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Vu de la place Victor-Hugo - Page 589

  • Le nouveau gouvernement de la France: une quadrature du cercle?

    Le nouveau gouvernement français : une quadrature du cercle ?

    A en juger d’après les réactions de droite comme de gauche, les nouvelles initiatives de François Hollande ne sont pas la panacée. La brève allocution du chef de l’Etat français a éveillé l’impression qu’il ne savait pas très bien où aller, que la ligne manquait de clarté et de visibilité et que la nomination de Manuel Valls n’était qu’un expédient.

    Difficile de se faire une idée claire de ce qui se passe. Visiblement, le président français a senti et enfin compris à la suite du désastre des élections  municipales que le pays ne le suivait guère sur la voie qu’il avait choisie. Il a donc tenté d’y remédier mais, comme toujours, il a dû naviguer entre différents écueils afin de ne mécontenter personne. Une telle attitude, si louable soit-elle, présente l’inconvénient d’irriter tout le monde car on ne comprend pas bien où veut aller le chef de l’Etat français.

    La question qui se pose est la suivante : Manuel Valls va t il réussir à sortir la France de l’ornière ? C’est ce que chacun ici souhaite mais ne ce n’est pas gagné d’avance. Il y a face aux nouveau Premier Ministre, des impératifs de nature contradictoire : comment redresser le pays en général sans lui imposer une cure d’amaigrissement très amère ? comment complaire à Bruxelles tout en limitant la pression fiscale, devenue insupportable ? comment faire reculer le chômage ?

    Certains hauts fonctionnaires qui partagent la même sensibilité politique que le régime actuel proposent une étonnante exégèse de l’initiative de François Hollande, à savoir l’envoi de Manuel Valls à l’hôtel de Matignon.

    Selon ces hauts personnages proches du PS, le président aurait fait le calcul suivant et décidé de prendre le taureau par les cornes : il a compris qu’il n’arriverait à rien de concret en s’en tenant à la politique des emplois aidés, des mesures étatiques éculées. Mais pour ne pas braquer l’aile gauche de son parti, il fait mine d’ajouter un volet de solidarité au pacte de responsabilité. Il renforce en apparence la présence de ministres de gauche / gauche mais laisse son premier ministre proposer des mesures libérales au parlement. L’aile gauche ne les votera pas mais ce sera un appel pour certains députés de droite qui voleront au secours d’un premier ministre en butte à l’opposition de son propre camp… Si les choses empirent, ce qu’escompte le président,  le gouvernement ne disposera plus d’une majorité à l’Assemblée, ce qui rendrait la dissolution inéluctable… La nouvelle assemblée élue comptera près de 400 députés de la droite rassemblée, ce qui permettra à François Hollande vivre une cohabitation tout en espérant que le peuple de la gauche se rendra compte en 2017 qu’après tout il vaut François Hollande que Nicolas Sarkozy…

    Quelle construction. Quel échafaudage politique ! Mais ceux qui connaissent les rouages politiques savent que ce n’est pas invraisemblable. En fait, nous le répéterons jusqu’au bout : il faut un gouvernement d’union nationale qui prenne à bras le corps les problèmes de ce pays au lieu de perdre encore un ou deux ans à tourner autour du pot…

  • Le désaveu, une impopularité historique

     

     

    Le désaveu, une impopularité historique

    On parle, bien évidemment, du résultat des élections municipales en France. C’est une lourde sanction qui ne touche pas que les maires PS battus mais qui va bien plus haut. On a l’impression que ce pays s’est dressé comme un seul homme pour dire non. Non à une politique qui ne tient pas compte des difficultés des citoyens. Prenez l’exemple des retraités qui n’étaient pas imposés et qui le sont devenus sans distinction aucune. Il y a quelques mois, la presse a même parlé d’une remise en question du consentement à l’impôt, c’est dire. Mais le pouvoir, face à cela, est resté sourd. Excédé par ce déni, les citoyens l’ont sévèrement sanctionné. Que va faire le pouvoir ? Loin de changer radicalement de méthode, d’être moins secret, moins opaque, au point que même la pythie de Delphes n’y arriverait pas, il continue d’user d’artifices, ceux là mêmes que le corps électoral a condamnés sans appel. Au lieu d’apparaître au grand jour, de dire qu’il a entendu le cri du peuple, le président de la République (dont certains n’hésitent plus à souhaiter le départ) finasse et joue avec les nerfs de la nation. Il aurait dû, dès hier au soir, annoncer qu’il changeait la donne profondément ou prévoir une sorte de référendum pour redonner la parole au peuple. Ainsi il aurait puisé dans cette consultation une nouvelle légitimité. Mais apparemment, son tempérament politique le pousse à agir autrement.

