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Vu de la place Victor-Hugo - Page 586

  • Deux nouvelles de Stefan Zweig: Amok et Le joueur d'échecs

    Deux nouvelles de Stefan Zweig :

                             Amok et Le joueur d’échecs

    Comme chacun sait, Stefan Zweig fut un auteur judéo-autrichien prolifique dont les œuvres, principalement les nouvelles, ont fait le tour du monde, lui assurant, même en temps de pénurie et de crise économique mondiale, des revenus stables et confortables. Il n’a d’ailleurs jamais omis de voler au secours de ses collègues et amis dans le besoin. Notamment son coreligionnaire et compatriote, Joseph Roth (l’auteur, entre autres, du Poids de la grâce) auquel, depuis Londres où il résidait alors, il envoyait des subsides lui permettant de vivre.. En dépit de ces aides ponctuelles, Roth mourut à Paris en 1939, dans le plus grand dénuement. On ne put l’enterrer qu’au cimetière de Thiais, le moins onéreux la région parisienne. Mais depuis quelques années, c’est l’ambassade d’Autriche à Paris qui prend en charge l’entretien de sa tombe.. C’est dire que Zweig, en dépit de tous ses défauts (instabilité sentimentale, coureur de jupons et naturel suicidaire, etc) n’a jamais fait preuve d’égoïsme ni jalousé le succès de ses amis.

    Si j’ai choisi de parler de ces deux nouvelles, Amok, d’une part, et Le joueur d’échecs, d’autre part, c’est parce qu’elle encadrent d’une certaine façon, des périodes importantes de sa vie : de 1922 pour la première nouvelle et peu de temps avant son suicide en 1942, pour la seconde.

    Les spécialistes de l’œuvre de Zweig, dont je ne suis pas, n’étant pas un littéraire mais un philosophe, notent des contextes, des ambiances, des attitudes qui se retrouvent dans la quasi totalité de ses nouvelles. Il y a d’abord une curieuse dialectique entre le voilement et le dévoilement, une sorte d’atmosphère propice à un secret, un mystère que l’on retrouve, dans une mesure presque paroxystique, dans Angoisses, jadis traduit avec un autre titre La peur.. Il s’agit d’une femme qui, par ennui, se laisse aller à commettre un adultère qui ne lui a même pas apporté le plaisir qu’elle en escomptait, tant son amant est décevant et insignifiant ; elle se consume dans une angoisse de chaque instant.. Cette femme évolue dans une pénombre perpétuelle et même l’épaisse voilette noire qu’elle porte, conformément à son statut de femme appartenant à la bourgeoisie viennoise, lui confère une sorte de mystère qui ne disparaîtra qu’avec les toutes dernières lignes de la nouvelle. Donc, Zweig entretient le suspense, tient son lecteur en haleine et même le dénouement ne chasse pas l’obscurité tout en résolvant l’énigme.

    Amok ne fut pas la première nouvelle publiée par l’auteur. Loin de là ; il avait déjà publié Angoisses en 1913 et Dans la neige dans le journal sioniste dirigé par Martin Buber, Die Welt. Mais tant dans Amok que dans l’autre nouvelle sur Le joueur d’échecs, il introduit une histoire dans l’histoire. Et dans le dernier cas, la seconde histoire dépasse en longueur et en style narratif le thème principal. Pourquoi cette technique littéraire ? Probablement la volonté de l’auteur de porter un masque, de s’identifier au narrateur tout en s’en distinguant.. Et aussi de se parler à lui-même.

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  • La France réagit enfin contre les recruteurs djihadistes

    La France réagit enfin contre les recruteurs djihadistes

    La nouvelle n’a surpris personne. Certains se demandent même pourquoi les choses ne sont pas plus rapides et d’une plus grande ampleur. C’est que près de 800 jeunes maghrébins ou convertis, nés en France, ont utilisé leur document de voyage pour aller se battre en Syrie. On a vu récemment des parents éplorés découvrir que leurs enfants avaient été tués en Syrie. On se souvient de cette pauvre femme dont les deux fils se sont convertis à l’islam et ne  s’en sont pas tenus à cela : ils ont aussitôt opté pour un islamisme, une agressivité incroyable. Si jeunes et si fanatisés !

    Le juge antiterroriste pense que l’arsenal juridique anti-djihad n’est pas suffisant et manque d’efficacité. Il explique que le phénomène du prédicateur radical qui distille son message de haine anti-occidentale dans les lieux de prières est dépassé. Tout se passe désormais sur internet. Et il semble que les services français aient repéré ce recruteur sur le net, ce qui a permis de l’intercepter en Turquie, d’où il entendait se rendre en Syrie, le pays voisin.

    Certains journalistes se sont interrogés sur l’opportunité d’expulser ce fanatique vers l’Algérie au lieu de le garder en France pour l’interroger, le juger et le condamner. Probablement, ce sont des ententes entre services secrets qui ont été déterminantes. Par ailleurs, la France, pays démocratique qui respecte la séparation des pouvoirs, a été jugée trop indulgente dans ce tels cas de figure. De l’autre côté de la Méditerranée, les choses se traitent de manière plus pragmatiques.

