Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 418

  • Jean des Cars, Nicolas II et Amexandra de Russie. Une tragédie impériale

    Jean des Cars, Nicolas II et Alexandre de Russie. Une tragédie impériale

    Lorsque vous avez ce beau livre de Jean des Cars, entre les main, vous ne le lâcherez plus, tant il est somptueusement illustré et magnifiquement écrit. C’est littéralement un beau livre, l’auteur a un style sobre et élégant ; c’est un vrai travail d’historien qui envisage les faits directement, sans jamais se perdre dans des détails ; et pourtant, on suit pas à pas la vie, hélas tourmentée et finalement tragique, de ce jeune homme qui s’écrie à la mort trop tôt survenue de son père : je n’ai jamais voulu être tsar !

    Dès l’introduction, elle aussi, d’une remarquable clarté, on plonge dans le roman d’une vie commencée sous des auspices inquiétants : il y a , au début, l’assassinat du grand père du futur Nicolas II qui n’était peut-être pas fait pour les lourdes charges qui l’attendaient. On imagine les sentiments de cet adolescent qui assiste aux tout derniers instants de son grand père, victime d’un attentat… Il commit l’imprudence de sortir de son carrosse et de rester sur les lieux de l’attaque, au lieu de se laisser évacuer par sa garde. Un second assaillant arrive immédiatement et cette fois-ci le tsar est tué par l’explosion d’une seconde bombe.

    Les deuils et les malheurs semblent avoir jeté leur dévolu sur un jeune homme qui a vécu à une époque néfaste pour son pays, et pour sa propre famille.

    Mon propos ici n’est pas de relater par le menu ce qui est écrit dans ce bel ouvrage ; ce serait trop long, mais de mettre rapidement l’accent sur ce temps axial (Achsenzeit) au cours duquel Nicolas II a vécu et régné en Russie. Cependant, il faut dire un mot de la fin tragique de ce monarque et de sa famille. Le tsar, son épouse et leurs enfants seront cruellement exécutés par les révolutionnaires.

    Mais l’Histoire a tout de même permis à la nouvelle Russie, présidée par Boris Eltsine, de demander pardon pour ce crime odieux. D’une certaine manière, ce grand pays a fini par se réconcilié avec lui-même et avec son histoire. Le régime communiste n’a plus laissé de traces , même s’il a fait d’innombrables victimes. Le prédécesseur de Vladimir Poutine a fait acte de contrition et surtout de repentance pour les crimes du passé. Je pense à un adage allemand qui stipule que les moulins de Dieu agissent lentement, très lentement, mais toujours finement (Gottes Mühlen mahlen langsam, langsam, aber fein )!

    Avec ses talents connus et reconnus d’écrivain et d’historien, Jean des Cars, qui porte un nom si prestigieux, s’est admirablement acquitté de sa tâche. Il déroule sous nos yeux les grands moments d’une vie qui se termine tragiquement avec la fin d’une époque.

    Si vous avez envie de vous plonger dans un tel univers presque entièrement englouti, lisez ce bel ouvrage de Jean des Cars.

    Vous ne serez pas déçus.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 26 novembre 2015

  • La France pavoise, mais est ce vraiment toute la France…

    La France pavoise, mais est ce vraiment toute la France…

    C’est la question que l’on est en droit de se poser, sans être nécessairement un esprit chagrin. On la pose en se souvenant de la réaction des habitants des banlieues et de leurs enfants dans les écoles de la République, à la suite des attentats contre Charlie-Hebdo et l’Hyper cacher. De nombreux établissements scolaires avaient été le théâtre du refus de jeunes musulmans, nés en France, de respecter la minute de silence à a mémoire des victimes. Au motif que les caricatures du prophète de l’islam avaient suscité une juste réaction. Le phénomène fut si grave que des sanctions furent prises à l’encontre des récalcitrants…

    Aujourd’hui, presque deux semaines après les sanglants attentats de Paris, le président de la République a eu la bonne idée de demander qu’on lui accroche des drapeaux tricolores vendredi matin à toutes les fenêtres des maisons. Il serait intéressant de scruter ce que va être la réaction de gens qui voient toujours en la France une nation inamicale, tout en vivant sur son sol.

    Je souhaite vraiment me tromper mais je crains que nous ayons quelques surprises, surtout en Seine Saint-Denis où de véritables cellules djihadistes ont été mises au jour et en définitive détruites ou arrêtées.

