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Vu de la place Victor-Hugo - Page 580

  • Ce qui ne va (vraiment) pas en France

    Ce qui ne va (vraiment) pas en France..

    Le général de Gaulle aurait dit avec sa verve et son humour habituels : vaste question ! Et en effet, dans ce pays, on ne sait par quel bout prendre les problèmes, contrairement à nos amis et voisins allemands qui prennent le taureau par les cornes (den Stier bei den Hörnern fassen) alors que les Français renvoient les questions difficiles au lendemain, (auf die lange Bank schieben) voire au surlendemain. Mais voilà, arrive un moment où l’on ne peut plus reculer car on est soit au pied du mur, soit, pire encore, au bord de l’abîme. C’est ce qui est en train de se passer dans ce pays que ses habitants considèrent comme un pays de cocagne. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, on constate avec effarement que tous les fleurons de l’industrie française (Alstom, par exemple) tombent les uns après les autres dans l’escarcelle de pays étrangers. D’où la question : mais qu’est ce qui ne va pas en France ? Pourquoi, ailleurs, cela marche plutôt bien, et ici pas du tout ou presque ? La question est bien posée mais il faut prendre garde à ne pas lui apporter une mauvaise réponse.

    Il règne dans ce pays une mentalité, un climat qui opposent, sans qu’on en comprenne bien les raisons, les Français entre eux. Un secrétaire d’état frais émoulu du PS a dit assez justement ceci : quand on dit les entreprises, les adhérents du PS comprennent : les patrons… Et du coup ils plongent dans les sous marins après avoir fermé hermétiquement les écoutilles. C’est donc un climat, un état d’esprit qui enténèbre le cerveau des gens, au lieu de se dire, enfin, que ce sont les entreprises qui créent les emplois, alors que durant deux ans on a feint de croire le contraire… Il y a donc, au fondement même de la formation politique des citoyens de ce pays, un problème d’équivalence : on ne place pas les mêmes concepts derrière les mêmes mots.

    Un autre exemple : on a appris avant-hier que les fins de semaines prolongées du mois de mai, les ponts et les viaducs, coûtent à ce pays pas loin de deux milliards. C’est énorme, quand on sait que l’Etat recherche parfois, en se tordant les mains, le moindre million d’Euros pour colmater tel ou tel déficit. Eh bien, dans un autre pays, on aurait pris des mesures, expliqué aux gens que cela n’est plus possible et qu’il convient de réagir au plus vite, car après il sera peut-être trop tard…

    Voulez vous un autre exemple ? Les fraudes aux allocations familiales, à l’assurance maladie et  aux indemnités de chômage. L’administration sait parfaitement où le bas blesse, le président l’a lui-même dit dans une récente allocution, et pourtant on ne fait rien car les gens concernés font partie de l’électorat de la gauche…

    Mais les gouvernements, celui-ci comme les autres, masquent la réalité et ne disent pas la vérité aux gens. Exemple : on présente le pacte de responsabilité comme la dernière potion amère administrée au pays avec les 50 milliards d’économie. Or, tous les experts savent que ce n’est que le début et qu’il faudra beaucoup plus pour équilibrer les comptes… C’est dire !

    Une anecdote susurrée à mes oreilles lors d’une réception dans une grand ambassade européenne : le ministre plénipotentiaire, profitant de la fin d’un discours me  dit : comment voulez vous avec tout ceci : partir en vacances trois fois par an et revendiquer une retraite à taux plein avant 65 ans ?

    C’est là toute la question. Quand on aura compris cela, on pourra redresser les comptes publics et remettre la France sur les rails…

    Enfin, il y a la violence, la crispation du dialogue social. Je sais bien, c’est la tarte à la crème, mais cela atteint ici des proportions inquiétantes sans qu’aucun gouvernement n’ait pris la peine d’expliquer aux citoyens qu’on ne prend pas les patrons en otage, on ne menace pas de faire sauter son usine avec des bonbonnes de gaz, on ne bloque pas les routes, on n’envahit pas les plateaux de télévision en plein h-journal de vingt-heures, on ne roule au pas sur les autoroutes, etc, etc, uniquement parce qu’on n’a pas satisfaction dans des revendications catégorielles… Certes, je ne nie nullement la légitimité de certaines demandes (par exemple les greffiers) mais on doit faire aboutir ses revendications de manière civilisée.