    Les services français travaillent en bonne intelligence avec leurs collègues turcs et algériens. Mais cela ne suffit pas. Il faudrait densifier l’arsenal et émettre des sanctions bien plus fortes. Quand on pense qu’il y a quelques semaines tout juste, ce sont deux jeunes lycéens français d’origine maghrébine qui ont pris le chemin de la Syrie afin de s’y battre, on se frotte les yeux pour comprendre..

    De manière plus générale, on peut se demander si l’Europe en tant que telle a vraiment pris la mesure du danger qui la menace. Souvenez vous du livre de JF Revel, comment meurent les démocraties…… Elles ne savent pas se défendre.

  • Ce qui ne va (vraiment) pas en France

    Ce qui ne va (vraiment) pas en France..

    Le général de Gaulle aurait dit avec sa verve et son humour habituels : vaste question ! Et en effet, dans ce pays, on ne sait par quel bout prendre les problèmes, contrairement à nos amis et voisins allemands qui prennent le taureau par les cornes (den Stier bei den Hörnern fassen) alors que les Français renvoient les questions difficiles au lendemain, (auf die lange Bank schieben) voire au surlendemain. Mais voilà, arrive un moment où l’on ne peut plus reculer car on est soit au pied du mur, soit, pire encore, au bord de l’abîme. C’est ce qui est en train de se passer dans ce pays que ses habitants considèrent comme un pays de cocagne. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, on constate avec effarement que tous les fleurons de l’industrie française (Alstom, par exemple) tombent les uns après les autres dans l’escarcelle de pays étrangers. D’où la question : mais qu’est ce qui ne va pas en France ? Pourquoi, ailleurs, cela marche plutôt bien, et ici pas du tout ou presque ? La question est bien posée mais il faut prendre garde à ne pas lui apporter une mauvaise réponse.

    Il règne dans ce pays une mentalité, un climat qui opposent, sans qu’on en comprenne bien les raisons, les Français entre eux. Un secrétaire d’état frais émoulu du PS a dit assez justement ceci : quand on dit les entreprises, les adhérents du PS comprennent : les patrons… Et du coup ils plongent dans les sous marins après avoir fermé hermétiquement les écoutilles. C’est donc un climat, un état d’esprit qui enténèbre le cerveau des gens, au lieu de se dire, enfin, que ce sont les entreprises qui créent les emplois, alors que durant deux ans on a feint de croire le contraire… Il y a donc, au fondement même de la formation politique des citoyens de ce pays, un problème d’équivalence : on ne place pas les mêmes concepts derrière les mêmes mots.

    Un autre exemple : on a appris avant-hier que les fins de semaines prolongées du mois de mai, les ponts et les viaducs, coûtent à ce pays pas loin de deux milliards. C’est énorme, quand on sait que l’Etat recherche parfois, en se tordant les mains, le moindre million d’Euros pour colmater tel ou tel déficit. Eh bien, dans un autre pays, on aurait pris des mesures, expliqué aux gens que cela n’est plus possible et qu’il convient de réagir au plus vite, car après il sera peut-être trop tard…

    Voulez vous un autre exemple ? Les fraudes aux allocations familiales, à l’assurance maladie et  aux indemnités de chômage. L’administration sait parfaitement où le bas blesse, le président l’a lui-même dit dans une récente allocution, et pourtant on ne fait rien car les gens concernés font partie de l’électorat de la gauche…

    Mais les gouvernements, celui-ci comme les autres, masquent la réalité et ne disent pas la vérité aux gens. Exemple : on présente le pacte de responsabilité comme la dernière potion amère administrée au pays avec les 50 milliards d’économie. Or, tous les experts savent que ce n’est que le début et qu’il faudra beaucoup plus pour équilibrer les comptes… C’est dire !

    Une anecdote susurrée à mes oreilles lors d’une réception dans une grand ambassade européenne : le ministre plénipotentiaire, profitant de la fin d’un discours me  dit : comment voulez vous avec tout ceci : partir en vacances trois fois par an et revendiquer une retraite à taux plein avant 65 ans ?

    C’est là toute la question. Quand on aura compris cela, on pourra redresser les comptes publics et remettre la France sur les rails…

    Enfin, il y a la violence, la crispation du dialogue social. Je sais bien, c’est la tarte à la crème, mais cela atteint ici des proportions inquiétantes sans qu’aucun gouvernement n’ait pris la peine d’expliquer aux citoyens qu’on ne prend pas les patrons en otage, on ne menace pas de faire sauter son usine avec des bonbonnes de gaz, on ne bloque pas les routes, on n’envahit pas les plateaux de télévision en plein h-journal de vingt-heures, on ne roule au pas sur les autoroutes, etc, etc, uniquement parce qu’on n’a pas satisfaction dans des revendications catégorielles… Certes, je ne nie nullement la légitimité de certaines demandes (par exemple les greffiers) mais on doit faire aboutir ses revendications de manière civilisée.

    Et c’est là tout le problème : il faut être civilisé des deux côtés. Ce n’est pas toujours le cas..