L’Iran observe avec inquiétude ce qui se passe à Singapour…
On se souvient de cette suggestive métaphore qui fit florès il y a quelques décennies et qui connotait, à sa manière, l’intrication de tous les espaces, même les plus reculés, de notre univers : le battement d’ailes d’un papillon au fin fond de l’Asie peut avoir des répercussions inimaginables à l’autre bout de l’univers. C’est, toutes proportions gardées, ce qui se passe depuis hier soir lorsque l’on mesure, la tête froide, les conséquences de cette rencontre détendue entre Kim et Trump à Singapour : hier soir, et tout au long de la nuit, certains n’ont pas pu fermer l’œil à Téhéran et dans le reste du pays des Mollahs. Certes, nous n’en sommes qu’au début, certes, les aléas des relations internationales sont innombrables et surtout imprévisibles, mais les faits sont là : la rencontre, jugée très improbable, a eu lieu, certes, on n’a pas encore pu lire le communiqué final, mais, à moins que tout ne trompe, on est sur la bonne voie. L’homme que l’immense majorité des médias nous présente depuis le début comme un instable dangereux, un va-t-en-guerre, a réussi : il a été fin diplomate, a su maîtriser sa nature abusivement présentée comme impétueuse, bref il s’est montré souverainement maître de lui-même.
Les Mollahs de Téhéran ont des raisons de s’inquiéter : outre que la dénucléarisation de la Corée du nord pourrait bien être un précédent, fort préoccupant de leur point de vue, elle les prive d’un indispensable allié pour le développement de l’arme nucléaire et des missiles balistiques. Et si, comme tout semble l’indiquer, le long processus finira par s’imposer et porter ses fruits, la position des Mollahs sera intenable. Leur isolement sur la scène internationale sera fatal. Je ne vois aucun Etat respectable et de digne de ce nom, capable de braver les foudres des nations et de se joindre à eux.