    Enfin, les citoyens de ce pays veulent une autre politique. Au fond, l’UMP ne présente pas un programme plus alléchant, mais, tout comme le Front National, ceux deux partis d’opposition ont bénéficié d’un rejet total du parti socialiste et de ses représentants. Ces derniers ont été injustement sanctionnés et ils ont payé pour d’autres, à savoir pour le gouvernement et les plus hautes autorités de l’Etat. En effet, les citoyens ont saisi la première opportunité qui s’offrait à eux pour exprimer leur mécontentement qui est historique.

    Au début de cette aventure, certains commentateurs politiques avaient mis en garde contre l’inexpérience des deux têtes de l’exécutif, qui n’avaient jamais eu la moindre vie gouvernementale auparavant. Aujourd’hui, c’est la preuve par neuf qui s’impose à tous…

    Même le FN sort nettement revigoré de cette consultation. Regardez l’exemple de Marseille où le PS ressort en guenilles de cette élection. Et le FN conquiert pour la première fois une mairie d’arrondissement : il y a déjà des tensions avec certains secteurs de la population qui se plaint d’être oubliée, sans sécurité, sans travail et sans avenir.

    Ce qui frappe aussi et qui ne laisse pas d’être inquiétant, c’est la versatilité du corps électoral qui, moins de deux ans après avoir voté, se déjuge et rejette ses favoris d’hier. Cela peut toucher tous les bords du spectre des opinions politiques. Aujourd’hui, c’est la gauche qui paye les pots cassés, demain cela pourrait bien changer. On ne le redira jamais assez : il faut un consensus national, il faut une entende nationale. Une France contre une autre France, cela ne marche plus..

  • Les élections municipales en Turquie

    Les élections municipales en Turquie

    Décidément, c’est la saison des élections municipales, porteuses de grand changement. Et pas uniquement en France puisque la Turquie vote elle aussi dans un climat qui n’est pas favorable au gouvernement en place. L’actuel premier ministre Erdogan commence à voir les limites de son pouvoir Il y a un parfum de scandale et de corruption qui embaume l’atmosphère politique. Le Premier Ministre islamiste, fidèle à son comportement, s’emporte, menace ses adversaires qui réclament sa démission pour je ne sais quelles affaires de corruption… Une cassette, enregistrée on ne sait comment prétend, à tort ou à raison, que la voix qui parle serait celle du premier ministre demandant à l’un de ses proches (son fils ?) d’être sur ses gardes et de faire disparaître des traces de je ne sais quel argent…… Bref, on le voit, de grosses inquiétudes de la part du gouvernement et une agitation croissante de la part de l’opposition, ce qui ne favorise la sérénité d’un choix politique. Dix ans de pouvoir pour ce parti, c’est peut-être un peu trop. Mais , chose plus grave, M. Erdogan s’en est aux règles laïques du fondateur de la Turquie moderne, il a autorisé maintes choses qui ne l’étaient pas précédemment et s’est mis l’armée turque à dos en faisant condamner son ancien chef d’Etat major à la prison à vie et en procédant à des nominations qui, croit-il, le mettent à l’abri de mauvaises surprises, c’est-à-dire de coups d’Etat. On le dit même, ce Premier Ministre, obsédé par le cas égyptien où l’armée a fini par mettre à bas un régime islamiste pourtant démocratiquement élu. Et dans ce cas aussi, le président déchu Morsi avait pourtant cru s’être entouré de toutes les précautions du côté de l’armée, et en fin de compte, celle-ci n’a écouté que soi même. Dans ces pays là, le seul corps vraiment organisé, constitué et discipliné est et reste l’armée. Toucher à ses chefs, même retraités, est toujours mal vécu. Mais il n’est pas impossible que l’opposition remporte les élections, préparant alors un prochain changement de majorité. Il faut dire rappeler que M. Erdogan a jugé d’interdire la libre circulation des réseaux sociaux qui ont divulgué les affaires dans lesquelles il était compromis. La justice turque lui a donné tort et a condamné ces mesures d’exception Que va t il se passer ? Les résultats des élections nous le diront. Mais il est certain que le peuple turc ne supportera pas plus les sautes d’humeur de M. Erdogan…