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Vu de la place Victor-Hugo - Page 590

  • Réflexions sur le devenir politique de la France

    Réflexions sur le devenir de la France

    Les résultats des élections municipales en France nous dispensent des enseignements qui dépassent nettement l’enjeu local, même dans les métropoles comme Paris, Lyon et Marseille. Nous ne nous arrêterons plus aux mauvais signaux donnés au pouvoir qui essuie ici une cinglante défaite. Il est de bonne guerre que les perdants minimisent l’étendue de leur défaite et pour les vainqueurs d’en magnifier l’éclat. Première conséquence palpable : la droite va regagner la présidence du Sénat. Est ce le commencement d’une ère nouvelle ? Il est trop tôt pour le dire. Mais l’enseignement premier, au niveau national, est que les citoyens sont mécontents de la politique suivie qui les écrase sous le poids des impôts de toute sorte, asphyxie la croissance et ne parvient toujours pas à juguler le chômage. Les citoyens commencent aussi à stigmatiser l’inexpérience, voire l’impéritie (Matthieu Pigasse) du gouvernement actuel dont les deux chefs, président et premier ministre, n’ont jamais eu d’expérience gouvernementale antérieure.

    En d’autres temps, de telles critiques n’auraient pas eu le même retentissement. Dans certaines manifestations et dans certains commentaires, quelques uns demandent sans fard le retrait pur et simple du président actuel, ce qui bouleverserait la situation et créerait une crise institutionnelle dont personne de responsable ne veut. Les gens simples et les partis politiques demandent un coup de barre à droite, un changement de politique. François Hollande est donc dans une impasse.

    Mais la nouveauté à laquelle tous sont sensibles et réclament des changements, c’est que le locataire de l’Elysée finasse, joue avec les nerfs de ses interlocuteurs, accroissant ainsi le manque cruel de lisibilité de sa politique. Quand les sondeurs demandant aux personnes sondées  que veut le président, la réponse obtenue est : on n’en sait rien.

    Jeudi soir, France 2 a proposé une grande émission avec un large débat, comme les Français les aiment. Le premier enseignement de ces confrontations parfois vives est le désenchantement des Français, leur refus et leur rejet du politique, leur condamnation sans appel des hommes et des femmes politiques. Je n’avais encore jamais entendu les Français mettre aussi directement en cause le caractère intéressé de l’engagement de leurs hommes politiques. Et ces derniers, pourtant présents sur le plateau n’ont rien pu dire, tant la vague du mécontentement, une véritable lame de fond, était puissante…

    Ce que les citoyens ne supportent plus, c’est qu’on leur mente, qu’on les enfume, pour reprendre un néologisme à la mode. Les Français ont compris que le bipartisme ne les sauverait pas et ils ont décidé de donner sa chance au Front National. Ici aussi règne un certain flou qu’il serait bon de dissiper : ou bien le FN est un parti anti républicain et dans ce cas, on l’interdit, ou bien il est licite et on cesse de s’étonner, voire de s’alarmer de sa progression dans l’opinion, dans les sondages et dans les votes.

    Ce dernier point est le plus important, celui sur lequel doit se porter la réflexion des Français et de leurs hommes politiques. Henri Guaino avait eu raison l’autre soir de souligner que gauche et droit n’ont pas trouvé de réponses adéquates à apporter aux problèmes des Français qui ne se sentent plus chez eux en France, en raison d’une immigration non choisie, subie et d’une criminalité pas assez combattue. Ce n’est pas le fruit du hasard si c’est le sud de la France qui est le plus touché et que le FN y consolide ses positions.

    Il faut faire preuve de lucidité : le monde a changé, l’économie n’est plus ce quelle était et la société française a perdu son homogénéité. Les racines spirituelles de ce continent sont recouvertes d’une subculture et l’identité culturelle de la France risque de ne plus être qu’un souvenir. Tel est le raisonnement que se tiennent à eux mêmes les citoyens.

    Face à cette situation, l’actuel pouvoir finasse, joue au plus malin, brouille les cartes, au lieu de jouer franc jeu et de dire clairement qu’il changera de politique,  va revoir le modèle social français, stopper l’immigration, lutter contre la fraude aux allocations etc…

    Ce sont exactement les points sur lesquels le FN porte toute son attention et tous ses efforts et c’est pour cela qu’il réussit.

    La France doit penser aux Français et les écouter. C’est ce que tous les gouvernements se sont gardés de faire depuis 35 ans.

  • La situation politique en France

    La situation politique en France…

    On prête à Jacques Chirac une expression un peu triviale, digne d’un officier de cavalerie : Les emmerdes volent en escadrille… En bon français ; un malheur n’arrive jamais seul… Lucide réflexion sur l’action politique, ses hauts et ses bas, ses périodes fastes et néfastes ! C’est bien la seconde hypothèse qui caractérise sans conteste la situation politique de François Hollande. On se défend mal de l’impression d’une certaine impéritie, voire de désarroi de la part du chef de l’Etat qui a du mal à forcer sa nature et à trancher dans le vif. Son prédécesseur n’aurait pas manqué de le faire.

    C’est que jusqu’au dernier moment, le chef de l’Etat a espéré que cette improbable inversion de la courbe du chômage finirait par arriver. Un peu comme le Messie qu’on attend mais dont on nous explique qu’il ne viendra que plus tard. Comme le chamelier dans le désert qui espère la plus fine rosée qui suit une grande sécheresse mais qui tarde à arriver..

