Le nouveau gouvernement français : une quadrature du cercle ?
A en juger d’après les réactions de droite comme de gauche, les nouvelles initiatives de François Hollande ne sont pas la panacée. La brève allocution du chef de l’Etat français a éveillé l’impression qu’il ne savait pas très bien où aller, que la ligne manquait de clarté et de visibilité et que la nomination de Manuel Valls n’était qu’un expédient.
Difficile de se faire une idée claire de ce qui se passe. Visiblement, le président français a senti et enfin compris à la suite du désastre des élections municipales que le pays ne le suivait guère sur la voie qu’il avait choisie. Il a donc tenté d’y remédier mais, comme toujours, il a dû naviguer entre différents écueils afin de ne mécontenter personne. Une telle attitude, si louable soit-elle, présente l’inconvénient d’irriter tout le monde car on ne comprend pas bien où veut aller le chef de l’Etat français.
La question qui se pose est la suivante : Manuel Valls va t il réussir à sortir la France de l’ornière ? C’est ce que chacun ici souhaite mais ne ce n’est pas gagné d’avance. Il y a face aux nouveau Premier Ministre, des impératifs de nature contradictoire : comment redresser le pays en général sans lui imposer une cure d’amaigrissement très amère ? comment complaire à Bruxelles tout en limitant la pression fiscale, devenue insupportable ? comment faire reculer le chômage ?
Certains hauts fonctionnaires qui partagent la même sensibilité politique que le régime actuel proposent une étonnante exégèse de l’initiative de François Hollande, à savoir l’envoi de Manuel Valls à l’hôtel de Matignon.
Selon ces hauts personnages proches du PS, le président aurait fait le calcul suivant et décidé de prendre le taureau par les cornes : il a compris qu’il n’arriverait à rien de concret en s’en tenant à la politique des emplois aidés, des mesures étatiques éculées. Mais pour ne pas braquer l’aile gauche de son parti, il fait mine d’ajouter un volet de solidarité au pacte de responsabilité. Il renforce en apparence la présence de ministres de gauche / gauche mais laisse son premier ministre proposer des mesures libérales au parlement. L’aile gauche ne les votera pas mais ce sera un appel pour certains députés de droite qui voleront au secours d’un premier ministre en butte à l’opposition de son propre camp… Si les choses empirent, ce qu’escompte le président, le gouvernement ne disposera plus d’une majorité à l’Assemblée, ce qui rendrait la dissolution inéluctable… La nouvelle assemblée élue comptera près de 400 députés de la droite rassemblée, ce qui permettra à François Hollande vivre une cohabitation tout en espérant que le peuple de la gauche se rendra compte en 2017 qu’après tout il vaut François Hollande que Nicolas Sarkozy…
Quelle construction. Quel échafaudage politique ! Mais ceux qui connaissent les rouages politiques savent que ce n’est pas invraisemblable. En fait, nous le répéterons jusqu’au bout : il faut un gouvernement d’union nationale qui prenne à bras le corps les problèmes de ce pays au lieu de perdre encore un ou deux ans à tourner autour du pot…