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Vu de la place Victor-Hugo - Page 584

  • Comment le plus vieux manuscrit de la Bible hébraïque fut exfiltré par le Mossad de Syrie vers Israël

    L’hsitoire rocambolesque du plan ancien manuscrit de la Bible hébraïque=

                   ou comment le codex d’Alep fut exfiltré de Syrie vers Israël

    Le livre de Matti Friedman, Le codex d’Alep ou l’étrange destin d’un manuscrit sacré vient de paraître en traduction française aux éditions Albin Michel. Il ne s’agit évidemment pas d’une analyse scientifique offerte par un codicologue réputé à propos de ce manuscrit qui remonte à peu avant l’an mil de notre ère et constitue la version la plus ancienne actuellement disponible de notre Bible hébraïque, c’est-à-dire des vingt-quatre livres du canon juif. C’est dire l’importance vitale de ce manuscrit qui connut un incroyable périple pour finir dans un coffre hyper blindé du Musée Ben Zwi en Israël.

    Le livre de Friedmann se présente comme un vrai thriller, un réel roman d’espionnage, sauf qu’à la fin de l’ouvrage vous trouverez les identités des gens qui prirent part à ce sauvetage d’une nature particulière ; presque aussi important, sinon plus que celui concernant les juifs bloqués en Syrie où le régime les maintenait en semi réclusion afin de les utiliser comme une éventuelle monnaie d’échange. Tout le monde a encore en mémoire les inlassables efforts, tenaces ou continus de M. Roger Pinto et de son organisation SIONA qui déployèrent une campagne puissante en faveur de la sortie des juifs de Syrie, laquelle finit par être couronnée de succès. J’ai moi-même un vendredi soir au Hilton de Tel Aviv pris mon dîner de chabbat avec Danielle tout près d’une belle table dont les nombreux occupants priaient avec un accent séfarade particulier. Après la birkat ha-mazone, je leur demandai quelle était leur origine. La réponse fut celle-ci : nous sommes des juifs syriens qui vivons à New York, à Caracas et à Panama… Mais nous sommes tous nés à Alep.

    Eh bien, c’est à des juifs syriens que nous devons la garde, la conservation, la vénération et le sauvetage de ce vieux manuscrit biblique bimillénaire qu’ils nommaient avec respect, Ha-Kéter, la couronne en hébreu. Ce thème fut développé par un auteur israélien d’origine syrienne, Amnon Shamosh auquel ce journaliste américain a emprunté un peu de l’histoire qui s’est déroulée sur place…

    Pourquoi avoir tant tenu à ce vieux manuscrit et avoir monté une vaste opération des services secrets pour l’arracher à des mains hostiles ? Quelques éléments pour bien comprendre : la langue hébraïque est une langue dite consonantique, c’es-à-dire qu’à l’origine, comme dans les rouleaux de la Tora, les mots ne sont pas vocalisés. Mais on arrive à lire grâce à des matres lectionis (immot ha-keri’a) qui nous renseignent sur la qualité et la nature de la voyelle. Exemple, le yod nous dit qu’il faut lire I et le waw qu’il faut livre O ou OU . Lorsque la Bible hébraïque fut transmise de génération en génération à des familles de massorétes (transmetteurs de la tradition, donc de la tradition écrite), jusqu’à Aharon ben Asher, on vocalisa le texte et on lui donna, à quelques détails près, la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.

    J’insiste sur ce point : la récupération de cet unique témoin qu’est le Kéter était une garantie de la fidélité de notre Bible à la tradition de nos ancêtres, faute de quoi nous n’aurions pu nous appuyer que sur des copies plus récentes, plus proches de nous et donc, moins fiables. Comme on suppose que les massorètes en question opéraient à Tibériade puisqu’ils reprirent le système vocalique en vigueur dans cette ville d’Israël, on peut imaginer que le Kéter partit ensuite de cette cité vers l’Egypte où des migrants juifs le transportèrent et que, suite à des troubles ayant éclaté sur place, il fut transféré secrètement en Syrie où les rabbins le cachèrent et veillèrent jalousement sur lui.

