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Vu de la place Victor-Hugo - Page 587

  • La fête de Pessah en Israël

    Cela évoque tant de choses! Célébrer la sortie d'Egypte en Israël, on se trouve à la fois tout près de départ et aussi déjà au point d'arrivée. C'est assez magique. Pas facile à exprimer dans tomber dans le pathos ni des considérations confinant à la piété naïve.

    Est ce que les Israéliens moyens ont la mêmeconscience que les juifs vivant depuis des lustres en diaspora? Ce n'est pas certain. Pour les gens de l'extérieur, célébrer Pessah est encore nimbé de merveilleux et miraculeux.

    Pour les Israéliens, cette manière de faire le récit de la sortie d'Egypte ferait plutôt sourire. Tout le monde la fine ironie de cette bonne histoire où des parents modernes demandent à leur fils de leur raconter ce que leur maître d'école dit au sujet de Pessah. Le jeune écolier se lance dans une description stupéfiante: le colonel pharaon persécute les juifs d'Egypte qui en appellent à Tsahal lequel mène  une opération aéroportée et rapatrie les juifsen terre d'Israël... Les parents se reardent, supéfaits... Ils demandent: c'est vraiment ce qu'il a dit? Non, répond l'écolier, mais si je vous racontais ce qu'il a vraiment dit, vous n'en croiriez pas un seul mot

     

    Tout est dit:la haggada fait dans le merveilleux, le mythe. Mais c'est un mythe fondateur et nous y tenons de toutes fibres de notre être juif. Après tout, ce n'est pas moins bien que Romulus et Rémus, ou la fondation de la ville d'Oran ou d'autres récits qui défient la raison.

    La haggada est le premier midrash du livre de l'Exode. Il faut la prendre comme telle. Ce qui va nous manquer en Israël, c'est le second soir où la famille, puisant dans ses souvenirs ancestraux, récite la haggada en judéo-arabe.

    Ce sont hélas des traditions qui se perdent, la jeune génération ne sait pas l'arabe et ne veut pas l'apprendre. C'est bien dommage.

  • François Hollande,c ettte énigme, sur France 3 hier

    Que se passe-t-il dans le cerveau de François Hollande ?

    Impossible, ce matin, de ne pas parler de la longue, trop longue émission consacrée hier soir sur France 3 au président de la république française. C’était un journaliste assez flexible dans ses opinions et ses convictions, Franz-Olivier Gisbert, qui était à la manœuvre. Sans vouloir le juger au plan moral, on peut relever qu’il a balayé de ses articles et de ses livres toute l’étendue du spectre politique. Il n’a pas non plus hésité à poser de véritables petites bombes médiatiques, même à l’encontre de personnalités dont on le supposait proche. Mais tout cela est de bonne guerre.

    Que retenir de l’émission d’hier qui était si longue et si contradictoire qu’il est quasi impossible d’en faire une synthèse. A l’image, me direz vous, du personnage auquel elle était consacrée. Mais deux éléments peuvent être considérés comme absolument controuvées : l’homme Hollande est une énigme que peu ont pu ou cru percer au jour. On connaît bien le conseil du célèbre cardinal prodigué aux hommes politiques : simulez et dissimulez toujours. Mais quand on creuse un petit peu, on se rend compte que ceux qui croient avoir trouvé ne font qu’interpréter les choses en lieu et place de les expliquer. Un esprit scientifique, rigoureusement critique, ne confond jamais comprendre et expliquer. Or, la psychologie comprend après coup, elle ne peut pas expliquer, sinon les individus seraient prévisibles, donc programmables. Le déterminisme prendrait alors la place du libre arbitre.

    Hier, c’est la vie entière du personnage qui fut passée au scanner. Rien ou presque ne fut laissé au hasard. Moi, ce qui me frappe le plus, c’est la capacité de dissimulation du personnage. Je ne suis pas loin de suivre FOG quand il suppute que l’affaire Closer a été inconsciemment organisée par le principal intéressé qui n’avait pas apprécié l’insupportable emprise de son amie V. Tr. En tout état de cause, on comprend mieux les demandes pressantes et fort maladroites de cette femme qui avait besoin d’être rassurée. Mais dans son délire, elle a fini par commettre des erreurs impardonnables… Face à cela, l’homme Hollande donnait l’impression de tout encaisser, de tout supporter, alors qu’en réalité il se préparait à se défaire d’une femme qui, certes, l’avait accompagné dans la conquête du pouvoir mais qui devenait embarrassante… La thèse a l’air de se tenir, cela se défend, pourtant nul ne saura jamais si ce psychodrame a été voulu, organisé ou si c’est la conjonction de faits qui en a décidé ainsi. Les Allemands, pour parler d’un incompréhensible, imprévisible concours de circonstances, parlent de Fügung, de choses qui s’imbriquent, s’emboîtent les unes dans les autres, sans que l’on sache pourquoi ni comment..

    Un autre point, le deuxième, semblait controuvé aux yeux des intervenants et des analystes : 2017 semble irrémédiablement compromis pour François Hollande même s’il reste le seul à y croire. Que se passera- t-il alors ? Nul ne peut le savoir. Tant de choses pourraient se produire qui changeraient nettement la donne. Il suffit de se souvenir que cet homme qui ne semble plus avoir la baraka, n’a pas eu besoin de neutraliser son principal et redoutable concurrent, DSK : ce dernier s’est lui-même neutralisé en se suicidant politiquement… Si j’osais parler comme Jacques Chirac : ce fut le coup de trop… Qui nous dira ce qui aurait résulté d’un duel Hollande / DSK ? Ne prophétisons pas, même si j’ai ma petite idée.

