A l’heure d’Israël : André Chouraqui et Léon Ashkénazi (Albin Michel) :
Réflexions sur le passé et l’avenir d’Israël
Qui mieux que notre éminent collègue et ami, Monsieur Denis Charbit, grand spécialiste de l’histoire du sionisme et de l’Israël moderne, pouvait éditer (au sens d’editor) et introduire à ce magnifique échange entre deux grands sages d’Israël, André Chouraqui et Léon Ashkénazi ? Il s’est acquitté de sa tâche avec rigueur et élégance, rédigeant une introduction lumineuse et des notes claires et faciles à comprendre, sans jamais substituer ses propres idées politiques à celles des deux sages.
En hébreu, s’il s’était agi de trouver un titre à ce livre, j’aurais proposé Dou-siyah beyn hakhamim ; Dialogues entre deux sages. Comme entre rabbi Akiba et les disciples de rabbi Ismaël qui nous a donné les treize règles herméneutiques applicables à la Tora.
J’ai bien aimé le titre A l’heure d’Israël, cela m’a fait penser à un titre d’Emmanuel Levinas, dans un autre contexte : A l’heure des nations…
En lisant ce beau livre de la première à la dernière ligne, j’ai eu l’impression que les joutes oratoires du Talmud, les ferments si féconds de la tradition orale , talmudique, reprenaient vie comme il y a près d’un millénaire et demi. : comme dans les folios talmudiques où les sages, de pieuse mémoire, font de la Tora écrite un jardin à la végétation luxuriante, mettant à jour, comme le disait rabbi Akiba, des étincelles de sens, à l’instar du marteau qui s’abat sur l’enclume du forgeron. En somme, tout le contraire d’une tradition-tombeau, une tradition-jardin, en constant ou perpétuel renouvellement. D’où le terme de hiddoush, innovation ou trouvaille exégétique dont les juifs sont si friands.