    Le professeur Ben Zwi, grand ethnologue et second président de l’Etat d’Israël, avait bien avant la refondation de l’Etat d’Israël, tenté de mettre la main sur le Kéter, voire de le rapatrier en Palestine mandataire. Mais en vain. Il buta sur des difficultés dont les moins fortes n’étaient pas dues à la communauté juive de Damas où le Kéter était caché.

    Je ne peux pas tout vous raconter car cela relève du roman d’espionnage. Ce manuscrit a vraiment eu de la chance, surtout suite à des incendies de la synagogue où il était caché, incendies provoqués par des émeutiers arabes furieux du vote de partage de l’ONU en 1947.

    Friedman a pu s’entretenir avec des témoins vivant depuis lors en Israël. Du temps où ils vivaient dans le pays de Syrie (Aram Tsova), ces témoins des faits étaient très jeunes. Ils lui ont raconté comment les Syriens les empêchaient de sortir du pays, voire même de voyager d’une ville à l’autre au sein même des frontières..

    Lorsque des envoyés de Terre sainte arrivaient à Alep, jadis sous mandat français, on n’imagine pas la réticence des dirigeants communautaires locaux qui étaient constamment sous leur garde. Ne croyez pas qu’ils permettaient un accès direct et facile aux experts du futur Etat d’Israël : Au début, ils ne voulaient même pas qu’on photographie le Kéter. Lorsqu’ils comprirent enfin qu’il y allait de la mémoire et de l’authenticité de la tradition religieuse de tout Israël, ils e radoucirent et se montrèrent plus souples.

    L’incident le plus grave eut lieu à Alep lorsque le conseil de l’ONU vota le partage de la Palestine en deux parties, l’une juive, l’autre arabe. Ces derniers, notamment les Syriens proclamèrent le Djihad et incendièrent la grande synagogue d’Alep, détruisirent des centaines d’oratoires et brutalisèrent nombre de juifs. Le gouvernement syrien, mais aussi égyptien, se firent menaçants en disant que la naissance d’un Etat juif ruinerait la sécurité et même la vie des juifs résidant en terre d’Islam.

    La propagande arabe se fit encore plus méchante puisque la radio syrienne clamait à longueur de journées que les «sionistes arrachaient les bébés palestiniens des ventres de leurs mères…» On imagine les longs cortèges de volontaires voulant aller se venger des sionistes, comme ils disaient.

    Lorsque la synagogue d’Alep fut réduite à un tas de cendres, les gens, juifs et Arabes, pensèrent que le Kéter avait été la proie des flammes. A part quelques feuillets, il n’en fut rien : habillé d’une djellaba arabe dont le capuchon était rabattu sur sa tête, à la mode arabe, le shamash (bedeau) de la synagogue alla le sortir de sa cachette et le dissimula sous sa vaste robe orientale. Dans les rues avoisinantes, les pillards du lieu saint le saluaient en arabe, pensant, grâce à on accoutrement, qu’il était l’un des leurs.

    Ayant échappé miraculeusement à la destruction par le feu, le Kéter emprunta des chemins détournés pour revenir au lieu qu’il n’aurait jamais dû quitter : la terre d’Israël et la religion juive.

    Au fond, ces pérégrinations du Kéter sont à l’image des hauts et des bas de l’histoire d’Israël : comme le Kéter, il a maintes fois échappé à la disparition physique, comme lui, il fut balloté d’un endroit à l’autre, d’une pays à l’autre, comme lui, il ne dut son salut qu’aà un véritable petit miracle de l’Histoire. Et comme lui, il est désormais en Israël où on le conserve avec plus de précautions que les réserves d’or d e Fort Knox.