    Certes, il faut se garder de toute généralisation abusive ; je persiste à croire que l’écrasante majorité des gens de ces départements limitrophes de Paris et d’ailleurs ne cherche qu’à vivre en paix, à pratiquer leur religion sans nuire aux autres et à aspirer à un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais ce sont aussi ces mêmes régions qui ont envoyé le plus de combattants en Syrie et en Irak.

    On ne peut pas rester indifférent à ce qui se passe. Chacun devra choisir son camp. Et la France est en guerre, elle n’est pas en guerre contre la Suède ni contre la Finlande, mais contre l’islamisme de Daesh et d’autres organisations.

    Alors, nous verrons bien vendredi si tous ont pavoisé et si certains refusent de le faire.

  • Les vicissitudes du périple diplomatique de François Hollande

     

    Les vicissitudes du périple diplomatique de Fr. Hollande : l’impossible coalition

    Il est de situations ou des pays qui demeurent maudits un bon bout de temps. Je fais allusion à des pays comme la Syrie et l’Irak, sans oublier le Liban et la Libye, l’Egypte et tant d’autres qui ne connaissent ni la paix ni la prospérité. Et même lorsqu’un pèlerin de la paix comme Fr. Hollande, parcourt la planète pour les aider, eh bien des événements tragiques se produisent. C’est probablement ainsi qu’il faut interpréter les conséquences de la destruction de ce chasseur-bombardier russe par l’aviation turque.

    La Turquie a commis une lourde et grave erreur en abattant cet avion et en permettant à ses fidèles alliés turkmènes, ennemis de Bachar de mettre à mort les pilotes. En fait, les Russes bombardent un peu Daesh mais surtout tous les autres rebelles anti-Bachar, et parmi eux de solides alliés de la Turquie qui les arme et les finance. En abattant cet avion, la Turquie a voulu freiner l’activisme de V. Poutine en Syrie où ses alliés subissent de lourdes pertes en raison des bombardements de l’aviation russe.

    En soi, cet incident grave ne serait qu’un détail s’il ne compromettait à tout jamais la mise sur pied d’une grande coalition anti-Daesh dont rêve Fr. Hollande. Même B. Obama ne s’est pas laissé convaincre, il a promis encore plus de coopération avec la France mais il se refuse à la suivre en incluant la Russie (et dans ses fourgons l’Iran et le Hezbollah) dans une coalition unique. C’est un échec pour le président français qui ne parle plus que de coordination. L’étape moscovite perd donc toute son importance, elle n’a plus qu’une valeur documentaire, surtout après la destruction de l’appareil russe et la mort de ses deux pilotes.

    La diplomatie française n’est pas assez forte et le poids de la France, en général, bien moindre que celui des grandes puissances. L’évolution de la situation était prévisible : lors de la visite de V. Poutine au Guide de la révolution à Téhéran, le communiqué final stigmatisait les prétentions des pays qui veulent imposer leur volonté à un peuple. Comprenez : nous n’acceptons pas que l’on veuille disqualifier Bachar, c’est aux Syriens de décider pour eux mêmes. Dès lors, les USA, et dans une moindre mesure, la France, ne pouvaient pas accepter de renforcer Bachar et de le maintenir à son poste. En effet, lorsque la Syrie sera débarrassé de Daesh, qui nous assure que Bachar et ses protecteurs vont respecter la volonté populaire ? Qui nous garantit que Bachar partira ? Personne.

    Mais voilà, il faut tout de même travailler avec le tyran de Damas car son armée est sur le terrain, elle se bat et grâce à l’aide russe elle reprend des villes et des villages à l’ennemi.

    Bref, nous sommes en présence d’une quadrature du cercle : la coalition arabo-occidentale n’est pas prête à fusionner avec celle qui compte la Russie, l’Iran et le Hezbollah. C’est que même dans le camp occidental, tout ne va pas pour le mieux : les Turcs voient d’un très mauvais œil l’alliance des USA avec le PKK, leur ennemi juré. D’où le double jeu d’Ankara. L’Arabie saoudite a une véritable obsession qui se nomme l’Iran en qui elle voit son ennemi juré qui tente d’impose son leadership absolu dans la région. Pour les gérontes de Ryad, l’Iran sème le désordre et nourrit la déstabilisation dans la région. Il faut donc faire tomber Bachar, car s’il tombe, ses vainqueurs chasseront l’Iran et le Hezbollah. En revanche, se Bachar reste, l’Iran et le Herzbollah restent aussi. D’où le fixation saoudienne.

    Dans ces distorsions, la diplomatie française ne pèse pas lourd. Les maîtres du jeu sont les USA qui ont leur tempo et leur stratégie qu’ils imposent à tous les autres.