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Vu de la place Victor-Hugo - Page 415

  • François Hollande, entre fraternisation et manœuvre de prédation

    François Hollande, entre fraternisation et manœuvre de prédation

    La presse ne parle que de cela : la tentative de François Hollande de jouer de la division de la droite pour neutraliser ses rivaux de la présidentielle, tant à droite qu’à gauche. Selon certains commentateurs un peu rapides et peu profonds, le locataire actuel de l’Elysée serait le maître du jeu : il aurait neutralisé la gauche de la gauche, et tiendrait en otage les leaders de la droite qui vont s’entredéchirer, le laissant apparaître au second tour contre Marine Le Pen, laquelle l’aurait aucune chance de l’emporter, permettant ainsi sa réélection.

    C’est très bien sur le papier et cela évacue une quantité d’éléments absolument incontrôlables. D’abord, il y a la situation intérieure concernant le chômage et le terrorisme. On ne comprendrait pas que le pouvoir, pris au piège des défis réels, accepte d’associer la droite à la gestion de ces deux dossiers alors qu’il a toujours refusé d’appliquer ses amendements et subi d’infernales critiques sur ces deux sujets.

    Certes, deux hommes de droite ont sauvé leur tête (mais à quel prix !) en acceptant de faire des appels du pied aux électeurs de gauche, encouragés par le PS à céder la place. En agissant ainsi, Hollande n’a pas fait de cadeau à la droite, c’est un prêté pour un rendu. : j’ai fait voter pour vous, je vous ai sauvé la mise, vous en ferez autant pour moi au second tour de la présidentielle où je compte bien être présent…

    Encore une fois, sur le papier, c’est très bon. Mais regardez le taux de croissance, l’INSEE a dû revenir sur ses prévisions excessivement optimistes. L’impact économique des attentats de Paris était imprévisible. Tout a été impacté : les avions, le tourisme, la consommation, les achats, les dépenses en tout genre ! Et il faudra pas mal de temps pour que les choses repartent.

    Au plan politique, les écologistes semblent sonnés par leurs décevants résultats aux récentes élections et Duflot n’a même pas eu la pudeur de se faire oublier, elle a tendu une main que peu s’empressent de prendre…Mais rien ne dit que sa volonté de compter ou de se venger de Hollande ne vas pas renaître. Et n’oubliez pas Arnaud Montebourg, remercié sans ménagement du gouvernement qui réservera des surprises. Cela, pour la gauche, où le camarade Mélenchon est toujours en embuscade et un sondage va jusqu’à la créditer de 12%, un drame pour Hollande !

    Enfin la droite, rien ne laisse prévoir que LR vont suivre Jean-Pierre Raffarin, ce Poulidor de la politique française, et qui n’a pas laissé de souvenir impérissable lors de son passage à Matignon, il a fermement accompagné la paresse chiraquienne : se laisser aller, se laisser porter par les événement, bien manger, bien profiter des plaisirs et des avantages du pouvoir.

    En fait, le PS devrait organiser une primaire s’il veut avoir quelque chance de l’emporter. Cela fait longtemps que Hollande s’en sert sans le servir. Or, nul n’est éternel.

  • Le retour au calme entre la Turquie et Israël

    Le retour au calme entre la Turquie et Israël

    Les Turcs ne sont donc pas si idiots que cela et les rodomontades de M. Erdogan cachent souvent une analyse plus réaliste et plus pertinente des situations. Depuis la tentative insensée des Turcs de briser le blocus de Gaza qui s’est soldée par la mort de plusieurs citoyens de ce pays, les choses étaient au plus mal entre les deux anciens alliés.. Erdogan, qui ambitionnait de se faire le porte parole du monde musulman, en s’appropriant la cause palestiniennes doit, aujourd’hui, faire les comptes. Cela ne lui a rien rapporté, Israël n’a pas cédé, les Arabes refusent de s’inféoder aux Turcs qui leur ont laissé au XIXe siècle de très mauvais souvenirs et de surcroît, les Turcs se sont attirés un nouvel ennemi à leurs portes, un ennemi qui n’oublie rien et constitue désormais pour eux une menace, la Russie de Vladimir Poutine.

    Depuis cinq ans, date de ce grave incident en Méditerranée orientale, Turcs et Israéliens œuvraient en silence, voire dans le plus grand secret. Et petit à petit, au regard des réalités internationales, les Etats étant des monstres froids, la Turquie de M. Erdogan qui n’a réussi à imposer ses vues dans aucun dossier (ni sur l’adhésion à l’Europe, ni sur le conflit syrien, ni vis à vis des Arabes) a dû se rendre à l’évidence : il faut se rapprocher d’Israël, même si extérieurement on adopte une rhétorique agressive. Derrière les belles proclamations, il y a le gaz, l’armée turque, les pressions américaines, les accusations de jouer double, triple, voire quadruple jeu avec Daesh, l’hostilité russe désireuse de venger l’avion abattu, tout ceci a contraint le pays du Bosphore à réduire ses ambitions et à comprendre qu’il ne servait à rien de se priver d’un si bon allié comme Israël pour servir des intérêts hypothétiques de je ne sais quelle cause, palestinienne ou autre…