    On finira sur une évocation chapitre XXXI de Jérémie, beau texte qui parle de Rachel en pleurs, refusant de se laisser consoler à cause du départ de ses fils en captivité. Le prophète lui intime l’ordre de sécher ses larmes et de cesser de pleurer.

    Car, lui promet il, il y a un avenir pour ta suite et tes fils reviendront sur leur territoire.

    Comme le Kéter.

  • François Hollande chez Jean-Jacques Bourdin

    François Hollande a t il réussi son passage chez Jean-Jacques Bourdin ?

    Difficile de répondre à cette question, même si l’impression de rattrapage pèse nettement sur cet exercice dans lequel les politiques, de tout bord excellent : expliquer que ce qu’ils ont fait était nécessaire, qu’ils auraient dû en faire plus, mais que justement le pays n’était pas prêt. Bref, que ce n’était pas de leur faute…

    L’impression qui prévaut et qui n’est guère positive pour François Hollande, c’est qu’il est trop tard, que le mal est fait, que les dégâts occasionnés à personne et à son action semblent irréparables. Certes, il a essayé de réagir, de reprendre son fameux couplet moi président et en disant six fois amateurisme…… Mais cela ne suffit pas : aucune des personnes interrogées n’a déclaré être satisfaite ou reprendre confiance. Alors que c’est ce que souhaite l’actuel président très ardemment.

    Au moment où je compose, les commentateurs dissèquent sans pitié le décalage, voire le déphasage, le hiatus entre le programme sur lequel le candidat fut préféré à NS et les grandes lignes de la politique actuelle : en d’autres termes, le président n’est pas libre de pratiquer la politique qu’il juge bonne pour le pays au motif que sa majorité ne pense pas comme lui. La majorité actuelle devient un handicap pour le président.. Ce qui expliquerait largement la nomination de Manuel Valls à Matignon. Mais cela a accentué ce qu’il faut bien nommer un divorce entre le président et la majorité socialiste au parlement.
    Quel paradoxe ! Evidemment, François Hollande ne l’a jamais dit clairement, mais il l’a laissé entendre. C’est ce qu’il avait dit le 14 janvier en soulignant que ceux qui n’ont pas encore vu qu’il était social démocrate n’ont vraiment rien compris. Mais voilà ce ne fut le teneur du discours politique de sa propre campagne. Inadéquation entre un homme devenu pragmatique par la force des choses et une majorité qui veut traduire concrètement son programme économique et social..

    On en est là. Un président que sa majorité à l’Assemblée empêche de faire la politique qu’il juge bonne pour le pays. D’où tous ces atermoiements et ces moments d’hésitation..

    A t il réussi à convaincre ? Les prochains sondages ne le diront très sûrement. Mais ne nous leurrons pas : il ne faut pas s’attendre à des miracles.

  • François Hollande, un président seul et isolé?

    François Hollande, un président seul et isolé ?

    Impossible, ce matin, de parler d’autre chose, je veux dire la date anniversaire de l’élection de M. Hollande (déjà deux ans !) que les Français dans leur écrasante majorité semblent regretter amèrement. Il ne s’agit pas ici d’une impression personnelle, mais toutes les télévisions, tous les éditorialistes sont d’accord pour signaler les sondages particulièrement défavorables. Exceptés, évidemment, le porte-parole du gouvernement et le président socialiste du groupe PS à l’Assemblée, qui, ex officio, disent que tout va bien.

    Les chiffres des sondages sont sans appel : plus de 35% des électeurs de M. Hollande reconnaissent aujourd’hui qu’ils se sont lourdement trompés et qu’ils ne voteront plus pour lui. Plus de 81% jugent qu’il ne fait pas l’affaire… Des chiffres absolument inédits, inouïs. Certains éditorialistes s’en donnent à cœur joie et soulignent les manquements aux promesses : je ne serai pas le chef de la majorité, l’inversion de la courbe du chômage, je ne serai pas clivant comme N.S., moi président, etc).. Bref, c’est une véritable exécution capitale et c’est dommage à la fois pour le président et pour la France.