    Et c’est là tout le problème : il faut être civilisé des deux côtés. Ce n’est pas toujours le cas..

  • Le Premier Ministre Manuel Valls et le PS

     

     

    Le premier ministre Manuel Valls et le PS

    Il est difficile de nier le caractère un peu contrasté de la situation politique en France. Visiblement, le Premier Ministre actuel n’est pas unanimement accepté par les députés PS, c’est-à-dire par la gauche de la gauche. Que 67 députés de la majorité actuelle aient choisi de s’abstenir lors du vote alors que le Premier Ministre se plie en quatre depuis plusieurs jours pour les convaincre de le suivre, ne peut laisser indifférent et augure plutôt mal de la suite. Qu’ont fait ces députés du PS ? Ils sont simplement montré au chef du gouvernement que leur soutien serait désormais contingent et non plus automatique, ni absolu. En claire, cela signifie que chaque grande loi, chaque nouvelle orientation du gouvernement sera examinée au microscope et que le groupe au parlement est désormais traversé par des courants bien plus centrifuges que centripètes.

    Pourquoi donc les députes du PS ont –ils durci leur position ? A l’évidence, c’est le sort de leurs camarades, les maires PS, éliminés lors des élections municipales, qui leur ont fait craindre de subir prochainement le même sort. Ils sont aussi constaté que la politique du chef de l’Etat visait d’abord à le préserver lui-même et à lui garantir des chances pour sa réélection en 2017. L’instinct de survie ou la volonté de la continuité a fait le reste : ils savent que les élections européennes seront perdues car aucun sondage, pas un seul, ne laisse la moindre chance au PS qui est à la traîne derrière le FN et l’UMP… A l’automne, le Sénat passera automatiquement à droite, par un simple effet de balancier : le résultat des municipales ne laisse aucun doute là-dessus .. Si l’on y ajoute les régionales, cela finit par faire beaucoup et l’on comprend mieux la réaction brutale des députés PS : ils ne veulent plus suivre aveuglément le président qui, au bout de deux ans, se résigne à changer de politique et à reconnaître enfin que ce sont les entreprises qui créent des emplois et non un dirigisme économique..

    Tout ceci est bien compliqué. La France ne se redressera vraiment que s’il y a un gouvernement d’union nationale. D’ailleurs, les 50 milliards d’économie ne suffiront pas. Il faudra faire un nouveau plan. Que les classes moyennes n’accepteront pas. On va donc vers des difficultés réelles…

  • Le vote de cet après midi à l'Assemblée Nationale française

    Le vote de cet après midi à l’Assemblée Nationale française

    Certains se demandent avec gravité si le premier ministre Manuel VALLS ne s’est pas trop imprudemment engagé en demandant un vote, même si ce n’est pas vraiment un vote de confiance à la représentation nationale. IL est indubitable qu’il aura la majorité mais il va donner, ce faisant, donner à certains l’occasion de se distinguer et de se faire remarquer de leurs électeurs et de l’opinion.

    Certains créditent le couple de l’exécutif d’un calcul presque sordide : ils veulent montrent, le président et son premier ministre, que les bonnes vieilles recettes de la gauche classique sont périmées et qu’il convient, au gouvernement, de faire preuve de réalisme, c’est-à-dire de se conduire comme des social-démocrates, voire des social-libéraux ! Et si certains paléo-socialistes veulent se compter, libres à eux de le f aire.

    Le problème est qu’à ce petit jeu, nul ne sera vraiment entièrement gagnant : cela pourrait conduire à une scission au sein du PS dont les militants et les députés les plus à guache rejoindraient peut-être le Front de gauche, puisque le PC n’existe pratiquement plus. De fait, c’est Mélenchon et le secrétaire général du PC qui fait le plus parler de lui.

    Plus en profondeur : c’est aussi la position de François Hollande qui est menacée car certains au PS n’hésitent plus à dire qu’en 2017 le parti n’a pas encore désigné son candidat et que d’autres que le tenant du poste pourront se présenter et tenter leur chance. Ce sera une redistribution des cartes.

    Nul n’aurait jamais pensé que l’exercice du pouvoir conduirait ainsi à une fracture du PS. C’est pourtant ce qui va se passer. L’exfiltration de gentil garçon qu’était Harlem Désir en était le prodrome. L’installation de M. Cambadélis peut réserver quelques surprises. Il est moins malléable que son prédécesseur et représente une réelle intelligence politique.