    Le pays, la France, traverse une phase très difficile, l’impopularité de son président est inouïe. Il suffit de se souvenir des manchettes des hebdomadaires montrés hier soir…

    La nomination de Manuel Valls à Matignon relève t elle, elle aussi, d’un savant calcul, visant à émousser les capacités de présidentiable que l’on espère user jusqu’à la corde à ce poste ? Comment le savoir ? Il est sûr que ce soir à l’assemblée nationale ce ne sera pas très facile pour le premier ministre. Certes, la confiance sera votée mais manifestement les députés de gauche montrent que le gouvernement est sous surveillance et qu’aucune confiance n’est acquise. Le soutien au gouvernement devient contingent.

    A eux seuls les socialistes n’ont qu’une voix de majorité. Mais si le moindre député PS s’amusait à faire défection ou à jouer au plus malin, ce pourrait être le drame… Je ne crois pas que cela se produira. C’est la suite qu’il faut craindre.

  • Hommage à Monsieur Jean-Louis Borloo

    Hommage à Monsieur Jean-Louis BORLOO

    Il ne faut jamais désespérer. Voici un homme que j’appréciais très modérément et dont j’avais soutenu le rival, François Fillon, lorsque Nicolas Sarkozy envisageait de changer de premier ministre. M. Borloo m’apparaissait alors comme un animal essentiellement politique, avide de pouvoir et sacrifiant tout à ses ambitions. Je pensais d’ailleurs, bien au-delà de ce cas individuel, que le monde politique était inamendable, que ces hommes et ces femmes avaient autant besoin de pouvoir que nous de l’air qu’on respire, bref, je pensais le plus grand mal des édiles, et tout a changé hier soir lorsque j’ai appris par la radio que M. Borloo, gravement malade, rendait tous ses mandats et se retirait de la vie politique pour se concentrer sur sa santé. En quelques minutes, tout a changé. Généralement, les hommes et les femmes politiques font tout pour cacher la vérité sur leur état de santé ; quand ils sont mis en examen, ils nient les évidences et s’accrochent à leur fauteuil. Et là, vous avez un homme que rien ni aucune loi ne forçait à démissionner et qui, avec panache, renonce, se retire avec dignité, rendant ainsi à la politique son aura platonicienne qu’elle avait perdue depuis fort longtemps. Voyez le cas de certains chefs d’Etat qui tiennent au pouvoir bien plus qu’à leur vie. Jean-Louis Borloo nous a donné une leçon de dignité et de grandeur morale qu’on attendait depuis longtemps. Quel panache ! Je suis sûr que si l’on donnait aux écoliers de Genève ou de France un tel sujet de dissertation, ils couvriraient d’éloges l’ancien maire de Valencienne, cette petite ville du nord que M. Borloo a sorti de la misère (près de 20% de chômeurs à l’époque !)… Or, cela fait bien longtemps que les hommes et les femmes politiques ont cessé d’être des modèles pour la jeunesse.

    Dans la deuxième partie de ce papier qui se veut un hommage à un homme politique qui a placé avant son intérêt politique, une certaine conception de l’action publique, je voudrais, pour le dénoncer, m’en référer au vocabulaire animal, véritable bestiaire, en vogue dans ce monde si inhumain et si bestial des politiques. On parle de jeunes loups, de grands fauves, de l’absence d’amitié en politique, de larmes de crocodile, de chasser dans les mêmes eaux,  de grandes phalènes, de couper les jarrets, le liste est interminable… Et pourtant, l’opinion accepte cela avec résignation, sans s’élever contre un registre lexical indigne. Tout à l’heure, j’ai écouté Pascal Lamy, un très haut fonctionnaire qui a fait ses preuves depuis l’époque de Jacques Delors, parler du cerveau reptilien d’un très haut, mais très, très haut personnage de l’Etat… Je pense que vous voyez de qui il s’agit.

    Eh bien, M. Borloo vient de nous administrer la preuve du contraire : pour la première fois, un homme rompu aux combats inhumains de la politique, renonce, se retire, et se montre à nous sous son vrai jour avec une résolution non politique mais  authentiquement humaine : réconcilier les valeurs de l’humain avec celles de la politique, qui se présente comme un combat animal, parfois bestial, où il n’y a qu’un fauteuil avec un trop plein de prétendants. Lesquels sont prêts à tout pour arracher la victoire ! Encore un terme indigne : arracher ! Personne, pas même Dieu, n’a le droit d’arracher quoi que ce soit…

    Changer la politique présuppose que l’on change l’homme. Hier c’était impossible, depuis le cas de M. Borloo, on retrouve de l’espoir. Cela devient possible. Mais ne soyons pas naïfs, une hirondelle ne fait pas le printemps. Souvenez vous de deux présidents de la république très malades mais continuant à gouverner malgré un état de santé diminuée..

    Du fond du cœur je souhaite à M. Jean-Louis Borloo un prompt et définitif rétablissement. Et je souhaite aussi, avec mon indéracinable naïveté de philosophe optimiste que toute la classe politique s’inspire d’un si haut exemple. Mais ce n’est pas gagné…