    M. Hollande a-t-il été bien inspiré de donner cette interview au JDD où il parle de retournement ? Ce n’est pas si sûr… Les économistes de tout bord ont mis à mal les promesses du chef de l’Etat, mais ce n’est pas tout ! Signe des temps, hier, sur Canal Plus, un journaliste humoristique, est allé jusqu’à demander à Manuel Valls s’il voulait bien garder Fr. Hollande comme président ! C’est que les deux hommes ne se situent pas au même niveau dans les sondages : 18% pour l’hôte de l’Elysée et 58% pour le locataire de Matignon… Un tel couple pourra t il continuer à fonctionner normalement, avec un tel écart ? Cette question a occupé les meilleurs commentateurs de la chose politique, lesquels ont passé en revue les différentes voies pour sortir de cette impasse..

    Commençons par les plus pessimistes, puisque la France semble être la Terre promise de la délectation morose : pendant les trois ans qui lui restent, s’il va jusqu’au bout sans changement de fond (type dissolution de l’Assemblée), rien ne permettra une croissance suffisante pour infléchir sensiblement le chômage. 1% de croissance ne suffira pas pour créer des emplois, stimuler les recettes fiscales et redonner envie aux consommateurs de consommer. Les experts objectifs jugent que seul un taux de croissance de plus de 2% sur de nombreuses années permettra de créer des emplois marchands et de changer significativement la donne.. Or, M. Hollande a lui-même dit (et on pense qu’il faut lui faire crédit sur ce point) qu’il ne se représenterait pas s’il perdait sur le front du chômage… Certes, mais comment vivre pendant ces trois ans, puisque rien ne peut bouger ?

    C’est alors que les plus subtiles mais aussi les plus audacieux des commentateurs échafaudent des plans dont le premier, le plus invraisemblable serait (je dis bien serait tant cela me paraît invraisemblable) : dans le plus grand secret, M. Hollande réunit deux ou trois de ses collaborateurs les plus fidèles et concocte avec eux un message à la nation où il renonce à ses fonctions… Ceci est impossible et ne ressemble guère au tempérament d’un homme qui sait faire face à l’adversité : souvenez vous de ses deux dernières années à la tête du PS ! Il a tenu bon alors que chaque matin que Dieu faisait, il y avait des complots ourdis contre lui…

    Le second plan est plus classique, si j’ose dire : la majorité du PS est traversée par une fronde profonde motivée par la peur des députés de subir, à cause de M. Hollande, le même sort que leurs collègues maires qui ont mordu la poussière. Ce matin sur I-TELE une journaliste a rapporté les propos peu amènes d’un député PS sur le président de la République, je n’ose les reproduire ici dans leur teneur initiale…

    Donc, la majorité refuse de voter, le budget par exemple, car cela ne correspondrait pas à ce qu’attendent ses électeurs.. Le président en tire les conséquences et il convoque de nouvelles élections qui se soldent par un ras de marée de la droite et du FN : près de 420 députés ! Moins d’un député PS sur trois parvient à sauver sa tête… Le président appelle un Premier Ministre issu de cette majorité qui gouverne.

    La question que tout le monde se pose est bien celle-ci : fera t il mieux, réussira t il ? Au fond, tout gouvernement français est pris entre le marteau ( Bruxelles et ses exigences) et l’enclume (les désirs des électeurs)…

    Pendant des décennies, tous les gouvernements, je dis bien tous, ont laissé filer les déficits, adopté un ton paternaliste avec les électeurs, surchargé la barque de l’Etat-providence, vanté les mérites du modèle français, omettant de signaler que c’était à crédit. Le problème est qu’un jour, on finit par devoir rembourser le crédit.

    Et ce jour a fini par arriver.