Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 582

  • Le jeu très dangereux de M. Poutine en Ukraine

    Le jeu très dangereux de M. Poutine en Ukraine

    Il m’est déjà arrivé ici même de souligner que M. Poutine voyait en Barack Obama un homme incapable, indécis, peu courageux et pour tout dire, manquant d’audace. M. Poutine est conscient de la faiblesse de son pays, de sa perte de puissance et d’influence dans le monde. Il sait aussi que l’économie russe est fragile, que le rouble peut perdre beaucoup de sa valeur et que ses amis oligarques ne sont pas dignes de confiance : à la première secousse menaçant leurs intérêts, ils s’expatrieraient avec leurs capitaux, le laissant aux prises avec une population mécontente et agressive au plan politique.

    Mais, en dépit de toutes ces faiblesses, M. Poutine a choisi d’avancer ses pions, de se jouer des Occidentaux en signant un accord mort-né à Genève avec les Occidentaux sur l’Ukraine. Aux frontières orientales de ce pays il a massé des troupes prêtes à agir, si, comme il le dit, ses intérêts vitaux sont menacés. Voilà un prétexte qui ouvre la voie à tous les abus et expose les anciennes républiques à toutes les interventions russes. Et c’est M. Poutine, seul, qui en décidera.

    Si le nouveau Tsar de toutes les Russies se montre aussi arrogant et aussi insatiable, c’est précisément parce qu’il sait qu’Obama est au bout du rouleau, qu’il part dans moins de deux ans, qu’il est faible comme tous les présidents démocrates en politique étrangère et que la Russie a besoin de redorer son blason.

    M. Poutine se dit floué par les Occidentaux car lors des jeux de Sotchi, son représentant avait signé un accord prévoyant le maintien de Yanoukovitch et dès le lendemain, ce dernier a dû fuir son palais de Kiev… Et M. Poutine n’a pas oublié le coup du Kosovo. Il s’est donc vengé en Syrie en mettant son veto et aujourd’hui il menace l’Ukraine de démembrement..

    Le sang a déjà coulé en Ukraine et M. Obama s’est enfin décidé à envoyer une poignée de soldats en Pologne, dans les républiques baltes et ailleurs, lorsque la demande en est faite. Mais ce n’est pas cela qui fera reculer l’ancien agent du KGB. Il faut faire un pont aérien avec Kiev, un peu comme J.F. Kennedy avait  fait pour Berlin.. Même le discours de John Kerry menaçant la Russie fait penser à un tigre en papier…

    Les choses se seraient passées autrement avec un président républicain. D’ailleurs, cette perte d’autorité se manifeste aussi au Proche Orient où les Palestiniens, les Saoudiens et les Egyptiens ne croient plus en M. Obama..

    Mais comment faire pour qu’un nain se hisse au niveau d’un géant ? Comment comparer Obama à un Kennedy ?

  • La fin de l'anarchie palestinienne?

    La fin de l’anarchie palestinienne ?

    Je ne comprends pas très bien l’émoi qui s’est emparé du gouvernement israélien et même de la Maison Blanche après les annonces fracassantes de l’unité des factions palestiniennes. Personnellement, je pense que tout ce qui va en direction de la paix et de l’abandon de la guerre, est un progrès, mais je ne renonce pas à examiner la situation objectivement : cela fait je ne sais combien de tentatives avortées de rapprochement entre les frères ennemis, le Hamas de Gaza rt le Fatah de Ramallah. Après toutes ces années de persécutions réciproques, toutes ces tentatives de médiation effectuées tant par l’Egypte de Hosni Moubarak que par l’Arabie Saoudite, la montagne a toujours accouché d’une souris. Même si l’unité palestinienne devrait, en bonne logique (mais le Proche Orient ne reconnaît pas Descartes et ignore superbement le principe fondamental de la pensée occidentale : le principe de l’identité et de la contradiction. 1 est égal à 1 et 1 n’est pas égal à 2), être un élément positif,  les intérêts et surtout les arrière-pensées sont trop éloignés les uns des autres.

    Vous savez sûrement ce que Jean Genêt disait méchamment de l’Allemagne : j’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il en existe deux…  Il ne faut évidemment pas tenir ce même langage en ce qui concerne les belliqueux voisins d’Israël. Mais la réalité est là et elle est très têtue.

    Voyons objectivement ce qui a poussé les deux frères ennemis à se livrer à cette grande mise en scène si médiatisée. Commençons par le Hamas qui a soigné son effet en prenant de grands airs. J’ai, a t il dit à la télévision, une grande nouvelle pour le peuple palestinien… Mais qu’est ce qui se cache derrière cette annonce ? En fait, pas grand’chose, sinon le constat d’une situation politique, économique et même sécuritaire catastrophique pour le Hamas. Si des élections avaient lieu demain dans la bande de Gaza, le mouvement islamiste les perdrait. Enfin, la manne du Qatar s’est presque tarie et l’Egypte du maréchal Abu l Fatah al Sissi éprouve une méfiance totale pour le Hamas qu’elle soupçonne de déstabiliser le Sinaï et même les rues du Caire où les forces de sécurité subissent des attaques récurrentes. N’oublions pas que l’armée égyptienne a neutralisé la quasi totalité des tunnels reliant Gaza  au pays des pyramides. Il était évident que si une telle situation perdurait, elle serait insupportable pour la population. C’est donc un ballon d’essai, une bouffée d’oxygène que le Hamas recherche, presque désespérément.