    Non seulement les élections municipales ont été perdues et bien perdues (aucun institut de sondage ne prévoit de ressaisissement des électeurs de gauche) mais le coin de ciel bleu auquel il s’accrochait n’est pas visible : le taux de chômage n’a pas baissé, il s’est au contraire aggravé. L’horizon est entièrement bouché…… Et dernière chose mais qui n’est pas la moindre : près de 80% des Français, de droite comme de gauche, exigent un remaniement rapide et profond. Ils redoutent que le chef de l’Etat se contente d’un simple remaniement cosmétique. Certains, comme les députés PS, n’hésitent plus à réclamer ouvertement un départ du Premier Ministre actuel. C’est un peu la recherche d’une victime expiatoire, une sorte de bouc émissaire  chargé de tous les péchés d’Israël… Jean-Marc Ayrault a fait ce qu’il a pu et le chef de l’Etat lui-même a changé de politique au milieu du gué, le 14 janvier. Mais il n’a pas mis ses mesures en application.

    Quel est l’enjeu ? Laurent Fabius vient de le définir sur I-Télé avec la grande clarté qui le caractérise : baisser un peu les impôts des ménages afin de relancer la consommation, baisser de manière significative les dépenses publiques, baisser les charges des entreprises qui sont les seules à créer de vrais emplois et non des Ersatze d’emploi..

    Le problème est que le chef de l’Etat ne veut pas provoquer une crise en optant clairement pour de telles mesures. Il est à la fois l’otage de la gauche du PS et des écologistes qui ont osé s’opposer publiquement à l’entrée de Manuel Valls à Matignon : du jamais vu sous la Ve république.

    François Hollande pourrait se passer de l’appoint de ces supplétifs de la majorité que sont les écologistes. Mais voilà il redoute la candidature de C. D. en 2017 qui lui ferait perdre quelques pourcents sur sa gauche. D’où son obsession de la ménager et de ne pas la sanctionner. Or, de grandes décisions s’imposent pour le bien du pays.

    Et plus on retarde les grandes décisions et pire sera la situation. Il faut donc d’abord remanier largement et en profondeur, et ensuite appliquer franchement les bonnes mesures. Les deux années écoulées prouvent qu’il en est ainsi.

  • Les tristes résolutions du sommet arabe du Koweït

    Les tristes résolutions du sommet des Etats arabes au Koweït

    Il est difficile de croire à un printemps arabe lorsqu’on prend connaissance des résolutions adoptées ou plutôt des irrésolutions survenues lors du sommet arabe à Koweït city. On se défend mal de l’impression d’un vaste retour en arrière, une replongée dans une époque que l’on croyait définitivement révolue. Cela rappelle les quatre non de Khartoum qui tournaient le dos au réel. On sait ce que cette politique est devenue…

    En effet, sur aucun point d’actualité brûlante, les Arabes enfin réunis, n’ont pris de décision marquante ni fait d’avancée significative. Je relève ici trois sujets : la clarification de la position du Qatar qui fait une politique en zigzag, la situation en Syrie où l’opposition armée réclame une pleine reconnaissance et des armes sophistiquées et enfin les négociations de paix entre la Palestine et Israël.

    Le Qatar avec sa télévision al-Jazeera joue double jeu, peut-être même bien plus. Il encourage les intégristes au Mali et ailleurs, s’en prend au régime syrien, fréquente Israël dans les coulisses tout en aidant le Hamas à survivre à Gaza, pactise avec les USA tout en soutenant leurs ennemis, bref une sorte de finasserie élevée au niveau d’une diplomatie d’Etat… Comprenne qui pourra, et même le changement d’émir n’a pas apporté de clarté, notamment aux yeux du puissant voisin, l’Arabie Saoudite, qui scrute l’œil inquiet de telles dérives…

    Les relations avec le régime de Bachar el Assad sont empreintes d’une ambiguïté encore plus grande. On se souvient des déclarations tonitruantes du père de l’Emir actuel qui rêvait de fêter la fin du ramadan à Damas, sur les ruines fumantes du palais de Bachar… Aujourd’hui, le sommet accueille l’opposition et lui permet de s’exprimer sans toutefois lui accorder le siège réservé au régime. C’est que Bachar s’est révélé plus coriace qu’on ne le pensait. Il a regagné du terrain, il reconquiert les positions perdues les unes après les autres et il n’est pas déraisonnable de penser qu’il se maintiendra au pouvoir en juin prochain. L’appui irano-palestino-russe se révèle décisif. Il y un peu moins d’un an, ce blog a été l’un des premiers à signaler que Bachar reprenait confiance et que les atermoiements des USA avaient prolongé sa longévité. Le recul US s’explique par la même attitude des Arabes à l’égard des mouvements de contestations armées : on ne veut pas confier des armes sophistiquées à des groupes islamistes comme al-Nosra. A quoi  bon remplacer un extrémisme par un autre qui serait bien pire ?

    La troisième inconséquence de ce sommet dont les Etats arabes semblent avoir le secret : ils ont dit non à la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat-nation du peuple juif. En agissant ainsi, les membres de ce sommet ne rendent pas service à la paix ni même aux Palestiniens. L’Etat d’Israël a toujours été considéré comme un Etat juif, c’est la raison de sa création et de son existence. Méconnaître une telle vérité est très grave et dénote un refus du principe de réalité (Realtätsprinzip). C’est donc un mauvais signal. Mahmoud Abbas avait déjà des difficultés, non seulement financières mais aussi politiques, notamment avec le Hamas, eh bien le sommet du Koweït lui complique singulièrement la tâche…

    C’est regrettable.