Autorité Palestinienne (AP) refuse de rencontrer le chef des renseignements égyptiens, qui mène un important ballet diplomatique afin de régler un tant soit peu les relations entre Israël et le Hamas de Gaza.

     

    Il faut d’emblée noter un point : la diplomatie israélienne est empreinte d’une certaine opacité volontaire depuis que Gaza a commencé, au mois de mars, à s’en prendre à Israël, poussée par une situation humanitaire catastrophique. Israël avait le choix entre deux options grosso modo : frapper un grand coup, ce qui aurait accru la détresse des populations, ou adopter une sorte de soft power en volant au secours d’une population éprouvée qu’on détacherait ainsi des dirigeants du Hamas qui ne peuvent se prévaloir d’aucun succès marquant. Après près d’une décennie de règne sans partage.

     

    A l’évidence, le Hamas a manœuvré avec subtilité puisqu’il présente à la population cette mansuétude d’Israël comme une victoire remportée sur l’ennemi sioniste. Et aux yeux de certains ministres d’Israël, cette politique conciliante d’Israël apparaît comme une prime à l’agression : attaquez Israël, envoyez des cerfs volants etc… et vous obtiendrez ce que vous voudrez. Cette logique n’est qu’apparente, mais pour voir ce qui se cache derrière il faut une analyse stratégique approfondie.

     

    Israël ne veut pas d’une Palestine réunifiée, c’est pourquoi il poursuit cette diplomatie par l’intermédiaire de l’Egypte. Mais comment faire confiance à une organisation terroriste qui a pris le pouvoir par la force et retient sous sa férule cruelle près de deux millions de civils ? Et comment agir autrement ?

     

    Depuis la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem unifiée comme capitale d’Israël, le président Abbas pratique la politique de la chaise vide. Il s’est lui-même marginalisé. Il est en butte à deux partis : Israël, d’une part, et le Hamas, d’autre part, qui ne veut pas donner les clés de Gaza, c’est-à-dire démilitariser et rendre les armes à l’AP. Or, l’émissaire égyptien négocie avec le Hamas au nom d’Israël et il négocie avec le Hamas une trêve d’assez longue durée… Curieux ! Mais comment le gouvernement israélien peut-il se prêter à une telle manœuvre ? Soit on est en paix, soit on est en guerre. Là, il s’agit d’une période de calme, une houdna. Cela me fait penser à un ancienne ministre soviétique de la culture qui disait ceci : une femme est enceinte ou elle ne l’est pas ; elle ne peut pas être un peu enceinte !! Peut-on se satisfaire d’une situation de ni guerre ni paix ?

     

    Notre logique occidentale basée sur le syllogisme d’Aristote opposant deux principes, celui de l’identité et de la contradiction n’a pas cours sous ces latitudes : un est égal à un mais un n’est pas égal à deux ; deux est égal à deux mais n’est pas égal à un… L’Evangile de Saint Matthieu le dit aussi : que votre oui soit un oui et votre non un non. Dans ce Proche Orient arabo-musulman, on en est très loin.

     

    Mais le gouvernement israélien va trop loin en isolant à ce point son interlocuteur naturel, l’AP, qui, malgré tous ses défauts et sa corruption, est une entité politique reconnue ; et surtout maintient la coopération sécuritaire avec Israël. Dans cet aspect précis, les deux parties ont un ennemi commun, le Hamas. Enfin, si une trêve est signée, qui va en garantir le maintien et le respect ? Comment faire sans l’AP ?

     

    Mahmoud Abbas voit d’un très mauvais œil ce qui se passe sous son nez. Ce n’est plus Israël seul qui l’ignore mais bien l’Egypte, principale puissance politique et militaire du Proche Orient arabe… En outre, en négociant avec le Hamas, même indirectement (quand on dîne avec le diable, il faut une longue cuiller), on le renforce, on lui confère une certaine légitimité…

     

    Israël le sait en est en conscient. Il fait le pari suivant : en relançant l’enclave palestinienne, en lui assurant une économie stable et viable, en accordant à sa population plus d’eau, plus d’électricité, en laissant émerger un port à Chypre, contrôlé par Israël, on espère que le développement économique générera un autre état d’esprit sur place. Et que graduellement, les gens du Hamas prendront de l’embonpoint, comme ceux de Ramallah dont certains quartiers et centres commerciaux fnt penser à Beverly Hills…

     

    Mais tout ceci est un pari sur l’avenir. Je doute que la haine tenace du Hamas puisse s’émousser un jour. Mais je pense bien qu’Israël fait un pari sur l’avenir. J’ai entendu une journaliste américano-israélienne faire une remqrque d’une rare pénétration : dans quel autre pays trouve t on des abris près des cours de récréation des jardins d’enfants ?