    Du côté de Ramallah, Mahmoud Abbas qui n’est pas un nouveau venu en politique et qui n’a plus fréquenté les électeurs depuis près de huit ans ( !) se trouve dans une impasse : d’un côté, le Hamas conteste sa légitimité, de l’autre, il ne parvient pas à arracher à Israël des concessions qu’il s’entête à exiger tout en sachant que l’Etat ne pourra jamais les lui offrir.. Au fond, toute autorité palestinienne n’osera jamais signer un accord digne de ce nom avec l’Etat d’Israël, au motif que les masses arabes, nourries par des siècles d’antijudaïsme, ne le permettront jamais. Du temps du président Clinton, d’énormes concessions avaient été faites à Yasser Arafat qui a usé de tous les artifices pour se dérober. Mis au pied du mur par ses amis avides d’obtenir enfin la paix, il a expliqué que s’il signait aujourd’hui, le lendemain il serait victime des sicaires de son peuple.. Avec Abbas, les choses se présentent autrement mais avec un arrière fond sensiblement équivalent à ce qui se passait il y a une quinzaine d’années.

    Et rien ne semble indiquer que cela va changer. C’est bien dommage. Dans la plupart des milieux extrémistes, on compare (à tort) l’Etat d’Israël au royaume latin de Jérusalem qui, au bout d’un petit siècle d’existence, a fini par disparaître.

    Il n’en sera sûrement pas ainsi pour Israël qui ne cesse de se renforcer, de grandir, face à un camp ennemi divisé, empêtré parfois dans de sanglantes guerres civiles (Syrie, Libye, Tunisie, etc) ou gravement déstabilisé comme l’Egypte. Or, chaque fois que l’on se rend en Israël, on constate un dynamisme et une foi en la vie et en la paix qui me laissent bouche bée … Les immeubles sortent de terre comme des champignons, le pays, à lui seul, dépose bien plus de brevets que tous ses voisins réunis…

    En fait, tous ces pays devraient procéder à un réexamen de leur attitude dans ce conflit qui n’a plus de raison d’être. Les Palestiniens continueront ils de peser si lourdement sur le destin des autres Arabes, au point d’en stopper le développement et d’en déterminer les orientations internationales ? C’est là toute l’erreur, laquelle remonte aux fameux «quatre non» de Khartoum…. Or, le monde a changé depuis ce temps là. Un grand nombre de pays arabes entretiennent, en cachette, des relations de tout type avec l’Etat juif. Même l’Iran des Mollahs ne répugne pas, dans certaines circonstances, à faire des choses avec l’Etat juif…

    En conclusion, il faut souhaiter que les Palestiniens comprennent enfin où se situe leur intérêt bien compris. Mais, franchement, l’unité des factions rivales n’est pas pour demain. Et c’est dommage.

    Avec du ressentiment, on peut tout faire, sauf de la bonne politique internationale.

  • La belle leçon d'un ex otage en Syrie, ce matin sur I-Télé

    Retour sur place, retour à la politique intérieure française..… Les leçons d’un ex otage Il est regrettable que les gens n’aient pas vraiment le temps ni le loisir, peut-être même pas la capacité, de saisir convenablement ce déluge d’informations qui s’abat sur nous chaque jour que Dieu fait, avec un peu de recul et d’approfondissement… C’est un constat un peu décevant, sans être triste ni arrogant. En renouant avec l’actualité brûlante dès ce matin, en remettant de l’ordre dans les papiers et tout le reste, j’ai pu écouter, non point l’interview-confession de Madame Anne Sinclair sur France 2, mais celle, joyeuse, rafraichissante, humaniste et altruiste du grand reporter d’Europe 1, Didier… Quel homme, quelle décontraction sans jamais tomber dans la légèreté, et ce rire, ce visage débarrassé d’une barbe si tristement évocatrice ! Il y avait aussi le ton enjoué, l’amour de la vie, l’absence totale d’esprit vindicatif, d’esprit de revanche, deux choses qui eussent été parfaitement légitimes, venant d’un être arraché aux siens, à son pays, à son travail, bref retenu en otage.. Pas un mot contre ses geôliers et lorsque les questions du journaliste intervieweur d’I-Télé se faisaient plus précises, l’ancien otage bottait élégamment en touche, se gardant bien de commettre des déclarations qu’il aurait pu regretter plus tard. En l’écoutant, je n’ai pu m’empêcher de penser aux phrases de Charles de Gaulle dans ses Mémoires de guerre… Il y écrivait en substance que le papier supporte tout et le microphone diffuse n’importe quoi. Ce grand reporter de guerre d’Europe 1 a fait preuve d’une parfaite maîtrise de soir dont nous devrions tous nous inspirer. Mais ce n’est pas cela que je voulais mettre en exergue ce matin dans le présent papier. Ce journaliste a dit qu’après toutes les misères qu’il avait vécues (le froid, la faim, les simulacres d’exécution, les violences physiques) après tout ce qu’il a vu durant toutes ces années de reporter de guerre, la vie en France n’est pas si mal. Il a parlé des hôpitaux, des écoles, de la sécurité sociale, de la beauté de la France, du bien vivre sur place…… Et il a comparé tous ces bienfaits à l’interminable cortège de malheurs et de malédictions qui accablent une bonne partie de l’humanité. Aves sagesse et mesure, il a ajouté, pour ne froisser personne, qu’il n’ignorait pas les problèmes qu’une grosse majorité de ses concitoyens rencontrait dans leur vie quotidienne. Cet homme qui est un simple journaliste, qui n’a pas fait l’ENA ni l’école Polytechnique, ni soutenu un doctorat d’Etat, nous a donné une belle leçon de vie. Puissions nous tous, à commencer par l’auteur de ces lignes fort imparfaites, nous inspirer d’un si haut exemple.. Ce n’est pas tous les jours que nous recevons des paroles d’une telle sagesse.