Les bouleversements au Proche Orient et la situation d’Israël
Dans ce bas monde, rien n’est immuable, mais dans le globe terrestre, la règle s’applique bien plus à une certaine région, le Proche Orient où rien ne tient plus. Pourquoi ? Dans la réponse à apporter, les puissances occidentales ont commis une erreur grave dont elles paient aujourd’hui les incalculables conséquences. D’abord, l’antagonisme entre les puissances européennes, de nature judéo-chrétienne, face à un monde arabo-musulman, en proie au déclin, pour ne pas dire à la décadence. Ces puissances, Grand Bretagne, France et USA en tête, ont fait des découpages territoriaux qui s’apparent plus à un charcutage qu’à un respect des aspirations de ces différents peuples. Evidemment, le pétrole a joué un certain rôle dans cette triste affaire dont nous recueillons aujourd’hui les fruits amers : Anthony Eden ne disait il pas cyniquement que le monde ne repose pas sur l’équité, mais bien sur le pétrole ? C’est un fait, surtout dans un monde où le cynisme était roi..
Hormis les grands états comme l’Egypte, les frontières ont elles aussi ce caractère artificiel que les intégristes d’al-Quaida et d’al-Nosra contestent aujourd’hui par la violence armée. Si on continue sur cette lancée, aucune frontière du Proche Orient ne sera plus intangible. Et Saddam avait commencé par donner l’exemple en s’en prenant au Koweït, ce qui a fini par provoquer sa chute et sa mort par pendaison. Tous ces émirats arabes unis ont été créés sur un tas d’or et l’on espérait bien les tenir en laisse par différents moyens. Symbole de ces déséquilibres en chaîne : la cité état du Qatar qui envisage d’acheter des dizaines d’avions de chasse dernier modèle alors qu’elle a un territoire infime mais un pactole énorme. Vous me direz qu’il s’arme contre les menées subversives de certains voisins comme l’Iran, mais tout de même… Même l’Arabie Saoudite ne peut pas dire que son territoire ou sa raison d’être sont au dessus de toute contestation. Mais le fait le plus marquant et qui fait parler de lui depuis des décennies, c’est évidemment le Liban…
Loin de moi l’idée de contester le droit à l’existence de ce charmant petit pays qui aurait pu ressembler à une Suisse du Moyen Orient et sa capitale à une Genève du monde arabe. Ce petit pays a été imposé par la puissance coloniale française, soucieuse d’aménager aux chrétiens d’Orient un espace reconnu par les lois internationales. Mais cela a toujours buté sur les revendications des partisans de la grande Syrie. Jadis, au XIXe siècle, on parlait dans les livres d’histoire de Syrie-Palestine, mais jamais du Liban. On peut mentionner une faillite complète de la diplomatie de l’époque. On a imposé des choses quand on était en situation de le faire, sans jamais se dire que cette situation ne durerait pas éternellement…
Mais ce qui se passe en Irak aura des répercussions encore plus graves : il y a l’implication de l’Iran en Irak, l’alliance de fait entre Bachar de Syrie et al-Maliki de Bagdad et pour tout arranger, voilà que le fougueux ministre des affaires étrangères d’Israël propose, ni plus ni plus moins, d’aider militairement les Arabes modérés contre leur ennemis radicalisés… C’est tout de même assez incroyable ! Je sais que le livre des Proverbes affirme que lorsque Dieu aime quelqu’un, il transforme ses ennemis en amis… Mais quel renversement…
Vous avez aussi l’alliance de fait entre les USA et leur ennemi juré, l’Iran. Il n’est pas exclu que ce dernier pays, se voyant enfin concéder un rôle en tant que puissance régionale, conclue in petto une alliance de fait avec les USA, se désintéresse des Palestiniens et du Hezbollah pour se concentrer sur la satisfaction des besoins urgents de sa population, assoiffé et affamé après tant d’années d’embargo et de récession économique.
La liste des bouleversements serait si longue. Mais un enseignement reste d’actualité, bien plus que les autres : les puissances occidentales n’ont pas encore vraiment pris la mesure de ce qui est en train de se passer. Les secousses tectoniques qui ravagent actuellement ces mondes arabo-musulmans ont des répercussions partout. On voit ce qui se passe au Mali, ce qui se passe au Maghreb avec Aqmi et depuis peu au Proche Orient. Le seul pays qui tienne la route, qui soit démocratique, ait un niveau de vie élevé et avance d’un pas vif et déterminé, n’est autre qu’Israël.
N’y voyez pas, je vous prie, une sorte d’égocentrisme ou une arrogance de supériorité intellectuelle ou morale ; c’est tout simplement un fait. Certes, si Dieu avait envoyé Moïse en Amérique ou au Canada, cela se serait nettement mieux passé. Mais voilà, il lui a ordonné de faire traverser le Jourdain à tout le peuple, mais lui-même dut rester sur place, prendre de la distance et de la hauteur.
C’est tout à fait symbolique, l’artisan de la libération de tout un peuple qui reste sur la mauvaise rive du fleuve sans pouvoir traverser, car traverser , dit-on, c’est transgresser. Cela permet d’approfondir ce qui est généralement présenté comme le produit de l’insondable volonté divine. Les esprits simples s’arrêtent là, les autres vont un peu plus loin.
Une Terre promise n’en reste pas moins à conquérir, si vous voyez ce que je veux dire. Une terre qui suinte de lait et de miel, ce n’est pas le point de départ mais d’arrivée. Si vous voulez qu’elle soit saturée de ces deux produits vitaux, eh bien retroussez vos manches et produisez les. En fait, l’oracle divin n’est rien sans l’inébranlable volonté humaine. La meilleure leçon nous en est fournie par les vieux prophètes d’Israël, notamment lorsqu’ils s’en prennent à des rois, jeunes et incompétents. Ils leur disaient d’être plus regardants en matière d’alliances avec les puissances voisines, de se garder de faire étalage de leurs richesses car cela exciterait la cupidité, l’insatiable appétit de puissance de leur environnement. Mais ces monarques ne leur prêtaient pas une oreille attentive.
Aujourd’hui, le prophète, le visionnaire des nations de notre monde contemporain, c’est Israël qui se bat pour tant de valeurs. Certes, il n’est pas irréprochable, mais dans l’ensemble et globalement, il est sur la très bonne voie.
Le drame, c’est que lui aussi n’est pas écouté.