Le monde de l’entreprise libérale sera t il un jour pleinement reconnu en France ?
C’est bien la question que l’on est en droit de se poser quand on prend connaissance des déclarations assez surprenantes d’un ministre français chargé justement de la production et donc de la lutte contre les fermetures d’entreprises et du chômage que cela génère.. Tout le monde aura reconnu de qui il s’agit…
Ce ministre a cru bien agir en faisant de la surenchère, il demande au MEDEF de créer non pas un mais deux millions d’emplois en contrepartie des avantages octroyés il y a quelques jours par le président de la République. Une telle demande a suscité les commentaires amusés et ironiques des observateurs qui font remarquer à juste titre que l’on ne crée pas des emplois comme un pommier donne des pommes : les emplois émanent de la croissance et de la bonne santé des entreprises. Si les gains sont bons et prometteurs, les emplois arrivent presque automatiquement. On recrute car on veut se développer, mieux écouler ses propres produits. Ce n’est pas une affaire de donnant-donnant : je vous aide et vous me créez des emplois, cela dénote, ajoutent les journalistes spécialisés, une mentalité étatique et un dirigisme économique. Or, pour que l’économie redémarre et que la croissance revienne, il faut des gens mus par l’appât du gain et la volonté de réussir, deux attitudes éminemment suspectes aux yeux du socialisme et du dirigisme économique.
Doit on comprendre que les entrepreneurs et les facteurs économiques sont encore considérés comme l’anti-France, une France frileuse, faite de fonctionnaires, voire la phrase de Jean-Pierre Chevènement, «une France moisie» ? Je ne plaide pas pour ma paroisse puisque je ne suis pas un entrepreneur, mais j’avoue nourrir une certaine admiration pour ceux en France ou en Suisse qui quittent les sentiers battus et se lancent à leurs risques et périls dans l’inconnu…
Savez vous à quoi me fait penser cette nouvelle alliance, ce partenariat gouvernement / entrepreneurs ? A ce proverbe chinois, jadis mis en avant par l’éditorialiste André Fontaine qui l’a même pris comme titre d’un livre : un lit pour deux rêves…… L’idée est simple au lieu de rêver la même chose, la même vie, on vit dans un monde autre, différent, voire opposé à celui du partenaire. En l’occurrence, le gouvernement attend désespérément une création massive d’emplois pour se renflouer et sauver son pari économique alors que les entrepreneurs sont mus par d’autres motivations. Je n’exclus pas qu’au final ils se rejoignent, mais pour l’heure, il y a loin de la coupe aux lèvres.
L’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, sans même parler de la Hollande s’en tirent nettement mieux car il n y a pas cet héritage égalitariste hérité de la révolution française et d’une conception mal comprise de l’idée de nation.
Or, entrepreneurs et salariés font partie de la même nation, pas au même niveau, c’est vrai, mais de la même nation.
Parfois, il est bon de le rappeler.