    Sur quoi ont porté ces négociations secrètes ? Sur l’indemnisation des familles des victimes, sur la levée des poursuites concernant les officiers et soldats ayant mené l’assaut sur le navire turc, sur l’acheminement de gaz israélien vers la Turquie, sur le rétablissement des ambassadeurs, et probablement quelques clauses secrètes portant sur des fournitures d’armes, de drones, et l’entraînement des pilotes turcs… En somme, une retombée positive de la crise syrienne où les Turcs sont soumis à rude épreuve, sans oublier les troubles intérieurs liés à la crise armée avec les Kurdes. Rappelons que dans ce contexte, les organes israéliens ont rendu à leurs collègues turcs des services signalés dans un passé qui n’est pas si lointain…

    Certes, Israël est un pays plein de ressources, il a déjà rétabli avec la Grèce d’excellentes relations dans tous les domaines, mais la Turquie, malgré Erdogan, c’est autre chose. Il faut tout faire pour rétablir de bonnes relations entre cette puissance régionales (plus de 80 millions d’habitants) qui, dit-on, serait prête à expulser le chef du Hamas qui y a installé ses bureaux. Israël l’exige et a obtenu gain de cause, en dépit de quelques démentis officiels qui ne changent rien à la réalité.

    Vous savez, quand on est en négociations avec de telles personnes, il faut renoncer momentanément à nos convictions ou résolutions cartésiennes. Pour ces Orientaux, il n’existe pas vraiment de principes de l’identité et de la contradiction. J’ai écouté, il y a quelques semaines, une intervention en arabe, sur la chaîne qatarie, de l’actuel Premier Ministre turc (qui maîtrise bien la langue arabe, il est même professeur) : mais quelle agilité intellectuelle, quelle maestria, quelle dextérité pour enrober le journaliste arabe et le mettre dans sa poche, en évoquant la cause palestinienne alors que l’intervieweur ne l’avait pas fait…

    On ne choisit pas son environnement. Mais une nouvelle fois, Israël a montré sa prudence et sa pugnacité : Quand on se remémore les anciennes déclarations d’Erdogan, on croit rêver. Mais non, il vit simplement sur une autre planète que nous.

  • Le dépassement du clivage gauche / droite en France ?

     

    Le dépassement du clivage gauche / droite en France ?

    C’est bien là ce qu’il faudrait mais les appareils politiques sont trop attachés à leurs sinécures pour y consentir. Regardez l’attitude de François Hollande qui ne changera rien, alors qu’on vient de subir un tremblement de terre politique, il est entièrement paralysé par une date : 2017. Alors qu’aucun sondage, je dis bien aucun, pas même après les résultats des régionales, ne le place présent au second tour. Cet homme fera tout pour se présenter, même si tous les sondages, qui se trompent rarement, devraient l’en dissuader.

    Le premier ministre semble vouloir prendre des initiatives de recomposition du paysage politique, mais il ne vas pas jusqu’au bout : il veut instrumentaliser l’opposition, l’utiliser pour se renforcer et ensuite la combattre pour la vaincre en 2017.

    La seule chose à faire, mais que F. Hollande ne fera jamais, serait de dissoudre l’Assemblée Nationale, de renvoyer le premier ministre, d’en nommer un autre, issu de la nouvelle majorité et d’attendre tranquillement 2017. Comme la nouvelle équipe ne parviendra pas à redresser la situation, F. Hollande pourrait alors se représenter avec quelque chance d’aboutir… Mais au lieu de jouer franc jeu, Manuel Valls veut parler aux nouveaux présidents de régions ; mais pourquoi ne pas opter carrément pour un gouvernement d’union nationale ? Et au bout de cette aventure, chacun reprend sa liberté.

    Ce serait la clarté. Mais les politiques ne choisiront pas cette voie qui mettrait fin à leur hégémonie et à leur suprématie. En France, les citoyens se plient en quatre face aux hommes politiques qu’ils ont eux mêmes élus.. Les rôles sont inversés !

    Il est absolument incompréhensible que le président de la République ne s’exprime pas, il est incompréhensible qu’il ne réagisse pas à ce tsunami politique qui a porté le FN aux portes du pouvoir. Le PS est une coque vide qui tente péniblement de reprendre la main, LR sont secoués de plusieurs crises profondes, et le FN paraît plus solide et plus fort que jamais.

    Prenons garde, si le pouvoir finasse au motif qu’il a pu sauver les meubles, les ferments de la discorde sont à l’œuvre souterrainement et ne manqueront pas de se manifester un jour ou l’autre. Il faut éviter à la France de violents soubresauts.