Le tort du soldat..
Il faut lire cette brève et merveilleuse nouvelle, due à un écrivain italien qui est très doué. Je ne résiste pas à la tentation de vous en résumer le contenu, sans trop entrer dans les détails. Mais d'abord, je dois rendre hommage à l'humour de l'auteur. Quand celui-ci s'éloigne un peu de son sujet et quitte pour ainsi dire le cadre strict du récit, il ajoute ces quelques mots qui nous font éclater de rire: je m'excuse de cette digression. Il se livre à cette facétie au moins quatre fois dans tout le récit.
Alors de quoi s'agit il? Un écrivain italien, de fait le narrateur reçoit un message étrange et surprenant de la part d'un éditeur: il s'agit de traduire de yiddish en italien une série de notes sur les juifs qui résistèrent aux soldats nazis lors de l'assaut du ghetto de Varsovie. Cet écrivain qui n'a rien de juif, contemple les graphies des lettres hébraïques sur une table de restaurant, alors qu'il prend son repas dans une petite auberge de son pays ; non loin de la frontière autrichienne. A la table voisine est assise une jeune femme qui commande deux chopes de bière... En voyant arriver l'écrivain, elle esquisse un souvenir qui ne se veut ni engageant ni distant. L'homme, l'écrivian y répond sans dé serrer les lèvres, quand arrive soudain un homme d'âge mûr qui se joint à la dame..
Mine de rien, l'écrivain se replonge dans l'examen de ces feuillets en yiddish que son éditeur lui a fait parvenir. Il se lance alors dans des spéculations sur la kabbale d'Aboulafia, ce qui montre qu'il a bien la traduction italienne des travaux du spécialiste israélien de cet auteur..
Alors qu'il tente d'élucider le sens de certains termes écrits en caactères hébraïques, l'homme assis à la table voisine se lève précipitamment, demande à payer sa note, laisse la monnaie tant il est désireux de quitter les lieux au plus vite et en partant renverse sa chope de bière à peine entamée.
Le récit du narrateur-écrivain s'arrête là après avoir signalé que sur cette route de montagne une voiture de forte cylindrée gît au fond d'un ravin, la proie des flammes.
Ensuite, c'est une femme qui reprend le fil du récit, l'écrivain se contentant de l'interrompre successivement pour suivre sa propre trame. Et qu'apprenons nous? Que cette jeune femme accompagne un père qui se sent traqué car il est un criminel de guerre longtemps recherché par les tribunaux de différents pays, y compris ceux du sien, l'Autriche.
Un jour, la jeune femme qui est la fille d'un criminel de guerre dont elle ignore tout découvre qu'il est son vrai père et non son grand père, le jour où sa mère décide d'aller faire sa vie ailleurs. Revenu de son travail dans son tenue de facteur, le père confirme en tout point le récit de la mère.
Ensuite, la jeune femme décrit les précautions de son père lorsqu'il remet le courrier au centre Simon Wiesenthal à Vienne dont ils sont devenus les voisins.. Le criminel n'ouvre jamais la bouche, fait le muet de crainte que d'anciens détenus des camps ne reconnaissent ces voix effrayantes de tortionnaire..
L'écrivain reprend le dessus et se livre à des spéculations fort intéressantes sur le rôle joué par la kabbale dans l'âme du peuple juif. Il recopie d'étranges équivalences entre les valeurs numériques notamment entre ha_arets ha-tova et Shoah.. Et il prête au nazi des considérations fort étonnantes puisque ce dernier se met lui-même à étudier les grands textes kabbalistiques ain de découvrir pourquoi le nazisme a échoué et pourquoi lui, le soldats fidéle et obéissant, a tout perdu et est condamné à errer, sous une fausse identité d'un pays à l'autre..
A la in, la jeune femme considère la pierre tombale de son père (qui s'est utué lors de sa fuite éperdue en voiture.. Un dernier dessert kabbalistique: le conducteur se croyant poursuivi fonce et atteint les 195 km/h et se rend compte que cette valeur numérique correspond à celle du terme vengeance en hébreu (NeKaMaH...
Devant la ombe de son père de son père biologique, elle décide d'entreprendre des démarches pour changer de nom et prendre celui de sa mère.
Je vous recommande chaleureusement de lire ce livre qui se dévore en moins d'une demi journée.