La fin de l’anarchie palestinienne ?
Je ne comprends pas très bien l’émoi qui s’est emparé du gouvernement israélien et même de la Maison Blanche après les annonces fracassantes de l’unité des factions palestiniennes. Personnellement, je pense que tout ce qui va en direction de la paix et de l’abandon de la guerre, est un progrès, mais je ne renonce pas à examiner la situation objectivement : cela fait je ne sais combien de tentatives avortées de rapprochement entre les frères ennemis, le Hamas de Gaza rt le Fatah de Ramallah. Après toutes ces années de persécutions réciproques, toutes ces tentatives de médiation effectuées tant par l’Egypte de Hosni Moubarak que par l’Arabie Saoudite, la montagne a toujours accouché d’une souris. Même si l’unité palestinienne devrait, en bonne logique (mais le Proche Orient ne reconnaît pas Descartes et ignore superbement le principe fondamental de la pensée occidentale : le principe de l’identité et de la contradiction. 1 est égal à 1 et 1 n’est pas égal à 2), être un élément positif, les intérêts et surtout les arrière-pensées sont trop éloignés les uns des autres.
Vous savez sûrement ce que Jean Genêt disait méchamment de l’Allemagne : j’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il en existe deux… Il ne faut évidemment pas tenir ce même langage en ce qui concerne les belliqueux voisins d’Israël. Mais la réalité est là et elle est très têtue.
Voyons objectivement ce qui a poussé les deux frères ennemis à se livrer à cette grande mise en scène si médiatisée. Commençons par le Hamas qui a soigné son effet en prenant de grands airs. J’ai, a t il dit à la télévision, une grande nouvelle pour le peuple palestinien… Mais qu’est ce qui se cache derrière cette annonce ? En fait, pas grand’chose, sinon le constat d’une situation politique, économique et même sécuritaire catastrophique pour le Hamas. Si des élections avaient lieu demain dans la bande de Gaza, le mouvement islamiste les perdrait. Enfin, la manne du Qatar s’est presque tarie et l’Egypte du maréchal Abu l Fatah al Sissi éprouve une méfiance totale pour le Hamas qu’elle soupçonne de déstabiliser le Sinaï et même les rues du Caire où les forces de sécurité subissent des attaques récurrentes. N’oublions pas que l’armée égyptienne a neutralisé la quasi totalité des tunnels reliant Gaza au pays des pyramides. Il était évident que si une telle situation perdurait, elle serait insupportable pour la population. C’est donc un ballon d’essai, une bouffée d’oxygène que le Hamas recherche, presque désespérément.
Du côté de Ramallah, Mahmoud Abbas qui n’est pas un nouveau venu en politique et qui n’a plus fréquenté les électeurs depuis près de huit ans ( !) se trouve dans une impasse : d’un côté, le Hamas conteste sa légitimité, de l’autre, il ne parvient pas à arracher à Israël des concessions qu’il s’entête à exiger tout en sachant que l’Etat ne pourra jamais les lui offrir.. Au fond, toute autorité palestinienne n’osera jamais signer un accord digne de ce nom avec l’Etat d’Israël, au motif que les masses arabes, nourries par des siècles d’antijudaïsme, ne le permettront jamais. Du temps du président Clinton, d’énormes concessions avaient été faites à Yasser Arafat qui a usé de tous les artifices pour se dérober. Mis au pied du mur par ses amis avides d’obtenir enfin la paix, il a expliqué que s’il signait aujourd’hui, le lendemain il serait victime des sicaires de son peuple.. Avec Abbas, les choses se présentent autrement mais avec un arrière fond sensiblement équivalent à ce qui se passait il y a une quinzaine d’années.
Et rien ne semble indiquer que cela va changer. C’est bien dommage. Dans la plupart des milieux extrémistes, on compare (à tort) l’Etat d’Israël au royaume latin de Jérusalem qui, au bout d’un petit siècle d’existence, a fini par disparaître.
Il n’en sera sûrement pas ainsi pour Israël qui ne cesse de se renforcer, de grandir, face à un camp ennemi divisé, empêtré parfois dans de sanglantes guerres civiles (Syrie, Libye, Tunisie, etc) ou gravement déstabilisé comme l’Egypte. Or, chaque fois que l’on se rend en Israël, on constate un dynamisme et une foi en la vie et en la paix qui me laissent bouche bée … Les immeubles sortent de terre comme des champignons, le pays, à lui seul, dépose bien plus de brevets que tous ses voisins réunis…
En fait, tous ces pays devraient procéder à un réexamen de leur attitude dans ce conflit qui n’a plus de raison d’être. Les Palestiniens continueront ils de peser si lourdement sur le destin des autres Arabes, au point d’en stopper le développement et d’en déterminer les orientations internationales ? C’est là toute l’erreur, laquelle remonte aux fameux «quatre non» de Khartoum…. Or, le monde a changé depuis ce temps là. Un grand nombre de pays arabes entretiennent, en cachette, des relations de tout type avec l’Etat juif. Même l’Iran des Mollahs ne répugne pas, dans certaines circonstances, à faire des choses avec l’Etat juif…
En conclusion, il faut souhaiter que les Palestiniens comprennent enfin où se situe leur intérêt bien compris. Mais, franchement, l’unité des factions rivales n’est pas pour demain. Et c’est dommage.
Avec du ressentiment, on peut tout faire, sauf de la bonne politique internationale.